En officialisant les « vertus héroïques » de Pie XII, étape décisive vers la béatification, Benoît XVI a décidé de passer outre la polémique entourant l’attitude de son prédécesseur face à la Shoah. Il ouvre ainsi une nouvelle controverse personnelle qui ne peut que l’affaiblir, sans qu’on en percoive réellement l’intérêt.
Samedi 19 décembre, Benoît XVI a promulgué un décret de la Congrégation pour la cause des saints, autorisant plusieurs canonisations et six béatifications dont celle du prêtre polonais Jerzy Popieluszko, assassiné en 1984. Le même décret reconnait « l’héroïcité des vertus » de dix personnes dont ses prédécesseurs Jean-Paul II et… Pie XII. Pour elles c’est, on le sait, la porte ouverte à la béatification.
Elle pourrait intervenir très vite pour Jean-Paul II puisqu’un miracle peut dès à présent lui être attribué. On parle du 16 octobre 2010, date anniversaire de son élection au pontificat. La béatification sera autrement problématique pour Pie XII. Aucun miracle ne peut être revendiqué à son bénéfice et l’on sait que la perspective d’une telle reconnaissance officielle ne peut que provoquer de nouvelles passions dont l’Eglise n’a vraiment pas besoin en ce moment. Alors « pourquoi ? », pour reprendre le titre de l’éditorial du Père Michel Kubler, dans la Croix du 21 décembre.
Dès l’annonce de la décision papale, les médias français se sont rués sur les accusations traditionnellement portées contre Pie XII : en gros son silence coupable sur la Shoah durant la seconde guerre mondiale. Ce blog n’est pas le lieu où peser les arguments en présence sur un sujet aussi passionnel. Disons simplement que si Pie XII, par tempérament, s’est montré, en ces circonstances tragiques, plus diplomate que prophète, il ne mérite sans doute pas le « procès » sans appel instruit contre lui dans le sillage de la pièce « Le Vicaire », de l’auteur allemand Rolf Hochhuth, en 1963.
Un procès d’autant plus injuste que le Vatican n’était pas le seul informé, dès 1942, de l’existence des camps d’extermination nazis. On ne se souvient pas d’avoir entendu le général de Gaulle, le Président Rooosevelt, Churchill ou Staline dénoncer l’holocauste, pas plus que les grands intellectuels de l’époque. Alors pourquoi, seul Pie XII, devrait-il payer le prix de son silence ? Et l’Eglise catholique pour lui et avec lui ?
Reste que la décision de Benoît XVI d’officialiser les « vertus héroïques » de Pie XII, ce qu’il avait refusé de faire il y a encore un an, soulève la question de l’opportuinité. Sauf le respect filial que l’on doit au successeur de Pierre, il ne tombe pas immédiatement sous les sens de nombre de catholiques, même de bonne volonté, que la perspective de voir « élevé sur les autels » un pape aussi controversé, représente réellement pour eux « un encouragement fort à suivre le Christ avec intensité et enthousiasme. »
Les premières réactions de la communauté juive, en France comme en Israël ou ailleurs dans le monde, montrent, à l’évidence, que le lent travail de dialogue judéo-chrétien, nourri notamment par Jean-Paul II, risque fort de se trouver compromis, et pour longtemps.
Sans doute Benoît XVI estime-t-il que la critique formulée à l’encontre de son prédécesseur est injuste et qu’il ne saurait être tenu de se plier au jugement de l’opinion. Sans doute ! En revanche, peut-être aurait-il tiré quelque bénéfice à réentendre la phrase, célèbre, de son compatriote le poète Goethe : « Mieux vaut une injustice qu’un désordre ! » En l’occurence, mieux vaudrait en effet, pour un temps, renoncer à la béatification de Pie XII, fut-il un saint homme, en attendant qu’avec le temps, se calment les passions et que l’Histoire rende un jour son jugement, plutôt que d’enclencher, moins d’un an après le tsunami qui a secoué l’Eglise catholique, une nouvelle polémique dont on voit mal quelle « Vérité » ou quelle « unité » elle peut bien servir !
Tout est dit et bien dit !
Comme on dit chez nous, en Aveyron : as ben parlat !
Le problème, et je crois que Benoit XVI l’a compris, c’est que même dans 200 ans la polemique ne s’éteindra pas parce que la question porte sur une question qu’on ne peut trancher même si les archives montrent que Pie XII a sauvé des milliers ou des millions de juifs; parce qu’en effet la question se posera toujours de savoir aurait-il dû parler plus fort même si « le monde se brise en mille morceaux » ou était-il préférable d’agir pour ne pas entraver le travail de sauvetage des institutions catholiques et du saint-siège?
Le Christ a-t-il canonisé un seul être humain? NON
Il n’a canonisé ni excommunié personne. Il a déclaré bienheureux ou malheureux des manières de se comporter, des styles de vie et d’action. Il n’a jamais excommunié Judas ou Pierre ( Cependant il lui a dit : Derrière moi Satan, ).
Peut-être que les Eglises seraient plus en accord avec la pensée et l’agir du Christ si elles abandonnaient ces pouvoirs de canoniser ou d’excommunier.
Prions et agissons pour cela. Savajol
@ savajol : « Il n’a jamais excommunié Judas ou Pierre ( Cependant il lui a dit : Derrière moi Satan, ). »
Vous avez oublié que dans « Matthieu 16, 18 Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle. 19 Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. »
Ce qui expliquerait peut-être la possibilité pour le successeur de St Pierre de pouvoir canoniser ou excommunier.
oui mais n’oublions pas la parole du Christ sur la croix: ce jour même tu seras avec moi au Paradis!
est-il vraiment indispensable de béatifier à tous prix un Pape contesté: il a fait ce qu’il a cru devoir faire…..peut-être pas ce qu’il aurait fallu faire?
on parle de sa prudence…..comme marque de Sainteté, mais la Sainteté est pour moi tout autre chose que la prudence.
Si le Christ avait été prudent il ne serait pas mort sur la croix et Saint Pierre non plus!!!
les moines de tibhirine seraient rentrés en métropole.
n’oublions pas que la croix est scandale et folie!!!!!
que veut le Vatican que des chrétiens s’en aillent de l’Eglise à nouveau?
que des parents voient leurs enfants se détourner d’une Eglise qu’ils aiment et servent!
que d’autres croyants soient blessés?
Qu’en ce jour de Noël des voix dans l’Eglise se lèvent pour dire stop !!!! trop c’est trop.
et que le monde comprenne enfin que Dieu lui-même est ce bébé sans défense, sans prudence à la merci de l’amour ou du rejet en quête de la tendresse de l’homme imprudent , mais aimant.