Le refus pour une société de faire face à ses contradictions, n’est jamais signe de bonne santé démocratique.
Le vote de la loi sur l’élargissement du droit à la PMA est en passe de devenir pour le quinquennat d’Emmanuel Macron ce que la loi Taubira fut à celui de François Hollande : le signe indépassable de leur ancrage dans la modernité contre tous les obscurantismes. Sur cette question j’ai longtemps débattu avant de me résigner à me taire. Chacun restant libre d’interpréter ce silence à sa guise. A l’heure où le Parlement s’apprête à adopter définitivement un texte inchangé, je veux simplement redire ici mes objections, pour solde de tout compte, en reprenant le passage de mon livre Catholique en liberté, paru à l’automne 2019, consacré à cette question. (1) Je n’ajouterai d’autre commentaire que mon inquiétude de citoyen, non à voir une opinion majoritaire l’emporter – je suis démocrate – mais ses partisans tenir pour méprisable quiconque ne se range pas à leur vérité.
« L’élargissement à toutes les femmes, célibataires ou vivant en couple homosexuel, du droit à l’Aide médicale à la procréation (PMA) est une très ancienne revendication de la communauté LGBT. Elle fut un temps intégrée au projet de loi Taubira ouvrant au mariage pour tous, avant d’être reportée, à plusieurs reprises, pour tenir compte de l’état de l’opinion publique. Un stade désormais totalement dépassé puisque la plupart des sondages montrent une forte adhésion des Français, catholiques y compris, à cet «élargissement des droits». Emmanuel Macron s’y était dit favorable «à titre personnel», durant la campagne présidentielle, précisant néanmoins qu’il s’en remettrait à l’avis du Comité consultatif national d’éthique. Lequel a rendu un double avis favorable, d’abord en juin 2017 puis à l’automne 2018 au lendemain de la consultation nationale ouverte par le gouvernement sur la révision des lois de bioéthique. Avis favorables essentiellement argumentés sur le fait que, certes cet élargissement soulève de réelles et graves questions, mais que «l’opinion incline en ce sens».
Un consensus populaire ou médiatique ?
Ce qui n’est pas tout à fait exact. Le document de synthèse des États généraux souligne que «des différences profondes s’expriment dans la société civile, sur la question de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules». Objection rejetée par les partisans de la réforme au motif que ces États généraux auraient été noyautés par une minorité activiste et ne refléteraient aucunement l’opinion. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage… La boucle est donc bouclée. Et il n’est plus guère temps d’écouter la sagesse du philosophe, lorsqu’André Comte Sponville – hors contexte il est vrai – écrit : « À force de ne connaître le peuple que par les médias on finit par prendre les médias pour le peuple. Et on a le sentiment parfois d’un consensus populaire là où il n’y a, en vérité, qu’un consensus médiatique. »
Le désir d’enfant est l’un des plus forts et des plus légitimes qui soient. Et il ne saurait tenir à l’identité sexuelle de celui qui l’éprouve, pas davantage qu’à son statut matrimonial. Le satisfaire n’a longtemps été accessible qu’aux couples hétérosexuels puisque la nature est ainsi faite que tout engendrement suppose la présence d’un mâle et d’une femelle. Et bien des cultures et religions ont magnifié l’étreinte amoureuse qui ouvre au don de la vie et à la perpétuation de l’espèce humaine. Sauf que les progrès des sciences et des techniques permettent d’envisager pour demain une reproduction humaine «hors sexe» comme il existe une agriculture hors sol. Et nos sociétés ont élargi la compassion qu’elles éprouvaient pour les couples infertiles aux couples de femmes ne pouvant accéder à la maternité pour des raisons d’infertilité sociale.
Des arguments qui ne procèdent pas d’une foi religieuse
La tonalité de ce livre se veut de conviction. Je n’ambitionne pas, sur un sujet aussi passionnel et complexe, de délivrer une quelconque vérité ni de faire un examen exhaustif de tous les questionnements qui nous sont posés. J’entends simplement partager avec mon lecteur quelques réflexions qui se veulent responsables. Ici le «catholique en liberté» s’identifie au citoyen car il n’est aucun argument décisif dans ce débat qui procède d’une quelconque foi religieuse. Si ma foi est engagée, c’est au travers d’une vision de l’homme, de sa dignité et de son devenir qui me paraît partagée au-delà d’une appartenance religieuse spécifique. Ce qui généralement me vaut une double exclusion : de la part de certains de mes coreligionnaires qui estiment que je devrais m’exprimer «en tant que chrétien» argumentant à partir des Écritures et de la morale catholique; mais également de la part des médias et du monde laïc pour lesquels un catholique est toujours suspecté de vouloir s’exprimer au nom de sa foi, et donc à partir d’arguments irrationnels.
Où l’on confond filiation biologique et parentalité
Que dire en souhaitant ne blesser personne? Qu’il y a, dans cette revendication d’un élargissement de la PMA, une totale confusion entre filiation biologique et parentalité. Peut-on légitimement bricoler une filiation biologique à des enfants à naître au seul motif qu’on est en mesure de leur offrir une parentalité et une éducation dont personne – en tout cas pas moi – ne conteste qu’elle puisse être aimante? Non, on ne naît pas de deux hommes ou de deux femmes, même si on peut être élevé et aimé par eux comme tout autre enfant dans un autre contexte. A-t-on moralement le droit de programmer la naissance d’orphelins de père au motif qu’ils seront adoptés par le conjoint de leur mère? Comment mes concitoyens à ce point attachés au principe d’égalité peuvent-ils vouloir fonder l’égalité des droits des adultes sur la négation de l’égalité des droits des enfants ? Le droit à naître d’un père et d’une mère et, comme le garantit la Convention des droits de l’enfant « à être si possible élevé par eux»?
À cette question, maintes fois formulée tant sur mon blogue que sur les réseaux sociaux ou lors d’interventions publiques, je n’ai à ce jour obtenu aucune réponse. Vox clamans in deserto… Ce qui signifie que le désir d’enfant serait opposable au droit des enfants, devenant par le fait même un droit à l’enfant. Ce droit ne figure dans aucune Déclaration des droits humains pas plus d’ailleurs pour les couples hétérosexuels qu’homosexuels. «La procréation n’est pas un droit, mais une fonction biologique. L’exiger pour tous, au nom de la «justice sociale», est parfaitement absurde.» Déclaration intempestive de la Conférence des évêques de France? Non pas! Elle est signée: José Bové, Sylviane Agacinsky, Michel Onfray, Noël Mamère, Jacques Testard… dans Charlie Hebdo.
Un élargissement des droits qui n’enlèverait rien à personne ? Une imposture !
L’argument le plus souvent entendu tant pour l’élargissement de la PMA que pour nombre de réformes sociétales est qu’elles élargissent le champ du droit à de nouvelles catégories de personnes sans rien enlever aux autres ! Ce qui est une imposture! Je viens de l’illustrer au regard d’enfants volontairement privés de pères mais il faut aller plus loin. La PMA depuis longtemps ouverte aux couples hétérosexuels stériles se heurte à une pénurie de gamètes alors que ce recours n’est requis que dans trois pour cent des cent quarante-cinq mille tentatives de PMA annuelles, la plupart s’effectuant à partir du sperme du conjoint. En clair : il n’y a pas suffisamment de donneurs de sperme ! Et si demain la possibilité est reconnue à l’enfant d’accéder à sa majorité aux sources de sa filiation, le nombre de donneurs va encore diminuer, la plupart d’entre eux souhaitant rester dans le plus total anonymat. Que fera-t-on le jour où la demande explosera du fait d’un élargissement du droit? La réponse est hélas claire: on recourra à l’achat de sperme comme cela se pratique à l’étranger. Ce qui représente une rupture totale avec un principe du droit français qui est la non-commercialisation de produits biologiques humains.
Dans la brèche pourront s’engouffrer après-demain tous les commerces concernant le sang, les reins, la cornée, dont on sait combien le commerce clandestin est aujourd’hui florissant. Au nom de la liberté des pauvres, dans un contexte d’économie et de cultures libérales, de vendre le peu qui leur reste pour satisfaire les désirs des riches ! Et l’on nous dit que la PMA élargie serait éthique, sans problème ni conséquence ? Faux ! Nous voilà résignés à ouvrir une brèche sans doute irréversible dans un principe de non-marchandisation du corps humain que personne ne songe à remettre en cause, pour satisfaire quelques milliers de demandes de PMA élargie.
Une revendication qui dépasse la seule communauté LGBT
Mais soyons juste ! Il y a un risque réel à faire peser sur la seule communauté LGBT le poids de cette transgression qui, en fait, procède d’un glissement général de nos sociétés qui la dépasse largement. Parce que nous sommes parvenus à une situation de revendication généralisée de droits individuels, fussent-ils destructeurs du Bien commun, que l’on pourrait résumer d’une formule : « Il ne doit pas y avoir de problème, puisque c’est leur désir et que leur désir est légitime. »
Je crains que la communauté LGBT ne soit un jour victime de ceux-là même qui pensent la soutenir en avalisant, par principe, chacune de ses revendications. Voilà une ministre de la santé qui, le même jour de l’été 2019, officialise le déremboursement (à hauteur de 30 %) des médicaments homéopathiques utilisés par un tiers des Français et confirme l’engagement du gouvernement de rembourser la PMA élargie pour quelque 2000 femmes par an. On m’objectera qu’il n’existe aucun lien entre ces deux mesures. L’une découle d’une expertise scientifique (l’homéopathie n’aurait aucune efficacité thérapeutique), l’autre d’une requête sociétale. Sauf que les deux impactent sur le budget de la Sécurité sociale. Aux yeux de nombreux français, «on dérembourse les uns pour rembourser les autres ». Avec, en prime, cette double leçon de morale que les uns devraient enfin sortir de l’obscurantisme là où les autres s’inscriraient d’évidence dans le progrès et le sens de l’histoire. Je ne connais rien de plus efficace pour enrichir le terreau de l’homophobie et du populisme.
Un nouveau marché pour le capitalisme libéral
Je suis frappé, dans ce débat comme dans celui de la GPA, précédant de peu l’infinité des questions à venir sur les promesses prométhéennes du transhumanisme et de l’homme enrichi, de voir combien partisans et adversaires de ces évolutions sociétales argumentent généralement sur des concepts moralisateurs, de bien et de mal. Sans percevoir à quel point la PMA est d’abord un formidable marché, « boosté » pour ce qui concerne les couples hétérosexuels, par les ravages de la pollution industrielle sur la fertilité humaine. Ainsi le capitalisme libéral provoque-t-il de manière véritablement criminelle l’infertilité masculine, ouvrant ainsi un nouveau marché dans lequel il compte bien s’engouffrer: celui de l’enfant né de la technique médicale. De même incite-t-il les jeunes femmes à repousser leur projet de maternité de manière à se rendre plus disponibles pour leur « carrière » – et donc pour le marché – en leur offrant désormais la perspective technique d’une conservation des ovocytes qu’en bon petit soldat le Conseil consultatif national d’éthique suggère au gouvernement de légaliser… Sans doute pour permettre d’éventuelles maternités à des femmes parvenues à l’âge de la retraite! Et tout cela sous les applaudissements de naïfs qui croient y voir une victoire des libertés et du désir d’émancipation des citoyens.
Certains, qui condamnent les dérives de l’économie libérale, feignent de ne pas voir que le marché du vivant, ouvert par les techniques d’assistance médicale à la procréation (PMA, GPA, diagnostic préimplantatoire, demain utérus artificiel…), représente le nouveau réacteur du capitalisme mondialisé. Et que ce marché est sans limite à la mesure de nos désirs ou de nos fantasmes. D’autres – souvent des catholiques – qui dénoncent au nom de la morale ces réformes sociétales n’en soutiennent pas moins dans les urnes les partis politiques qui défendent le système économique qui les génère et s’en nourrit !
Le glissement constant de lois d’exception vers une généralisation à tous
La PMA a d’abord eu pour unique objet de traiter des cas d’infertilité biologique au sein de couples hétérosexuels. Des couples ne pouvaient pas avoir d’enfant, la science les y aidait. Dans un second temps, que nous traversons, les couples homosexuels ont fait valoir qu’il n’y avait aucune raison de leur refuser l’accès aux mêmes techniques pour remédier à une forme «d’infertilité sociale». Suivra, n’en doutons pas, une troisième étape où quiconque en fera la demande pourra accéder à ces pratiques. Si demain une femme mariée, vivant en couple hétérosexuel mais « fatiguée » de son lien conjugal ou se heurtant au refus de son mari, souhaite «faire» un enfant… au nom de quoi lui refusera-t-on ce droit? Ce glissement de lois d’exception destinées à répondre à des situations de détresse, depuis des publics au départ ciblés et limités vers l’ensemble des citoyens, est une constante de notre vie sociale depuis plus d’un demi-siècle. Nous l’avons connu pour le divorce et l’avortement. Nous le connaîtrons pour la PMA, la GPA, le tri embryonnaire assurant à chaque couple un enfant «zéro défaut», l’utérus artificiel… mais aussi, de toute évidence, pour l’euthanasie. Pour le plus grand bonheur du monde marchand. À la barbe de tous «les imbéciles heureux» qui, aujourd’hui, applaudissent au nom du progrès et d’un élargissement des droits !
Fin de l’obscurantisme judéo-chrétien
J’imagine ce futur proche où, dans nos sociétés libérales, la PMA sera «enfin» accessible à toutes les femmes qui souhaitent y recourir, leur offrant la possibilité de satisfaire leur désir d’enfant, quand et comme elles le voudront, sans s’encombrer d’un partenaire masculin et père de l’enfant à naître. Dans le même temps, les robots sexuels auront fait leur apparition dans les rayons des supermarchés, libérant chacun(e) de la quête angoissante d’un(e) partenaire. PMA et robot sexuel… accessibles à tous les budgets, sonneront la victoire finale du progrès technique sur l’obscurantisme judéo-chrétien. Au point de faire sombrer dans l’oubli ces temps moyenâgeux où l’enfant désiré – tout comme le simple plaisir sexuel – pouvaient naître gratuitement, hors du monde marchand, de la libre rencontre et de la jouissance des corps. Faut-il redire ici qu’à partir du moment où l’élargissement de la PMA sera adopté en réponse à la souffrance ressentie par des femmes, du fait de leur infécondité d’origine non médicale, il n’y a plus aucune raison, en termes d’égalité des droits, de refuser demain à des couples homosexuels ou des célibataires masculins l’accès à la GPA ? »
EPILOGUE
Dans d’autres pages de ce même livre, j’ai dit ma conviction que nombre des réformes sociétales actuellement engagées me semblaient porteuses de souffrances nouvelles. Notamment lorsque, comme ici, le désir des adultes, si légitime soit-il, en vient à ignorer le droit des enfants et les exigences du Bien commun. Sans doute est-ce là le tribut à payer au désir d’émancipation de nos contemporains. Je sais que ce discours est perçu comme moralisateur, pire comme réactionnaire ou franchement homophobe et donc irrecevable. Il serait en rupture avec nos « valeurs » communes et vaudrait donc excommunication citoyenne. Je n’en crois rien, mais c’est ainsi. Je me souviens avoir écrit pour la charte éditoriale de Pèlerin (du temps où j’assumais la direction de sa rédaction) : « Les gens n’attendent pas de nous, catholiques, que nous leur fassions la morale mais que nous cheminions fraternellement à leurs côtés. Ne dépensons pas plus d’énergie à dénoncer le mal (ou des choix que nous désapprouvons) qu’à faire le bien. » Cela reste ma ligne de conduite.
- René Poujol, Catholique en liberté, Salvator 2019, p. 161 à 168.
© René Poujol et Editions Salvator
Merci René pour cette chronique d’une dérive annoncée qui va au fond des choses, la dérive des sociétés marchandes et des revendications de droits (le droit à l’enfant) au détriment des autres (les droits des enfants).
L’avis du Comité consultatif national d’éthique sur les questions bioéthiques au nom de « l’opinion » le déconsidère… surtout quand on voit ce même CCNE émettre aujourd’hui un avis négatif sur la vaccination des adolescents contre la Covid 19 !
Tout est dit et si bien dit. Cependant dire que l’opinion y est favorable est donner du grain à moudre aux médias. Je regrette qu’un référendum n’ait pas eu lieu. Il aurait permis de développer les conséquences d’une telle loi afin que l’opinion soit informée ce qui n’est pas le cas aujourd’hui
Il est difficile d’être plus pertinent.
Et plus véritablement conforme à la Parole.
La majorité, étant la moins mauvaise règle de gouvernance, est cependant sujette à toutes les influences et informations les plus diverses et parfois les plus erronées, sa décision dépendant bien souvent de ses émotions. Nous sommes en « émocratie » comme l’avait décrit le Cardinal Daneels.
merci et bravo pour ces quelques lignes.
je ne peux m’empêcher de penser au « Meilleur des mondes » d’A. Huxley et aussi à « la ferme de animaux » de G. Orwell…face à la surdité et l’aveuglement de certains sur ce qu’ils préparent pour demain…
Merci beaucoup, René, de cette synthèse complète et remarquablement argumentée…
Comme vous-même, je crois qu’il vaut mieux se taire. Les « Manifs » sont inutiles car incomprises et desservent même le message notre Eglise. Notre accueil des personnes qui recourent à la PMA et des enfants qui en naissent (j’y suis personnellement confronté actuellement), aussi bousculantes que soient ces situations, me semble être une exigence pour témoigner de notre foi en un Dieu vivant et miséricordieux.
Merci encore !
Les arguments que vous avez colligés dans votre livre sont suffisamment nombreux pour que vous puissiez produire en vous y tenant un trop copieux billet de blog. Vous annoncez votre décision de vous taire sur le sujet de la loi bioéthique et elle est la bonne, vous n’y avez que trop dérogé en vous citant et certes, votre tour d’horizon est complet.
Mais on attend que l’Eglise -et les catholiques se taisent sur la bioéthique.
Il y a d’abord une raison d’opportunité qui dépasse l’attente de la société. La parole de l’Eglise ne modifie pas une situation de fait depuis 1986, où la PMA (qu’on appelait jadis l' »insémination artificielle ») est autorisée, est fonctionnelle et donne le jour, ô surprise!, à des enfants viables et souvent heureux, enfants de l’amour au moins autant que ceux issus d’une relation sexuelle classique, pas toujours amoureuse, tant s’en faut.
Enfants de l’amour ou du désir, tempérerais-je, car pourquoi vouloir à tout prix un enfant issu pour tout ou partie des gamètes du couple, plutôt que d’encourager (et de s’engager dans) la difficile et oblative aventure de l’adoption?
Cette contradiction entre un enfant issu d’une démarche procréative encadrée ou médicalement assistée et l’adoption est mal perçue en général. Il est plus facile de dire que la PMA favorise la logique consumériste plutôt que de dénoncer que le désintérêt pour l’adoption accuse une logique égoïste de la part des couples ambitionnant l’accès à la parentalité biologique hors des voies communes de la fécondation.
Mon expression brutale passe sans doute à côté, car je n’ai pas d’enfant, de l’appel de la chair, même si les voies et moyens d’avoir un enfant qui soit charnellement rattaché au couple parental via une FIVE, ne sont pas très biologiques.
La parole de l’Eglise touchant l’extension de la PMA aux couples de femmes est inutile parce que c’est la PMA qui fait problème en soi, or celle-ci est déjà inscrite dans la loi, et elle donne le jour à des enfants viables. La refuser à des couples de femmes et, en effet, plus tard, à des couples homosexuels masculins via la GPA faute d’une autre solution dans notre cadre législatif (comme par exemple l’autorisation de donneuses d’ovocytes anonymes), est une discrimination qui sera bientôt déclarée illégale.
-Mais la parole de l’Eglise est irrecevable pour au moins trois autres raisons:
-Elle prend trop de biais rhétoriques pour masquer que l’Eglise est obsédée par les limites antérieures et postérieures de la vie humaine, le refus de la PMA et de l’euthanasie masquant une peur de ces deux seuils que sont la naissance et la mort.
La parole marquée par la peur passe pour névrotique et notre société d’émancipation récuse une parole qu’elle présume inspirée par la névrose.
-La PMA est un détournement de la relation sexuelle qui jusqu’ici était liée au processus de la reproduction humaine. Or la société ne supporte plus d’entendre l’Eglise parler de sexualité. Il faudrait pour qu’elle soit audible que sa parole soit purifiée par une véritable intention de lutter contre la « culture de l’abus » jusqu’à la racine de ses pratiques et au-delà de la dénonciation des scandales et des scandales du passé. Or l’Eglise n’est qu’au début de cette lutte. Sa parole ne retrouvera une légitimité en la matière que vérifiée et purifiée par une longue pratique et pas seulement par le traditionnel et incantatoire « plus jamais ça, plus jamais la guerre, plus jamais l’avalanche ».
-Enfin et surtout, on n’attend pas l’Eglise, qui s’est trop longtemps révélée incapable de se comporter normalement, sur une parole normative. On l’attend sur une tentative de répondre à la question du « pourquoi » lorsque survient le malheur qui n’a été causé par aucun désordre ou choix de la liberté humaine. Pourquoi l’enfant surhandicapé ou victime de toutes les injustices de la vie? Pourquoi l’enfant sur lequel le sort s’acharne? L’Eglise ne peut pas se contenter de dire: « Je ne sais pas, mais je compatis. » Elle doit déployer un effort intellectuel tout aussi généreux que l’énergie qu’elle gaspille à s’exprimer sur des sujets sur lesquels la société qui est gavée de ses leçons de morale ne lui demande plus son avis.
Vous êtes incroyable. Qu’est-ce que l’Eglise vient faire là ? Ai-je à aucun moment parlé de l’Eglise dans mon propos ? Je me suis positionné comme citoyen et catholique. Point ! Et vous n’avez pas autre chose à me dire qu’ayant annoncé de me taire désormais sur le sujet – ce que je fais depuis des mois et des mois – j’aurais du avoir la cohérence de fermer également ma g…. en ne publiant pas ce billet dont certains lecteurs me remercient. Décidément, il est bien dûr d’être un honnête citoyen dans ce pays !
PS. J’ai du mal à suivre votre couplet sur l’adoption sachant qu’il n’y a plus en France d’enfant à adopter.
Souffrez, René, que quelqu’un qui lit votre blog, ne s’occupe pas seulement du point de vue de l’auteur (un citoyen qui n’écrit pas ici « en tant que chrétien »), mais vient s’y chercher la parole d’un membre de l’Egliseet par métonymie vous identifie avec elle.
Quant à mon « couplet sur l’adoption », le fait qu’il n’y ait plus d’enfants à adopter, mais toujours autant d’enfants à faire suivre par l’ASE dans l’instabilité des familles d’accueil et des placements au cours d’une enfance, compte tenu des freins mis à l’adoption, voilà qui devrait constituer un cheval de bataille pour l’Eglise, dont je rappelle qu’elle fut l’une des dernières à reconnaître la légalisation de l’adoption au civil, ce que j’ai découvert à la faveur, si je puis dire, du combat de « La manif pour tous ».
Sur Facebook vous êtes plus explicite. Je vous cite : « Celui qui vous lit ne lit pas que le « catholique en liberté » ou le citoyen René Poujol. Il lit aussi le chrétien engagé dont la parole, dans cet article, fait un tour à peu près complet des arguments de l’Eglise, est-ce par hasard? » Je ne reprends pas, ici, les arguments de l’Eglise. Je partage les arguments de tous ceux qui interrogent notre société sur les risques de cette législation. Parce que vous pensez que Sylviane Agasinski ou Michel Onfray vont prendre leurs ordres à l’archevêché de Paris ? Ou Jean-Claude Michéa lorsqu’il dénonce l’exploitation mercantile qu’en fait le capitalisme libéral en manque de moteur d’enrichissement ? Et mes arguments seraien-ils sembables à ceux qui sont développés dans des textes de l’épiscopat : la belle affaire ! La vraie question n’est-elle pas de savoir si ce sont des arguments qui tiennent la route ou non ? Vous ne contestez pas mes arguments, vous les rejetez parce que suspects de catholicité. Votre commentaire est la parfaite illustration de ce que je dénonce dans mon article : « Ce qui généralement me vaut une double exclusion : de la part de certains de mes coreligionnaires qui estiment que je devrais m’exprimer «en tant que chrétien» argumentant à partir des Écritures et de la morale catholique; mais également de la part des médias et du monde laïc pour lesquels un catholique est toujours suspecté de vouloir s’exprimer au nom de sa foi, et donc à partir d’arguments irrationnels. »
La plupart des objections formulées dans mon article ont été relevées dans le rapport de synthèse du Conseil Consultatif National d’Ethique qui ne les conteste pas mais se contente de conclure – ce qui est en soi significatif – qu’il y a là des risques réels mais que puisque l’opinion est favorable à ces évolutions il appartient au législateur de faire en sorte d’en amortir les conséquences ! Pilate n’eut pas fait mieux !
Cher René,
J’ai pris la peine de relire votre article de votre point de vue, soupçonnant que ma veine polémique, toujours en éveil chez moi,
avait pu me rendre injuste avec votre billet et son effort d’exhaustivité argumentative. Et en effet, votre billet méritait mieux que mon premier mouvement de commentateur, à cela près que je ne comprends pas qu’un citoyen catholique se croit obligé de prendre des gants ou des biais rhétoriques pour ne pas reconnaître qu’il parle en catholique, usant parfois de réflexes conditionnés qui l’inféodent à son Eglise, ne serait-ce qu’en s’intéressant aux sujets qui obsèdent celle-ci.
Vous m’avez opposé dans une première réponse que j’ai d’abord interprétée comme un excès de susceptibilité (et je crois que vous êtes susceptible), que vous n’aviez fait nulle mention de l’Eglise dans votre billet, or vous avez cité la CEF, votre récri devait être un oubli. Mais vous avez préféré en effet en référer à Sylviane Agasinski, Michel Onfray ou André Comte-Sponville cité hors contexte, vous le reconnaissez vous-même. En quoi leur point de vue civique serait-il plus éclairé que celui des vôtres, des miens, des membres de l’Eglise, mis à part que leur parole sur les sujets sexuels a perdu toute crédibilité, dans la lutte qui ne fait que commencer contre la culture de l’abus.
Je récuse aussi le détour que constitue à mes yeux la dénonciation marxisante du consumériste ou de la marchandisation du monde quand les matières en discussion sont morales et peuvent ou devraient être assumées comme telles.
Il me semble qu’un « consensus médiatique confondu avec un consensus populaire » vaut mieux que le noyautage par « la Manif pour tous » des Etats généraux de la bioéthique. « La Manif pour tous », que Patrick Rambaud a caricaturée en excellent satiriste dans ses mémoires hollandais qui faisaient suite à sa chronique des années Sarkozy. Cette nébuleuse a certes permis aux catholiques de se compter -et c’est pourquoi, dans un premier temps, je lui ai été reconnaissant-; mais elle a rendu insupportables, par sa manière de les émettre ou de les répercuter, les objections soulevées par l’Eglise contre les lois bioéthiques, qui sont sur une véritable pente savonneuse avec effet cliquet, depuis le divorce jusqu’à la GPA, comme vous le relevez courageusement dans votre livre et dans votre billet. « La manif pour tous » et l’hypocrisie de ses noyautages (on n’attend pas de l’Eglise une parole hypocrite, mais une parole qui s’assume comme le fait la vôtre dans ces lignes), n’a rien à envier au Comité consultatif national d’éthique, qui assume le principe démocratique de Créon contre Antigone que la loi doit se plier aux moeurs, qu’il n’existe pas de lois non écrites opposable à celles que rédige le législateur ni de loi morale supérieure à la loi civile comme l’a scandaleusement formalisé Jacques Chirac à qui Jean Madiran remontrait avec justesse qu’il adoptait le langage de Créon, et qu’il ne s’agit pas de mettre la vérité aux voix, mais de savoir ce qu’en pense le peuple, indépendamment d’un critère de vérité.
On peut contester cette logique démocratique, mais elle est celle dans laquelle nous vivons depuis le siècle des Lumières, et à défaut de renseigner sur la vérité des décisions prises, elle indique le degré d’adhésion d’un peuple, corps politique, à la volonté de Dieu. La démocratie postule qu’on ne peut pas obliger un peuple à la respecter qu’il le veuille ou non et je pense qu’elle a raison sur ce point. Car moi aussi, je suis presque absolument démocrate, quitte à m’entêter dans ce qui, dans son absolutisme, constitue peut-être une erreur. Mais je signe ce voeu de Lacordaire: « Je mourrai catholique pénitent, mais libéral impénitent. »
Julien,
J’apprécie l’honnêteté de votre démarche – qui ne me surprend pas – consistant à revisiter vos premières réactions à mon texte que j’avais, c’est vrai, reçues un peu douloureusement. Si je voulais pinailler, je vous ferais observer que si j’évoque, à un moment de mon propos, la Cef c’est uniquement pour notifier que la citation que je viens de transcrire n’est pas d’elle mais, effectivement d’auteurs qui n’ont aucun lien avec l’Eglise. Je confirme donc ce que j’écris d’ailleurs en toutes lettres dans mon texte : « Ici le «catholique en liberté» s’identifie au citoyen car il n’est aucun argument décisif dans ce débat qui procède d’une quelconque foi religieuse. Si ma foi est engagée, c’est au travers d’une vision de l’homme, de sa dignité et de son devenir qui me paraît partagée au-delà d’une appartenance religieuse spécifique. »
A aucun moment je ne cache mon identité catholique. Et chacun peut donc imaginer qu’elle peut influer sur ma vision des débats sociétaux. Mais mettre l’accent sur cet aspect des choses me semble aujourd’hui contre productif. Vous-même, dans notre premier échange sur Facebook, m’avez rétoqué dans mes arguments, non pour eux-mêmes, mais parce que vous les soupçonniez de venir de l’Eglise catholique ce qui, à vos yeux, semblait leur enlever toute pertinence. Ce qui m’a fait commenter, à mon tour : « Toute parole d’Eglise étant désormais dévalorisée il suffit, si vous voulez déconsidérer une parole, de la faire passer pour parole d‘Eglise. CQFD »
J’ai toujours considéré que dans un débat contradictoire il ne servait à rien de dire à son interlocuteur : « tu as tort puisque tu penses différemment de moi qui ai raison ». Imaginez l’effet sur la société du discours qui consiste à lui dire : vous êtes dans l’erreur puisque vous prenez le contre pied des enseignements de l’Eglise qui enseigne la vérité. Convenez avec moi qu’on ne fait pas plus inefficace. En revanche, il me parait plus intéressant de mettre mon interlocuteur en contradiction avec ses propres valeurs, ses propres références, avec les propos de personnes qu’il perçoit comme plus proches de lui. D’où ma citation du collectif Onfray, Agasinski, Mamère… qui eut été balayée d’un revers de main si je l’avais attribuée à Eric de Moulins Beaufort ou tout autre excellence épiscopale.
Je préfère mettre l’accent sur la contradiction qu’il y a à combattre pour l’égalité des droits des adultes tout en niant de fait l’égalité des droits des enfants à naître de PMA, à montrer comment l’élargissement du droit à la PMA va nous contraindre à renoncer au principe de non marchandisation du vivant (gamètes) auquel, pourtant, nous co ntin uons à nous dire attachés… J’aurais pu tout aussi bien illustrer la contradiction de l’opinion publique qui, selon les sondages, dit son accord à un élargissement de la PMA et dans le même temps sa conviction que la présence du père est nécessaire à l’épanouissement de l’enfant… présence du père précisément supprimée par la nouvelle loi ! D’où ma conviction, exprimée ça et là, que ce n’est pas en réaffirmant à temps et à contre temps, à travers processions et cortèges expiatoires, l’hostilité motivée de l’Eglise qu’on ébranlera les citoyens sur ces questions, mais, avec le temps, en les laissant prendre conscience de la contradiction qui finira bien par s’imposer à eux entre la mise en œuvre de lois qui se prétendaient émancipatrices et les conséquences néfastes qui ne manqueront pas de se produire.
Je ne voudrais pas alourdir cette réponse. Mais concernant ma « dénonciation marxisante du consumériste » je persiste à réfuter votre réfutation. Et je m’étonne que vous tombiez dans le piège de ces lectures moralisatrices où il est évident que les enjeux se situent ailleurs. Tout cela me fait penser à ces dames d’œuvres catholiques qui jadis dénonçaient les mauvaises mœurs de familles ouvrières qui n’avaient tout simplement pas les « moyens de pratiquer la vertu ». Comme on moralise aujourd’hui à outrance la question migratoire en feignant d’ignorer les raisons économiques objectives de ces migrations et notre part de responsabilité à travers le soutien inconditionnel que nous apportons à nos grandes entreprises qui exploitent les richesses du Sud de manière éhontée ! Non, sur ce point-là encore, vous ne me convaincrez pas. Sans doute un excès de susceptibilité de ma part !
Je vois dans les commentaires des références à l’église ou l’évangile. Nul besoin d’être catholique pour adhérer à vos propos. Le monde marche sur la tête. Comme vous le dites : « Comment mes concitoyens à ce point attachés au principe d’égalité peuvent-ils vouloir fonder l’égalité des droits des adultes sur la négation de l’égalité des droits des enfants ? »
Que je désire jouer de la guitare aussi bien qu’Eric Clapton, que je désire aller dans l’ISS au côté de Thomas Pesquet, etc … c’est une chose. Que je me rende compte que certains de mes désirs resteront des rêves, mais qu’il y a d’autres choses à vivre, ça s’appelle devenir adulte.
Du coup je tente cette réponse à vos interrogations, c’est parce que certaines personnes ne sont pas vraiment devenues adultes qu’elles veulent prendre leur désir pour des réalités, en argumentant « moi je veux » ou « moi j’ai le droit » comme des petits enfants.
Le problème et la faiblesse des démocraties, c’est qu’elles n’ont pas d’instance supérieure légitime qui pourrait dire le bien moral qui ne peut pas dépendre de majorités nécessairement fluctuantes .
De plus la finalité de la loi dans une démocratie laique n »‘est pas de se substituer aux croyances , choix philosophiques ou religions mais de dire le possible et le permis dans un contexte societal donné .
Le bien et le mal , le permis et l’interdit relevent donc de deux champs bien distincts qu’ est hasardeux de confondre .
Lorsque toute la société se réfère au même corpus de valeurs morales , le problème ne se pose pas et le permis découle naturellement de ce qui est reconnu comme le bien par tous . En France, l’église comme l’instituteur laic se référaient aux mêmes valeurs morales . Leur opposition n’était que concurrence pour vendre le même produit .(seul l’emballage différait)
Lorsque la société est est devenue pluraliste , et que les progrès de la science et de la médecine ont rebattu les cartes de ce que l’on.pensait acquis et indiscutable , nos sociétés démocratiques ont perdus les repères communs que l’on croit intangibles et sur lesquels se fondait notre contrat social : un enfant nait de la procréation naturelle résultant d’un rapport sexuel entre un homme et une femme ; la notion de personne humaine n’était pas séparée de l’existence de la vie physiologique , le géniteur , le père, et la fonction de tiers structurant reposaient sur la même tête; un couple du même sexe ne pouvait prétendre à une vie conjugale et encore moins pretendre fonder une famille. etc….
Alors que faire ?
Face à cette situation certains érigent le désir légitime en absolu que peut consacrer une loi a partir du moment ou il existe une majorité pour la voter .
D’autres évoquent la lecture fondamentaliste qu’ils font de la Genèse pour prétendre l’imposer à tous, oubliant au passage que la Bible n’est pas la référence de tous .D’autres encore évoquent la « loi naturelle » qui serait commune à toute l’humanité oubliant au passage qu’elle est une théorie théologique chrétienne. Ce qui leur permet de mettre en cause l’idée même de démocratie lorsque les representant legitimement élus ont l’outrecuidance de ne pas s’y conformer (alors même qu’ils ne sont pas légitimes pour l’invoquer et qu’ils seraient en peine de la fonder sans se référer à des croyances particulières qui ne sont pas unanimement partagées)
Comment sortir de la tenaille ou nous sommes coincés entre dictature du désir érigé en absolu et les obscuratismes divers revendiqués comme absolus.
Le théologien Hans Kung avait explorer une piste intéressante de construction d’une morale universelle par la concertation entre les différents courants de pensée déjà esquissée par des textes spécifiques à portée universelle : chartes universelles des droits de l’homme , de l’enfant, convention européenne des droits de l’homme …..
La morale ne se reçoit plus de l’extérieur, le défi pose à nos sociétés est de la construire nous même à partir du plus petit dénominateur de nos valeurs partagées et de réunir un consensus sur la methode pour le faire .
Défi immense devant lequel renaclent les partisans d’une morale du désir comme les partisans d’une morale qui refuse de considérer les questions nouvelles que nous posent les avancées de la connaissance . Ces deux options ont comme point commun de démissionner devant ce qui constitue pourtant une spécificité humaine : le questionnement éthique condition d’une vie véritablement humaine .
Vote quasi définitif de la loi… Voici le commentaire de la Croix de ce vendredi 11 juin : « Il était 1 h 30, le matin du 10 juin, lorsque les députés ont adopté le projet de loi relatif à la bioéthique par 84 voix pour, 43 contre et 3 abstentions. Une troisième lecture express qui n’est certes qu’une nouvelle étape sur le long chemin législatif, mais qui commence fortement à ressembler à sa conclusion.
Sur le fond, le texte entérine la mesure phare qu’est l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et en couple homosexuel, ainsi que 33 articles supplémentaires, sur l’autoconservation des ovocytes sans raison médicale, la levée de l’anonymat pour les donneurs de gamètes, l’instauration d’une double filiation maternelle à l’état civil, »
J’aurais voulu insérer la remarque suivante qui ne repose que sur du bon sens.
La fécondation corporelle est fondatrice du « corps ».
Mais ne pas oublier que l’humain se compose aussi d’un « esprit » (et c’est même celui-ci qui « gère » le corps).
Or, l’esprit est le fruit principalement de « L’ÉDUCATION » reçue par l’enfant – de ses parents (géniteurs ou non) – comme de tout son environnement durant toute sa vie « sociale » (et fraternelle !).
La PMA ne gomme évidement pas cette éducation complémentaire dans la « construction » de l’humain.
Ceci dit, même si (perso) je comprends la PMA dans des cas particuliers, je suis prêt à parier que sa légalisation va conduire à de forts déraillements … comme pour la légalisation de l’avortement ! 🙁
Les frères CASANAVE, prêtres, vous remercient une fois de plus pour ce texte absolument remarquable et qui devrait servir de préambule à toute prise de position de la Conférence des Evêques de France!!
Je trouve très compliqué de s’exprimer sur ces questions sans heurter les sensibilités diverses. J’ai toutefois envie d’essayer.
Je comprends que des homosexuels aient le désir de vivre en couple et de fonder une famille, bien que moi-même, hétérosexuelle, n’en aie eu ni le loisir ni l’envie. Est-ce réellement plus égoïste ou irresponsable que le désir d’enfants de couples hétérosexuels ?
J’ai vu tant d’enfants, au cours de ma carrière, désirés ou pas du tout, malmenés, maltraités par des parents qui se déchiraient en ne pensant qu’à eux. Je me disais toujours qu’il aurait fallu instaurer un.permis pour avoir le droit de mettre des enfants au monde.
Je suis moi-même née de parents hétérosexuels, mariés, qui n’ont hélas jamais divorcé, incapables de ne pas faire rejaillir leurs graves problèmes personnels et de couple sur leurs enfants.
J’ai vu aussi des enfants nés de FIV, ou adoptés, des enfants de famille gay ou solo, aimés et équilibrés, autant que faire se peut bien sûr.
La PMA ne me semble pas monstrueuse. Les dérives sont possibles, je l’entends aussi, comme dans l’instauration de toute loi, même mûrement réfléchie. Et ce serait très grave. Il faudrait un encadrement très fort, comme pour tout ce qui touche à la vie et à la mort, et une souplesse dans l’application, afin de nuire le moins possible – peut-être est-ce une vue de l’esprit.
La GPA me paraît beaucoup plus problématique.
Je ne suis pas spécialiste, je n’ai pas d’enfants, je ne parle absolument pas en catholique. Je suis donc assez peu légitime pour aborder ces questions. Je ne fais que livrer ce que j’ai vécu et vu.
La filiation biologique ne résout et ne légitime pas tout, loin de là. Mais ce n’est évidemment que mon point de vue.
Merci de ce commentaire Anne. Je crois néanmoins, comme je tente de l’expliquer dans mon texte, que les Français, portés par un désir de compassion que je puis comprendre, ne perçoivent pas les conséquences ultimes de ce type de réforme. Un seul exemple : la loi institue le principe de la double maternité qui sera donc inscrite à l’état civil. Un enfant peut donc naître désormais de deux mères. Alors qu’il eût suffit d’instituer l’une mère biologique et l’autre mère adoptive. Mais l’idéologie veillait au grain.
Les idéologies en effet sont un fléau, René. Elles vont toutes contre l’humain.
Je conçois toutes ces grandes difficultés que vous évoquez.
Je me dis toutefois que la vie, par définition, est terriblement complexe et qu’il est bien de se pencher et de réfléchir sur ce qui fonde notre existence.
Oui, Anne, tout à fait d’accord, le problème est que « réfléchir » comme le « bon sens » conduisent à la « vérité » (= ce qui se vérifie, ce qui est factuel). Le problème est que bien souvent la vérité est insupportable, car elle dérange les « idées » (bien souvent infondées).
La solution ne consisterait-elle pas à accepter d’être dérangé dans le but de prendre en compte la vérité … qui nous conduira sur le bon chemin.
Quelles contradictions ! notre société qui se veut un « retour à la nature » au nom de l’écologie, et de la défense de l’environnement, s’engage sur le chemin de la destruction de l’enfantement, du « naturel » dans l’homme, à savoir sa « reproduction » : un homme +une femme…. de façon gratuite….
et dans quelques années la société se penchera sur le triste sort de ces femmes mères célibataires, déjà nombreuses, … et l’Assemblée votera une nouvelle loi, pour venir en aide à ces monoparents an difficultés financières, à ces enfants en détresse psychologique.qui ont besoin de soins, …et sans doute y aura-t-il une taxe particulière vis à vis des entrepreneurs qui se seront enrichis par le commerce de sperme, le traffic des GPA… ?
….. et tout ceci pour gagner des électeurs à un moment propice….