Arriver à Lourdes par avion à 17 h 55 pour en repartir le lendemain matin par un vol de 6 h 50, voilà ce qui s’appelle « faire une apparition ». Mais sans qu’il y ait forcément miracle à la clé.
L’un des avantages des deux Assemblées plénières que les évêques de France tiennent à Lourdes à l’automne et au printemps est, pour l’observateur extérieur, la certitude de pouvoir éventuellement les y joindre en un même lieu en temps réel. Le groupe de presse Bayard (auquel j’appartiens) a bien compris la chose qui, jeudi 5 novembre au soir, avait convié les évêques et secrétaires nationaux de la Conférence épiscopale, présents à Lourdes, à une réception amicale.
Objectif de la rencontre : leur présenter les changements récents intervenus au sein du 1er groupe de presse catholique français, tant à la tête de son directoire qu’à la direction de la rédaction de Pèlerin, titre fondateur du groupe, à la rédaction en chef religieuse de la Croix ou à la rédaction en chef de la Documentation catholique.
Une trentaine d’évêques avaient fait connaître leur intention d’être présents… Ils furent finalement près de soixante-dix à venir échanger avec les responsables du groupe Bayard. Difficile, fut-ce dans un blog, de s’affranchir d’une certaine discrétion sur les paroles échangées avec les uns ou les autres. Mais, pourquoi ne pas l’écrire : la tonalité fut infiniment chaleureuse et confiante, fraternelle parfois.
Raison de plus pour que l’observateur soulève ce qu’il perçoit comme un mystère, un paradoxe, une contradiction… A l’ordre du jour de l’Assemblée plénière figurait en effet, entre autres thèmes, la présentation du rapport de Groupe de travail présidé par Mgr Dagens, académicien et évêque d’Angoulême, sur le thème : « Indifférence religieuse, visibilité de l’Eglise et évangélisation ».
Ce texte, fort intéressant, d’une quarantaine de pages, s’ouvre sur l’évocation de la « manière souvent réductrice dont les initiatives et les interventions de l’Eglise et tout particulièrement les paroles du pape et des évêques sont présentées et répercutées dans l’opinion publique » (p.3) Qui peut être visé par cette réflexion sinon ce qu’il est convenu d’appeler les médias ? Car ce sont bien eux, en effet, qui permettent de donner une visibilité collective à l’Eglise et à ses acteurs ?
Mais alors, comment expliquer que les médias (presse, radio, télévision…) et ceux qui en portent la responsabilité et la font vivre : éditeurs et journalistes ne fassent l’objet d’aucune mention ni même allusion dans ce texte de réflexion ? Peut-on à la fois les mettre en cause fut-ce indirectement et les ignorer ?
Plus même, comment un texte soumis à la réflexion des évêques peut-il faire l’impasse sur l’existence, en France, d’une presse écrite explicitement catholique riche, diverse et encore puissante, comme de médias audiovisuels radio et télévision spécifiques, le plus souvent placés, eux, sous l’autorité directe des évêques ?
Comment comprendre que dans la mise en cause des médias sur la manière « réductrice » dont ils rendent compte de la vie de l’Eglise aucune distinction ne soit opérée entre médias chrétiens et médias non confessionnels alors que les premiers sont portés par des journalistes souvent engagés dans la vie de leur Eglise et auxquels, à l’occasion, nous l’avons vu le 5 novembre au soir, les évêques ne rechignent pas à dire leur reconnaissance et leur confiance ?
Déjà, au lendemain des « affaires » qui, au printemps dernier, avaient marqué la vie de l’Eglise catholique (levée des excommunications sur les évêques lefebvristes, affaire de Recife et polémique sur le préservatif) certaine réaction officielle, critique, de la Conférence des évêques de France n’avait pas cru devoir distinguer la « couverture » propre aux médias catholiques. Comme si la différence n’éxistait pas à ses yeux !
Rebelote donc à Lourdes ! Question à un euro : la visibilité de l’Eglise serait-elle la même, en France, si les médias chrétiens n’existaient pas, s’ils n’étaient pas cités dans les revues de presse, si des journalistes chrétiens appartenant à ces médias ne participaient pas régulièrement, du fait même de leur expertise, à des débats sur les médias non-chrétiens et ne prenaient pas le risque d’une parole libre et engagée ? Et si la réponse est « non » comment expliquer un tel mutisme ?
Comment un texte qui s’intéresse aux diverses formes « d’appartenance » à l’Eglise catholique peut-il ignorer que la lecture même de tel ou tel magazine chrétien – c’est vrai de Pèlerin que j’ai dirigé – est en soi une manifestation d’appartenance ? Et l’écoute de telle émission ? Comment comprendre qu’une conclusion intitulée : « De quelques attitudes pastorales à encourager » glisse, sans s’arrêter, sur l’existence de cette presse nationale, comme des hebdos catholiques régionaux, de la presse paroissiale, des journaux des mouvements et services d’Eglise, des radios et TV chrétiennes ?
Peut-on rasionnablement parler des exigences de la Mission tout en ignorant un pan entier du service de la Mission ? Que celui qui a réponse à cette question veuille bien m’éclairer. Merci d’avance !
je n’ai pas de réponse à vous donner, mais un constat personnel……..je dirai même une blessure personnelle…..ce qui me fait encore bouger peut-être plus qu’il y a quelques années…….c’est que si le dialogue est fraternel ,amical parfois , exceptionnel exceptionnellement , avec nos pasteurs en tête à tête , il ne peut être dit ouvertement ou si rarement car ceux qui le font prennent un risque….
la gynécologue spécialisée en stérilité ,très engagée dans l’Eglise si elle reconnait un effort très grand de dialogue de l’Eglise pour la révision de la loi de bioéthique craint très fortement que la parole des professionnels de terrain ne l’emportera pas sur des groupes de pression qui sont seuls écoutés en hauts lieux ( Fondation Lejeune…)…..alors que faire??????quand un écran est mis d’office entre le Vatican et le terrain .
après 40 ans passés dont beaucoup en pastorale familiale et santé pour se dire qu’officiellement rien n’a changé!!!!!!!
L’an passé aux assises de la Santé à Lourdes, j’ai pu voir de mes propres yeux discours sans vague….et censure au niveau des carrefours de toute parole qui fâche!!!
lors des évènements de l’an passé, au cours d’un dialogue avec quelques jeunes prêtres que je connaissais depuis longtemps en essayant
de voir comment eux ils réagissaient ,
de trouver des mots pour faire comprendre ma révolte de femme, de professionnellle catholique, j’ai pris les mots de la Croix:
» réponse: ce n’est plus un journal catholique ».!!!!!!!de l’un d’eux
Est catholique celui qui répète mot pour mot les textes du Vatican ….Vatican II est bien loin…..la conscience éclairée aussi…..
Mais là on va droit dans le mur , car la société évolue à cent à l’heure et nous nous marchons à reculons….pourtant dans l’Evangile on a tout pour avancer, être lumière…on laisse la lumière sous le boisseau ….par peur entretenue ….
Hier on a célébré la chute d’un mur…..Restez là pour dire, rire , exploser,pleurer, vivre en des mots audibles par tous.
Et puis un mur s’écroule un jour ou l’autre mais pour cela il faut malgré tout que l’on y croit toujours ( on l’a vu hier soir à nouveau : un jour l’inacceptable est balayé ) et l’Esprit trouvera bien un chemin.
bonne journée
claudine