Dans un livre d’entretiens avec Marc Leboucher, le journaliste Bernard Lecomte nous donne à relire, à travers l’attitude des médias, les « événements » qui ont secoué l’Eglise catholique au cours du printemps 2009.
Le titre est astucieux ! Il dit bien le propos de l’ouvrage : tenter de comprendre pourquoi les médias, notamment en France, donnent de Benoît XVI une image aussi peu avenante et par moment proprement carricaturale. Bernard Lecomte est bon pédagogue et son intervieweur, Marc Leboucher, éditeur chez Desclée de Brouwer, fin connaisseur des relations complexes entre l’Eglise catholique et la société française, thème de deux précédents ouvrages d’entretiens avec René Rémond parus en 2000 (Le christianisme en accusation) et 2005 (Le nouvel antichristianisme) qui, à leur sortie, firent débat et connurent un vrai succès de librairie.
Le mérite de l’ouvrage est de montrer comment une tradition française bien ancrée d’anticléricalisme a pu produire une inculture religieuse massive dans la société mais également dans les médias, constituant elle-même le terreau d’un politiquement correct antichrétien qui a servi de grille de lecture facile aux événements que chacun conserve en mémoire : discours de Ratisbonne, levée des excommunications contre les quatre évêques Lefebvristes dont le tristement célèbre Mgr Williamson, affaire de Recife, polémique sur le préservatif dans la lutte contre le sida en Afrique…
Sur ces différents dossiers, le livre apporte des éclairages utiles dont certains avaient pu échapper, même aux observateurs les plus attentifs. Comme ce désavoeu officiel infligé par la Congrégation pour la doctrine de la foi, quatre mois après l’affaire de Recife, au président de l’Académie pontificale pour la vie qui s’était montré critique pour l’approche légaliste, et bien peu compatissante, de l’archevêque de Recife. Une information qui « éclaire » ce qu’on croit savoir, en France, de la manière dont certains évêques, qui avaient courageusement interpellé leur frère brésilien dans l’épiscopat, se sont fait rappeler à l’ordre par Rome ! Au motif que l’avortement reste un crime.
Livre fort utile donc. Il ne gomme rien, pour autant, des disfonctionnements de l’administration vaticane qui portent leur part de responsabilité dans ce que l’on a pu appeler une forme de « lynchage médiatique » de Benoît XVI. Un lynchage sans doute injuste mais qui a profondément ébranlé les catholiques de France. Au point, pour ne citer que ce seul exemple, d’avoir fait chuter de moitié l’audience de la messe télévisée de France 2 dans les semaines qui suivirent. Peut-être le livre passe-t-il trop rapidement – pudiquement – sur la réalité et la profondeur de ce malaise.
Sans doute aurait-il également gagné à mieux creuser, même si cet aspect est abordé, ici et là, au travers des chapitres, en quoi l’information véhiculée par les médias chrétiens en France s’est démarquée des médias non confessionnels et où s’est située la différence, à l’intérieur même des médias chrétiens. Peut-être me reprochera-t-on là une forme de nombrilisme, eu égard à mes responsabilités passées à la tête de la rédaction du 1er hebdomadaire catholique français, Pèlerin, durant cette période sensible. Mais précisément, que dans le bilan de ces événements, les responsables de la Conférence des évêques de France, n’aient jamais cru devoir faire le moindre distingo entre médias chrétiens et non chrétiens reste pour moi sujet à questionnement.
Pour l’avenir, Bernard Lecomte souligne justement combien la question est loin d’être réglée de la communication « dans » et « de » l’Eglise. Les collaborateurs du pape restant partagés entre ceux qui pensent que l’institution devrait prendre en compte les règles de la communication dans les sociétés modernes et ceux qui considèrent que l’Eglise n’a pas à communiquer mais à proclamer « à temps et à contretemps » la Vérité qu’elle a reçue en dépôt de son fondateur et que c’est à la société d’avoir l’humilité de se plier à cette Vérité-là ! Il est possible que le même clivage traverse la Conférence des évêques de France. Ceci pourrait en partie expliquer cela !
Pourquoi l’Eglise a mauvaise presse est publié chez DDB.
je vous ai déjà dit que votre amertume de journaliste chrétien pourrait vous faire comprendre l’amertume de nombreux chrétiens engagés dans l’Eglise depuis toujours, compétents dans un domaine qui ne peuvent être écoutés des instances romaines et même de certains evêques et laïcs .
il y a un barrage de groupes de pression qui empêchent la parole et relève hélas plus d’une attitude sectaire que de l’Evangile.
Soit l’effort de tous ceux qui dans le respect éclairé de Rome se battent pour qu’il n’y ait pas qu’une seule voix écoutée, arrive à forcer le barrage, soit l’Eglise mourra en tant que telle, repliée sur elle-même.
Mais , j’ai toujours eu l’Espérance que l’Esprit franchira ces frontières, même s’il doit prendre des hommes en dehors de l’Eglise……cela s’est déjà produit dans l’histoire du peuple de Dieu.!!!!!!!!!
Babel a été condamné par Dieu, le Christ a rejoint la Galilée des nations , ……
cela ne m’empêche pas de pleurer parfois à mon humble niveau de cette surdité de l’Eglise. Mais peut-on en vouloir à des hommes qui sont dans leur bulle depuis si longtemps…….
Mais le Corps du Christ est formé de chacun de ses membres……
quand je déprime à ce sujet, je repense à soeur Emmanuelle et à la lettre adressée à Jean Paul II qui n’eut pas de réponse……Tout Grand Pape il était , ce jour là ses yeux n’ont pas su voir……à qui la faute? à lui bien sûr , mais surtout à ceux qui
volontairement ont tout fait pour qu’il ne puisse répondre, et dans ce domaine Joseph Ratzinger n’a pas été pour rien ……..
là c’est la gynéco qui parle.
bon dimanche
en union de prières et d’espérance en la force de l’Esprit
Bonsoir,
Je n’ai pas lu ce livre de Bernard Lecomte « Pourquoi le pape a mauvaise presse » (entretiens avec Marc Leboucher).
Vous écrivez sur le sujet que :
« Les collaborateurs du pape restant partagés entre ceux qui pensent que l’institution devrait prendre en compte les règles de la communication dans les sociétés modernes et ceux qui considèrent que l’Eglise n’a pas à communiquer mais à proclamer « à temps et à contretemps » la Vérité qu’elle a reçue en dépôt de son fondateur et que c’est à la société d’avoir l’humilité de se plier à cette Vérité-là ! »
Ma femme, mon fils de 24 ans et ma fille de 22 ans ne vont pas à l’église.
Ils n’ont pas suivi malheureusement le catéchisme et je me sans responsable de cela.
Le Pape qu’elle qu’il soit n’a rien à voir avec cela. Les messages que délivre Benoît XVI sont louables à mon avis, même si je me sentais plus près de Jean-Paul II ou « je me reconnaissais en tant que Chrétien par rapport à lui » pour des raisons de liens en communs avant toutes choses.
En bref, pour pouvoir se rapprocher du Pape Benoît XVI. Il me faudrait pouvoir lire tout ses écrits.
Ce qui représente un travail considérable pour quelqu’un qui ne lit lentement.
En effet je pense que la densité de cet « Homme de foi » est difficile à capter par le premier venu.
De ce faite, j’ai l’impression que ce n’est pas lui qui vient vers nous, mais nous qui devons venir vers lui. Donc pour moi, c’est à ce prix que je pourrais me sentir plus proche de ce nouveau successeur de Saint Pierre à Rome.
Fraternellement Marcopolano.
Bonsoir Claudine,
Merci de m’avoir permis de rechercher les informations suivantes :
« J’ai 100 ans et je voudrais vous dire » Edition PLON
Jacques Duquesne, Sœur Emmanuelle, Annabelle Cayrol
« On ignorait que cette religieuse de feu, partisane du mariage des prêtres, écrivit un jour au bon pape Jean-Paul II, pour lui laisser entendre l’intérêt qu’il y avait, au coeur des cloaques cairotes, à user de la pilule. On ignorait aussi que cette infatigable batailleuse, fondatrice d’une association pour les mères en détresse et qui se mit en tête, à 80 ans bien sonnés, de vouloir repêcher les SDF de son village, avait aussi été amoureuse. «J’ai eu une vie heureuse, dit-elle. Je ne peux que répéter qu’il faut donner aux autres optimisme, volonté et amour […]. Sans partage, sans solidarité, on ne peut faire progresser l’humanité, il faut donc s’acharner. » Claire Chartier TV5MONDE
Fraternellement Marcopolano.
Bernard Lecomte, auquel j’ai adressé cette présentation de son livre me fait savoir qu’il a bien du mal à en faire parler, par les médias « pour des raisons qui sont dedans, justement ! » Bien vu ! On comprend que la presse mise en cause pour son inculture crasse et sa partialité ne se sente pas suffisamment masochiste pour assurer la promotion du livre qui la met en accusation !
Je ne sais quoi penser de cet article :Je le trouve impressionnant et interrogatif ! Il est vrai que la situation actuelle du peuple pose question mais quoi faire pour relever l’espérance de ceux qui l’ont perdue ? Personnellement je pense que le monde se trouve dans une situation terrible et presque irréparable La faute à qui ?Je ne désignerai personne car la faute: elle est à chacun de nous …Faisons notre examen de conscience et le monde sera peut-être plus juste ?