Il est bien peu probable que le nouveau secrétaire d’Etat du Vatican soit l’annonciateur d’une «révolution»… qui, à elle seule, ne règlerait pas grand chose !
Il aura suffi d’une phrase, prélevée dans un entretien au quotidien vénézuélien El Univeral, par le futur n°2 du Vatican pour que le monde médiatique nous ressorte le dossier du mariage des prêtres. Dans cette interview, Mgr Pietro Parolin n’avance rien qui n’ait été dit et redit des centaines de fois. «Non, (le célibat sacerdotal) n’est pas un dogme de l’Eglise et il peut être discuté parce que c’est une tradition ecclésiastique.» La seule véritable «ouverture» si l’on peut dire pourrait surgir d’une exégèse serrée de la bribe de phrase : «il peut être discuté»… selon qu’on la complète par «en principe…» ou «si nécessaire…» ce qui, on en conviendra, n’est pas la même chose. Dans le premier cas on ne dit rien de plus que ce qui a été dit précédemment ; dans le second on laisse ouverte une possibilité d’examen.
Deux motifs expliquent que le débat soit récurrent dans notre Eglise : le premier est la baisse des vocations sacerdotales, au moins dans les pays de vieille tradition catholique dont la France, avec pour conséquence de rendre plus difficile, aux fidèles, l’accès à cette «eucharistie» dont on leur rappelle pourtant qu’elle est au cœur de toute vie chrétienne ; la seconde, plus délicate à formuler publiquement, est – pour des raisons culturelles – la situation massive de concubinage du clergé africain ou latino-américain, ce qui, on en conviendra, n’est pas très sain !
Inutile de revenir ici sur les attendus formulés par les uns et les autres, depuis des décennies, sur une question dont on se souvient qu’elle fut «enlevée» à la délibération des Pères du Concile Vatican II, par le pape Paul VI. Chacun les connaît et ils contribuent à nourrir l’un de ces dialogues de sourds dont les catholiques ont le secret
Deux aspects de la question me semblent, néanmoins, devoir être soulignés qui permettraient d’apporter un autre éclairage au «marronnier» médiatique surgi avec les premières feuilles d’automne. (1) Le premier aspect est l’attachement farouche d’une majorité du clergé lui-même à ce statut de célibat obligatoire, tout au moins en France. Avec une sincérité que je ne cherche pas à mettre en question. Mais avec pour conséquence l’interdiction «morale» faite aux évêques, par leurs plus proches collaborateurs, d’imaginer des alternatives possibles. Et la pression toute aussi «morale» faite sur les évêques de diocèses ruraux, souvent pauvres en vocations, par certains frères dans l’épiscopat de zones urbaines à dominante bourgeoise, relativement bien pourvus en prêtres.
Risquons nous à la polémique : au nom de quoi le Cantal et quelques autres diocèses de même profil pousseraient-ils à changer les règles du jeu sacerdotal, puisque Paris dispose du clergé qui lui est nécessaire à entretenir son petit troupeau de catholiques pratiquants massivement issus de la bonne bourgeoisie qui, il est vrai, lui fournit aussi ses prêtres ? Je sais, c’est dur ! Mais j’ai en mémoire la confidence, récente, relative à un jeune prêtre étranger qui se serait bien intégré à la pastorale d’un diocèse rural de l’hexagone, mais s’est vu «contraint» par l’organisme missionnaire qui l’avait accueilli, de rejoindre fissa un riche diocèse d’Ile-de-France, au motif qu’il finançait généreusement ledit organisme ! La «sainte» boucle est bouclée ! Le risque n’est donc pas théorique d’un recentrage – déjà perceptible – de l’Eglise en France, sur une classe sociale parfaitement respectable, mais qui disposant et des vocations et de l’argent, modèle «son Eglise» à sa manière et finit par croire – et faire croire – que ce serait là «le» modèle nécessaire à la survie de tous !
Autant le dire comme je le pense : je n’accorde, pour l’heure, que peu de crédit à la portée «révolutionnaire» des propos de Mgr Parolin. Je comprends mal, en effet, pourquoi son intention aurait été de laisser percevoir des évolutions possibles, à court terme, sur l’obligation du célibat sacerdotal, qu’il sait sources de divisions, alors même que la question moins problématique, de l’ordination d’hommes mariés semble ne pas avancer d’un pouce.
Ma réflexion, à ce propos, s’est enrichie cet été du travail de recherche effectué pour le travail de co-écriture d’un livre sur l’abbé Pierre (2). Ce dernier rapporte la confidence que lui fit, dans les années d’après-Concile, un évêque africain. Il lui confia, en substance, combien le modèle du prêtre «occidental» proposé par Rome, à savoir recruté jeune, formé dans les séminaires puis nommé à 25 ans à la tête d’une paroisse, lui paraissait contraire à la culture et à la tradition africaines «où la sagesse appartient aux anciens et où l’on n’imaginerait pas donner le pouvoir à un jeunot.»
Derrière l’anecdote se cache une vraie interpellation. Et si les prêtres dont notre Eglise de France a aujourd’hui besoin étaient «également» des hommes de sagesse, d’écoute, de proximité, de compassion… même s’ils ne sont pas diplômés en exégèse, patristique, ecclésiologie ou droit canonique ? Le profil sacerdotal a déjà considérablement évolué au cours des dernières décennies, avec l’arrivée, dans les séminaires, d’hommes d’âge plus avancé, ayant connu une vie professionnelle et parfois même amoureuse. Profil qui, déjà, pose nombre de questions en termes de cursus de «formation» et qui rompt avec l’image du prêtre donnant sa vie à l’Eglise, sans discontinuité, de 25 ans à 75 ans ou plus… L’accès au sacerdoce d’hommes mariés, muris par la vie, reconnus par leur communauté, ne constituerait-il pas l’une des réponses aujourd’hui nécessaires, même au prix d’une formation moins ambitieuse et d’un ministère plus court ? (3)
En écrivant cela, j’entends aussi les réflexions de Mgr Albert Rouet, archevêque émérite de Poitiers, exprimant sa crainte de voir la question de l’ordination d’hommes mariés masquer celle, plus fondamentale à ses yeux, d’une nouvelle articulation des ministères confiés aux clercs et aux laïcs dans l’Eglise. «On a éperdument prié pour les vocations et Dieu semble nous indiquer d’autres pistes, ouvrir d’autres portes. Dieu nous donne les moyens de la pastorale d’aujourd’hui.» (4)
Tout cela nourrit ma conviction qu’il nous faut renoncer : pour les uns, à cette posture dogmatique du «hors du célibat point de salut» ; pour les autres, au rêve du grand soir où le mariage des prêtres règlerait tous nos problèmes. Je ne crois pas davantage à la pertinence, pour l’avenir, de solutions universelles qui ne tiendraient pas compte des différences de culture et de traditions, comme de la situation réelle des Eglises particulières et des communautés. C’est pourquoi j’attends avec infiniment d’espérance, que notre pape François sache tirer profit de la diversité géographique des cardinaux membres de la commission qui se réunira autour de lui dans les premiers jours d’octobre, pour signifier – et ce serait là déjà une belle révolution – que l’unité de l’Eglise peut aussi se trouver renforcée par une saine acceptation de la diversité.
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- J’y ai moi-même sacrifié en acceptant, mercredi soir 11 septembre, le principe d’une brève intervention enregistrée pour les journaux du lendemain matin sur RTL, où, réflexe classique, on a supprimé de mon propos la «chute» qui suggérait d’attendre confirmation de la teneur des propos de Mgr Parolin, avant de parler de révolution dans l’Eglise. Mais allez donc expliquer le pourquoi du comment des choses en une minute !
- Co-écriture avec le père Jean-Marie Viennet. Le livre devrait paraître fin janvier 2014. Voir sur ce blog, l’article précédent : «coucou, le revoilou».
- Notons par ailleurs qu’ordonner ainsi des hommes mariés mais d’âge mur ferait tomber deux des objections souvent opposées : la difficile compatibilité entre une vie de prêtre et les responsabilités éducatives de père de famille ; et l’impossibilité pour un diocèse de les rémunérer correctement (s’ils sont jeunes retraités où est le problème alors qu’ils représentent 15 ans d’espérance de vie au service de leur Eglise).
- Albert Rouet, J’aimerais vous dire, Bayard 2009, p. 109.
merci à René pour cette analyse sur le retour d’un marronnier (très fructifère, comme espèce). C’est hallucinant de voir l’émoi médiatique provoqué par ces quelques phrases de Parolin, qui redit ce qu’ont dit mille fois d’autres ecclésiastiques de haut rang. Mais les médias en font des breaking news. Le cardinal Hummes avait eu droit à ce même genre de bizutage médiatique lorsqu’il avait quitté le Brésil pour Rome…
oui mais un point souligné change : le fait que le mariage ou la double vie de nombreux prêtres sous d’autres cieux n’est plus cachée!!
il ne peut y avoir 2 poids 2 mesures
avant qu’un scandale n’éclate le Vatican serait sage de lever l’obligation absurde du célibat!!
pour le petit noyau de nantis nostalgiques j’avoue que personnellement ils sont sans intérêt d’un autre âge , noyés parfois dans d’une hypocrisie invivable pour eux -mêmes
donc ayant confiance, le monde bouge, l’Eglise aussi !!
René Poujol,si je vous lis bien vous reprochez aux prêtres actuels leur origine bourgeoise,que vous concédez à reconnaître comme parfaitement respectable bien sûr.
auriez-vous toléré qu’un « bourgeois » reproche à un Prêtre sortant du Séminaire ses origines « plébéiennes » et n’auriez- vous pas alors trouver cette réflexion comme parfaitement inadmissible?
Pour la petite histoire je vous dirai que dans ma paroisse j’ai eu affaire à un Prêtre aux origines on ne peut plus bourgeoises,guindé au possible au départ,eh bien ce Prêtre qui vous aurait peut-être fait fuir passait très très bien auprès des personnes les plus simples de la Paroisse, personnes s’étant gardé,elles, de juger de la valeur de quelqu’un en fonction de ses origines.
oui, la plupart des séminaristes sont d’origine bourgeoise,et alors ai-je envie ce vous dire leur devenir est-il donc tout tracé et sont-ils donc irrécupérables?
Vous me faites dire ce que je n’ai pas écrit ! Je ne prétends pas que des prêtres issus de milieux bourgeois ne fassent pas de bons prêtres. Je note néanmoins dans votre propos que vous parlez tout de même de tel d’entre eux: « guindé au départ… » . Ce n’est pas moi qui le dis ! Je crois en effet que la confrontation à la réalité pastorale peut venir mettre un peu de liant dans des personnalités jeunes, qui, au départ, sont très marquées par la rigueur du code de droit canonique.
Mais le fond de mon propos n’est pas là ! A titre individuel cette origine bourgeoise ne me gêne en rien. Ce qui me gêne davantage est le fait massif que de jeunes prêtres de milieu urbain, issus de la bourgeoisie, ayant vécu leur enfance dans des paroisses bourgeoises, reproduisent un même modèle dans trop de poser de questions. J’ai entendu un prêtre très présent sur la blogosphère catholique expliquer dans les médias qu’il était heureux de son célibat ! J’en suis heureux pour lui mais ce n’est pas là la question. La question est aujourd’hui de savoir comment « rejoindre la périphérie », pour reprendre l’expression du pape François et, en divers coins de France, comment assurer aux fidèles la célébration de l’eucharistie alors que les prêtres s’y font rares ! C’est une question qui interpelle toute l’Eglise. Et la réponse n’appartient pas aux seuls prêtres même s’ils sont attachés à leur statut selon ses définitions actuelles.
Alors oui, pour être tout à fait précis, je crois que pour moultes raisons de type culturel les prêtres issus de milieu bourgeois sont aujourd’hui, plus que d’autres, crispés sur une forme de monopole du sacerdoce par une « caste » de prêtres célibataires au point de refuser d’envisager que d’autres puissent éventuellement avoir un profil différent, notamment au travers de l’ordination d’hommes mariés. Que cette conception va de pair avec une resacralisation du ministère presbytéral et une recléricalisation de la vie ecclésiale ! Or, « L’Eglise n’est pas un corps de clercs entourés de laïcs » pour reprendre une expression de Mgr Rouet.
Cher René,
C’est au travers d’un de vos commentaires laissé sur un blog du du journal La croix que je vous ai tout récemment découvert. J’ai été interpellé par votre constatation sur, je résume, la caste bourgeoise dirigeante des clercs parisiens. Vos avis ont le mérite de susciter la réflexion, qu’on y adhère totalement ou partiellement ou pas du tout. Votre style n’y est pas étranger, rien à redire sur sa qualité.
Juste une petite réflexion au sujet du profil « petit bourgeois ». J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer des personnes admirables issues en dehors de ces milieux et qui par leur personnalité, leur vécu et leur tempérament bouillonnant avaient une capacité extraordinaire en terme d’évangélisation et de pastorale. Cette capacité est intrinsèquement liée à une fragilité-sensibilité découlant de ce vécu. Si la mission de ces personnes porte en effet beaucoup de fruits, cette même richesse en fait des éléments plus instables qui avec le temps, tiendront plus difficilement dans la fidélité de l’appel sacerdotal. Alors faudrait-il prendre le risque d’une efficacité sur un court laps de temps quitte à faire des malheureux (le prêtre en question et ceux qui pourraient en être déçus)? Ou pourrait-on explorer d’autres pistes, en sachant que l’Église n’a pas besoin que de prêtres mais que la diversité des appels et charismes a besoin d’encouragement pour le bien commun.
Je livre ceci parce que je me rends compte qu’on cherche encore dans notre société et dans l’église à opposer et diviser: hommes contre femmes, clercs contre laics, riches contre pauvres, etc…. Toutes les réalités ne sont-elles pas appelées à se servir les unes les autres? Il est bon de temps en temps de se rappeler certaines vérités simples pour éviter les écueils idéologiques; en cela, François excelle.
Merci
Je suis d’accord avec vous pour refuser d’entrer dans des stratégies de division et d’opposition… En revanche, si je vous comprends bien, le profil du séminariste issu de la bourgeoisie serait un critère de « durabilité » dans le temps. J’ignore d’où vous tirez cette belle certitude ! J’ai connu des prêtres issus de milieux très modestes qui m’ont semblé aussi fidèles dans leur sacerdoce… Ce que j’ai tenté de dire, peut-être maladroitement, est que les catholiques parisiens, souvent issus des classes moyennes-supérieures, bien pourvus en paroisses et en clergé, donnent parfois le sentiment de « juger de haut » ce qui peut se vivre dans des diocèses plus ruraux où l’on est bien obligé d’innover si l’on veut survivre. On m’a rapporté ces jour derniers le propos d’un jeune prêtre parisien, affirmant à l’un de ses amis que si demain le célibat sacerdotal devenait facultatif il quitterait la prêtrise… Je ne suis pas sûr, personnellement, que cette réforme soit la plus urgence. Mais je dois avouer que j’ai du mal à comprendre la logique. Plus profondément le sacerdoce appartient-il au clergé ou à l’Eglise ?
J’entends bien que l’Eglise n’a pas besoin que de prêtres… mais il y a un paradoxe à nous rappeler sans cesse à quel point l’eucharistie est au centre de la vie chrétienne tout en refusant d’examiner – à ce jour – par exemple la piste d’une ordination des hommes mariés là où la pénurie de prêtres peut le rendre souhaitable ? Quant aux « autres fonctions » et notamment à la place des laïcs dans l’Eglise, je me réjouis des propos récents du pape François qui semble vouloir leur donner toute leur place et ses mises en garde contre une forme de cléricalisme (qui d’ailleurs n’épargne pas lesdits laïcs). Mais cela est relativement nouveau. Je me souviens avoir fait une sorte « d’esclandre » sur KTO, au soir de la visite de Benoît XVI à Lourdes, en septembre 2008, en relevant – pour le regretter – que dans son discours aux évêques de France où il avait abordé divers sujets, il n’ait pas eu un seul mot pour les laïcs (qui font tourner les paroisses) alors même qu’il avait, fort légitimement, invité les évêques à soutenir et encourager leurs prêtres. Une vision purement ecclésiastique de l’Eglise !
Avant tout excusez-moi d’avoir traîné pour vous répondre. Je reconnais volontiers que ma réflexion et ce qu’elle pouvait sous-entendre a quelque chose de provocant. Je n’ai pas voulu généraliser mais mon propos concernait principalement la nouvelle génération de prêtre. Cette génération a la double particularité d’être postérieure à deux événements historiques importants: mai 68 et le concile Vatican II.
Je ne m’étendrai pas sur les mutations sociologiques de mai 68 mais les impacts négatifs sur la famille (fournisseur officiel et exclusif des vocations sacerdotales) sont décriés de tous, et de toutes tendances idéologiques (sauf les gauchos bolchevistes peut-être). Les bonnes familles catholiques bourgeoises ont certainement mieux résistés aux « évolutions » de la société, fournissant par ce biais un terreau plus favorable à transmettre à la fois, la foi et un environnement porteur à un meilleur développement humain et psycho-affectif.
Par ailleurs, je crois qu’il n’est pas téméraire d’affirmer que l’église postconciliaire est toujours adolescente « en fin de crise » et se cherche encore. J’ai entendu de braves vieux curés de campagne nous dire qu’après la réforme liturgique et les nouvelles options conciliaires, ils ne savaient que faire et se sentant un peu perdus, ils ont fait tout et n’importe quoi dans un premier temps. Quand on connaît parfois l’isolement des prêtres des régions les plus reculées, rien d’anormal.
On en sort tout doucement mais les dégâts sont là: il suffit d’interroger le paroissien lambda sur sa connaissance de base des questions relatives à notre foi pour comprendre qu’il regarde plus la téloche qu’il n’ouvre la bible. Pas étonnant que les vocations diminuent…
Oh je ne fais pas de nostalgie de l’avant-concile et du curé tout-puissant, je fais une constatation de fait.
Petite parenthèse:
J’ai toujours eu du mal avec « l’innovation » liturgique, car souvent elle consiste à amputer quelque chose d’important et d’essentiel du mystère de notre foi. Il en va de même avec cette célèbre expression: « Il faut réinventer l’église ». Ça pue l’hérésie. L’église c’est le corps du Christ, réinvente-t-on le corps du Christ ?
S’il faut certes adapter son langage pour restituer son message de manière audible en fonction des circonstances pastorales. Il ne nous revient pas de « réinventer » son message, au risque de dénaturer complètement celui-ci. Et là je vous assure, les fruits ne se feront pas attendre… ou plutôt si.
Comme vous René, j’ai toujours déploré cette embourgeoisement de la caste de prêtre parisiens dominants mais quand je vois un prêtre comme Zanotti Zorkyne à Marseille, je me réjouis de voir que l’on peut à la fois respecter les normes liturgiques, le Magistère et être incroyablement populaire auprès de la classe du même nom. Comme quoi, quand on reste fidèle à ce que propose le Magistère dans sa totalité, ça marche auprès de tout le monde et que la « douce rébellion » innovatrice vide de plus en plus les clochers de campagne. Dommage que ce soit la même caste qui respecte le plus majoritairement ce que propose Rome. Avant de chercher des solutions nouvelles, ne serait-il pas judicieux au moins de faire ce qui nous est déjà proposé sans désobéir pour pseudo-raisons pastorales ?
Merci, Christian, de cette explication. Puisque vous parlez liturgie, permettez-moi de citer mon ami André Gouzes op. pour le coup issu d’un milieu familial rural tout à fait modeste, et dont la liturgie chorale du peuple de Dieu, chantée dans de nombreuses paroisses en France et dans une dizaine de pays étrangers, allie une totale fidélité à la réforme voulue par Vatican II et une qualité d’ouverture au mystère de Dieu que nul ne conteste. Ce qui tend bien à prouver que ce n’est pas la réforme liturgique elle-même qui est en cause, mais ce qui a pu en être fait ici ou là.
« l’Eglise n’est pas un corps de clercs entourés de laîcs’ certes pas,mais une Eglise sans clerc sera-t-elle encore une Eglise?
Quant à l’ordination d’hommes mariés personnellement je n’y vois aucun inconvénient en dehors du fait que je ne vois pas très bien compte tenu de la situation financière de moults diocèses comment ces derniers pourraient versés un sala
Je n’ai pas souvenir d’avoir plaidé pour une Eglise sans prêtres ! Quant à la question de l’ordination d’hommes mariés, il me semble assez logique de penser que seront candidats à la prêtrise des hommes d’âge mur (c’est d’ailleurs là la tradition de l’Eglise des premiers siècles) c’est-à-dire, dans nos sociétés, de 55, 60 ans ou plus… Un « jeune retraité » motivé a aujourd’hui la perspective de 15 années à offrir à son Eglise. Est-ce si négligeable ? Et s’il est retraité… nul besoin de le rémunérer à la hauteur du salaire nécessaire à un jeune actif pour faire vivre une famille, ce qui pourrait permettre des péréquations… Je m’étonne de cette accumulation systématique d’arguments « contre » avant même d’avoir examiné si la chose n’était pas possible !
René,je n’ai jamais dit que vous souteniez une Eglise sans prêtre ,mon commentaire faisait suite à la citation de Mgr Rouet,dont les expérience qu’il a réalisées dans son diocèse n’ont à ce jour pas du tout été reprise par aucun de ses confrères ,pas même par l’Evêque d’Angoulême qu’on ne peut tout de même pas accuser de conservatisme ,je pense.
Par ailleurs mon précédent message est « parti » avant que je puisse le terminer.Je ne verrais donc aucun inconvénient a priori à l’ordination éventuelle d’hommes mariés ,si ce n’est que je ne vois pas pourquoi ces hommes-là devraient être interdits d’accès à l’épiscopat puis…
Par ailleurs y a-t-il tant d’hommes mariés candidats à ce service et qui le désirent dans un esprit de service et non pas de pouvoir,et puis de toute façon on ne devient pas prêtre du jour au lendemain et lorsque l’on sait le parcours que l’on impose aux candidats simplement au diaconat je doute fort qu’il y est tant de candidats disposés au début de leur retraite à faire un parcours de 6 années de formation et en plus que leur épouse soit d’accord pour un tel parcours.
Cher ami, je me désole, personnellement, que Mgr Rouet, en effet, n’ait pas été suivi. Car je pense que son intuition était bonne. Elle soulève une question d’ecclésiologie aujourd’hui essentielle : où est l’Eglise ? Là où est le prêtre ? Là où se trouvent des chrétiens rassemblés ? Je crois me souvenir de cette parole du Christ : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ! » No comment ! Pour le reste, je me garderai bien de m’aventurer sur le terrain glissant qui prétendrait discerner le goût du service et celui du pouvoir… Pour la bonne raison que je ne suis pas sûr que le clivage passe entre laïcs et clercs… si vous voyez ce que je veux dire !
Que la perspective d’ordonner des hommes mariés pose nombre de questions, j’en conviens ! Et notamment celle de leur formation. Mais est-il réellement nécessaire pour faire un « bon prêtre » animateur de communauté, lorsqu’on approche la soixantaine et qu’on n’ambitionne de devenir ni évêque ni directeur de séminaire, de faire six ans d’études ? Je soulignerai par ailleurs, en faveur de mon plaidoyer, que nombre de laïcs, aujourd’hui, ont déjà fait des études de théologies et sont parfois plus à jour de leurs connaissances que bien des prêtres, « dévorés » par leur ministère au point de ne pouvoir lire aucun livre…
Enfin, permettez-moi cette ultime réflexion. J’entends dire, ici et là, que la crise du sacerdoce est due au fait que les jeunes générations répugnent à s’engager dans la durée. Aussi bien dans le mariage que dans le sacerdoce. J’en conviens volontiers. Faisons tout notre possible pour leur rendre confiance en eux-mêmes. Mais ne pensez-vous pas que, précisément, l’ordination d’hommes mariés de 55 ans ou 60 ans, ayant eu une vie familiale et professionnelle, conscients qu’ils ne s’engagent pas pour « toute une vie » (ce qui lorsqu’ils étaient jeunes aurait pu leur faire peur) mais pour « tout » ce qui leur reste à vivre, serait une manière intelligente et constructive de prendre acte de cet état de fait de nos sociétés modernes ? Plutôt que de prier le Ciel de nous envoyer de saints prêtres…
Je ne suis pas un dogmatique. Je plaide simplement pour que l’on sorte des simplismes de tous bords qui ont un effet démobilisateur et mortifère, et que l’on accepte de débattre, au sein de notre Eglise, en baptisés responsables de la même mission… Et j’ai bon espoir que le pape François nous entraine dans cette voie !
René,vous avez raison,les prêtres ne sont pas tous exempts d’ambition, loin de là,mais les laîcs non plus,loin de là également,et certains membres de conseils pastoraux en font ô combien partie…
Quant au reste ,votre idée de faire des hommes mariés en quelque sorte des curès de deuxième choix ayant eu une formation au rabais,je ne vois pas par quel miracle leurs confrères ayant eu une formation complète ne seraient pas pousser à les traiter avec condescendance,car enfin les jalousies ne manquent pas dans le corps clérical et les complexes de supériorité entre ceux qui sont licenciés en théologie et les autres existent aussi.
Par ailleurs, pour moi , en tout cas, si l’on a peur d’un engagement à vie on n’est inapte à se marier ,et bien plus encore à prendre l’engagement de suivre le Christ .
« Celui qui met la main à la charrue puis regarde en arrière n’est pas digne du Royaume des Cieux »(citation de mémoire)
Fait-il donc être fou pour prendre un tel engagement?
Pour moi la réponse est non!Il faut « seulement » croire en l’aide de l’Esprit Saint en ayant parfaitement conscience que cette aide nous paraîtra totalement absente pendant de longues périodes,voire de très longues périodes.
Cher Dominique, nous allons en rester là. Je vois que nous avons du mal à nous comprendre. Vous n’en voulez pas et trouverez donc toujours des arguments « objectifs » pour maintenir le statu quo. Eh bien, comme vous dites : prions ! Ou plus exactement : priez. Car pour ma part je ne vois pas pourquoi j’attendrais indéfiniment du Ciel ce qui dépend en fait de nous… si nous acceptions de nous bouger un peu. Bonne journée !
René,je constate que vous caricaturez mes propos et que surtout vous ne voulez pas répondre à mon argumentation.Quant au reste je n’ai pas une fois fait allusion à la prière,mais puisque vous en parlez il me semble que Paul notamment lui n’a jamais craint d’en parler (Ti 2 1-8) que nous avons lu lundi matin.
Bonne journée!
Texte proposé aujourd’hui (17 sept) par la liturgie de l’Eglise :
« Voici une parole sûre : vouloir devenir responsable d’une communauté d’Église, c’est désirer une très belle tâche. Un responsable de communauté doit être irréprochable, époux d’une seule femme, homme mesuré, raisonnable et réfléchi, ouvrant sa maison à tous, capable d’enseigner, ni buveur ni violent, mais plein de sérénité, pacifique et désintéressé. Il faut qu’il mène bien sa propre famille, qu’il se fasse écouter et respecter par ses enfants. Car un homme qui ne sait pas mener sa propre famille, comment pourrait-il prendre en charge une Église de Dieu ? l ne doit pas être un nouveau converti ; sinon il pourrait se gonfler d’orgueil, et tomber sous la même condamnation que le démon. Il faut aussi que les gens du dehors portent sur lui un bon témoignage, pour qu’il échappe au mépris des hommes et aux pièges du démon. » 1 Tim 3,1-13
Une belle contribution au débat, non ?
Un avis éclairé, isn’it ?
Merci Isabelle, c’est tout à fait ça !
Dominique, sans doute vous ai-je répondu de manière un peu sèche et je vous prie de me le pardonner. Je ne refuse pas le dialogue sinon je ne l’aurais pas engagé avec vous en vous répondant à cinq reprises. Je prends acte que vous n’êtes pas hostile à l’idée d’ordonner des hommes mariés mais que vous vous posez des questions, légitimes, j’en conviens ! Simplement, en vous lisant, j’avais le sentiment d’entendre ceux qui, dans l’institution, refusent pour le coup de simplement en débattre au motif… que Rome ne les y autorise pas ! Vous craignez qu’une formation moins complète ne crée un clergé à deux vitesses ce qui pourrait nourrir de la part des clercs célibataires une forme de condescendance… De deux choses l’une : où ils ont suffisamment le sens de la mission pour se réjouir de trouver en eux un renfort providentiel, ou ils restent figés sur leur dogme du célibat sacerdotal et de toute manière, il y aura condescendance que ces hommes mariés fassent deux ou six ans de théologie ! Puisqu’ils seront porteurs du péché originel de n’être pas célibataires. Ce que je mets en cause c’est cette prétention d’un certain clergé à se sentir « propriétaire du sacerdoce » alors qu’il appartient à l’Eglise, à l’ensemble du peuple croyant, et que dans la situation dans laquelle nous nous trouvons on devrait pouvoir débattre de ces choses là. Voilà d’où vient une forme de lassitude dont vous avez peut-être bien injustement fait les frais !
René, merci de votre nouvelle réponse, mais à mes yeux j’ai le sentiment que vous faîtes un procès d’intention à la plupart des membres du clergé célibataire car vous ne paraissez pas douter une seconde de l’attitude forcément négative de ces derniers. Pour ma part je m’efforce de ne jamais employé l’expression « ces gens-là »
Cordialement
Cher ami, vous avez une capacité à me faire dire autre chose que ce que j’écris qui est tout de même étonnante. Où m’avez-vous vu utiliser l’expression « ces gens-là » ? Où avez-vous vu que je fais un procès d’intention « à la plupart » des membres du clergé célibataire alors que je parle « d’un certain clergé »… Oui, j’identifie ici ou là – je l’ai déjà dit, en amont, dans ma première réponse – une tendance forte à la recléricalisation de l’Eglise, à la resacralisation du ministère de prêtre, sous la pression d’un « certain clergé », jeune le plus souvent, ce qui n’est ni conforme à la tradition de l’Eglise, ni une solution pour sortir de la crise que nous connaissons.
René, certes j’ai un peu extrapolé, et vous n’avez pas strictement dit que tous les membres célibataires du clergé rejetteraient ces nouveaux arrivants,mais il ne me semble pas vraiment que vous ayez dit le contraire.
De toute façon il me semble que votre réflexion au bout du compte apporte de l’eau à mon moulin lorsque je soutiens que ce changement apporterait un lot assez respectable de difficultés.
Par ailleurs,oh bien sûr , les nouveaux jeunes Prêtres ont leurs défauts,c’est certain, mais enfin souvenez-vous que nos jeunes Prêtres des années ayant suivi le Concile ont quant à eux tout fait pour la déclérisation de l’Eglise ,ce qui en soi n’était pas une mauvaise chose,mais est-il permis de dire que le zèle iconoclaste de beaucoup ont fait quelques dégâts et ces jeunes Prêtres-là en matière d’autorité n’avaient strictement rien à envier à leurs prédécesseurs,strictement rien.
Dominique, soit dit avec quelque humour – je m’en crois capable – vous voilà content puisque, comme vous l’écrivez, j’apporte de l’eau à votre moulin. De cet échange que vous me reprochiez de ne pas accepter, vous sortez donc renforcé dans vos convictions qu’il y aurait beaucoup d’inconvénient à se risquer à la nouveauté et donc qu’il vaut mieux ne pas bouger ! De mon côté je persiste à penser qu’il y aurait encore plus de risques à ne rien faire ! Vous comprenez pourquoi je vous écrivais, sans aucune mauvaise entention : restons en là !
René, c’est vous qui tirez cette conclusion .Je n’ai jamais dit qu’il ne fallait rien faire.J’ai dit que c’était très compliqué et qu’une décision de ce genre méritait infiniment de temps et de prudence.