Lettres à un jeune prêtre

Ce jeudi 18 mars sortira en librairie le cinquième ouvrage de Pietro de Paoli : Lettres à un jeune prêtre. Jean Michel di Falco a raison d’écrire dans sa préface qu’il est, ici ou là, de nature à « faire bondir certains ».

Le 5 novembre dernier, à l’issue d’un déjeuner fort agréable avec l’auteur, j’annonçais dans ce blog la publication prochaine du cinquième livre de Pietro de Paoli. Je viens de terminer la lecture de « Lettres à un jeune prêtre » (Plon). J’en suis sorti ému, heureux et reconnaissant. Pietro de Paoli confirme un réel bonheur d’écriture servi par une parfaite connaissance du monde ecclésiastique et des questions en débat au sein de l’Eglise catholique.

Autant le dire tout de suite pour les lecteurs de ce blog qui n’auraient lu aucun de ses livres précédents et découvriraient ici cet auteur « masqué » (la signature est un pseudonyme) Pietro de Paoli (Mgr Pietro de Paoli précisait le premier livre publié : Vatican 2035) se situe résolument en héritier de Vatican II, dans la mouvance d’un christianisme d’ouverture au monde, aujourd’hui contrarié par le repliement perceptible au sein de l’institution catholique.

Est-ce un hasard si l’on retrouve dans les paroles de l’évêque « de fiction », personnage central du livre, comme l’écho des confidences de Mgr Rouet, archevêque bien réel, lui, de Poitiers, dans son dernier ouvrage, lorsqu’il écrit : « Ce qui m’inquiète à travers la tentation de restauration dans l’Eglise catholique à laquelle nous assistons actuellement, est le fait qu’elle soit présentée comme la véritable expression du christianisme. »  (J’aimerais vous dire, ed. Bayard).  Péguy, déjà, mettait en garde : « Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde, ils croient qu’ils  sont de Dieu. »

Les douze lettres qui composent le présent ouvrage, écrites à un jeune prêtre « bien de sa génération », par un  évêque conciliaire,  permet d’aborder toutes les questions « sensibles » du moment. Du ministère des prêtres à la visibilité de l’Eglise, de la liturgie  à l’autorité pontificale, du bilan de Vatican II aux causes réelles de la désertion des fidèles…

De belles pages, vibrantes, où domine cette idée que « si « ça ne marche pas » (entre l’Eglise et nos contemporains), ce n’est pas parce que les gens ne savent rien ou ne comprennent rien, c’est parce qu’ils ont une intelligence « naturelle » de Dieu et que ce sens intime qu’ils ont de ce qui est juste et bon se heurte à la complexité de nos explications et au tranchant de nos condamnations. »

Du livre, comme des précédents, ressort un  amour profond de l’Eglise pour la mission qui est la sienne : annoncer l’Evangile. Une mission qui porte une exigence : être suffisamments perméables – et humbles – à la Parole de Dieu, pour ne pas lui faire obstacle, dans le coeur des hommes,  par excès de zèle, alors même que nous prétendons la servir.

Cet amour de l’Eglise, par-delà les différences de sensibilités de l’évêque et du jeune prêtre, transparaît si fortement du livre que dans sa préface, Mgr Jean Michel di Falco Léandri lui rend hommage. S’adressant à l’auteur il écrit : « Je sais que tu es la voix de bien d’autres dans l’Eglise qui ne souffriraient pas tant s’ils ne l’aimaient pas. Tu es la voix de bien des personnes de bonne volonté qui aimeraient davantage l’Eglise si elles se sentaient comprises et accueillies comme elles sont. Elles n’attendent pas de l’Eglise qu’elle leur dise que ce qu’elles font est bon quand ce n’est pas le cas, mais qu’elle les aime. »

L’exégèse de cette préface est fort intéressante. Elle marque les limites de « l’ouverture » que représente la présence même d’un texte épiscopal en préambule à un ouvrage de fiction. Car lorsque Mgr di Falco écrit,  à l’adresse de l’auteur : « Lorsque je te lis, il me prend de désirer que face au « Pietro de Paoli » se lève un « Paolo de Pietri », un adversaire digne de toi, qui prenne le contre pied de ce que tu dis. Alors le débat que tu appelles de tes voeux aurait vraiment lieu », on peut se demander s’il n’y a pas là une faille dans le diagnostic…

Sauf erreur de ma part, c’est à un vrai débat dans l’Eglise « réelle » qu’appelle l’auteur et non à un débat par récit fictif interposé. Disons-le ici avec quelque malice, à l’intention d’un évêque pour lequel j’ai personnellement de l’estime : lorsque Jean Michel di Falco, toujours dans sa préface, dit à Pietro de Paoli à propos de son précédent livre Dans la peau d’un évêque : « si je suis d’accord avec toi sur beaucoup de choses, je ne le suis pas sur tout », et à propos du présent ouvrage : « tel ou tel de tes propos m’ont parfois surpris », on a envie de lui dire : soyez plus précis Monseigneur.  C’est bien en précisant vos points d’accord et de désaccord – vous et d’autres dans l’épiscopat et dans l’Eglise – qu’on pourrait nourrir enfin un vrai débat et non en s’en défaussant sur des personnages de fiction.

« Revenons à la culture du débat, de la disputatio » écrit encore l’évêque de Gap… Chiche !

21 comments

  • Merci RP : je découvre cet auteur que je ne connaissais pas avec ce commentaire.

    Et la conclusion de RP me fait penser que la perte de ce goût de la disputatio a été une grande perte pour la foi. On a cru un peu à la fois dans l’Église que « je ne veux voir qu’une tête » était un article de foi…

    Or, c’est notoire depuis Pierre et Paul que dans des discussions parfois fortes (cf. Ga 2,11-21), l’unité de l’Église a été gardée. Eh, oui, la discussion n’était pas interdite.

    C’est progressivement, à partir du XVI° siècle, que s’est instauré le « centralisme démocratique » dans l’Église latine, avec une pensée de plus en plus crispée, au XIX° siècle. On a fini par interdire au XX° siècle Theillard de Chardin, de Lubac etc… d’enseignement pour protéger une interprétation littérale de la Bible contre les évidences scientifiques. Et c’est non du pape lui-même, mais de la Curie qu’est venue le blocage. Là comme ailleurs, le pouvoir attire des hommes de pouvoir. Ce qui est grave, c’est qu’ils l’ont fait en se croyant disciples fidèles de celui qui a refusé le pouvoir (cf. Mt 4,1-11 et parallèles synoptiques).

    J’avais lu dans un bouquin de T.Radcliff qu’il fallait du « temps pour les panda », entendez qu’il fallait du temps pour qu’on se remette à se fréquenter et à discuter en Église, car nous avons perdu cette culture du dialogue, et de l’étude honnête mais rigoureuse du point de vue de celui qui ne pense pas comme moi, … et d’accepter qu’il en soit de même pour mon point de vue, bien sûr.

    Quelle erreur nous ferions si, au lieu de cela, nous voulions restaurer le XIX° siècle, imaginé comme idéal : nous ne ferions que répéter les erreurs et les bêtises de cette époque, bêtises qui ont fait beaucoup pour que certains de nos contemporains puissent, de bonne foi, trouver le messsage chrétien comme inintéressant et ringard, ce qu’il n’est pas, de mon point de vue de lecteur … et acolyte.

  • OUI
    j’ai lu un jour un des livres de « Pietro de Paoli » ….je l’ai trouvé merveilleux de simplicité, de vérité, d’amour de l’Eglise….
    je les ai lus tous…offerts à des prêtres…et plus..
    le seul cri que je pose : c’est pourquoi devoir avancer masqué….étant si engagée dans l’Eglise….j’ai ma réponse qui est, je pense très proche de la réalité.
    Pourquoi: parce que la peur est là , la délation, ……pour les prêtres, les Evêques….
    Aidons les, nous laïcs……disons leur qu’on ne peut plus attendre, que l’Eglise ne peut plus attendre…..qu’on sera à leur côté++++++
    je me risque à dire à nos Pasteurs humblement: N’ayez pas peur…….avancez…
    Nous sommes en route vers Pâques, en chemin ……pas à l’arrêt……jamais arrété
    qu’ensemble nous sommes l’Eglise et que Dieu nous veut adultes , Fils et non esclaves.
    que le dialogue vrai , fraternel est indispensable…….d’une urgence vitale
    qu’un couple meurt sans dialogue et que l’Eglise mourra si elle ne sait pas poursuivre le souffle de Vatican II
    lisez tous ces livres, ils sont faciles à lire, si simples…..pendant quelques heures on se prend de rêver que c’est possible ….une Eglise d’en Haut qui écoute enfin vraiment les baptisés qui oeuvrent chaque jour pour elle.
    Une Eglise qui aime le monde+++++++

  • Non, pas eux !…
    Lisibilité, dites-vous. Ce que je lis en ce moment me révolte, me donne la nausée. Ceux qui m’ont confit dans un idéal de « pureté, dont on sait (je sais, maintenant…) qu’il ouvre la porte à plein d’humiliations, à plein de difficultés, à plein de souffrances (« l’enfer est pavé de bonnes intentions » ou encore la remarque de Soeur Emmanuelle comme quoi rien n’est pire que l’angélisme ; et c’est pareil). ceux, donc, qui m’ont imprégné d’une morale très rigide, asphyxiante, contre nature, dissimulaient depuis des siècles parmi eux les pires des pécheurs (« ce que vous faites à ces petits, c’est à moi que vous le faites »). Je ne peux concevoir qu’on ne donne pas l’exemple quand on prêche la vertu. Errare humanum est, perseverare…

  • Pour la peur dans l’Église, il est bon de relire un autre auteur, Carlo Caretto, que je cite :

    « Quand je médite sur ce qui arrive au monde, à l’Église qui en est la conscience, et à moi-même qui suis une toute petite antenne de l’un et de l’autre, j’ai l’impression que nous sommes en train d’entrer dans l’œil du cyclone.

    Il souffle un vent auquel bien peu d’entre nous étaient habitués, et la terre, symbole de stabilité, se montre, devant les problèmes de consommation et de pollution grandissante, comme incapable de nous contenir et de nous nourrir.

    L’Église elle-même – cité sur la montage, ancre de salut, tour inexpugnable, navire le plus sûr – apparaît aux timides et aux démunis comme incapable de nous transmettre cette sécurité à laquelle nous étions habitués et qui était le réconfort et la confiance de ceux qui n’avaient pas la volonté d’assumer leur propre responsabilité.

    La peur habite la cité. La peur habite l’Église.

    Que la cité ait peur ne m’étonne pas: c’est un phénomène naturel devant l’extension de la délinquance et l’audace des terroristes et des gangsters.

    Mais la peur de l’Église me fait peine, parce qu’elle est le signe désolant de notre manque de foi dans le Christ ressuscité des morts, dans le Christ roi.

    Cette Église post-conciliaire, notre Église, risque de passer à la postérité comme l’Église de la peur.

    Voilà qui est étrange, juste au moment où elle n’avait pas le droit d’avoir peur! A ce moment où, avec le Concile, elle avait trouvé d’une façon, je dirais miraculeuse, l’assistance extraordinaire de l’Esprit (et quelle Église, chrétienne ou non, peut se vanter d’avoir tenu des assises si neuves, si éclatantes, si libres, si fécondes, si novatrices, si vitales que celles que fut, pour l’Église catholique, le Concile Vatican II!) ; à ce moment où elle avait su regrouper un épiscopat extraordinairement uni et résolu; juste après avoir vécu ce moment inoubliable de la clôture des travaux sur la place Saint-Pierre, lorsque la figure de Paul VI, résumant sur son visage dramatique et tellement humain nos espérances à tous, offrait, avec une dynamique moderne, absente depuis trop longtemps de nos vieilles sacristies, un nouveau contrat de mariage de l’Église avec l’humanité entière; juste après avoir vécu pendant quatre années à l’unisson avec l’Église, en sentant bien que la polémique entre la tradition et les esprits novateurs était finalement apaisée; juste à ce moment-là voilà qu’éclate comme une épidémie de peste, l’épidémie de la peur.

    Considérez la question et dites si ce n’est pas vrai.

    La peur de la nouveauté, la difficulté de voir les choses autrement qu’elles étaient dans le passé affaiblissent les diocèses, retardent le réveil et les applications conciliaires, durcissent souvent les responsables qui ne se préoccupent plus, dirait-on, que d’une défense aveugle d’un passé désormais révolu dans ses formes, au lieu de faire d’eux les supporters opiniâtres d’un Évangile toujours nouveau dans son contenu.

    Et que dire de ceux qui considèrent leur propre sein comme le seul lieu où puisse se poser l’Esprit Saint?

    La peur des désobéissances … des inférieurs fait accomplir aux supérieurs des péchés d’abus de pouvoir beaucoup plus nuisibles à la communauté d’hommes libres qu’est l’Église.

    La peur de voir vides séminaires et noviciats paralyse l’imagination des curies et des congrégations et met à nu l’incapacité de croire que Dieu ne manque ni de puissance pour nous donner des pasteurs, ni d’imagination pour les changer. La peur de voir diminuer le nombre de ceux qui fréquentent le temple fait à certains l’effet qu’il est inutile de continuer à prier, parce que Dieu n’est plus sous les voûtes des cathédrales; pour d’autres, c’est le prétexte à se tourner vers le passé, lorsque la messe était en latin et que la possibilité de recevoir l’Eucharistie dans les mains provoquait le scandale.

    Mais où la peur atteint son paroxysme, c’est dans l’écroulement des sécurités: sécurités sociologiques, politiques, culturelles, institutionnelles. La chute de l’édifice historique d’une certaine chrétienté – la nôtre – fait douter de l’existence de Dieu à beaucoup de ceux qui faisaient partie de cette même chrétienté, mais qui comptaient plus sur les choses visibles que sur les invisibles, et qui croyaient davantage à la civilisation chrétienne et à l’esthétique du grégorien qu’à Dieu lui-même. C’est ceux-ci en effet qui sont tentés dans la foi.

    Et ils sont nombreux.

    Et je ne plaisante pas.

    Être tenté dans la foi sur un plan culturel est l’une des épreuves les plus rudes pour l’homme de toujours.

    Quand, en outre, il s’agit de l’homme moderne, fou de pouvoir et de connaissance scientifique, obligé de surcroît de vivre dans une époque comme la nôtre, où tout est remis en question, où les infantilismes religieux du passé. sont mis en évidence de façon dramatique, il n’y a pas de limite aux possibilités de débandade.

    Cet homme, qui se croyait religieux et ne s’était jamais interrogé sérieusement à propos de la foi, devient comme un ivrogne qui a perdu dans le même temps l’équilibre et l’identité.

    Au-dessus de lui le ciel se ferme, et la terre devient un point d’interrogation.

    Si, en plus, le vertige le prend, il devient capable de rayer en un rien de temps tout un long passé de fidélité et de vie intérieure.

    C’est alors que la famille se désintègre, que les couvents sont abandonnés, que les communautés autrefois florissantes se meurent, faute de force et de lumière.

    L’homme reste seul, sans Église et à la merci de ses faiblesses. Et comme, au fond, il ne change pas, alors que les temps changent, il arrive toujours la même chose, parce que le péché n’a aucune imagination et se répète toujours avec la même monotonie. »

    Carlo Caretto
    Mon Père, je m’abandonne à Toi
    Città nuova Rome 1975
    Cerf 1976 Foi vivante 1996
    pages 9-12.

    Carlo Caretto est le fondateur de petits frères de l’Évangile, dans la spiritualité de Charles de Foucauld. Il est mort en 1988.

  • MERCI à lecteur et acolyte
    combien vos mots résonnent la réalité!
    et combien de souffrances de prêtres qui ont donné leur vie à Dieu pour ce monde
    combien de souffrances de baptisés
    mais Rome est bien au chaud, certains se refugient dans leur cercle fermé….
    Nous sommes en route vers Pâques …..et la Pentecôte me parait bien loin…..
    L’Esprit est là pourtant c’est notre Foi mais l’humain est las

  • Merci pour cet article où je vous rejoins totalement. Certains vont trouver ces lettres polémiques, bien sûr. Certains ne vont y voir que les « déviations », voire du baratin d’un prêtre/évêque qui ne serait plus de son temps et se perdrait dans des élucubrations soixante huitardes. Moi, dans ces pages j’y lis un attachement sans faille à l’Eglise, Notre Eglise, celle que nous construisons tous, tous les jours. Un amour des hommes et un amour de Dieu, indissociables. J’y lis une volonté profonde de vivre ce que Vatican II a permis: dire l’Evangile aux gens de ce monde, parce qu’ils en ont besoin.

  • maintenant après les précèdents je l’ai lu.
    MERCI à celui qui écrit ces pages : reflet d’une réalité diocésaine….
    derrière le nom qui est-il celui qui parle ?
    Pour ma part cela ne peut-être que quelqu’un qui connait parfaitement le terrain, les conflits, l’Evangile….
    je verrai bien un Pasteur de haut niveau….
    quelqu’un qui refuse la frilosité actuelle alors que le monde a besoin d’amour et du souffle de l’Esprit……qui se bat…
    car si on regarde les différents livres , les dates, cet enchaînement de sujets ….cela ne peut être que quelqu’un qui aime passionnément l’Eglise et l’Evangile et qui se bat avec passion.
    Qu’il continue: ses livres en disent beaucoup plus que de nombreux traités.
    beaucoup de choses sont dîtes de l’enjeu essentiel pour notre Eglise
    toujours avec humour, gentillesse, respect, mais réalité….
    c’est cette Eglise là que l’on étouffe aujourd’hui…
    mais elle est là …..
    elle balaye la peur qui nous fera mourir
    Elle annonce ce que nous allons vivre en ces jours:
    page 68:
    quant aux vérités éternelles, moi, je n’en confesse qu’une, Jésus-Christ, mort et ressuscité, vrai homme, vrai Dieu, entré dans la gloire de Dieu pour que nous aussi, à sa suite, nous soyons admis auprès du Père.
    c’est à Lui que je confie ma vie, c’est son nom que je loue et que je célèbre, c’est devant lui que je ploie les genoux.

  • C’est bien cela, Monique, « ni partir, ni se taire » mais aimer. Pietro de Paoli nous invite à regarder autrement nos frères et l’Eglise, à regarder plus haut, plus loin; il nous invite à nous dépasser et à espérer, envers et contre tout et enfin nous dit à travers tous ses écrits: « n’ayez pas peur »

  • Oui, un petit livre alerte et délicieux, porteur d’une « bonne nouvelle » pour les croyants et les autres, d’une clarté et d’une simplicité tout évangéliques.

    Mais pourquoi donc cette préface complaisamment signée « Monseigneur Jean-Michel di Falco Léandri, Évêque de Gap et d’Embrun » (excusez du peu !) ?

    Fallait-il, pour tenter d’être entendu du clergé traditionaliste, une caution épiscopale émanant de cette personnalité bien en cour à Rome comme dans l’épiscopat français et dans les milieux mondains ? En dépit de quelques concessions, le prélat préfacier pratique la langue de bois que réclament ses fonctions officielles. Le pseudonyme Paoli De Pietro rappelant son propre nom, il se défend d’être lui-même le Belhomme auteur de ces lettres, évite soigneusement de prendre position sur le fond, et appelle de ses vœux des contradicteurs capables de pondérer la portée de l’écrit qu’il préface… Le clergé traditionaliste appréciera d’autant plus ces ambiguïtés qu’il sait combien rares sont les évêques disposés à adhérer publiquement aux vues de leur confrère imaginaire Marc Belhomme. Quant aux lecteurs désireux d’une parole claire et engagée de l’Église, ils ne peuvent être que déçus par la légèreté évasive des propos qui leur sont servis dans cette préface. Manque d’humour ! leur sera-t-il peut-être rétorqué…

    Que les lecteurs qui butent sur ces malheureuses pages passent outre : les lettres de l’évêque imaginaire Marc Belhomme rachètent mille fois la préface.

    Jean-Marie Kohler

  • Mon commentaire rédigé le 27 novembre étant toujours « awaiting moderation », je suppose que ma critique de la préface de Mgr di Falco déplaît. Étant donné tout le bien que je pense par ailleurs de ce livre, je peux retirer cette critique pour partager ce qui seul importe en fin de compte :

    D’une clarté et d’une simplicité tout évangéliques, les lettres de l’évêque imaginaire Marc Belhomme rapportent d’une plume alerte l’essentiel du message de Jésus et témoignent d’une solide espérance.

    Par delà le mal-être du clergé happé par le doute ou la présomption, ce petit livre aborde avec lucidité et modestie les grandes questions que soulève l’effondrement du christianisme traditionnel. Inspirées par une foi libre et responsable, empreintes de compréhension et de tendresse, ces lettres interpellent quiconque s’interroge sur l’avenir de la religion.

    La puissance et la gloire de l’Église d’autrefois ont disparu. Le dénuement qui en résulte, conforme au dénuement de Dieu en ce monde, replace l’Église face à l’évangile. C’est livré à la merci des hommes, cloué nu sur une croix et abandonné de tous, que le Christ a vaincu la mort par l’amour. Mais les stratégies de restauration et de reconquête qui continuent d’obséder le catholicisme ne sont-elles pas aux antipodes de cette foi ?

    Avant de vouloir enseigner Dieu au monde, l’Église doit essayer de comprendre les hommes en les accompagnant sur leurs chemins, en écoutant le Dieu qui marche à leurs côtés. C’est en devenant humaine parmi les hommes, en partageant leurs souffrances et leurs aspirations, en s’engageant dans les combats qu’ils mènent pour leur dignité, qu’elle pourra dire Dieu de façon crédible et libératrice aujourd’hui. L’évêque Marc Belhomme propose de vivre l’évangile tout simplement. Chiche !

    Jean-Marie Kohler

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