Dans un ouvrage, publié hier en Italie, le postulateur de la cause de béatification du pape Jean-Paul II lève le voile sur ses pratiques de mortification.
Décidémment, les procès en béatification sont souvent l’occasion de mettre au jour à propos des plus grandes figures contemporaines du catholicisme, des réalités longtemps tenues cachées ou ignorées du plus grand nombre. On doit au postulateur de la cause en béatification de Mère Térésa, qui avait eu accès à sa correspondance privée, de découvrir le terrible « désert de la foi » qu’elle avait traversé, à partir de 1946, et quasiment durant un demi-siècle.
Mercredi 27 janvier, Mgr Slawomir Oder, postulateur de la cause de Jean-Paul II a présenté à Rome l’ouvrage « Pourquoi il est saint, le vrai Jean-Paul II », élaboré sur la base des témoignages recueillis dans le cadre de la préparation du procès en béatification du prédécesseur de Benoît XVI.
Peu de révélations si l’on en croit ceux qui ont eu connaissance de l’ouvrage, dont La Croix rend compte dans son édition de ce jeudi. En revanche, les médias se sont fait rapidement l’écho de l’évocation, contenue dans l’ouvrage, des pratiques de mortification du pape Jean-Paul II. Outre le port d’un cilice, il lui arrivait de dormir à même le sol et de se flageller. Vraisemblablement le Vendredi Saint, voire durant le Carême.
Nul doute que le souvenir des premières images, sanguinolentes, du film à succès de Ron Howard, tiré du best seller de Dan Brown, Da Vinci Code, montrant Silas, membre de l’Opus Dei, se fouetter jusqu’au sang, aura nourri bien des imaginations. Dans La Croix, Frédéric Mounier, envoyé spécial permanent du quotidien catholique à Rome, rapporte le lien établi dans l’ouvrage par Mgr Oder, avec les paroles de Saint-Paul (Col 1, 24) : « Ce qui manque aux souffrances du Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Eglise. »
Que dire, qu’écrire, sinon l’immense respect que doit susciter pareille attitude. Elle témoigne d’une forme particulière d’ascèse et de mystique qui a toujours été présente dans l’Eglise. Pour le reste, on peut s’interroger : était-il réellement nécessaire à la « cause » de la béatification de Jean-Paul II de révéler ainsi un comportement qui tient à l’intime de sa vie ? La flagellation serait-elle devenu un critère déterminant de sainteté ? L’Eglise qui dénonce volontiers, et avec raison, les impasses actuelles du « besoin de transparence » qui justifie tous les exhibitionnismes, ne fait-elle pas subir, ici et inutilement, la même violence à la mémoire de celles et ceux qui l’ont pourtant si bien servie ? Et qui se trouvent ainsi dépossédés d’eux-même jusqu’à l’extrême nudité ?
PS. Sur les chaines de télé, présentation complaisante de la « révélation ». A la radio les humoristes se déchaînent sur fond de masochisme catho. C’était à prévoir. D’évidence cela n’a pas été prévu… ou n’a pas semblé suffisant pour « taire » l’information. Une fois encore, pour l’édification de quelques belles âmes, on prend le risque de voir l’Eglise raillée et moquée injustement et inutilement.
Inutile. Indécent. C’est de l’ordre du privé. Carton rouge au Cardinal ! Chaque fois que le Vatican communique c’est comme ça. C’est préhistorique. N’y a-t-il pas de pilote dans la » barque de Pierre » ? Chacun dit et fait n’importe quoi ! C’est du moins l’impression que l’on peut avoir…Et bien sûr tout cela apporte de l’eau au moulin du public non averti. Mais tout cela n’est pas très grave. Les valeurs évangéliques sont intactes. C’est le principal et c’est de cela dont il faut parler.
D’abord un petit détail : on écrit cilice, pour l’étoffe en poil de chèvre faite autrefois dans l’ancienne Cilicie, Turquie actuelle, car silice désigne l’oxyde de silicium, alias SiO2, alias quartz. On ne peut pas tout savoir.
Ensuite, l’essentiel : je suis bien d’accord avec RP : ceux qui ont des responsabilités dans l’Église, par exemple sur ce dossier, devraient être rappelés à la discrétion nécessaire au lieu d’appliquer l’axiome énoncé, je crois, par Coluche au sujet des politiciens : « c’est pas parce qu’on à rien à dire qu’on va la fermer ».
Ce cafouillage, ajouté à bien d’autres, devrait enfin entrainer des « mises à la retraite, à leur demande » de quelque personnes comme celles que l’on les avait déjà entendues pour l’affaire Williamson, celle de Recife, etc … Leur souci n’est apparement pas l’annonce de l’Évangile, mais la promotion de leur égo surdimensionné qui encombre inutilement les couloirs du Vatican.
Merci pour « cilice »… mille excuses ! Je corrige illico !
Salut et Paix
La pratique de la discipline était monnaie courante dans les monastères. Pas plus de 5 minutes en principe et cela ne doit jamais saigner, tj en principe. Maintenant, la pratique de la pénitence est terminée, l’ascèse n’existe plus, la vie est déjà assez dure comme cela! Mais si les chrétiens ne font pas plus que les autres ? Si on croit qu’on peut jouer l’homme riche avec Lazare à la porte et se retrouver dans le sein d’Abraham, c’est qu’on a mal lu l’Evangile, qu’on a sauté la phrase, « si vous ne vous convertissez pas vous périrez tous » . Jésus ne pensais pas à la mort naturelle, mais à la mort éternelle!
Il y a encore bp qui pratiquent la discipline, car c’est très exigeant et qu’on ne peut pas tricher avec! La mortification unit à la mort/résurrection/rédemption de Jésus.
Les Chartreux portent un cilice tous les jours, et il y a encore des jeunes équilibrés, indispensable l’équilibre dans cette vie là, qui poussent la porte d’un chartreuse.
Ma prière vous accompagne
Que les chartreux portent un silice et que la pratique de la mortification soit plus répandue qu’on ne pense, soit ! Je suis « total respect », comme disent les jeunes, pour cette manière volontaire de s’associer aux souffrances du Christ. Deux commentaires néanmoins : je ne fais pas la même lecture que vous de la phrase : « si vous ne vous convertissez pas vous périrez-tous » . Je ne vois pas en quoi la « conversion » exigerait cette forme de mortification. Porter sa croix – la sienne, pas celle de Jésus – est déjà suffisamment lourd en soi ; et si l’on peut soulager la peine de ses proches ou moins proches… il y a là déjà largement de quoi s’occuper, me semble-t-il.
Ma seconde réflexion porte sur la « révélation » qui a été faite de la pratique de mortification de Jean-Paul II. Lui même n’en avait pas parlé publiquement. Ce silence me semble plus proche de l’Evangile où il est dit : « Toi quand tu jeûnes, mets du parfum sur ta tête et embellis ton visage. Que ton jeûne ne soit pas connu des hommes mais de ton Père qui est dans le secret. Et ton Père te récompensera. » (Mt. 6, 17-18). Voilà, je trouve que le postulateur a, d’une certaine façon, trahi Jean-Paul II. Nul besoin de jeter ça en pâture dans une société qui, de toute manière, n’a plus les codes pour décrypter ce type de comportement et du coup, le traite par l’ironie et la caricature !
Merci si je peux René ,
De ce commentaire qui remet bien les choses en place…..
Le médecin ressent une trahison de la part du postulateur , car une violation de l’intimité d’une personne.
Le fait rapporté en l’occurence , pour moi, ne change rien dans son procès en béatification.
Que veut-il ?
remettre cette pratique au goût du jour?
ou en faire un bon point majeur!
Pour moi, c’est à nouveau un contre sens complet sur l’image que l’on se fait de Dieu.
Pour nous sauver, Dieu voulait une mort atroce pour son fils, et nous, nous devrions la souhaiter pour nous-même ou du moins rendre grâce pour les malheurs supportés….
Quelle image d’un Dieu pervers …..alors que Dieu est amour, relation, écoute, patience…..
Comment voulez-vous que nos contemporains s’y retrouvent?
Le Christ est allé au bout de sa mission …..non pas au devant de cette mort atroce…
Elle était possible et programmée en raison justement du fait qu’il renversait complétement l’idée que les hommes se faisaient de Dieu et du messie attendu.
De plus, pour moi, on a rien à ajouter à l’offrande de toute sa vie du Christ. Il a été l’homme en relation et en confiance parfaite avec son Père.
Le salut de l’humanité , c’est à dire le fait que tout homme soit sauvé (c’est à dire qu’il devienne fils comme le Christ) est réalisé par le Christ une fois pour toute ,à la seule condition que l’homme le veuille par ses actes et ses pensées, sans même connaître le Christ.
La grâce est donnée gratuitement.
Alors de grâce ne rajoutons pas à la souffrance du monde!!!!
Si cela peut aider certains une ascèse particulière est du domaine privé et en aucun cas un modèle à suivre.
Il y a bien assez à faire et c’est bien assez difficile, de penser à l’autre, de partager, d’aider avec amour et non condescendance……de pleurer avec ceux qui pleurent…..
On n’est plus dans une relation du donnant donnant entre Dieu et les hommes, mais dans une relation d’amour, c’est à dire un don gratuit de soi-même.
Mais c’est vrai que cette vision de Dieu revient actuellement …….et c’est ce qui est préoccupant……pour l’annonce de l’Evangile .
Et qui fait bondir la soignante que je suis…….
bonne journée
Je pense que les amalgames augmentent la confusion et que la souffrance est inhérente au monde physique. Que « notre corps physique » est poussière et retournera à la poussière. Que « notre être spirituel » est source de Dieu et retournera à Dieu. Que L’AMOUR/RESPECT est le meilleur antidote au mal et donc à la souffrance de « notre être spirituel ».
Dans l’article de Bernard JOUANNO dans La Croix « Un nouveau chemin de croix pour Lourdes »
Maria de Faykod (sculpteur) témoigne : « Je n’ai pas voulu raconter la Passion, ni représenter la souffrance de l’homme-Dieu, assure cet artiste profondément croyante. J’ai voulu témoigner de l’amour du Christ. Dire comment la souffrance peut se transcender par l’Amour »
Enfin d’autre par, je peux uniquement supposer que lorsque un être humain atteint un certain niveau de « bien être » sur notre terre (Le Pape, par exemple). Il risque d’être « déconnecté de la souffrance en ce monde » 😉
Que « Dieu Notre Père », soit toujours avec nous (en Ame et Conscience) 🙂