A l’heure où la Manif pour tous s’apprête à arpenter le pavé parisien et bordelais, j’entends reformuler ici les raisons de mon impossible participation.
Cet article a été repris par le site Rue89
Je n’avais pas prévu d’exprimer, sur ce blogue, les raisons de ma non-participation à la Manif pour tous de ce jour, contrairement à la formulation publique de mon désaccord, en janvier 2014. L’initiative prise, en fin de semaine dernière, par Radio Notre Dame, de m’inviter à venir, comme catholique ouvertement hostile à la PMA-GPA, dire pourquoi, néanmoins, je ne descendrai pas dans la rue, m’incite à en reprendre ici l’argumentation.
Je ne conteste à personne, fut-il catholique, le droit de manifester publiquement et d’exprimer ses convictions. Je dis ici, simplement, sans stigmatisation ni agressivité, pourquoi ce sera pour moi : non, non et non.
Non, parce que le flou qui entoure les mots d’ordre de cette cinquième édition en entache la prétention à rassembler largement ; parce que la dénonciation éthique de la PMA-GPA – à laquelle j’adhère au nom du droit des enfants – va, ici, de pair avec la requête sèche d’une abrogation de la loi Taubira à laquelle je ne puis souscrire sans dire, en parallèle, comment on se propose d’honorer une conjugalité homosexuelle qui, à mes yeux, reste un acquis de la loi non attentatoire du droit des enfants ; parce que la dénonciation, plus large, du «démembrement progressif de la politique familiale» est un argument de nature politique mais non éthique, qui mérite, pour le moins, débat.
Non, parce que cette cinquième Manif pour tous ne sera pas reçue, par nos concitoyens, pour ce qu’elle prétend être : une mobilisation pour la défense du droit des enfants, mais comme la marque d’hostilité des catholiques de France à un gouvernement de gauche, à sa politique et, plus largement, à une communauté homosexuelle dont on ne veut pas entendre les requêtes ; parce que le slogan «on ne lâche rien, jamais» exprime le refus d’une légitimité démocratique que l’on ne peut remettre en cause sans atteinte grave à l’unité nationale, quels que soient les griefs que l’on peut formuler, par ailleurs, sur les conditions du débat qui a précédé le vote de la loi.
Non, parce que l’engagement massif et répété, quasi exclusif, d’un certain milieu catholique au sein de la Manif pour tous, soutenu de manière tout aussi répétée bien que non massive par quelques évêques, continue de diviser profondément, durablement, les communautés chrétiennes ; parce qu’en certains lieux d’Eglise le clergé a pris unilatéralement position pour ce mouvement au nom de l’enseignement du Magistère à l’heure même où, à Rome, s’ouvre un synode où nombre de catholiques souhaitent qu’il puisse être questionné ; parce que cette division de fait, sans cesse réactivée, du peuple croyant, ne s’est accompagnée, dans les diocèses et les paroisses, d’aucune initiative susceptible de nouer ou nourrir le dialogue entre les uns et les autres ; parce que l’adhésion à la Manif pour tous finit par devenir, aux yeux de certains, le critère le plus sûr d’appartenance et de fidélité à l’Eglise dont les non-manifestants devraient tirer les conséquences, donnant ici raison à Albert Camus lorsqu’il notait dans ses carnets : «Ils sont la révolte, la fierté, le mur inflexible qui se dresse devant la servitude qui monte. Ils ne laisseront ce rôle à personne, et qui prétend se révolter autrement sera excommunié.» (1)
Aujourd’hui mon regard sera tourné vers Rome où s’ouvre le Synode sur la famille et où le pape François continue de nous inviter «à prendre soin de la fragilité du peuple et du monde dans lequel nous vivons». (2)
PS. Et je salue ici l’initiative de Virginie Tellenne (alias Frigide Barjot) qui, avec ses amis de l’Avenir pour tous, ouvre précisément le débat et le dialogue, ce dimanche, à partir de 14 heures, à quelques enjambées du lieu d’arrivée de la Manif pour tous, sur le parvis de la gare Montparnasse.
- Albert Camus, Carnets, Collection Folio Tome III, p.50
- Evangelii Gaudium & 216.
MERCI RENÉ
je suis entièrement d’accord avec vous
Bonne journée
MERCI
Dommage que tous ceux qui vont manifester aujourd’hui n’aient pas lu ce document
Excellent et juste. Merci René.
Entièrement d’accord avec vous. Ces catholiques – enfin peut-être pas tous mais de nombreux réactionnaires, que l’on retrouve dans les beaux quartiers du 16e, de Versailles, Nantes, Lyon et quelques autres villes de province – sont tout simplement contre l’homosexualité – comme si elle n’existait pas, il suffit de se ballader le soir dans certains quartiers de Paris – contre la loi autorisant l’avortement – les femmes, de tous temps ont avorté. Il vaut donc mieux l’encadrer par le milieu médical et agir en amont sur la prévention. Ces gens dénient une certaine réalité de la société française, qui existe et nous interpelle quant aux différentes formes de faire famille.
Ludovine de la Rochère s’est trouvée une raison d’exister, elle va devenir l’équivalent féminine de Jean-Luc Romero, qui se font chacun les chevaux de bataille de certaines causes (légitimes puisqu’il existe autant de personnes adhérant à l’une qu’à l’autre) et vont ainsi régulièrement occuper les médias et la rue.
Concernant la PMA et la GPA, le mariage homosexuel a occulté cette possibilité qui pourrait être donnée pour les femmes hétérosexuelles ne pouvant concevoir. Si pour le moment la France l’interdit, il n’est pas interdit d’y réfléchir. Je rappelle que la GPA est autorisée dans quelques pays européens, dont certaines réalisées ans contrepartie financière (Royaume-Uni)(http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/10/03/pma-gpa-quel-pays-autorise-quoi_4499828_4355770.html). Osez débattre, osez prendre en compte des réalités différentes, même si cela correspond à des situations marginales, ne saurait en aucun cas remettre en cause le modèle de la famille traditionnelle. Du fait d’accidents de la vie, il existe de nombreuses situations qui doivent être prises en compte.
Quant à la PMA pour les couples homosexuels, il existe des avocats, des juristes qui font et feront avancer la cause de ces couples (Mécary par exemple). Chaque camp a ses juristes, chaque camp avance ses pions. Mais si certaines situations peuvent heurter des personnes, elles n’empêchent nullement de créer sa famille, celle de son choix, et d’accepter la diversité. Dans une société mondialisée, à l’heure de la fin des frontières, de la sur-information, il va falloir admettre ici aussi ces ouvertures à l’autre.
Votre argumentation ne manque pas de sérieux,loin de là,et il est bien certain que ce mélange politico-religieux me gêne suffisamment pour ne pas me rendre à Bordeaux aujourd’hui.Il n’emoêche que je ne suis pas convaincu que le revirement de l’opinion de Manuel Valls sur le sujet se serait produit sans les manifestations précédentes.Quant à Madame Tellenne je voudrais bien savoir avec qui elle discute ce jour.
Quant aux évêques qui soutiennent ce mouvement le mien n’a jamais dit que c’était un devoir d’y participer
Vous oubliez que les féministes sont contre la GPA, et nombreuses dans l’entourage ministériel. Les mêmes qui promeuvent les ABCD de l’égalité luttent contre l’avancée de la GPA, pour les mêmes raisons d’ailleurs que les cathos : le corps des femmes n’est pas à louer, comme l’ont montré les récentes tribunes de personnalités de gauche dans Libé ou ailleurs.
Réel travail de conviction et/ou opportunisme politique, elles (et ils) ont su convaincre Valls d’évoluer sur ce point.
Ajoutons-y des sondages qui montrent que les français, même favorables au mariage homo, sont majoritairement contre la GPA.
La Manif pour Tous n’a sans doute pas pesé lourd. Un ministre se préoccupe rarement des opinions de personnes qui de toute façon n’ont jamais voté pour son camp.
Désolée, ça fait plaisir d’y croire, mais un peu de réalisme s’impose.
Attention! Dire « les féministes sont contre la GPA » est aussi généralisant et donc aussi faussement simplificateur que de dire « les catholiques sont contre le mariage pour tous ». Il existe une multitude de courant dans le féminisme dont, certain sont opposés à la GPA et d’autre n’y sont pas réticent. Prennez Elisabeth Badinter par exemple: http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sebastien-le-fol/elisabeth-badinter-il-va-falloir-un-jour-ou-l-autre-legaliser-la-gpa-29-09-2014-1867654_1913.php
Le grand problème est la confusion qui règne aujourd’hui entre mariage – PMA – GPA très savamment entretenu par de La Rochère qui se sert de la GPA (interdite pour TOUS les couples) pour la ramener à une problématique purement homosexuelle.
En tous cas, c’est un soulagement que de découvrir maintenant ce blog qui montre que d’autres voies catholiques existent en dehors des manif « bleu blanc rose ».
Je viens seulement de découvrir le texte de Elisabeth Badinter.
Et je sais qu’en effet le féminisme est divers. Disons que le féminisme dit « mainstream », et en tout cas celui qui gravite dans l’entourage gouvernemental, est anti-GPA.
Merci!
Trois fois OUI, cher René Poujol, à cette réflexion. Oui au refus de laisser embarquer les catholiques de France dans une démarche qui, à la fois, occulte les enjeux des débats du synode des Familles, et ne constitue qu’une manoeuvre politicienne visant à peser sur les débats internes de la droite. Oui, il faut s’opposer à ceux qui refusent toujours de reconnaître des droits aux personnes homosexuelles (ce qui ne veut pas dire accorder tous les droits). Oui, il ne faut pas laisser croire que la loi Taubira sur le mariage de personnes de même sexe sera abrogée, ce que les dirigeants politiques qui laissent planer le doute savent parfaitement.
Et cela n’enlève rien à l’opposition déterminée qui reste la nôtre quant à la PMA et à la GPA, lesquelles ne sont pas à l’ordre du jour ! Ni à la vigilance qui doit rester entière sur ces sujets..
J’adhère complètement. Merci.
Je me permets de rappeler que j’avais moi-même écrit dans La Croix du 2 MAI 2013 dans une chronique intitulée L’Eglie a loupé une marche : » Les catholiques « anti » se sont affichés et ont été abondemment encouragés par les évêques, beaucoup d’autres se sont tus pour ne pas envenimer les choses et ne pas s’opposer de front à leur curé mais se sont sentis pris en otage par l’attitude d’une Eglise dans laquelle il se sentaient mal à l’aise ». A la suite de ce papier j’ai reçu des dizaines de témoignages de la souffrance de nombreux catholiques qui n’avaient pas participé aux Manif.
Bien sûr que tout catholique peut et doit manifester pour ses idées. Mais que l’Eglise « magistérielle » ne s’autorise plus à dicter ses lois à la République !
Des dizaines de témoignages dites-vous, c’est bien possible, mais que faites-vous alors des 700 000 signatures recueillies?
Comme quoi la Manif pour tous dont je n’approuve pas l’évolution actuelle, est décidément loin d’être la seule à se croire représentante des forces vives du catholicisme français
Dominique je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que vous voulez dire. Les 700 000 signatures auxquelles vous faites référence demandaient au CESE de se prononcer sur les conséquences possibles de l’institution du mariage gay en France. Quel lien avec le propos de Monique Hébrard ?
« Qui suis je pour juger ? » a dit le pape François
Moi je ne vais plus a la messe d’un curé ouvertement homophobe encouragé par son évêque.
A quoi bon prendre la sainte eucharistie quand le prêtre en question déverse sa haine ?
Heureusement que d’autres prêtres suivent les pas du Christ en respectant ce que l’autre porte en lui d’humanité. Nous les familles d’enfant gay, nous avons vu nos enfants traînés dans la boue. Comment l’oublier ? Est-ce cela la fraternité chrétienne ?
Merci René
Dominique
Pour moi, ce harcèlement des fidèles, cette croisade, est indigne du christianisme .
On peut se poser la question de la violence qu’elle entraîne et de la violence qu’elle encourage .
Elle se positionne contre la conscience éclairée, pour des groupes fascisants .
Où est l’Evangile ?
Certains pasteurs oublient la miséricorde, se moquent de la détresse dans laquelle elle met les homosexuels pratiquants, mais aussi un certain nombre de leurs frères en sacerdoce
Merci.
Qui aura envie de connaître le Christ après ça?
Une jeune génération de cathos issus de la bourgeoisie, en mal d’idéal (avoir des diplômes et fonder une petite famille sympathique n’est pas toujours suffisant quand on a 20 ans et une belle dose d’envie d’en découdre avec la vie), ayant grandi dans un milieu en décalage avec la majorité de la société (c’est vrai que c’est pas évident d’assumer la morale familiale catholique traditionnelle dans le monde d’aujourd’hui), confrontée à son statut minoritaire, a trouvé son combat.
Elle est récupérée par des politicards tout heureux de cette aubaine et des religieux qui faute de nombre, veulent s’assurer de la radicalisation des derniers… C’est triste.
Triste aussi est le silence des évêques qui sont réticents à cette Manif. C’est le cas du mien, et puisque les « pour » s’autorisent la parole, je ne vois pas en quoi les « réticents » devraient se taire.
J’approuve tout à fait certains points de l’article et des commentaires, mais je dois dire mon désaccord avec d’autres.
On ne peut pas demander aux évêques de se taire lorsque l’essentiel, pour l’humanité, est en jeu. Or il me semble que dans la conception de l’homme qui découle du christianisme, on ne peut admettre le mariage homosexuel. Il me semble aussi que les évêques seraient lâches de se taire (et dans quelques dizaines d’années, sinon avant, sans doute leur reprochera-t-on durement) lorsque l’intérêt supérieur de l’enfant est en jeu.
« Bien sûr que tout catholique peut et doit manifester pour ses idées. Mais que l’Eglise « magistérielle » ne s’autorise plus à dicter ses lois à la République ! »
Ces propos de Madame Hébrard me semblent très dangereux: faire taire l’Eglise, pouvoir spirituel, et laisser le pouvoir temporel agir à sa guise… Je vois là un risque de dictature, excusez-moi!
Que la situation des personnes homosexuelles puisse être extrêmement douloureuse, et donc demande une très grande délicatesse, oui! Que cela condamne l’Eglise au silence, non!
Je signale d’ailleurs le retour du bâton, si je puis dire: des gens quittent l’Eglise et vont vers les évangéliques parce que, disent-ils, eux ils osent dire.
Bien sûr les mesures financières récentes, qui pénalisent rudement certaines familles, il faut le dire, sont d’un autre ordre… Reste qu’on peut s’en inquiéter et même s’en indigner.
Ceci dit, moi non plus, je ne suis pas allée manifester… D’abord parce que j’ai bien d’autres chose à faire dans la vie que d’aller manifester. Plus sérieusement, parce que je pense que l’urgence est au débat, plus qu’à la crispation que ne manquent pas d’entraîner les manifestations. Mais surtout parce que je refuse la collusion entre le refus des GPA, PMA etc. et le soutien systématique et avoué aux partis de droite, alors qu’il me semble que d’autres considérations que celles-là doivent aussi entrer en jeu au moment des choix électoraux.
Monique, merci de votre commentaire. Je ne conteste pas, pour ma part, le droit de l’Eglise à s’exprimer face au pouvoir civil. Je dis simplement, avec Monique Hébrard, qu’au moins dans nos pays développés nous sommes entrés dans des contextes culturels où l’Eglise se doit d’entrer en dialogue avec la société plutôt que de prétendre vouloir lui imposer sa vérité. Pour ne prendre qu’un seul exemple l’universalité de la loi naturelle sur laquelle le Magistère fonde l’enseignement de l’Eglise en matière de sexualité, est aujourd’hui largement contestée.
Lorsque vous dites « l’Eglise ne peut admettre le mariage homosexuel » on a envie de vous répondre qu’elle ne peut l’admettre parce que, dans sa tradition, elle fait une lecture jugée aujourd’hui par certains comme trop restrictive de l’altérité et de la fécondité. Qu’il faille un homme et une femme pour faire en enfant, c’est encore vrai pour l’essentiel. Que « multipliez-vous » figure dans le texte Biblique est incontestable. Mais que tout acte sexuel doive être ouvert à la procréation est une pure « construction » théologique aujourd’hui questionnée.
Si chaque être humain est unique, il y a altérité dans la relation entre deux hommes ou deux femmes comme entre un homme et une femme, et un amour peut-être fécond – et une sexualité au sein de cet amour – autrement que par la mise au monde d’un enfant. Dès lors, que l’Eglise continue à vouloir maintenir pour le sacrement du mariage sa « lecture » propre des Ecritures est son droit le plus strict, mais qu’elle veuille imposer cette lecture, au nom d’un prétendu droit naturel, dans la société civile, pose en effet questions.
Comprenez bien ma pensée, je parle ici de mariage au sens de conjugalité homme/femme ou désormais homme/homme et femme/femme. Pour ce qui est de l’ouverture à la filiation qui, je le concède, est l’un des « droits » traditionnellement liés au mariage, j’ai toujours dit mon opposition, au nom du droit de l’enfant à être élevé par son père et sa mère biologiques. Ce qui, depuis l’ouverture de ce débat, me fait plaider avec constance pour un contrat d’union civile qui n’ouvrirait pas à la filiation. Sauf que le gouvernement n’en voulait pas.
Que tout cela soit complexe j’en conviens. Mais je vous rejoins pour estimer que cela ne se règlera pas par un seul rapport de force, dans la rue. Même si ce déploiement de forces, je le reconnais, peut contribuer à faire bouger les lignes. Mais on ne pourra pas vivre en « paix civile » dans ce pays si l’on ne reconnait pas la légitimité de compromis démocratiques… Que certains verront toujours comme des compromissions ! Dur, dur !
Du coup, quel est votre point de vue sur la PMA avec donneur pour les couples hétérosexuels, qui prive l’enfant du droit à être élevé par (au moins) un de ses deux parents biologiques?
Je dois dire que les parents adoptifs et d’enfants issus de PMA qui sont dans mon entourage ont mal vécu ces manifs….
Je suis personnellement hostile à toute PMA qui fait intervenir un « tiers », extérieur au couple, dans la procréation.
Bonjour René, merci pour ce billet. Je voudrais juste revenir sur cette histoire de « contrat d’union civile », et ce en dehors du fait que pour ma part je suis favorable à la possibilité pour les couples homos d’adopter (et aux couples de femmes d’avoir accès à la PMA avec tiers donneur, ne voyant pas de différence substantielle en ce cas avec un couple hétéro, d’une part, et considérant que la question de l’accès à la connaissance de ses origines est distincte de celle de la légalité de la PMA avec tiers donneur ; bref, tout ça pour dire que je ne suis pas totalement d’accord avec vous, mais ce n’est pas la question !) : soit le contrat d’union civile est pensé comme une forme d’union accessible aux seuls couples homos, pour éviter le rapport à la filiation induit par le mariage, et il est inconstitutionnel (on ne peut pas réserver un statut juridique à une catégorie de personnes en fonction de leur orientation sexuelle ; c’est pour ça que le PACS a été ouvert à tous les couples, et que Nicolas Sarkozy a renoncé à l’union civile qu’il avait annoncée dans sa campagne de 2007. Soit on crée un contrat d’union civile, et ça rajoute un statut supplémentaire (concubinage, pacs, union civile, mariage), ça fait un peu beaucoup non ? Ou alors vous pensez l’union civile comme une version large du PACS, en supprimant celui-ci ?
Ceci dit, et pour revenir à votre billet, le seul point sur lequel je ne peux vous suivre c’est le soutien à Frigide Barjot, qui, quelle que soit son éventuelle bonne foi, semble surtout chercher désespérément comment garder l’oreille des médias, et a abondamment contribué aux tensions, y compris au sein de l’Eglise : elle n’est pas pour rien dans la mise en place de l’idée que « les cathos » et la MPT, c’est du pareil au même.
Véro, ce n’est pas à moi de trouver la solution juridique au problème. Je reste fermement hostile à la PMA avec tiers donneur pour des raisons sur lesquelles je me suis déjà exprimé et qui valent aussi bien pour les couples hétérosexuels qu’homosexuels. Que chacun des statuts offerts, hormis le mariage, le soit à tous les couples ne me pose aucun problème.
Et franchement, si union civile il y a un jour, il faudra m’expliquer quel pourra être l’intérêt du Pacs, sinon un intérêt cynique qui permet à chacun de répudier son compagnon ou sans compagne sans rien lui devoir ce qui, comme on le voit, représente un formidable progrès. Combien de femmes seules avec enfant, aujourd’hui dans la pauvreté, qui sont tout simplement les victimes de ce qu’on nous a vendu comme une « loi de progrès » !
Concernant Frigide, vous avez le droit de ne pas partager mon amical soutien. Quel que soit son « tempérament » vis à vis duquel chacun reste libre de se déterminer, il me semble qu’elle a au moins le mérite de s’être toujours prononcée clairement ET contre la PMA-GPA et toute forme de filiation pour les couples de même sexe ET pour la reconnaissance d’un statut d’union civile, contrairement aux dirigeants de LMPT qui refusent de se prononcer sur la question de l’Union civile, tout simplement parce que la plupart d’entre eux (je parle bien des dirigeants) y sont hostiles, alors que les manifestants, eux, y sont sans doute pour une part favorables.
Mais un mouvement qui a ouvertement le soutien de certains évêques, même s’il n’est pas officiellement « d’Eglise », peut-il « soutenir » ouvertement un projet d’institutionnalisation du couple homosexuel (l’union civile) que le Magistère réprouve ?
J’ai toujours été très réticente devant le PACS, qui peut être révoqué unilatéralement et me semblait déjà « à l’époque » une mauvaise solution (moins mauvaise que le « rien » dont devaient se contenter les couples gays, certes).
OK pour la constance de Frigide Barjot sur le sujet, je le lui accorde.
La MPT a tenté d’entretenir l’ambiguïté, sans doute effectivement pour ne pas s’obérer le soutien plus ou moins explicite de l’Eglise de France -et aussi parce que trancher aurait supposé de perdre une partie des manifestants (dans un sens ou dans l’autre).
S’il vous plait, stop avec cette idée que la situation des personnes homosexuelles puisse être extrêmement douloureuse… ou demande de la délicatesse.
Il y a des dizaines de milliers d’homos, certains vivent sans doute cela dans une douleur intime, d’autre dans la douleur du regard de la société sur eux (y compris des regards de pitié et de « compassion » de certains chrétiens), mais soyez certains que c’est loin d’être le cas de tous… beaucoup le vivent juste… très bien.
Merci beaucoup de « raison garder » et de rester dans un principe de tolérance.
Une fois de plus, René, je suis entièrement d’accord avec ce que tu écris.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est de voir qu’on voudrait enrégimenter les catholiques dans un parti politique opposé au gouvernement républicain. Comme au XIXe siècle. Comme au temps de Maurras. ET cela avec le soutien explicite de certains évêques. Ce n’est pas cela qui va aider nos contemporains à rencontrer Jésus.
Pour ma part, ce qui m’inquiète c’est qu’on veuille enrégimenter les catholiques dans un parti politique. Point final. On voudrait les pousser dans les bras du PS au pouvoir, ça serait tout aussi inquiétant.
Certains ne voulaient pas dénoncer le communisme car cela aurait donné raison à leurs ennemis qu’ils avaient catalogués comme fascistes depuis trop longtemps…… René Poujol en est encore à ce type d’argumentaire…
vous ne savez pas que ce combat est un combat perdu d’avance et dangereux car il est idéologique et contraire au bonheur des personnes
en effet qui connaît vraiment les couples , y compris ceux hétérosexuels ou homosexuels qui ont recours à la PMA
qui sait que dans un jour pas si lointain et c’est le sens de la recherche en biologie on va essayer de permettre à celui qui n’a pas un spermatozoïde d’avoir une cellule qui sera l’équivalent d’un de ses spermatozoïdes absents.
l’ICSI a permis déjà à de nombreux couples avec une infertilité masculine de ne plus avoir recours à un tiers donneur et ce fut une révolution.
ce progrès va s’intensifier pour guérir une maladie qui s’appelle la stérilité et qui a eu dans la Bible un regard plus que bienveillant de Dieu car la stérilité était l’exclusion d’office de la femme même si dans 1 cas sur 2 l’homme était responsable
la reconnaissance dans les esprits du rôle de l’homme date d’à peine 50 ans ……
faisons un peu confiance aux soignants concernés et en particulier catholiques pratiquants même s’ils deviennent pour ces derniers rarissimes ………et exclus du diaconat par exemple
souvenez vous du temps où des Abbés découvrirent l’action des cellules sexuelles ?
allons -nous reculer longtemps encore ?
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