« Un jour je te décevrai, ce jour là, j’aurai besoin de toi » (Robert Desnos) Me voici !
(Cet article a été repris sur le site de Golias, celui de l’hebdomadaire catholique Le Pèlerin et sur la news letter Notre pain quotidien, du 19 juillet. Il a également été traduit en italien et publié sur le site Adista par sa directrice Ludovica Eugenio que je remercie infiniment.)
Voilà l’abbé, la bombe a explosé. J’étais au courant de son largage depuis la veille. Connaissant nos liens d’amitié, des responsables d’Emmaüs avaient eu la délicatesse de me prévenir. J’ai su à l‘instant même que je ne commenterais pas l’info qui allait déferler sur les réseaux sociaux ni répondre aux sollicitations des medias. Pas le cœur à ça ! J’ai ouvert mon ordinateur et tapé le titre de ce billet : Lettre ouverte à mon ami Henri, dit l’abbé Pierre. Je n’ai pas eu le courage d’aller plus loin, ne sachant pas par où commencer. Je savais que j’allais devoir peser chaque mot, chaque tournure de phrase, chaque silence : par respect pour celles qui affirment avoir été victimes de tes actes et que nous devons écouter et soutenir; par respect pour toi qui n’est plus là pour t’expliquer; par respect pour nous tous qui t’aimions. Tu vois, déjà, je renonce au choix du présent pour ne contraindre personne… Depuis : j’ai lu La Vie et la Croix ! Je sais ! Alors je peux t’écrire.
Tu t’étonneras peut-être de ce tutoiement soudain, toi qui l’a tellement utilisé à mon égard comme tu le faisais souvent, même au-delà de tes proches. Jusqu’au jour de ta mort j’ai toujours choisi le « vous ». Par respect. N’imagine pas que le respect ait disparu. Non ! Simplement ces révélations te font tout de même tomber de ton piédestal et nous rend peut-être plus proches encore. Je suis en colère l’abbé. En colère contre toi. Je me sens plus trahi que trompé, ne t’ayant jamais interrogé sur ces questions. Comment aurais-je osé le faire ?
Souviens-toi : le 11 avril 2006 je suis venu te voir à Alfortville. Un homme menaçait alors de révéler dans les médias qu’il était ton fils biologique. A ma requête, tu as accepté de me dire « ta vérité ». Je me suis engagé à garder cet entretien secret aussi longtemps qu’il ne passerait pas à l’acte. Mon désir était de pouvoir te donner un jour la parole si ces révélations survenaient après ta mort. Ce qui fut le cas. Dans le Pèlerin du 24 mai 2007, quatre mois après ta disparition, alors que sortait en librairie l’abbé Père (1) je publiais ton témoignage : « Je l’affirme et réaffirme : jamais il ne m’est arrivé aucune union avec sa mère. » (2) Ce soir je m’interroge : disais-tu vrai ?
Souviens-toi, fin juin début juillet 1989 je passai avec toi quelques jours à Saint-Wandrille où tu pensais t’être définitivement retiré. Au terme d’un long entretien que j’allais publier à l’automne pour les quarante ans d’Emmaüs je t ‘interrogeai sur la « réputation de sainteté » qui te collait à la peau. Tu m’avais répondu : « Ça m’humilie. Je connais trop mes faiblesses et mes insuffisances. » Puis, après un long silence : « Je te dirai à propos de ma prétendue sainteté ce que Jeanne d’Arc répondait à ses juges qui lui demandaient si elle était en état de grâce : si j’y suis, Dieu m’y garde, si je n’y suis pas, Dieu veuille m’y mettre. »
Au début de ce mois, l’abbé, le Festival de la correspondance de Grignan t’avait mis, au côté de Charles de Gaulle, Nelson Mandela, Marie Bonaparte, Louise Michel et quelques autres sur la liste des « héros » auxquels on rendait hommage. Je me suis acquitté de la mission qui m’avait été confiée. Le soir, dans la cour du château, cinq-cents spectateurs ont fait une standing ovation au comédien Bruno Puzulu qui les avait émus aux larmes en lisant, pendant plus d’une heure, un choix de tes lettres où tu apparaissais dans la vérité de ta force et de tes fragilités. L’après-midi, dans mon intervention, j’avais cité cette carte, reçue parmi deux mille autres, lors de la parution de l’album qui t’était consacré à l’automne 1989 : « Dieu merci, vous m’aurez permis de connaître un saint de mon vivant. »
Alors oui, je t’en veux, l’abbé.
Je t’en veux pour ces femmes que tu as humiliées par des gestes déplacés qui n’étaient pas dignes de toi. Je ne me ferai pas, ici, juge de leur souffrance !
Je t’en veux pour toi, d’avoir ainsi foutu en l’air, par inconscience, une vie de combat contre la misère et les injustices. N’est-ce pas toi qui disait : « Qui dira au Prince son fait si le prophète lui devient semblable ?» Le prophète, même mort, parlait encore…
Je t’en veux pour tous ceux qui voyaient en toi ce héros de Kipling qui sait « être peuple en conseillant les rois ». Souviens toi des premiers vers du poème : « Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie. Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir. » Trop tard !
(Fresque de la brocante du Foyer Aubois, à Saint-Luc, près de Troyes)
Tu n’es plus là, l’abbé ! Et je me sens fatigué. En trois ans j’ai appris le suicide d’un ami prêtre, Adrien, qui a éclairé mon adolescence et béni mon mariage. Il avait fait de la prison pour faits d’agressions sexuelles sur des jeunes filles et terminé sa vie comme un clochard, errant sur les quais de la Garonne, à Toulouse, avant de mettre fin à ses jours. Qui l’a soutenu ? J’ai découvert les accusations portées contre mon ami le fr André Gouzes, déjà plongé dans un Alzheimer profond, puis appris que les responsables de l’Ordre dominicain disaient ici ou là que le dossier « était vide » sans jamais s’exprimer publiquement sur le sujet, préférant se réfugier derrière le silence du Procureur de la République de Rodez. J’ai découvert les anciennes pratiques sacramentelles sacrilèges de mon évêque Michel Santier, dont j’avais la confiance, et je frémis aux rumeurs des conclusions possibles d’un nouveau procès canonique.
Et toi, aujourd’hui !
Le jour où j’ai recopié dans mes carnets de lecture cette phrase de Robert Desnos, je n’imaginais pas avoir à en faire un tel usage. Ecoute toi parler, l’abbé : « Un jour, je te décevrai, et ce jour là, j’aurai besoin de toi. » J’essaie d’être là !
Dans l’article que la Vie te consacre cette semaine, je lis : « Tout l’intérêt de la période actuelle est la libération de la parole, dans la société comme dans l’Église catholique. Les gens ne meurent plus avec leurs secrets : l’époque a changé. » Tout cela est sans doute vrai mais cette dernière phrase me terrifie ! Je repense à Malraux : « Pour l’essentiel, l’homme est ce qu’il cache : un misérable petit tas de secrets. » Une société de liberté peut-elle survivre au vertige collectif de la transparence ? Qui d’entre nous peut se sentir à l’abri ?
Le 6 juillet, lors du festival de la correspondance de Grignan, Boris Cyrulnik observait que dans nos sociétés modernes les nouveaux « héros » (thème des rencontres) étaient désormais les victimes. A l’image du Christ diront certains ! Alors je m’interroge : comment respecter la souffrance des victimes et leurs droits légitimes, sans détruire l’œuvre de leurs agresseurs qui ne sauraient être réduits aux actes coupables, parfois criminels, qu’ils ont pu poser ? Rien ne peut faire que ce qui a été, de beau, de bon et parfois de grand, n’ait pas été. Que deviendrons nous si au motif de déboulonner les idoles , toutes les idoles, nous en venons à renier ceux qui nous ont fait grandir ?
Mais tu connais, comme moi, dans la Bible, cette terrible prophétie d’Ezechiel (18,24) : « Si le juste renonce à sa justice et commet le mal, imitant toutes les abominations que commet le méchant, vivra-t-il ? On ne se souviendra plus de toute la justice qu’il a pratiquée, mais à cause de l’infidélité dont il s’est rendu coupable et du péché qu’il a commis, il mourra. »
Moi, je ne peux oublier ce que je dois à Adrien qui a éclairé de sa confiance mes années d’adolescence. Pierre Soulage disait de l’écrivain Joseph Delteil, dans des circonstances similaires : « Il a tellement cru en moi que moi-même j’ai fini par y croire. »
Je ne peux oublier d’avoir vécu à l’abbaye de Sylvanès, grâce à la Liturgie chorale du peuple de Dieu du fr André Gouzes, des triduum pascal où je me suis senti pénétré du mystère de Dieu tout en faisant une véritable expérience de la communion des saints. J’en conserve la chair de poule.
Je ne peux oublier que Michel Santier fut aussi l’homme du redéploiement de notre cathédrale de Créteil, de notre synode diocésain, du dialogue avec nos frères protestants, juifs et musulmans.
(Sur une étagère de ma bibliothèque, en face de moi, au moment où j’écris ces lignes)
Je ne peux oublier de toi, l’abbé, ces moments où en fin de journée tu me proposais de « rester » parce que tu allais célébrer l’eucharistie sur un coin de table. Je ne peux oublier cette conviction qui t’a fait vivre, qu’en tout homme – fut-il le dernier des salauds – est un trésor, retrouvée presque mot pour mot dans la bouche de Robert Badinter expliquant sa vocation d’avocat. Je ne peux oublier ce que tu m’as fait comprendre de la radicalité du combat pour la justice venant se substituer à trop de mièvreries caritatives. Car si, comme tu l’avais découvert, « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. » est écrit au présent, contrairement à la plupart des Béatitudes rédigées au futur, c’est bien que le Royaume est déjà là, mais que ne peuvent s’en prévaloir que ceux qui mènent âprement ce combat.
Je sais, l’abbé : certains vont lire dans mes propos une indulgence coupable à ton égard. Parce que j’étais et reste ton ami. Non ! Je n’ai aucune indulgence. Mais je sais le poids du mal dont aucun d’entre nous n’est quitte et qu’il y a péché – au sens étymologique de se tromper de cible – à se laisser fasciner exagérément par lui. J’ai lu que l’Eglise de France disait sa honte et sa compassion pour les victimes. Elle sait comme personne avoir honte des turpitudes des autres. Sans jamais se remettre vraiment en question – notamment dans son approche de la sexualité et du célibat ecclésiastique – parce qu’il y va – dit-elle – de la compréhension du plan de Dieu sur l’humanité.
L’abbé, combien de fois m’as-tu dit : «Lorsqu’on a vaincu la peur de la pauvreté, de la souffrance et de la mort, alors mais alors seulement, on devient un homme libre.» Tu as vécu dans la pauvreté. J’en puis témoigner. Te voilà désormais dans la pauvreté la plus extrême, dépouillé de cet ultime orgueil qu’avec notre assentiment tu avais emporté avec toi dans la tombe. Te voilà nu. Définitivement nu ?
Mais quel gâchis, l’abbé, quel gâchis.
- Jean-Christophe d’Escaut, L’abbé Père. Editions Alphée 2007, 336 p.
- En réalité cette formulation figure dans la lettre que l’abbé Pierre m’a remise ce jour-là et qui reprenait, signé par lui, l’essentiel de notre conversation.
Photo d’ouverture : © Claude Iverné
ADDENDUM
Cette « lettre ouverte » a été écrite et mise en ligne le 18 juillet 2024, au lendemain des « premières » révélations concernant l’abbé Pierre. Elle était un cri du cœur “raisonné“ que je ne vois aucune raison de renier. Le 25 juillet je mettais en ligne un nouveau billet titré : Quelques réflexions “provisoires“ sur l’affaire abbé Pierre. L’article a suscité de vifs débats. Mon propos n’était pas sans lien avec la thèse de François Azouvi : Du héros à la victime : la métamorphose contemporaine du sacré (Galimard). Le relire postérieurement aux nouvelles révélations du 6 septembre qui « marquent une escalade brutale dans les accusations » (la Croix) peut sembler insupportable. Pour la simple raison que la gravité des faits désormais rapportés rend caducs et « provocants », lus hors contexte de cet « entre deux » communiqués d’Emmaüs, certains passages de cet article. Effet renforcé par le fait que je n’ai pas publié de troisième article sur ce blog, postérieurement à ces nouvelles de graves accusations. Ce qui peut laisser croire au lecteur que je reste sur ces propos. Ce qui est inexact. Le 7 septembre, je postais sur mon fil Facebook : « Je suis effondré des dernières accusations, particulièrement graves, portées contre mon ami l’abbé Pierre. Mes pensées vont aux victimes, qui ont toute ma compassion. Je comprends les décisions prises par la Fondation abbé Pierre de changer de nom et par Emmaüs France de fermer le lieu de mémoire d’Esteville le village normand où il repose. Ce sera, pour l’heure, mon seul commentaire. » Il semblerait qu’aux yeux de certains ce propos reste insuffisant à lever le doute sur mon « analyse » de l’affaire. Je redis donc ici que je reçois comme vraies les accusations portées contre l’abbé Pierre et ne conteste nullement qu’elles aient été rendues publiques, puisque ce sont les deux points qui semblent faire débat. Dans un souci de clarification j’ai décidé de supprimer le second article (Quelques réflexions « provisoires ») de ce blog. Lire « ce qui a été écrit avant » avec les yeux de qui sait ce qui a été révélé après étant un exercice impossible, sinon pour des historiens.
Merci merci Monsieur, je me permets de partager votre lettre, elle pose les bonnes questions, apporte des éléments de réponses, elle m’a fait beaucoup de bien.
Valérie Gaschignard
🙏🏻
Merci René…
Merci cher René pour cette lettre adressée à ton ami Henri ! Elle exprimé parfaitement l’amitié mais aussi le poids du mal et cet immense gâchis….. Marc
Chapeau pour ton texte, René ! Et on ne peut qu’être abasourdi devant le mystère du secret de la vie des hommes et des femmes aujourd’hui.
René, il y a une autre Béatitude qui est au présent, la première (Matthieu 5, 3) :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. »
En tout homme se mêlent le meilleur et le pire, le bon grain et l’ivraie… pour l’Abbé Pierre comme pour Jean Vanier et tant d’autres…
Relisons Matthieu 13, 24-30 :
« Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla.
Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi.
Les serviteurs du maître vinrent lui dire : “Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?”
Il leur dit : “C’est un ennemi qui a fait cela.” Les serviteurs lui disent : “Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?”
Il répond : “Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps.
Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.” »
Je n’ai pas écrit que c’était la seule Béatitude écrite au présent…
Je n’ai pas dit cela non plus, je signalais juste à propos de ces deux Béatitudes écrites au présent que cela avait du sens pour nous tous et éclairaient toutes les deux la personnalité de l’abbé Pierre.
Merci, René, pour cette lettre à coeur ouvert, si lucide … et aimante à la fois. « Amour et vérité se rencontrent »…
Comment se consoler de toutes nos déceptions sur l’église du Christ?
Cela est un contre-témoignage.
Cela est blessant pour toute l’Eglise, pour le Christ lui-même qui est offensé et sa mission.
Pierre lui-même a renié son maître.
Cependant il avait été choisi par lui avant son reniement alors que le Christ connaissait la faute de Pierre auparavant.
J’ai plus que de la peine.
Prions car que nous reste-t-il si la confiance en l’homme est altérée sinon celle en Christ qui sauve.
Que l’Esprit Saint nous soutienne.
Je crois qu’il peut être difficile de pouvoir s’en consoler, par contre, y chercher une quelconque explication peut permettre d’atténuer un peu la douleur.
L’Église d’aujourd’hui peut parfois faire penser aux temples de l’époque de Jésus, où docteurs, prêtres et grand-prêtre se voyaient comme détenteur de la Vérité, face à leurs études, donc eux ne pouvaient être remis en question face à Jésus … Elle a au fil des siècles développé une forme de confiance exagéré en elle, voyant même le pape comme infaillible… même si St-Pierre lui-même avait renié trois fois Jésus après avoir reçu les clefs du Paradis. L’Église aurait peut-être besoin de l’aide de la Vierge Marie, Reine de l’humilité… Remarquez bien que ceci ne demeure qu’une réflexion. Pour ce qui est des êtres « parfaits », de toute l’humanité, il n’y en a eu qu’Un, et nous l’avons crucifié…
Vous avez parlé de la Vierge Marie, vous êtes le seul et vous avez dit la Vérité! Mais, paraît-il que l’Immaculée Conception est une fable (dixit René Poujol), Marie? On en parle pas du tout dans les Évangiles (dixit René Poujol). À force de pérorer, on a perdu l’humilité! Dans le 5e Évangile, une femme apparut dans le Ciel, couronnée de 12 étoiles et le serpent est là (très beau cette symbolique), le serpent qui essaie d’induire le chrétien en erreur. Mais Marie est le roc, la toute pure, sans tâches et la médiatrice entre Dieu et les hommes. Alors, il serait bon de la prier
Nous voilà mal partis…
Si vous trouvez un endroit où j’ai écxrit qu’on ne parle pas de Marie dans les Evangiles… indiquez-moi où, ça m’intéresse pour ma documentation.
Quant à l’Immaculée Conception, je ne vais pas refaire ici l’argumentation : la théorie de l’évolution reconnue par l’Eglise met à mal la lecture traditionnelle du péché originel et donc de l’Immaculée conception. Sans compter qu’on peut aimer, vénérer et prier Marie indépendamment du dogme… Ce qui est mon cas !
Le débat est donc (provisoirement) clos dans ces pages !
Je ne comprends pas qu’on prenne le récit de la Genèse et d’Adam et Eve comme un fait historique! Lors de la création du monde, l’Esprit Saint était là, la Création était belle, et dans cette Création, il y avait l’homme et il s’est passé quelque chose, un désordre très grave. Nous le voyons bien encore à l’heure actuelle, comme au « Paradis terrestre » qui n’a jamais existé, sinon dans la symbolique, l’homme essaie de s’affranchir de l’ordre voulu par Dieu. On aboutit au désordre. Jésus est venu pour rétablir de l’ordre dans la Création et Marie, par son Immaculée Conception, par la Grâce de son Fils a été prémunie du désordre qui habite l’homme et seule la Grâce par l’Esprit Saint peut rétablir les cœurs dans la droiture.
E’ vero! Oggi la chiesa è veramente nell’ condizioni del tempio sii tempi di Gesù. Noi possiamo solo portare di di noi questo peso e chiedere al Signore Gesù la a sia conversione. Per il resto essere semplici come colombe ma astute come i serpenti, per mettere al sicuro noi stessi, i nostri figli e i nostri giovani.
Merci pour ces mots sincères…
Un grand merci, Monsieur, pour cette lettre ouverte à un ami qui a, sur son parcours, commis l’impensable. Cet écrit est une invitation à réfléchir sur ces amitié trahies qui nous posent aussi la question de notre manque de clairvoyance, nos démissions faciles quand nous sentons que qqch cloche chez l’autre et préférons nous taire et le laisser à sa solitude. A ce niveau là, chaque communauté devrait vraiment réfléchir à cette nécessité d’une fraternité vraie et exigeante.
Que la Paix demeure en vous.
Thérèse
Merci
Compassion pour les victimes, interrogations pour ces personnes exceptionnelles qui nous nous ont guidés vers ce Dieu de fraternité pauvre qui nous invite au partage ultime vers ce Dieu d’amour
Il faut vraiment recevoir cet acte de foi qui nous invite à accepter la croix pour aller vers la résurrection, mais sur terre il ne nous pas donné la grâce de cette perspective
Bruno Duchemin
Merci René pour ce très beau texte qui est si juste
Je ne sais plus qui avait dit ou ecrit: » il faut que l Eglise soit divine pour que ses prêtres ne l aient pas foutue par terre »
Cette phrase m à permis depuis très longtemps de tenir et traverser les dérives de l Eglise
Bonjour, Il devient insupportable que l’Église n’affronte pas la réalité humaine de la sexualité des prêtres. Érik.
Que de générations auront été endoctrinées par le prétendu « péché de chair » – un péché créé de toutes pièces par quelques illuminés
(et même au XXIème siècle, l’endoctrinement persiste …).
Merci et bravo pour ce magnifique texte, très ajusté, qui dit les choses sans fard, en évitant tout manichéisme
« Un jour je te décevrais, ce jour-là j’aurai besoin de toi » (Robert Denos)
« Que celui qui est sans péché lui jette une pierre » ( Jésus) ( Je 8 1-11)
Mystère du secret des hommes. Quel gâchis…
Merçi Monsieur René pour cette analyse claire et juste ainsi que votre réponse douloureuse à exprimer à votre ami Henri Grouès.
Merci pour vos billets avec lesquels je ne suis pas toujours d’accord, mais qui me font « avancer »
Très beau texte de René Poujol.
L’abbé avait-il conscience du mal qu’il faisait à ces personnes? A-t-il demandé pardon à ses victimes ?
S’en est-il auto-absous ou en a-t-il parlé à un confrère prêtre?
Et une autre question que je me pose : il y a la libération de la parole, enfin. Mais ces dérives sexuelles datent-elles de notre époque où est-ce que ça existait avant?….. Tous les saints de l’Église étaient-ils comme des anges?
Mais de quels « saints de l’église » parlez-vous ? Aucun ne l’était… Des hommes (et des femmes !), ni plus ni moins. L’institution catholique entretient cette sacralisation qui nous fait sombrer la plupart du tant dans une sorte de vénération de prêtres charismatiques, religieux… Le jour où certains d’entre eux (beaucoup, non ?) tombent, on est effaré ! L’Abbé Pierre (que j’ai admiré et je ne lui retire aucunement tout le « bien » qu’il a accompli) était une créature humaine : lumière et ombre. L’ombre paraît aujourd’hui infâmante parce-que l’on a été aveuglé par ce qui brillait, trop… Pour moi, voir l’église comme « sainte » (ce dont elle a toujours voulu ns persuader) est mensonger, illusoire, au mieux. Enfin, la doctrine obscurantiste en matière de « morale sexuelle », le refus du mariage des prêtres qui le souhaiteraient engendre une part de ces abus odieux. Mon angle de vision. Et pas avec l’objectif de lancer une polémique, vaine.
» Sait il auto absous ou en a-t-l parlé à un confrère? « hum:mais je crois savoir que d’une part il est bien évidemment interdit de s’autoabsoudre d’une part et que d’autre part un prêtre est tenu de recevoir l’absolution d’un autre prêtre et ne peut entendre en confession la personne avec laquelle il se serait compromis le cas échéant
Quant aux dérives sexuelles chez les membres du clergé,ce n,’est assurément pas une nouveauté pas plus qu’elles en seraient une dans notre société contemporaine
Texte très juste de René
Tant vis à vis de l’abbé Pierre dont la personne comme celle du commun des mortels était ambivalente , capable du meilleur , ce pourquoi on l’a tant admiré , et du pire .
Mais aussi concernant notre propre attitude vis à vis de ceux quel l’on admire et que l’on a tendance à mettre sur un pied d’estal en oubliant qu’ils ont aussi leur part d’ombre que nous voulons inconsciemment occulter . Alors évidemment nous nous sentons trahi lorsque les statues des idoles se brisent alors que pourtant nous avons aussi contribué à les édifier . Nous avons aussi collectivement contribué à faire de l’abbé Pierre ce qu’il n’était pas .
Deux remarques que suscitent aussi ce texte :
– Concernant la vie personnelle et privée , un trop grand souci de transparence n’est pas dépourvu de totalitarisme . Seul ce qui constitue des infractions à la loi civile ou pénale doit être dénoncé du fait des conséquences dommageables qu’elles entrainent pour autrui . Pour le reste chacun a droit au secret en ce qui relève sa propre intimité . Si l’abbé pierre avait eu des relations affectives et sexuelles entre adultes consentants avec des femmes ou avec des hommes cela ne regardait que lui .
– Il ne faut pas non plus oublier le rôle d’une certaine conception du prêtre qui a fait croire à eux même et aux autres qu’ils étaient différents de la commune condition humaine et que leur comportement ne pouvait être apprécié à l’aune commune . L ’emploi par l’église des mots « gestes inappropriés » concernant des actes qui ne respectent pas la personne d’autrui et qui sont pénalement qualifiables de crimes ou de délits illustre parfaitement cette incapacité à nommer les choses pour ce qu’elles sont du fait de cette vision « hors sol » du prêtre exacerbée par une théologie pervertie qui a connu son acmée au XIX° siècle . Et puis aussi à quelle vision totalement pervertie de la sexualité se réfère t on pour que l’on en arrive à concevoir ( y compris en le regrettant ensuite ) que l’on puisse poser sur autrui des gestes et des paroles sans que cela ne soit le résultat d’un accord explicite et conscient des personnes concernées ?
Je suis troublé en lisant l’article suivant dans « La Croix » :
Affaire abbé Pierre : aux origines du rapport d’Egaé écrit par Caroline De Haas
Emmaüs International a confié une enquête sur l’abbé Pierre au groupe Egaé, cofondé par la militante féministe Caroline De Haas. Les méthodes de ce cabinet de conseil et de formation, présenté par l’association comme une référence, ont pu faire l’objet de polémiques, tout comme sa directrice associée.
https://www.la-croix.com/religion/affaire-abbe-pierre-aux-origines-du-rapport-d-egae-ecrit-par-caroline-de-haas-20240717
parfaitement en accord avec ce qu’écrit René que je remercie pour son courage en la matière, tout comme vous je suis troublé qu’Emmaüs France ait eu l’idée de confier cette affaire à Egae dirigée donc par madame Caroline de Haas, agence de formation aux méthodes très controversées à plusieurs reprises dans le passé récent
Si on, pouvait demander au Seigneur de voir nos ennemis tels que lui les voit
Mais allez donc lire la biographie de Caroline De Haas sur Wikipédia vous serez édifié et aurez une tout autre compréhension de l’enquête commandée par Emmaüs On peut se demander pourquoi ces « révélations » sortent maintenant , quelle est l’intention ?
Merci à René pour ce bel article je conserve aussi toute mon affection à l’Abbé Pierre . Pour le reste il n’était fait pour rester célibataire mais marié il n’aurait pas pu faire l’immense oeuvre de charité qu’il a fait.
Ah bon, il n’aurait pas pu faire, marié… Pis qu’un peu court, c’est indigent.
Holà votre réponse est agressive . C’est vrai que l’ Abbé Pierre s’est occupé toute sa vie des indigents .Vous ne comprenez pas que si il eut été marié il aurait eu une femme et des enfants et qu’il n’aurait pas eu cette totale disponibilité qu’il a eu toute vie pour les pauvres
Violent oui car il aurait pu le faire mieux et tout autrement en travaillant en équipe avec d’autres hommes et femmes mariés, en déléguant et non en se croyant instrument omniscient de Dieu, chargé de tout contrôler et de déverser son immense affection sur chacun chacune*. Pourquoi croyez vous qu’il a été ainsi quitté et mis à l’écart très tôt?**.
Oui c’est violent, tout électrochoc l’est et merci Jean-Claude: ainsi V. Margron a bien utilisé l’expression « prédateur sexuel » et pour moi, le prédateur sexuel est moins l’abbé, que l’Institution (je suis d’accord avec la thèse de F. Martel: Sodoma). Et si c’était cela l’objectif d’Emmaüs?!
* Le témoignage reçu au printemps 1969 du père de famille nombreuse proche de l’abbé résumé dans mon commentaire du 19 07, a été particulièrement éclairant pour moi.
** Sa rupture avec le MRP fit beaucoup de bruit (lettre du 28 avril 1950) et a laissé des traces profondes. Quand il s’est représenté pour être député en 1951, ni le parti ni l’Institution ne l’ont soutenu. Il y a aussi l’analyse de A. Brodiez-Dolino (Les trois âges du conflit associatif, Emmaüs et les associations de solidarité françaises depuis 1945, de fin 2011) avec cette partie centrale que vous n’avez pas lue, ou aurez écartée sur 1954-1956: « …il (l’abbé) ne peut alors pas trancher. Par incapacité d’une part, on l’a vu, causée par ses absences et sa faible appétence à la gestion des tensions. Par impossibilité d’autre part, car ces conflits sont intriqués à un facteur nodal mais alors inavouable, celui de sa propre vie privée : il connaît alors l’expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction. Dans une société et une Eglise pré-concilaires, la chose n’était tout simplement pas dicible ; seuls le savaient vraisemblablement un sommet resserré de l’Association Emmaüs, quelques journalistes, la hiérarchie ecclésiastique et les Renseignements généraux. Empêtrée dans des conflits idéologiques, institutionnels et personnels, la nouvelle direction d’Emmaüs avait donc de surcroît à gérer le problème de la personne abbé Pierre sans pouvoir en expliciter les causes. Elle a ainsi été conduite, avec la complicité de la hiérarchie catholique, à éloigner le fondateur en clinique psychiatrique suisse fin 1957 –acte perçu par les premiers compagnons comme un véritable parricide– et à vider de toute substance l’Association Emmaüs pour en faire, par peur de l’éclatement du scandale, un simple ectoplasme– d’où, entre 1954 et 1956, l’autonomisation précoce des principales activités, sous forme de sociétés anonymes (construction de logement sociaux) ou d’associations lois 1901 »
Merci René pour ta parole
« Que celui qui n’a jamais péché… »
« Qui suis-je pour juger mon frère ? »
C’est très facile de dire ça. Mais, ce qu’il convient de dire : on ne juge pas, exact, que celui qui n’a pas péché…OK, mais si la personne qui fait le mal n’a pas le moindre repentir ou s’il n’a plus la notion du mal, alors là, c’est grave. Le Christ a dit aussi : « va et ne pèche plus ou plutôt va et essaie de ne plus pécher »
A Alain
Il ne s’agit pas de juger . Il s’agit d’établir des faits .
Si ces faits sont avérés cela signifie que l’abbé Pierre a pu a la fois accomplir une œuvre admirable en faveur des plus démunis ET considerer des femmes comme des objets pour l’assouvissement de ses pulsions sexuelles incontrolées .
C’est tout .
Ensuite cela met à mal l’idole qui avait été construite sur sa personne au bénéfice du magistère de l’eglise et de la « bonne presse catholique » avec l’accord implicite de tous ceux qui ont besoin d’idoles .
Mais les faits sont les faits et les nier pourqielque motif que ce soit releve de la malhonnêteté intellectuelle .
Ensuite libre a chacun de porter un jugement sur l’abbé Pierre .
Ce dont je m’abstiens personnellement car la complexité même de toute personne humaine , la multiplicité des causesconscientes ou inconscientes des causes de nos comportements rendent tout jugement téméraire.
Seule la justice aurait pu juger les actes commis si ils avaient pu être qualifiés pénalement. L’abbe Pierre étant décédé toute action pénale est eteinte .
C’est toi qui fais une idole de l’Abbé Pierre et bien sûr bien des médias car c’était rentable ô combien…
C’st absolument désolant de voir toujours et encore de laisser courir l’éternelle refrain selon lequel l’eglise Catholique en canonisant quelqu’un le fait pour donner une idole au bon peuple et faire fonctionner à plein tous les magasins de bondieuseries qui envahissent ô combien les rues de Lourdes notamment. Personnellement j’avais une très grande estime pour l’Abbé tout comme j’avais la même estime pour Jean Paul II sans oublier pour autant que ce n’était jamais que des hommes, et que le Seul et Unique Vrai Saint est Jésus Christ,et après tout, que sait -on de la vie personnelle des Apôtres et si on le savait on trouverait chez eux aussi des défauts à la cuirasse comme dans chacun de nous.
Oui, merci Alain.
« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ;
de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. »
(Matthieu 7, 1-2)
Sans parler de l’affaire de l’abbé Pierre, il conviendrait quand même de ne pas confondre péchés, faiblesses, défauts: lot de la commune humanité et crimes ou délits que tous, fort heureusement, ne commettent pas. Sinon à quoi bon justice, tribunaux et lois ?
Il conviendrait aussi de faire attention à ne pas se servir des paroles du Christ pour justifier en définitive crimes et délits ou du moins les minorer.
Troisièmement, il conviendrait aussi de se soucier du sort des victimes potentielles ( etres humains qui ont aussi droit à respect et compassion ) et de sortir, pour ce faire, de réflexes bien cathos ( qui peuvent certes être admirables quand ils sont utilisés à bon escient ) mais ont trop souvent servi à maintenir les victimes dans un silence mortifère et empêche que justice leur soit rendue, sans compter l’absence de prévention des mêmes possibles actes délictueux dans le futur.
Marie-Christine, ne mélangeons pas tout !
Si vous voulez mettre en garde contre l’instrumentalisation de la Parole de Dieu, vous avez tout à fait raison, mais il me semble qu’il serait injuste de m’en accuser.
Je ne justifie rien, merci de ne pas me faire de procès d’intention.
En l’occurrence, et cela concerne cette affaire de l’abbé Pierre, je pense qu’il n’était pas juste de l’idolâtrer et qu’il n’est pas plus juste de le mettre plus bas que terre aujourd’hui.
En l’occurrence, ce dont on l’accuse n’est pas très glorieux, mais ce ne sont pas des crimes qui l’auraient conduit devant une cour d’assises, ne faisons pas d’amalgames, ce qui ne justifie pas pour autant de banaliser ses actes.
Sans faire des amalgames avec d’autres affaires, ce ne sont certes pas des crimes mais si ce rapport dit vrai, ce sont des délits d’agressions sexuelles a priori répétées dans le temps.
Et seules les possibles victimes de ces agressions peuvent juger de leur retentissement sur elles.
Quel gâchis, oui. Et en même temps, quelle libération !
Te voilà nu. Comme Jésus sur la Croix.
« Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante. »
MERCI, René, votre lettre est poignante, bouleversante d’humanité. Votre cri est notre cri, cri de pauvres humains qui ne sommes que ce que nous sommes… Oui, nous avons mal. Non, nous ne comprenons rien tant que nous n’avons pas compris, pour nos héros comme pour nous, cette vérité :
C’est tout nu, tous nus, que nous mourrons. C’est tout nu que nous sauvons le Monde, avec Jésus tout nu sur la Croix.
« Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante, Dieu seul suffit ».
On vous sent profondément touché et chagriné par cette nouvelle. Comment pourrait-il en être autrement ? Tant de gens sont comme vous et ont besoin de partager leur effarement. Pour ma part, ce que nous apprenons de l’abbé Pierre ne change pas mon regard sur le personnage. Parce que je n’ai jamais vu en lui un saint, une icône, un phare mais un homme comme tous les hommes. Certes doté de grandes qualités, pratiquant de grandes vertus, vivant autant qu’il le pouvait de la loi d’amour du Christ, il n’était pourtant qu’un pécheur comme nous le sommes tous, ni plus ni moins. Les chrétiens, du moins les catholiques romains, ont besoins de saints – quitte à en fabriquer – à honorer, à admirer, à prier. Mais il n’y a pas de saint. Aucun homme, aucune femme sur terre ne mérite le piédestal de la sainteté. Dieu seul est saint (1Sam 2, 2) et nous avons en son Fils, le seul exemple de sainteté dont nous avons besoin. L’Eglise catholique romaine ferait bien de s’en rappeler.
Cher René,
Tu sais trouver les mots qui touchent et qui soignent le désarroi des autres.
Je te souhaite d’entendre ceux qui t’aideront à panser tes propres blessures affectives.
Puisse l’Eglise s’interroger sur le célibat des prêtres et l’époque savoir choisir ses héros sans en sacrifier d’autres sur l’autel de l’indignation médiatique.
L’Abbé Pierre reste une personne qui m’inspire.
Et toi un ami très cher.
Je salue l’audace d’Emmaüs International qui a retenu pour enquêter sur les pulsions sexuelles banales de son fondateur une association féministe assumée comme telle. Cette manière de renverser la table rejoint le cri de l’abbé-député de 1954. Quand un électrochoc s’impose, l’audace s’impose en 1954 comme en 2024. Cet homme a été « idolisé » de son vivant, à son corps défendant je l’espère et le crois et ce doit être cruel à vivre. C’est en tous cas ce que me dicte le ton d’amitié et de reconnaissance du témoignage de René.
J’ai reçu le témoignage il y a 55 ans d’un proche de l’abbé de la même génération que lui. Ce père de famille qui avait été un des responsables du pôle construction avait quitté l’Emmaüs de l’abbé avec quelques autrespour fonder un autre « Emmaüs construction » estimant que l’ampleur des projets dépassait les aptitudes d’organisateur et de gestionnaire de l’abbé, qui voulait tout maîtriser. Difficile cohabitation de l’éthique de conviction avec celle de responsabilité!
Dans le cadre du sujet « le conflit impensé du monde associatif » (direction Y. Lochard, A. Trenta, N. Vézina), l’article d’A. Brodiez-Dolino du 22/11/2011 « Les trois âges du conflit associatif, Emmaüs et les associations de solidarité françaises depuis 1945 » montre que toutes les grandes associations sociales nées à cette époque ont été confrontées aux même défis: rôle des politiques, des religions, de l’argent, des idéologies.
Comme René, je trouve révoltant de ramasser un caillou destiné à l’abbé. Qui, homme ou femme n’a pas été tenté? Qui, ordonné ou consacré(e) n’a pas été privé face à la tentation du secours en pensée de l’affection d’un époux d’une épouse, d’un enfant. La solitude affective qu’impose l’Institution à ses ordonnés et consacré(e)s est bien au coeur du système. Sans trop exagérer, il est raisonnable de prétendre qu’il est normal, heureux même, que l’abbé ne soit pas parvenu à toujours échapper à la tentation de toucher. Selon son livre de 2005, il a été conscient de sa faiblesse mais n’a pas compris quel poids il a reporté sur ses « proies ». L’Institution sera-t-elle un jour capable de comprendre la torture qu’elle impose aux « siens » et la « réaction en chaine » qui en résulte?
Je ne sais s’il faut saluer l’audace d’Emmaüs international.
Mais je sais que le rapport sur lequel se fonde cette vaste campagne est d’une médiocrité rare. Que chacun se fasse son idée :
https://www.emmaus-international.org/wp-content/uploads/2024/07/Rapport_enquete_IE-04072024_FR.pdf
Ah oui René, cette indigence est tout à fait surprenante.
Indigence, médiocrité, c’est comme le rapport Sauvé, qu’on a essayé d’enterrer avec la complicité de (attention les yeux) l’académie catholique française! Heureusement, il y en a qui ont eu de démissionner de cette méprisable institution et pas des moindres!
Euh… non ! Entre les 6 pages de ce document ré&dig&ées par une seule personne et les centaines de pages avec Annexes du rapport Sauvé, fruit du travail d’un vrai collectif d’experts, il n’y a, précisément, pas grand chose de commun.
« Médiocrité rare du rapport » est un peu court. Ce rapport qui repose sur l’anonymat ouvre par nature à bien des doutes. Possible aussi que le cadrage voulu par Emmaüs International (objet, délai, mise en relation avec A, B, C… et autres « témoins », coût…) ont conduit à ce rapport bref et précis, nul doute aussi que l’engagement féministe de l’auteure choisie par Emmaüs International y est pour quelques chose. Ainsi, puisque campagne il semble y avoir, elle résulte de choix d’Emmaüs International alors que le sujet du « cadre d’emploi » des bénévoles et salariés d »Emmaüs est, en France, de ceux qui ont fait l’actualité récente. Je ne serais pas surpris qu’à l’origine de cette « campagne » se retrouvent des intérêts et enjeux « politiques, religieux, financiers et idéologiques » signalés par le travail cité de 2011 et sans nul doute toujours à l’œuvre.
« Ce rapport d’enquête, rédigé par Caroline De Haas, directrice associée du groupe Egaé, fait la synthèse des éléments récoltés dans le cadre des entretiens et recherches qu’elle a menés. » précise en bas de page le document » Rapport d’enquête ».
S’agit-il d’une synthèse ou d’un rapport ? Un rapport développerait davantage ce qu’une synthèse résumerait. Ce n’est pas une synthèse, mais un rapport sans développement. Aucune information supplémentaire n’est donc à attendre. » C’est un peu court, jeune homme ».
Vous dites, Jean-Pierre : » nul doute aussi que l’engagement féministe de l’auteure choisie par Emmaüs International y est pour quelques chose » , quant au caractère « bref et précis » du fameux rapport.
En la matière, et encore une fois vu le sujet, il aurait mieux valu être long pour être précis ( objet d’un véritable rapport).
La question qui se pose est : est-ce possible ? Si ce n’est pas possible, en effet » l’engagement féministe » est envisageable. Et, en ce cas, c’est grave. Mais on comprend la généralité des termes, l’imprécision des dates, des périodes, de la fréquence ou non des « agissements ».
Car on découvre surtout un pauvre homme génial, entouré et des tétanisés par son aura et des emmerdés par son problème bien connus.
Serait-il, cet abbé Pierre, coupable de choses bien pires encore, inavouées, inavouables, depuis les années 1950 ( selon un témoin de témoin mort) ? Il est temps d’aller plus loin, de tout dire.
Bref il faut un rapport. Mais il n’ y en a pas. Peut-être parce qu’il n’ y a pas plus. Mais le doute est jeté, mais sur tout le monde, y compris les victimes.
C’est incroyable et incompréhensible.
Mais nous nageons dans le bonheur. Des intérêts politiques, financiers, religieux et idéologiques!
Et ben voilà on y est! Mais tous ces intérêts, c’est à quel dessein? Quelqu’un pourrait-il m’éclairer la- dessus ?
je crois voir derrière tout cela le rôle de « quelqu’un » dont on ne parle plus jamais entre nous qui sommes enfin devenus des chrétiens adultes
Précisez votre pensée svp
L’I nstitution ne serait donc qu’une exécrable marâtre n’ayant comme seule raison de vivre que de rendre impossible la vie de ceux qui l’a suivent et ce même si ils sont blessés par cette dernière
Lorsqu’on lit que Caroline de Haas est « contestée », cela veut dire en clair que, ses investigations ont conduit à des licenciements, clairement abusifs, après une enquête digne de ce nom. En plus clair encore, cela veut dire que des hommes ont été accusés à tort d’agressions et de harcèlement sexuels. Ils ont perdu emploi et réputation.
Emmaüs ne pouvait qu’ avoir connaissance de cette « contestation ». Le choix du cabinet d’Egaé est donc particulièrement mal avisé et, à ce degré de notoriété, l’imprudence est inexcusable.
Certes Anne elle est contestée, et à raison, certes il ne s’agit au plan légal que de harcèlements et d’agressions. Mais trop insister là-dessus semble vouloir exonérer le commanditaire de l’enquête, manifestement téléguidée, de ses responsabilités. Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation abbé Pierre avaient été alertés de longue date du désarroi affectif de l’abbé et de ses conséquences, lui même s’était livré avec pudeur dans son livre de 2005. Ces grandes associations ont forcément agit en parfaite connaissance des tenants et aboutissants et en sachant les répercussions d’un tel rapport rendus public par elles. Aussi, il faut répèter que plutôt que chercher des poux dans la tête de Caroline De Haas -il est notoire qu’elle en a-il serait plus pertinent de se demander « pourquoi cette commande? » « Que masque la campagne qui en a inévitablement découlé? ».
Merci à René pour le rapport, auquel manque la pièce fondatrice « la lettre de mission » (inaccessible pour l’instant sur le site « Fondation abbé Pierre »).
Merrci Jean-Pierre , je m’interroge en partie comme vous sur la véritable motivation d’Emmaüs.
On tourne autour du pot. Appelons un chat un chat. Sœur Véronique a parlé et sa sentence est tombée : l’abbé Pierre était un prédateur sexuel et le plus gros scandale a été que ce fut tu pendant 35 ans. Forcément, il y avait des complices dans ce système idolâtre!
Merci Jean-Claude et Anne. Ras le bol des bonnes gens qui veulent surtout ne pas savoir ce qu’il y a sous le tapis. Si le terme prédateur a été utilisé par V.Margron, ce ne peut être de manière abusive. Mais l’a-t-elle vraiment utilisé? En tous cas, sa religion est faites et je la partage mieux que celle de René dont je comprends la peine.
Le gamin amoureux de 18 ans que j’ai été se rappelle très bien du mal être qui résultat pour lui du geste de toucher de sa main celle de la jeune fille assise à côté de lui et avec laquelle il passait des heures chaque week-end depuis près de deux ans et qu’il a tant aimée. C’est ainsi, au retrait léger de sa main, qu’il a appris, charnellement et spirituellement tout à la fois, ce que signifie le consentement. A ce que j’ai compris Henri Grouès avait lui aussi, et depuis longtemps, pleine conscience de ce qu’est le consentement.
Alors je persiste et signe Dominique B., c’est bien l’Institution la grande coupable de l’enfermement dans lequel elle tient « ses » ordonnés et consacrés » et aussi des inévitable et systémiques désordre qui ne peuvent qu’en découler.
Tant mieux si l’audace d’Emmaüs (International; France et Fondation dérange), Emmaüs est ainsi fidèle aux valeurs qui ont animé l’action publique de l’abbé Pierre. C’est aussi rendre un grand honneur à la mémoire de l’abbé Pierre que de ne pas tricher avec la vérité dune partie importante de sa vie intime qu’il a cherché à ne pas cacher sans oser aller au bout de ce qu’il avait à dire (en 2005).
Je l’ai lu tout à l’heure. Sœur Véronique a bien parlé expressément de prédateur sexuel!
Lecture primaire de la Genèse serait donc la seule proclamée par l’Eglise vraiment?
Merci pour ce texte et ces commentaires.
J’aimerai revenir sur le caractère « saint » Saint veut dire « mis à part. Tous les croyants sont saints c’est à dire séparés des non croyants, ils sont l’église.
Le caractère de sainteté a été détourné pour mettre en avant les meilleurs d’entre nous et les glorifier. C’est, je pense, une erreur. Il conviendrait de revenir à la définition biblique.
Je me demande comment, pour un personnage d’ une telle aura, cette synthèse de « huit pages » puisse se contenter d’énumérer » différents faits » subis par 7 personnes sur une durée de 20 à 30 ans, de » la fin des années1970″ à 2005, pour les rassembler sous le terme générique de « violence », sans nuancer davantage.
Car rien n’ à voir avec les affaires gravissimes, criminelles ( au sens juridique) que nous connaissons tous depuis la Ciase. L’ensemble, d’une affligeante et répugnante banalité, milite pour une information et une défense syndicales au sein de tous les groupements de salariés, surtout catholiques. La direction, qui plus est avertie ( quand exactement ?) de ce qui semble avoir été un secret de polichinelle dans l’équipe proche du fondateur d’Emmaüs, aurait pu facilement mettre un terme à ses agissements.
Soyons clairs : le pire de cette « violence » est un baiser forcé et des attouchements, souvent repoussés et peu répétés, sur les seins. Attention, je ne mets aucunement en cause ni les propos des « victimes », ni leur bouleversement : l’Abbé Pierre était une icône et la sidération vécue est parfaitement compréhensible.
Que veut cependant signifier ce terme de « violence » puisqu’aucun viol n’est dénoncé ? Qu’a voulu faire exactement Emmaüs en commandant ce rapport ? On peut admettre le conditionnel, mais beaucoup de » pouvant être », des récits de seconde , voire de troisième main, des victimes ou témoins décédés dont on rapporte donc des propos. Beaucoup, aussi, de fourchettes de dates, non pour des actes répétés, mais pour un acte dont la précision temporelle fait défaut.
Bref, d’un côté des « faits » de « violence » relevant des prud’hommes ou de la correctionnelle, de l’autre des « on-dit », invérifiables, mais amalgamés et créant , dans les titres de presse comme dans le ressenti du lecteur, un effet de masse et de durée dans l’impunité.
Les « faits » dénoncés, par leur caractère ténu, très dispersé, eu égard à la personnalité mise en cause, absolument considérable, auraient exigé un rapport d’une particulière rigueur, un choix des termes respectant la gradation juridique et écartant résolûment l’effet d’amalgame. Tel n’est pas le cas. Je crains fort que tous soient discrédités : l’abbé Pierre, définitivement, Emmaüs dans son intention et les victimes, assûrément honnêtes, mais dont les témoignages rendus publics sont grandement affaiblis, bien malgré elles, par un manque de précision et de rigueur d’ensemble qui, de toute évidence, s’imposaient.
Cher René, il me semble qu’il nous est demandé depuis 15 ans de vivre une période d’ordre proprement métaphysique sur le plan de la raison et de dénuement dans la foi pure. Le sol se dérobe de partout sous nos pieds. Ça n’arrête pas de trembler. Tout ce qui n’était pas ancré et enraciné dans la foi dépuillée en Dieu s’effondre. Là où le vertige est le plus grand, c’est lorsque le sol de l’Eglise lui-même nous manque. Plus aucun appui humain. Le mensonge humain congénital apparaît dans toute sa hideur, du plus petit au plus grand. Nous vivons comme une sorte de jugement dernier. Je n’ai pas commis de crimes ni de délits, mais puis-je m’en glorifier ? Comme a dit un saint : entre un criminel et moi, il n’y a que la grâce de Dieu. Si j’étais mis à nu sous les projecteurs modernes, mon insignifiance et ma vanité seraient tellement flagrantes que tout un chacun se sentirait habilité à me lancer des pierres pour me chasser. L’abbé Pierre était notre projection nationale. C’est la part idéaliste de nous-même que nous voulions voir en lui. Et voici que L’abbé nous rend indirectement service post mortem. Cette faille qui vous effraie en moi, pourrait-il nous dire, c’est la vôtre. Chacun me saura gré de bien comprendre le sens de mon commentaire (qu’on m’enterre !) : les victimes ont totalement raison d’avoir enfin parlé et c’est un devoir de les écouter et de les aider. J’essaie de penser ces événements qui ont quelque chose à nous enseigner. Pourquoi le Seigneur met-il son Épouse, celle qu’il purifie et sanctifie, la Sainte Église, à poil au milieu du monde en danger de se faire violer par les passants (Cf. Ezéchiel 16 dont je recommande vivement la lecture aux imprécateurs d’occasion) ? C’est là que le retour à Dieu seul dans la foi nue s’impose dans un silence profond du cœur et de ses pensées. C’est ce qui me sauve. Pour prendre moi aussi une image violente, si on retrouvait le successeur de saint Pierre avec le manche de la hallebarde d’un garde suisse là où vous pensez, qu’est-ce que ça changerait au salut apporté par Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Je vous avais prévenu : c’est extrême. Et pourtant, à qui se raccrocher sinon au même Seigneur Jésus dont la foi bienfaisante nous est transmise par cette même Église qui le trahit ? C’est le prophète Isaïe qui soutient mon espérance (54, 10) : « Même si les montagnes s’écartaient, si les collines s’ébranlaient, ma fidélité ne s’écarterait pas de toi, mon alliance de paix ne serait pas ébranlée ». Ne voyons-nous pas les montagnes et les collines s’effondrer ? Quand les médiateurs et médiatrices du Seigneur en temps non sismique s’écroulent, cela signifie que c’est le Seigneur lui-même qui renverse la sainte table pour insuffler un esprit totalement nouveau. C’est ce souffle que j’essaie de percevoir silencieusement dans ce qui se passe. Tout en approuvant totalement les victimes et la libération de leur parole, en leur apportant mon soutien entier, voilà pourquoi je ne jetterai pas de pomme pourrie sur la figure de l’abbé. Ça reviendrait à me la jeter à moi-même puisque je ne puis pas me distinguer de l’ensemble des autres dont il est notre projection idolâtrée. Quand on vit une telle période historique, il est bon de se rappeler la fin du chapitre 16 d’Ezéchiel : « Moi, [dit Dieu] je me ressouviendrai de mon alliance, celle que j’ai conclue avec toi au temps de ta jeunesse, et j’établirai pour toi une alliance éternelle. » René, je ne peux concevoir pour toi qu’un soutien métaphysique et biblique. L’abbé demeure un grand homme avec une grande faille. Puissions-nous ne pas nous laisser prendre par le vertige de la faille !
Ouais, on ne fait pas beaucoup avancer le schmilblic!
Et voilà, la faille, c’est les autres, comme les pharisiens du temps de Jésus. C’est à nous tous individuellement et collectivement de faire un examen de conscience!
Restons mesurés, ne jugeons pas, et laissons le dernier mot à Dieu avec sa justice et sa miséricorde…
On tergiverse! On trouvera toujours des circonstances atténuantes à l’abbé Pierre. Mais une œuvre la plus magnifique soit-elle peut être entachée! À cause de quoi? Du péché originel, n’en déplaise à René Poujol. Par contre, pourquoi l’Église catholique est-elle rigide à ce point? Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir des prêtre catholiques mariés, comme dans certains pays du Proche Orient?
Bien sûr qu’il existe des prêtres mariés sans parler des pasteurs protestants, mais au bout du compte qu’est ce que ça change ?Nous cathos français,nous connaissons incontestablement une baisse des vocationset à côté chez nos fréres protestants la situation n’est en rien plus favorable.
Pour moi à ma modeste place le Christ a eu beau nous dire que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde nous refusons d’entendre cette parole non pas essentiellement par modestie mais plutôt par lâcheté car quelle audace de prendre ces paroles au sérieux,ce qui ne veut pas dire pour autant que nous devons nous en glorifier bien sûr
Merci René pour votre lettre.
Comme vous, cette nouvelle crée beaucoup de remous en moi. Des noms, des visages d’amis, de confrères qui sont tombés reviennent…. Je pense à Gerald qui s’est donné la mort au moment même où il devait animer avec moi une séquence inédite d’échange au sein d’un conseil presbytéral sur les questions.de souffrances liées à l’exercice du ministère ordonné… et à de nombreux autres qui après avoir été valorisés se sont retrouvés seuls, abandonnés et qui ont disparu dans des conditions indignes…
Pourquoi notre Église n’entend elle pas ces cris, ces voix éteintes. Des réformes profondes s’imposent. Nous sommes nombreux à le souhaiter, la démarche synodale en cours le permet, elle s’oriente sur des questions de fond sur l’organisation ecclésiale. C’est nécessaire mais pendent ce temps les actions concrètes nécessaires sont reportées, la souffrance demeure, des femmes, des hommes qui pourraient offrir à notre temps une parole d’évangile s’éloignent… Je suis triste…
-Comment apprécier la qualité du rapport commandé par Emmaus sans connaître la nature de la commande et son cahier des charges ?
-Doot on penser a priori que madame de Haas n’ait aucune déontologie professionnelle et qu’elle ne fasse pas la part de ce qui relève de son travail et de ce qui relève de ses convictions personnelles ?
Concernant les agissements de l’abbé Pierre , il faut distinguer ce qui relevetaot de la loi pénale de la loi civile de la responsabilité et de la morale .
Le fait que les actes qu’aurait commis l’abbé Pierre ne releverait pas de la loi pénale ne peut constituer un argument pour les minimiser voire les considérer comme sans gravité .Le fait de subir une main mise sur son corps en.l’absence de tout consentement est un acte grave , dommageable pour la victime et engage la responsabilité de son auteur.
Quant à l’Eglise , son institution est comme toutes les institutions humaines et c’est plutôt un bon signe semelle le reconnaisse .Encore faut ilqu’elle en tore toutes les conséquences quant à sa vision d’elle même et son organisation .
L’abbe Pierre est né et a vécu a une époque où le prêtre est sacramise , ou l’on considère qu’il est au dessus par statut de la loi des hommes .Qui peut affirmer que cette conception du prêtre n’a pas aussi influrncé son comportement à l’égard des femmes ?
Pour reprendre la formule de Sarthe, l’abbé Pierre était « un homme , fait de tous les hommes , qui les vaut tous et que vaut n’importe qui . » . Dans ce qu’il a fait de mieux comme dans ce qu’il a fait de pire ..
Si nous sommes chrétiens nous croyons aussi que cette condition humaine.n’est pas reductible à « ce misérable petit tas de secrets » (Malraux) mais qu’il y a en elle un.petit qielque chose qui mérite d’être sauvé . Malgré tout .
Guy, la qualité du rapport s’apprécie d’elle-même et nul besoin de connaître les demandes précises d’ Emmaüs International.
Combien de personnes, meurtries, liront ce document et s’étonneront de son contenu famélique, imprécis, rempli de répétitions ( sans elles, on serait à 5 pages) ? Très peu. L’abbé Pierre n’est pas un Marie-Dominique Philippe, mais ne peut qu’être assimilé à lui.
C’est cela qui pose question : quel est l’intérêt d’Emmaüs International dans le choix d’Egaé – et la publication de ce travail indigent, rédigé par sa seule directrice-adjointe ?
Si l’on accusait Racine de ne pas avoir écrit ses tragédies, on confierait le rapport au spécialiste mondial de Racine et tous les éditeurs, bien conscients de l’enjeu économiques exigeraient une précision irréprochable. Mais si on le confie à un besogneux de 1ère année, personne ne comprendrait.
Tel est mon cas avec ce document.
Il serait donc particulièrement utile qu’Emmaüs International s’explique…et l’explique aux victimes. Une fois bien sûr changé profondément le regard qu’il porte » sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion. » car de clairvoyants qu’ils étaient , ils sont devenus aveugles et les voilà, nouveaux Bartimé, guéris par la vérité ? Que c’est beau tout ça.
A Anne
Voulez vous insinuer que Emmaus international prend les devants en révélant les actes de l’abbé Pierre de la façon la plus minimale qui soit afin que l’oeuvre Emmaus ne soit pas emportée dans la tourmente et assure ainsi sa pérennité .
Emmaus le savait , Emmaus l’a révélé en premier , (via un rapport bâclé rédiger par une personne connue pour défendre la cause des femmes ) donc Emmaus est irréprochable .
C’est cela votre analyse ?
Je n’insinue rien, Guy et m’étonne de la vivacité de votre ton.
. Je n’ai aucun lien avec Emmaüs et n’ai jamais particulièrement pensé à cette association.Je connais l’Abbé Pierre comme tous les français : mes grands-parents et parents (alors jeunes) ont été profondément marqués par l’épisode de l’hiver 54. J’ai vu le film avec Lambert Wilson et, comme tout le monde j’ai donné/ acheté à Emmaüs. Mais je sais considérable la figure de l’Abbé Pierre.
Quant aux révélations , elles ne m’ont pas plus émue que ça puisqu’il est clair qu’il ne faut plus s’étonner de rien. Je ne me sens donc pas concernée par cette affaire, mais je comprends et respecte parfaitement la peine des uns ou la colère des autres.
Je précise que je suis très mal à l’aise, aussi, avec le tribunal médiatique.
J’ai donc voulu lire ce rapport. La Ciase et l’Affaire nous ont habitués à du haut niveau d’analyse.
Les titres de presse laissaient évidemment penser au pire : des viols, des manipulations sacramentelles. Ainsi persuadée, ayant déniché ce rapport via un lien du Parisien, je l’ai lu et ai été abasourdie. par son indigence, son vague, son imprécision comme par la nature non pénale des « faits ».
Plus qu’interloquée, j’ai ensuite recherché des informations sur Caroline de Haas; un article de Marianne m’ a plus particulièrement éclairée.
Je trouve pathétique que, de désarrois connus en réalité de longue date, que l’Abbé Pierre ne cherchait pas à dissimuler ( on est très loin de Jean Vanier ou des frères Philippe) on aboutisse à une émotion médiatique qui met dans le même sac de véritables criminels et cet homme dont les faiblesses ne sont pas des crimes.
Sur France Bleu, Véronique Margron , forte de toute sa propre aura, n’hésite pas à dire « Le scandale, c’est que durant 35 ans, il ait pu commettre ces méfaits en toute impunité ». Je doute qu’elle ait lu le rapport, ou, si elle l’ a lu, ses propos auraient dû se faire bien plus mesurés.
En aucun cas Emmaüs n’aurait dû accepter/publier « un rapport bâclé » . Si son but a été de charger son fondateur pour se laver les mains de ses propres manquements, c’est réussi, mais c’est minable. Et si Emmaüs voulait qu’on pense les choses autrement, il n’avait qu’à exiger un rapport digne de ce nom, soucieux aussi de ne pas ajouter du trouble à la peine.
Soeur Véronique, à la demande d’une femme, non majeure à l »époque des faits, reste venue lui rapporter les faits circonstancié, tels qu’elle les a vécus, à l’époque toute jeune fille et ça l’a terriblement marqué! Alors, inutile de discourir, les faits sont là et sœur Véronique a eu bien fait de qualifier ces faits répréhensibles de prédation sexuelle qui peuvent marquer pour la vie une jeune fille.
Merci Anne de ce que vous dites sur le tribunal médiatique et du malaise qu’il suscite en vous.
René y fait allusion à propos d’une autre « affaire » à propos d’une unique accusation (très suspecte quant on connaît le contexte) portée contre André Gouzes, de son dossier officieusement « vide » et du silence du Procureur.
Et voilà comment un innocent juridiquement demeure condamné médiatiquement.
Il y a une Justice et elle enquête. Le vrai problème est de savoir si les faits de prédation sexuelles sont récurrents ou s’ils sont exceptionnels, auquel cas, comme pour le père André Gouze, il faudrait faire preuve d’indulgence sur des faits avérés, mais exceptionnels.
Dans le cas de l’abbé Pierre, il n’y aura pas d’enquête de justice car l’action éventuelle est close par son décès.
Dans le cas d’André Gouzes, il n’y a pas eu d’action en justice après le signalement.
Dans leur communiqué commun rendent publics des faits graves commis par l’abbé Pierre, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre écrivent : « Ces agissements changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu avant tout pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion. »
Est-ce bien juste de changer profondément notre regard ?
Pierre Vignon écrit justement : « L’abbé Pierre était notre projection nationale. C’est la part idéaliste de nous-même que nous voulions voir en lui. Et voici que L’abbé nous rend indirectement service post mortem. Cette faille qui vous effraie en moi, pourrait-il nous dire, c’est la vôtre. (…) L’abbé demeure un grand homme avec une grande faille. Puissions-nous ne pas nous laisser prendre par le vertige de la faille ! »
René, tu écris justement aussi : « L’abbé, combien de fois m’as-tu dit : « Lorsqu’on a vaincu la peur de la pauvreté, de la souffrance et de la mort, alors mais alors seulement, on devient un homme libre.» Tu as vécu dans la pauvreté. J’en puis témoigner. Te voilà désormais dans la pauvreté la plus extrême, dépouillé de cet ultime orgueil qu’avec notre assentiment tu avais emporté avec toi dans la tombe. Te voilà nu. Définitivement nu ? »
Une chose admirable à été faite par l’abbé Pierre au-delà de la pauvreté, c’est de rendre de la dignité à tous ces gens, en bas de l’échelle sociale à notre époque où on ne parle qu’échelle sociale!
Oui, et de la plus belle des manières quand il dit à Georges Legay désespéré et suicidaire (qui deviendra son premier compagnon) : « Je ne peux pas t’aider, mais toi, tu peux m’aider à aider les autres ».
A Jean-Claude, pour votre post publié ce 20 juillet à 9h07.
Je ne mets en aucune façon en doute les faits exprimés par les victimes.
Cette affaire illustre cependant parfaitement toutes les limites du genre. Quitte à prendre une volée de bois vert je considère très problématique, à partir du moment où la chose est publique – et public signifie aujourd’hui mondial et inscrit ad vitam éternam sur le web- qu’on mette sur le même plan des crimes et des délits, et même des gestes débiles qui méritent une baffe.
La place prise par la victime est un véritable problème. Heureusement que la justice prévoit, elle, des hiérarchies dans la faute comme dans la sanction. L’opinion condamnerait l’abbé Pierre, nouveau « prédateur sexuel » ( terme honteux qui déshumanise ce qui reste une personne; j’admire d’ailleurs le courage de leurs avocats, régulièrement insultés et même menacés) à 30 ans de prison à l’instar d’un Guy Georges.
Là on se dit, oh bah non, quand même. Et bah si.
Je trouve déplorable que Véronique Margron se joigne à l’hallali universel, regrettable aussi que le « rapport » n’ait pas jugé bon de documenter précisément l’historique de son enquête. J’ai été surprise qu’elle révèle son rôle en ces jours de publication : est-ce pour lester de son autorité un document qui en manque cruellement ?
Quant aux victimes, même pour celles qui ont obtenu justice, il me parait impossible qu’elles reçoivent ce qu’elles espèrent : une complète réparation. Tout simplement parce qu’on est sur la terre et pas au ciel. Il faut certes faire ce qu’il faut – et c’est loin d’être le cas – mais écarter toute illusion mortifère d’une justice et d’une paix qui ne sont pas de ce monde.
Il semble que ce qui indigne les différentes victimes de l’abbé soit davantage son aura divine ( entretenue moins par lui-même que par ses entourages, distinction essentielle) que les gestes eux-mêmes.
Inutile donc de jouer les étonnés puisque ses faiblesses étaient connues de tous ( des hiérarchies diverses) qui ont, par leurs incompétences et/ou lachetés, préserver leur pactole de gloire. ( Merci d’ailleurs, René, pour votre citation de la lettre du cardinal Feltin).
Ces parangons de vertu m’ effarent et me scandalisent.
Les purs, les pharisiens, aujourd’hui comme hier…
Veronique Margron a reçu apparemment le témoignage d’une victime ( et une agression sexuelle est un délit et non un simple geste déplacé ) et elle l’a crue. Quand on lit dans une certaine presse catholique, dans le JDD et Le Figaro, sur les réseaux sociaux, des commentaires aussi odieux sur les potentielles victimes, qui chercheraient renommée ou argent ?, ou seraient bien évidemment manipulées, je pense que la position de Véronique Margron qui, quant à elle, a reçu vraiment et non par ouïe dire ce témoignage, mérite plus d’indulgence que d’accusations.
Et qui a dit que les victimes cherchaient une complète réparation, bien evidemmment impossible ? Cela ne signifie pas pour autant que la reconnaissance officielle de la vérité des faits, si ces faits délictueux ont bien eu lieu, ne soit pas un élément décisif de leur éventuelle réhabilitation..
Merci de ce commentaire… qui dit bien la complexité des choses. Si, comme vous l’écrivez, « la reconnaissance officielle de la vérité des faits, si ces faits délictueux ont bien eu lieu » doit ouvrir à la réhabilitation des victimes on voit bien qu’elle ne servirait nullement – si ces faits étaient contestés – à la moindre réhabilitation du présumé agresseur. Et s’il y a réellement délit – en non pas crime – on peut se demander s’il n’y a pas un décalage entre les faits et leur conséquence ?
Si l’on veut avoir des informations enfin précises et circonstanciées, il suffit de lire Le Monde.
Je trouve en effet l’article du Monde (tribune signée de quatre membres de la Ciase qui, dans ce cadre, ont eu à connaître du dossier de l’abbé Pierre) infiniment plus convaincant et étayé que le rapport commandité par Emmaüs. Sauf que sans la révélation de l’affaire… les observations de la Ciase (c’était la règle) n’auraient pas été rendues publiques.
à Marie-Christine,
C’est moi qui dit que les victimes peuvent espérer une réparation complète, ce qui est bien humain.
La reconnaissance « officielle » ( publique ou judiciaire ?, c’est en réalité beaucoup de la question)) est un élément décisif mais limité, qu’une audience médiatique considérable sans toute la rigueur voulue d’un « rapport » n’accroît en rien. Les victimes ne sont évidemment en rien responsables d’un travail tout à la fois indigent et retentissant.
Par contre la Tribune du Monde est très intéressante, car très circonstanciée.
Je trouve parfaitement désagréable le décalage de rigueur intellectuelle entre ces deux documents, et rès désagréable aussi cette chronologie de dévoilement.
Ce double décalage m’interroge d’ailleurs.
Je ne comprends pas très bien l’attitude de ces quatre membres de la CIASE.
S’ils n’étaient pas tenus au devoir de réserve, pourquoi n’en ont-ils pas fait état dans leur rapport et pourquoi reprochent-ils à d’autres leur silence ?
S’ils étaient tenus à un devoir de réserve, pourquoi s’en délient-ils aujourd’hui ?
J’aimerai connaître la position de Jean-Marc Sauvé dont j’admire l’éthique sur l’attitude curieuse de ses collègues…
Je crois que leur mandat ne prévoyait pas de sortir de l’anonymat des confidences reçues. Tout au plus étaient-ils tenus, si l’agresseur présumé était encore vivant, d’effectuer un signalement auprès des autorités ce qui, dans le cas présent, était sans objet. En revanche, à partir du moment où uneune « affaire » est sur la place publique, je ne vois pas au nom de quoi on leur interdirait de contribuer à l’établissement de la vérité. Personnellement je leur sais gré de cette parole publique qui me semble plus convaincante et étayée, je l’ai dit, que les feuillets remis à Emmaüs. Sauf à considérer que l’abbé Pierre doit rester intouchable. Ce qui n’est pas le point de vue de l’ami que je demeure.
Merci René de cette importante pécision concernant l’impossibilité d’utiliser les informations de la Ciase avant révélation publique d’une affaire.
Cela expliqurait le décalage chronologique. Mais cela fait un peu effet de « feu vert » donné pour du solide après du mou.
Le cabinet Egaé pour son enquête, n’avait donc pas accès à ses documents. Il avait par contre accès aux ouvrages publiés et cités dans les commentaires. Pouvait-il les utiliser pour contextualiser ses révélations ?
Dans le premier cercle de l’abbé Pierre, tout le monde savait. Apparemment on a simplement éloigné d’autres potentielles victimes de l’abbé. C’est « normal », car son aura en prnait un « sacré » coup et sa panthéonisartion s’écroulait . Serait-il resté l’homme préféré des Français?
Pendant longtemps, il y a eu une omerta dans tous les domaines dans l’Église. Le seul remède? On éloignait le prédateur d’autres potentielles victimes, mais les sanctions et les réparations, la réputation et l’aura de l’Église se ternissaient. Pensez donc, la Sainte Église! Heureusement, par la Grâce de Dieu, il y eu la libération de la parole pour dénoncer les différentes manipulations mentales et agressions physiques de trop nombreux membres de l’Église.
Dans le premier cercle de l’abbé Pierre « tout le monde savait » écrivez-vous. Quelle preuve en apportez-vous ? le père Jean-Marie Viennet, avec qui j’ai écrit Le secret spirituel de l’abbé Pierre (Salvator 2013) a accompagné l’abbé Pierre partout à travers le monde. Il me dit n’avoir jamais rien constaté de tel de sa part. Ce qui ne signe pas qu’il n’y avait rien mais qu’il n’a rien vu. Donc il ne savait pas. Et pour ceux qui savaient, ils savaient quoi ? Il y a loin de l’intuition… à la preuve et à la claire vision des faits. Nous ressasser en permanence ce que tout le monde sait désormais : à savoir l’existence d’une omerta organisée pour ne pas porter tort à l’institution ne fait faire progresser la réflexion, à ce stade.
Je voulais dire que le cas de l’abbé Pierre est un cas parmi tant d’autres dans l’Église, quoique de nature différente, ici c’est la Communauté Emmaus. Comme je l’ai dit, pendant très longtemps, lÉglise faisait peu de cas des victimes des fois atteintes irréversiblement! On parle beaucoup de l’abbé et je n’en démord pas….que très peu des victimes, ce qui a été le cas de l’Église pendant trop longtemps.
Mais on ne parle de l’abbé qu’à propos des victimes et travers les victimes. Et comment voulez-vous parler vraiment et autrement de personnes qui, pour des raisons que je comprends et respecte, veulent rester dans l’anonymat. Il y a là un vrai problème.
Je m’appuie sur certaines confidences, dignes de foi? Je ne sais. Mais, la défiance du clergé vis à vis de l’abbé et la culture du secret dans l’Église me font douter de tout!
« Je vous remercie de m’avoir fait connaître un saint de mon vivant. »
Peut-être qu’avant de se demander si elle est sainte, l’Eglise catholique devrait abandoner ce culte des saints, devenu d’autant plus dangereux dans cette ère médiatique prompte à encenser, je n’ose dire à lécher, à lâcher puis à lyncher. N’ouvrez jamais le placard de personne, vous y trouverez nécessairement un cadavre, un être traumatisé ou bafoué. L’abbé Pierre n’a pas échapé à la règle, qui te tutoyait, René, quand tu le vouvoyais, attitude cléricale s’il en est. J’entends par là peu respectueuse, inégalitaire, en surplomb.
Lorsqu’il a confié à Frédéric Lenoir ses « liaisons passagères », je me suis dit que l’abbé Pierre s’arrangé pour qu’on n’instruise pas et même détruisait par avance l’instruction de son procès en canonisation, c’est tout à son honneur.
« Je t’en veux pour toi, d’avoir ainsi foutu en l’air, par inconscience, une vie de combat contre la misère et les injustices. »
Heureusement que non. Et peut-être que ladélégitimation d’Emmaüs a commencé avant ces révélations. Quand des cadors du type de Martin Hirsch, dont on a vu ce qu’il a donné come président de l’Assistance publique hôpitaux de Paris, ou d’autres présidents d’Emmaüs qui n’avaient rien de pauvre dans leur curiculum vitae, se sont mis à parler au nom des miséreux. Et l’abbé Pierre était du nombre, dans cette autre tradition cléricale qui fait que les prêtres confisquent depuis toujours la parole aux principaux intéressés, s’arrogent le monopole de la parole, s’imaginent qu’ils savent mieux la prendre que personne alors qu’ils parlent avec leurs défauts de prêtres, avec leur onctuosité, avec leur fausse humilité, avec l’hypocrisie à la fois si étrangère à l’Evangile qui ne cesse de la dénoncer et attenante aux exigences d’un état de vie impossible à tenir. « Les prêtres » et leur parler-faux, cible de la deuxième dissertation de la Généalogie de la morale de Nietzsche, les prêtres dont le modèle a vécu, sur lequel il faut revenir, pas tant en parlant de cléricalisme, selon la diversion du pape François, qu’en allant au fond des choses: leur représentation du sacré est un besoin anthropologique fondamental, mais doit se limiter à cela et ne doit pas se nantir d’interdits de toute sexualité active qui les conformerait à une femme, la Vierge Marie, qui les émascule, qui les travestit. il faut mettre fin au travestissement des prêtres, sinon on neproduira que des indignations vertueuses chaque fois que sort une nouvelle affaire.
« Les gens ne meurent plus avec leurs secrets : l’époque a changé. » Tout cela est sans doute vrai mais cette dernière phrase me terrifie ! » Ben oui, elle est terrifiante. Brassens aimait avoir « mauvaise réputation ». Aujourd’hui, qui souffre d’une mauvaise réputation cherche en vain ses soutiens et n’a plus qu’à « vivre comme un clochard » comme ton ami le P. Adrien et quand il n’en peut plus, qu’à mettre fin à ses jours. C’est cela que l’on veut? La double peine des victimes et des agresseurs?
« En tout homme fût-il le dernier des salauds est un trésor. »Je confirme. Je me souviens de mon copain nazi qui, à un moment terrible de ma vie, fut le dernier de mes copains, m’hébergea dans sonappartement sans lit, s’insurgea que des voyous aient volé mon synthétiseur à la gare Saint-Lazare: « Heureusement que je n’étais pas là. Déjà que j’ai tué une fois! » Il ne me l’avait jamais dit. Les circonstances de son meurtre réel ou fantasmé étaient atroces. Plus tard un imbécile lui donna une arme à feu dont il menaçait régulièrement son épicier quand il ne lui donnait pas son pac de bière, sous les yeux ébahi du scénariste de « Navaro » qui me l’a raconté dans un bistrot près de l’endroit où il créchait. Il y a prescription, cet homme est mort, mais il restera, lui aussi, pour toujours mon ami.
« J’ai lu que l’Eglise de France disait sa honte et sa compassion pour les victimes. Elle sait comme personne avoir honte des turpitudes des autres. Sans jamais se remettre vraiment en question – notamment dans son approche de la sexualité et du célibat ecclésiastique – parce qu’il y va – dit-elle – de la compréhension du plan de Dieu sur l’humanité. » Voilà. L’Eglise sait mieux que personne battre sa coulpe sur la poitrine des autres. En dépit du précepte de regarder la poutre qui est dans son oeil plutôt que la paille qui est dans l’oeil du voisin. Quand tout cela s’arrêtera-t-il?
Je ferai écho pour finir à cette phrase de mgr Gaillot (cette autre icône médiatique) qui disait un jour sur « radio ici et maintenant » où il n’avait pas peur d’aller: « Quand on a peur, on n’est pas libre et quand on est libre, ça fait peur. » J’en ai fait ma devise.
J’ai connu un prêtre, le Père Dugué, à qui j’avais dit quelques jours avant sa mort qu’il me faisait penser à Michaël Lonsdale disanten jouant le rôle du frère Luc dans « Des vivants et des dieux »: « Laissez passer l’homme libre. » Il me répondit « C’est fou, Julien, que vous me disiez ça à cet instant précis. Car précisément je vois passer Michaël Lonsdale qui va manger sous mes fenêtres, au Vauban. » (Il a fini ses jours comme aumônier des petites soeurs des pauvres.) »Dieu fait de nous en Jésus-Christ des hommes libres. »
J’ai beaucoup aimé Julien, tout et en particulier la phrase de J. Gaillot. Je doute cependant que l’humilité des prêtres soit fausse alors qu’il s’agit de dressage.
J’ignore s’il faut « abandonner le culte des saints » dont les lecteurs de ce blog savent que ce n’est pas vraiment ma tasse de thé. (Je crois avoir dit, il y a treize ans déjà, ce que je pensais sur le sujet:https://www.renepoujol.fr/saintete-et-communication/ )
Mais j’observe que la République panthéonise à tour de bras. Et je dirai ici, reprenant une idée déjà développée dans mon billet de 2011, que si l’Eglise a cultive le « culte des saints » (contre la tradition protestante) ce sont bien souvent les fidèles qui promeuvent le culte et choisissent leurs saints, plus que le clergé. C’est particulièrement vrai pour l’abbé Pierre « canonisé de son vivant » par le petit peuple, chrétien ou non, alors qu’il donnait de l’urticaire au dernier degré à l’institution catholique. Les INEDITS de l’abbé Pierre publiés chez Bayard nous offrent la lecture édifiante ( p.207) de ce billet du cardinal Feltin à Edmond Michelet, en date du 27 juin 1958 :
Monsieur le ministre,
On m’informe de la demande que vous avez adressée à mon secrétariat au sujet d’une décoration envisagée pour monsieur l’abbé Pierre.
Laissez-moi vous assurer qu’à l’heure présente, cette distinction serait fort inopportune, car l’intéressé est un grand malade, traité en Suisse dans un e clinique psychiatrique est je pense qu’en raison de ces circonstances fort pénibles, il vaut mieux ne pas parler de cet abbé. Il a eu d’heureuses initiatives mais ,il semble préférable, actuellement, de faire silence sur lui.
L’abbé Pierre attendra 1981 et l’élection de François Mitterrand pour se voir conférer ladite médaille.
Une seconde réflexion me semble en décalage avec la réalité de l’abbé Pierre. L’idée d’une confiscation illégitime de la parole des pauvres par les clercs. Je pourrais souligner qu’il en a toujours été ainsi dans toute société, fut-elle non confessionnelle, car ceux qui confisquent la parole sont ceux qui savent parler, généralement issus de la bourgeoisie. Ce n’est pas le peuple qui fait les révolutions…
Le reproche a été fait à l’abbé Pierre par… un autre prêtre : Joseph Wresinski, fondateur dissident d’ATD quart monde. Mais ce qu’il lui reprochait n’était pas son statut de clerc. Lui-même le partageait. C’était d’être un fils de bourgeois parlant de réalités qu’il ne connaissait pas « dans sa chair », contrairement au père Joseph. Je soulignerai enfin, confirmant mon précédent commentaire) que précisément le reproche fait à l’abbé par la hiérarchie catholique, était de n’être pas suffisamment clérical. Et notamment d’avoir fait d’Emmaüs une association non confessionnelle. Donc de parler des pauvres – d’être la voix des sans voix diront certains – plus en citoyen qu’en fils obéissant de la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine.
Merci de donner connaissance du billet du cardinal Feltin. Personne n’évoque cette possibilité de pathologie psychique. Ça n’enlève rien aux agressions mais ça change totalement leur contextualisation. J’en veux pour preuve le témoignage de l’infirmière donné ce matin sur les ondes de Radio France. Vous ne faites pas pouët pouët à 93 ans dans un but sexuel. Il y a une autre explication qu’on peut faire remonter à son hospitalisation en Suisse en 1956. Je ne sais pas si on peut en apprendre plus à ce sujet. L’avis de médecins psychiatres à ce sujet se révélerait bien utile.
Je connais un cardinal de Curie devenu très âgé qui a fait des « avances » à un jeune ami proche, de passage à Rome… pour les même raisons ! L’une des pathologies associées à la vieillesse (car vieillir n’est pas une maladie) est la désinhibition. C’est le cas our Alzheimer. Et il n’est pas sûr que le Nonce apostolique en poste à Paris qui a défrayé la chronique n’ait pas correspondu à ce critère. L’erreur vaticane a été de le laisser en poste…
Combien de deshinibés au Vatican dans le Sacré Collège, composé en majorité de vieillards….. en naufrage?
Il y en a heureusemen qui vieillissent très bien comme Edgar Morin! Heureusement!
Perçu à l’extérieur comme un leader charismatique de son mouvement, l’abbé Pierre est sans conteste en interne une icône et une figure tutélaire, mais de moins en moins un dirigeant. D’abord, il ne se sent ni préparé, ni surtout taillé pour la gestion de la croissance. Il apparaît de plus en plus affaibli : drogué aux amphétamines pour tenir le rythme de la mobilisation durant l’hiver 1954, ne dormant que très peu durant plusieurs mois, il arrive jusqu’à l’extrême épuisement et, de 1954 à 1958, à une phase d’hospitalisations chroniques – en cumulé, vingt-deux mois de clinique et six opérations. Il est aussi peu présent, parcourant la France et le monde pour porter son message. Lorsqu’il est à Emmaüs, enfin, il répugne à arbitrer les conflits, les tendances divergentes et les enjeux contradictoires – prophétiques tenants de « l’éthique de conviction » d’un côté, gestionnaires défendant « l’éthique de responsabilité » de l’autre.
Deux autres paramètres importent également pour comprendre pourquoi ces années qui suivent « l’insurrection de la bonté », alors qu’elles auraient pu être celles de la reconnaissance et de la prospérité, sont au contraire des années noires, taboues, siège de conflits exacerbés, de non-dits et de déchirements identitaires. D’abord, l’icône s’avère sensible à la tentation de la chair, faillibilité qui n’a été avouée que récemment mais dont la connaissance alimente alors, ô combien, les craintes de ceux qui savent.
Chapitre 3. L’implosion (1954-1958)
Axelle Brodiez-Dolino
Dans Emmaüs et l’abbé Pierre (2009)
Merci Michel, voilà un bon livre à lire, ce que je vais m’empresser de faire.
Ajoutons pour clore la boucle à propos de la sainteté que la cause de béatification du père Joseph Wrezinski a été ouverte par le diocèse de Soissons, clôturée au niveau diocésain et transmise à Rome.
« La misère commence là où sévit la honte », disait Wresinski. « La misère […], c’est la mutilation de votre qualité même d’être humain. » Ce terme, central à ATD Quart Monde, n’a pourtant connu qu’un demi-succès. Peut-être un peu vieilli, – il était surtout utilisé au xixe siècle –, il peine à se forger une nouvelle jeunesse. Même le rapport Wresinski au Conseil économique et social (CES), qui l’utilise certes, n’en comprend pas de définition. Absolu dénuement tout à la fois matériel et moral, humiliant voire avilissant la personne, la misère comporte de fait une dimension psychologique parfois difficile à embrasser scientifiquement et politiquement. En France comme au niveau international, la recherche, les pouvoirs publics et le monde associatif se sont donc plutôt saisis des termes de pauvreté, puis précarité (années 1980) et exclusion (années 1990), ce dernier d’ailleurs forgé par ATD Quart Monde dans les années 1960.
Bien plus que la simple pauvreté, c’est pourtant cette misère, et ce qu’elle induit comme formes d’exclusion, qui a touché Wresinski et constitué la pierre angulaire de son action. Action qui a été, et reste encore depuis la mort du fondateur, profondément originale dans le paysage associatif, et dont on peut souligner trois grands traits toujours d’actualité : un souci de réflexion et de connaissance des personnes ; d’être avec et non de faire pour, d’épauler plutôt que donner ; de faire évoluer les lois et les mentalités. Il reste toutefois délicat, et sans doute aussi vain qu’inutile, de démêler ce qui relève de la pensée de Wresinski en propre, et des réflexions et actions des volontaires, alliés et militants : il s’agit bien plutôt, au fil des années, d’une action qui s’invente en une productive alchimie…
Wresinski et ATD Quart Monde (1957-2017) : de la connaissance à la reconnaissance
Axelle Brodiez-Dolino
Dans Ce que la misère nous donne à repenser, avec Joseph Wresinski
Du « petit peuple crédule », on va passer à un petit peuple embougeoisé où il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages. Quand on voit tous ces bourgeois, des sachants et des savants qu’on a recasé dans cette structure appelée : »l’académie catholique française », qui ne sert à rien, c »est une honte!
Marx s’en désolait déjà, bien qu’il s’en justifiât pour dépendre d’Engels et travailler le moins possible de ses mains, Et Guy Béart chantait:
« Les enfants de bourgeois
Jouent à, jouent à
Les enfants de bourgeois
Jouent à la misère.
Ils marchent déguisés
En mendiants distingués,
Ca coûte cher, les jeans rapiécés. *
Ils ont pris nos vêtements,
Nos bleus et nos slogans,
Leur beau linge les attend chez leurs parents. »
*Un proverbe de pauvre ou de paysan qui m’a été rapporté par une amie dit ceci: « Nous n’avons pas assez d’argent pour acheter bon marché.*
« Les enfants de bourgeois
Jouent à, jouent à
Les enfants de bourgeois
Jouent à la vie dure.
Leurs dents ont trop souffert
À cause du raisin vert
Que leurs parents ont mangé hier.
Ils viennent, ces chéris
À nos tables pourries
Poser les hauts talons de leurs théories. […]
Les enfants de bourgeois
Jouent à, jouent à
Les enfants de bourgeois
Jouent à la révolte.
Mais parfois, ces bambins,
En courant les chemins
Vont dénicher les moineaux de demain.
Mais parfois, ces marmots
En jouant avec les mots,
Ont cassé de nos chaînes quelques anneaux. »
https://www.google.fr/search?q=Les+enfants+de+bourgeois+youtube&sca_esv=70a0dbe43b331d7c&ei=RtabZvizIvmikdUPlqmGkAw&ved=0ahUKEwj47tiS9rWHAxV5UaQEHZaUAcIQ4dUDCA8&oq=Les+enfants+de+bourgeois+youtube&gs_lp=Egxnd3Mtd2l6LXNlcnAiIExlcyBlbmZhbnRzIGRlIGJvdXJnZW9pcyB5b3V0dWJlMgUQIRigATIFECEYoAEyBRAhGKABSI5UUABYwDFwAXgAkAEAmAHvAaAB1h2qAQYzLjI4LjG4AQzIAQD4AQGYAiGgAs0eqAIKwgIWEAAYAxi0AhjlAhjqAhiMAxiPAdgBAcICFhAuGAMYtAIY5QIY6gIYjAMYjwHYAQHCAgoQABiABBhDGIoFwgIKEC4YgAQYQxiKBcICCxAAGIAEGLEDGIMBwgIREC4YgAQYsQMY0QMYgwEYxwHCAg4QLhiABBixAxjRAxjHAcICDRAuGIAEGEMY1AIYigXCAhAQLhiABBhDGMcBGIoFGK8BwgIFEAAYgATCAhAQLhiABBixAxhDGIMBGIoFwgIREC4YgAQYsQMYgwEYxwEYrwHCAgsQLhiABBixAxiDAcICCBAuGIAEGLEDwgIOEC4YgAQYsQMYgwEY1ALCAggQABiABBixA8ICBRAuGIAEwgILEC4YgAQYxwEYrwHCAggQLhiABBjUAsICGhAuGIAEGMcBGK8BGJcFGNwEGN4EGOAE2AECwgIHEAAYgAQYCsICBhAAGBYYHsICCBAAGIAEGKIEwgIIEAAYogQYiQXCAgQQIRgVwgIHECEYoAEYCsICBRAhGJ8FmAMJugYECAEYCroGBggCEAEYFJIHBjMuMjkuMaAHgI4D&sclient=gws-wiz-serp
Quant à la sainteté, la République panthéonise à tour de bras et le ramdam médiatique dans sa phase de lèche « mythologise » l’abbé Pierre comme aurait dit Roland Barthes.
C’est que la sainteté doit être comme le sacré: « un besoin fondamental de la nature humaine », comme aimait le répéter Simone Weil, en antienne de ceux qu’elle énumérait au début de « l’Enracinement ».
Comme l’écrit un ami sur ma page Fb, « Mais je suis d’accord avec toi que la « starification » c’est malsain. Le culte des saints ce n’est pas de « starifier » mais de reconnaître en eux l’oeuvre de Dieu accomplit en Jésus-Christ. Le respect dû au saint découle de cela, et c’est une belle chose parce que ça nous montre que la sainteté est a notre portée, car les saints ne sont pas parfaits. Ils sont juste croyant. »
Les saints devraient être par définition tous les « Père Adrien », toutes les brebis perdues qu’on fait profession de chercher et qu’on laisse pourrir dans leur publicanisme en pharisiens trop contents que Jésus, Qui nous a appris à emprunter laporte étroite, nous ait donné l’illusion que large est le chemin puisqu’il suffit d’aimer et de se pencher sur ces pauvres et ces petits pour qui on a d’instinct de bons sentiments, mais « on a toujours déjà donné » quand ils nous quémandent la pièce en nous dérangeant, bien qu’on s’habitue sans état d’âme à ne plus leur venir en aide.
Dans le billet de 2011 mis en lien, je relève ceci:
« A écouter certains, le partage de l’humanité ne se ferait pas, selon la belle expression de l’abbé Pierre en réfutation au clivage croyants/non-croyants : entre « les idolâtres de soi et les communiants » mais entre… les pro et les anti préservatif ! Misère !
« Misère, misère! » Où se rejoignent au hasard d’un mot,le P. Wrezinski qui avait raison d’employer ce mot « misère » de préférence à « pauvreté » ou à « précarité » (car les miséreux savent ce que c’est que la misère, la misère engendre la misère), l’abbé Pierre et (il ne m’en voudra pas) Michel de Guibert.
Mais plus sérieusement, le clivage sépare certainement les « idolâtres de soi et les communiants » comme le dit l’abbé Pierre, ou, comme le dit l’abbé de Tanouarn, mon sempiternel correspondant contrarié, « ceux qui optent pour le sacrifice de l’autre et ceux qui optent pour le sacrifice de soi », les premiers optant nécessairement pour le second s’ils ne se rendent pas à l’option du Christ, qui lui a sans conteste choisi « le sacrifice de soi ».
La personne autodestructrice croit ne détruire qu’elle-même. Fatale erreur! Elle détruit nécesdsairement les autres, quand bien même ce ne serait nullement son intention, mais en fonction d’une loi de la vie, d’une « loi ontologique », diraient certains, une loi qui dépasse tout un chacun.Car il ne faut pas se payer d’une morale de l’intention, « nous ne devons jamais absolutiser aucune de nos instances », me disait un jour un ami prêtre en confession.
Est-ce que le « santo subito » n’est pas une réaction de la voix populaire où « Vox populi vox Dei », dans un populisme capable de discerner la sainteté et la la bonne émanation, sans s’ériger en juge capable de faire un droit d’inventaire à la faveur d’un retournement de veste, d’opinion ou d’épistémè, comme le dirait savamment Michel foucault?
Le plus difficile est sans doute en effet de trouver des « bienheureux de notre sensibilité ». Je ne sais pas, moi. Si je prends, par hasard, saint Augustin, j’adhère sans réserve à sa manière de dialoguer avec Dieu « plus intime à lui-même que lui-même » dans « les Confessions ». Mais je ne m’y retrouve pas du tout quand, dans la Cité de Dieu, ce grand dialoguant établit le dogme d’un enfer d’éternelle combustion sans consomption. Pas plus que je n’ai envie de partir en croisade avec saint Bernard de Clairvaux.
Sauf que le « santo subito » visant Jean-Paul II s’il rejoignait, assurément, un profond sentiment populaire a été monté de toutes pièces, on le sait aujourd’hui, par le Focolari qui avaient besoin de pousser en avant la béatification/canonisation de leur propre fondatrice. Je trouve plus d’intuition évangélique dans le propos populaire concernant la sainteté de l’abbé Pierre que dans les attendus officiels de la canonisation du fondateur de l’Opus dei…
Est-ce que tou est une question de rapport de force et qu’il n’y a pas de mouvement spontané? J’ai du mal à le croire.
Quand un phare s’éteint a-t-on le droit d’oublier combien il nous a éclairés nous et beaucoup d’autres bien sûr?
Quant à Mgr Feltin je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de scandaleux dans son message sauf à considérer que l’intéressé n’était qu’hypocrisie bien sûr ,de plus c’est lui qui a soutenu et donc autorisé les prêtres ouvriers dans son diocèse,et j’apprends par wikipedia qu’il avait invité ces prêtres à voter pour le Front ¨populaire quand il était archevêque de Bordeaux
Extrait du livre Le secret spirituel de l’abbé Pierre (Jean-Marie Viennet et René Poujol) p. 132
« Rappelons-nous que dans les années 57-58 l’abbé Pierre «n’existe plus», médiatiquement. Il a été «cassé» à la fois par les dissensions du mouvement Emmaüs dont l’une des tendances le rejette, et par certains milieux ecclésiastiques qu’il effraie. Mais il poursuit son combat avec quelques compagnons. À cette période, il est convoqué par Mgr Feltin, alors cardinal-archevêque de Paris, qu’à sa grande surprise il découvre en compagnie du nonce apostolique1 et de Mgr Rodhain, fondateur du Secours catholique.
Lorsqu’il me racontait ces souvenirs pénibles (c’est JM Viennet qui parle), le père pleurait comme un gosse. Ils lui disent: «Vous savez que vous faites honte à l’Église»? Mgr Rodhain ajoute «Pour ce qui est des pauvres, nous avons les choses bien en main, nous n’avons pas besoin de vous ». Et le nonce de conclure : «Vous êtes têtu, vous n’écoutez rien! On vous dit que c’est fini, votre affaire, fini!» La réplique fuse, cinglante, sur un registre que le Père maîtrisait à la perfection et dont il a usé, sinon abusé: «Non ce n’est pas fini, ne serait-ce que parce qu’avec ce que je vois, là, sur votre table de petit-déjeuner, mes compagnons et moi aurions de quoi manger pendant plusieurs jours.»
Quelque temps après, informé que l’abbé Pierre était pressenti pour la Légion d’honneur, Mgr Feltin écrivit au ministre, pour demander que l’on ne s’intéresse pas à cet homme. L’abbé Pierre reçut copie de la lettre… envoyée discrètement par un fonctionnaire du ministère! »
On m’a toujours expliqué que l »Eglise était sainte uniquement parce qu’elle a été fondée par Jésus Christ et pas du tout parce qu’elle serait parfaite,sûrement pas bien sûr et lorsque je récite le Credo je ne tique pas sur « je crois en l’Eglise une, sainte catholique et apostolique » car pour moi l ‘Eglise catholique romaine n’est pas à elle seule l’Eglise fondée par Jésus Christ mais que c’est elle qui s’en rapproche le plus
Merci René. La sincérité de vos mots dit toute l’amitié qui vous unissait à l’abbé Pierre. Et le dit avec une force bouleversante.
Je n’ai pas lu le rapport. Je n’ai même pas lu tous les commentaires. Aussi, j’ignore précisément ce qui est reproché à l’abbé Pierre, si ce n’est l’essentiel. Je ne cherche pas à connaître les détails. Dieu sait ce qu’il en est.
Mais je pense à ceci. Il existait, il y a 30 siècles, un « homme selon le cœur de Dieu » : il s’appelait David. On peut difficilement comparer les destins de ces deux hommes, mais dire au moins qu’ils cherchaient tous deux à aimer Dieu et faire ce qui était juste. Pour ne parler que de cela, combien serions-nous parfois démunis sans les Psaumes de David, à notre chevet ?
Un jour, un jour d’oisiveté (ce qui était rare, dans sa vie), David a cédé à une impulsion et a commis un viol. Viol suivi de l’assassinat commandité du mari. Cet homme selon le cœur de Dieu avait commis l’impensable. Sa conscience ne l’a pas laissé en repos (cf. Psaume 51), pendant de longs mois. Puis, près d’un an plus tard, le prophète Nathan l’a confronté à son péché. Et David s’est repenti, aussitôt. Il s’est déchargé de ce terrible fardeau.
Ceci pour dire ce que d’autres ont déjà dit avec leurs mots : la faute (terrible !) d’un homme ne fait pas tout l’homme. Elle n’efface pas son passé, ni n’obscurcit à tout jamais son avenir.
Je ne sais – et qui le sait, franchement ? – si l’abbé Pierre a rencontré son Nathan ? Que sait-on de sa repentance ? Le texte d’Ezéchiel 18 est là pour dire que rien n’est écrit à l’avance, quant à la destinée de l’homme, et que le méchant peut se repentir, tout autant que le juste quitter le bon chemin. Il parle de libre-arbitre. Dieu sait si l’abbé Pierre est rentré en lui-même et a regretté ses actes. Mon avis n’importe pas, mais j’aime à croire qu’un homme tel que lui a su prendre la mesure de ses égarements. Et je prie pour celles qui ont souffert de ses gestes déplacés.
Merci encore pour vos paroles, qui nous renvoient aussi à nous-mêmes. C’est là l’un de leurs grands mérites.
« souvent « foule » varie bien fol est qui s’y fie »
Heureusement pour nous, le regard que Dieu aura sur nous n’a strictement rien à voir avec le nôtre
» qui donc peut être sauvé? Jésus leur répondit « pour l’homme c’est impossible mais pas pour Dieu car tout est possible à Dieu »
Julien à la Toussaint que fête -t’on? Uniquement les saints reconnus par l »Eglise ou tous les autres?
À la Toussaint, on fête la Communion des Saints. À la fois ceux reconnus par L’Église et ceux que l’on considère avoir vécu « saintement »!
A la Toussaint, nous fêtons tous ces saints anonymes, cette » foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la , main. » (Apocalypse 7, 9)
« Ces gens vêtus de robes blanches,
qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »
Je lui répondis :
« Mon seigneur, toi, tu le sais. »
Il me dit :
« Ceux-là viennent de la grande épreuve ;
ils ont lavé leurs robes,
ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »
(Apocalypse 7, 13-14)
C’est exactement ça.
oui Jean Claude, mais si l’on fête les Saints reconnus par l’eglise on fête surtout ceux dont on ignore entièrement l’existence mais dont le Seigneur a reconnu que, pour Lui, ils avaient avaient lavé leur tunique dans le sang de l’ Agneau
Beaucoup de choses ont été dites sur les saints, dans les commentaires… On pourrait aussi parler des reliques au Moyen-Âge, tant qu’on y est… Je me borne à dire ceci : dans le NT, rien, RIEN n’est dit sur une catégorie à part, supposément plus proche de Dieu qu’une autre, hormis le vaste (enfin, j’espère) ensemble de personnes que Jésus appelle « les justes ». Le terme saint, comme un des contributeurs l’a souligné, signifie « mis à part ». Dans les épîtres, les saints sont tous les chrétiens : il s’agit à la fois d’un fait et d’un appel, car tous nous sommes appelés à la sanctification « sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Hébreux 12.14).
Ce que les hommes, l’église catholique-institution, en a fait, c’est une tout autre histoire, et de n’est pas à mes yeux de l’histoire sainte, mais bien une triste histoire de détournement.
En revanche, il existe des modèles, des exemples, et c’est de cela qu’on parle avec l’abbé Pierre. Par exemple, Timothée était appelé à devenir un modèle pour ceux qu’il avait en charge, à Ephèse (modèle en paroles, en conduite, en amour, en foi, en pureté). Un modèle, ça peut s’imiter ; un saint (tel qu’entendu quand une personne est canonisée), comment l’imiter ???
En effet, dans les Actes des apôtres comme dans les Épîtres, le terme « saint » désigne les croyants, les fidèles, les baptisés
« Les choses saintes pour les saints », « les saints dons aux saints », proclame dans le même sens la liturgie byzantine avant la communion.
L’imiter sûrement pas car ce serait en faire un surhomme ce qu’un saint n’es pas car on trouvera toujours un défaut à la cuirasse comme chez n’importe lequel d’entre nous bien sûr et en faire une espèce de pantin manipulé par le Seigneur. Pour moi un Saint c’est celui qui tout au long de sa vie a toujours essayé de vivre en accord avec sa foi et peu importe qu’il ait eu des moments de défaillance moments apportant la preuve que ce n’était nullement un surhomme. En écrivant cela je pense notamment à Jacques Fesch dont à la demande de Mgr Lustiger le procés en béatification est en cours d’instruction.
J’arrive de Grignan où j’ai suivi la correspondance de l’Abbé Pierre et l’interview de René Poujol. Avec bonheur . Pendant le spectacle j’étais assise devant lui, Je me retournais souvent pour me réjouir de son visage approbateur. Si bonne interprétation des lettres de l’Abbé. ( Bruno Putzulu )
Peine de l’épilogue
Je ne sais plus comment « penser » notre Abbé Pierre
Peut-être avec l’humilité du plus loin de notre humanité partagée .
Je me rappelle un jour, lors d’un petit discours, avoir évoqué les passages en hôpital psychiatrique de l’abbé Pierre car à mes yeux cette fragilité psychologique pouvait le mettre au diapason des personnes en situation de fragilité (bien sûr sans imaginer les gestes qu’on lui reproche aujourd’hui envers des femmes). Mais il n’a surout pas fait de son péché une vertu et moins encore une mystique érotico spirituelle ! Qui ouvre le missel de l’Abbé Pierre, fabriqué de ses mains, avec des annotations, « la messe de l’Abbé Pierre de L.Desmard, découvre que les mots « pitié » et « péché » y sont entourés et soulignés. A la fin du livret, l’abbé a compté toutes les fois où ces mots ont été écrits dans le texte liturgique : pitié 7, péché 18. Pour l’Abbé le plus grand péché était la suffisance. L. Desmard nous dit aussi qu’il était obsédé par la formule « délivre nous du mal » : il disait « c’est un incessant rappel de la plus cruelle des énigmes, celle non seulement de la souffrance, de la torture, de la haine, mais aussi celle du mal qui est en nous et que seul le plus grand amour peut vaincre ». Avec lui je peux encore dire « Seigneur, délivre-nous du mal » car il n’a jamais fait de son péché une vertu ».
Ce qui m’inquiéterait, ce serait qu’aujourd’hui l’Eglise fasse chorus pour assassiner l’Abbé Pierre alors qu’elle couvre par ailleurs bien des abus de pouvoir parfois tout aussi graves que certains abus sexuels comme on l’a vu dans certains cas récents mais n’y en aurait-il d’autres encore qu’on ne veut surtout pas voir ?
Je tiens à préciser que concernant le prêtre Adrien qui était un de nos amis proche, il n’a jamais été clochard. Il vivait sa vie de prêtre retiré dans un petit logement à Toulouse après sa sortie de prison où ses amis l’ont visité. Il s’est engagé auprès des plus pauvres avec le Secours Catholique notamment dans la distribution de petits déjeuners sur les quais de la Garonne. Il n’a jamais été abandonné ni par ses amis qu’il visitait régulièrement ni par son diocèse d’origine et son évêque.
Il me paraissait important d’apporter ces éléments.
Jean-Louis
Oui, merci Jean-Louis. Je me suis contenté d’évoquer Adrien, dont la mémoire me restait vive et douloureuse, dans les termes mêmes dont j’avais connaissance, tels qui m’ont été présentés par une personne de confiance bien au fait de ces questions, peu après sa mort. J’ignorais alors que tu le connaissais (toi que je connais). C’est bien là l’une des clés d’incompréhension – et de difficultés – dans ce genre d’affaires. On ignore en permanence qui sait quoi. On ne le découvre qu’après… j’aurai l’occasion d’y revenir dans un prochain billet.
1P 4,8 » La charité couvre une multitude de péchés. »
Puisse la charité nous rendre tout proches des victimes, mais chacun de nous n’est-il pas victime de son propre péché ?
» Aimez-vous les uns les autres… »
Je ne sais pas quelles fautes ont été commises par l’abbé Pierrre.
Son œuvre de charité demeure. Ah si seulement son pouvoir de guérison pouvait apaiser les souffrances causées…
Prions !
Aujourd’hui des membres de la Ciase ont fait connaitre qu’ils avaient eu connaissance de cas d’abus sexuels commis par l’abbé Pierre au cours de leur mission .
Au delà de son cas personnel , un des plus dans tous ceux commis par les clercs, , c’est bien le rapport de l’église catholique à la sexualité qui me semble posé par ces abus récurrents ( cf les rapport de la Ciase) et commis par des hommes qui peuvent par ailleurs avoir une dimension admirable dans le cadre de leur action dans divers domaines ..
La conception de la sexualité du magistère de l’église catholique n’est pas relationnelle , elle est purement pulsionnelle (cf humanae vitae ) . A ce titre elle relève d’une conception pornographique .
Les pornographes revendiqués donnant libre cours leurs pulsions , les catholiques réfrénant avec plus ou moins de succès leurs pulsions . Dans les deux cas , bien qu’allant en sens inverses , il s’agit d’une même logiquer dans la manière d’envisager la sexualité humaine : une pulsion à assouvir ou à refuser (sans y parvenir ) d’assouvir .
L’abbé Pierre comme tous les abuseurs sexuels traduit en actes une conception de la sexualité qui est celle des pornographes : autrui n’est qu’un objet , le support indispensable à l’objectivation de la pulsion sexuelle .( un pornographe s’en vante , un clerc en a honte )
Pour lutter contre les abus sexuels dans l’église comme dans la société la condition nécéssaire bien qu’insuffisante est d’envisager la sexualité d’abord comme l’expression d’une relation et non comme l’assouvissement d’une pulsion ; le passage de l’une à l’autre s’appelle la culture , c’est à dire la capacité de l’homme à la liberté vis à vis de de tous les déterminismes et dans le cas qui nous occupe des déterminismes physiologiques .
Tant que l’église continuera à envisager la sexualité d’abord et exclusivement comme pulsionnelle et que son message consistera à tenter sans jamais y parvenir de contenir voire de nier ( dans le cadre du célibat ecclésiastique ) la réalité de ces pulsions , alors les abus sexuels continueront dans l’église .
Ce qui est grave dans la cas de l’abbé Pierre , ce n’est pas qu’il ait eu une vie sexuelle active ( la compatibilité de sa vie avec son engagement au célibat ne relevant que de sa seule conscience personnelle ) mais que cette vie sexuelle active n’ait pas été envisagée dans un cadre relationnel entre deux personnes consentantes prenant acte et faisant converger leur désir .
Le cas de l’abbé Pierre n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’une conception pathologique de la sexualité humaine : elle se vit au dépens de l’autre et non avec l’autre .
Merci René pour cette lettre. Au moment où tant et tant sont dans la sidération face aux révélations qui font tomber l’abbé Pierre de son piédestal, vous trouvez des mots qui apaisent, qui font qu’on se sent moins seul face à l’incompréhension, au sentiment de dégoût. C’est un tremblement de terre. Le « cas » de l’abbé Pierre me semble différent de celui des autres prêtres. Il atteint une foule immense de français éloignés de la foi chrétienne qui l’admiraient pour son action politique et pour son œuvre contre la misère. Je vais faire connaître votre lettre à ma fille qui a été sidérée par ces révélations.
Deux pistes pour tenter de comprendre, entre autre, l’admirable personne Henri Grouès:
– l’Importance négligée du sens du toucher en matière d’amour. L’amour a besoin de certitude et s’il se porte sur un être inaccessible -un mort, voire « Dieu »- le besoin d’un lien charnel est vital. Il peut prendre, ce lien, plusieurs formes bien sur, comme l’eucharistie.
– La personne et ses œuvres. Est-il sain ou pas de distinguer? Et si oui, jusqu’où est-il raisonnable de le faire? Souvent abordé au sujet de l’art, la pertinence de cette distinction concerne toute œuvre (enseignement, recherche, service…). Nous en avons souvent parlé ici, au sujet de l’art et je persiste à considérer ce distinguo comme de la nitroglycérine tant l’unicité de la personne a un caractère « sacré » pour moi.
– Troisième mousquetaire, le dangereux couple mystique ésotérisme, en rapport puissant avec les deux précédents. A ce propos deux citations: « Même révélé et cru, le mystère reste cependant obscur et voilé pendant la vie terrestre si le décryptage des mystères, rendu possible par l’ésotérisme, n’intervient pas » (Tommaso Palamidessi, 1915-1983; « – Pourquoi leur parles-tu en paraboles? – Parce qu’à vous il est donné de connaître les mystères du Royaume, tandis qu’à ceux là ce n’est pas donné […] parce qu’ils regardent sans regarder et qu’il entendent sans entendre ni comprendre » (Mt13, 10-13).
Je persiste à penser qu’un homme n’est pas réductible à ses œuvres, bonnes ou mauvaises, bonnes pour l’encenser, mauvaises pour l’accabler.
La question a déjà souvent été débattu en effet pour distinguer l’œuvre artistique de son créateur.
Cela vaut ici aussi et cela n’a rien à voir avec l’unicité de la personne.
Un homme n’est pas un saucisson et ça a beaucoup à voir, pour moi du moins avec l’unicité.
Ce qui suit est la 4ème de couverture d’un écrit hors commerce « Un drôle d’oiseau -Grive fantasque » offert à des proches et à mes enfants en 2020. Grive fantasque est le nom de totem qui m’a été donné par la maitrise du groupe scout de France de la 1ère Joinville-le-Pont en 1960.
« De l’instant, miette fugace du temps,
« tenter de faire une œuvre par la volonté, force patiente, ou pas, au fond de soi.
« Choisir de saisir ou refuser mille fois ce qu’offrent l’instant et ses limites.
« La vie, œuvre toujours inachevée,
« mélange de matières dures et souples, molles et liquides, collantes, « graisseuses, éthérées, d’odeurs, de formes, de couleurs et de sons.
« Tout est vibration, harmonies pures et grinçantes.
C’est cette conception que « l’auteur « explore, se refusant à compartimenter, famille, travail, engagements, sentiments. Une vie marquée par le rythme de 30 ans : passé récent de la guerre mondiale 1914-1945, trente glorieuses 1945-1975, trente piteuses 1975 2005. Une vie dans la mixité sociale, habitée par le sentiment croissant d’être européen humaniste au sein d’un monde ouvert au meilleur comme au pire. La vie de chacun comme de la société est faite d’interactions entre des « compartiments » qui semblent sans rapports entre eux alors que tout se tient, chacun est responsable de tous.
:
Oui, et Dieu la -dedans puisque tout repose sur notre volonté et donc Dieu ne sert strictement à rien
Le Mystère est voilé, mais c’est un non-sens de passer par l’ésotérisme pour qu’il soit dévoilé, il suffit de scruter les Signes!
Il n’y a plus aucun voile, tout est dévoilé et quel en est le message?
Sauf que selon « selon Mathieu » – et aucun des autres évangiles- Jésus aurait été mystérieux et ésotérique avec au moins « vous êtes à part des autres » (Mt13,10-13), le jeu de mot sur Pierre Céphas Mt16,18), je ne suis pas venu abolir mais accomplir (Mt5,17) et encore avec les eunuques (Mt19,12).
J’ai oublié: si « les signes » ne sont pas de l’ésotérisme, alors je suis un eucaryote.
Les signes ne sont pas de l’ésotérisme au sens plénier du terme. Esotérique veut dire « ce qui reste caché ». Les signes dévoilent tout simplement, et sont faits pour dévoiler et non pour cacher et dissimuler. Merci Jean-Claude !
A ce mot il est possible de faire dire n’importe quoi! Là, Dominique et Jean-Claude, vous faites très fort. Si ce mot est loin d’être unique dans le genre « flou », restons en ici à lui et à Mathieu. Apparu en français dans le dictionnaire des jésuites (Trévoux 1752) l’adjectif ésotérique signifiait « Ce qui est obscur, caché, et peu commun ». Le titre d’un livre publié en 2006 semble fait exprès pour éclairer la simplicité évangélique: « Les trésors cachés de l’Évangile selon Matthieu : Pour une réhabilitation de l’ésotérisme chrétien « . Et puis il va vite falloir corriger l’article Wikipédia « Christianisme ésotérique… ou hermétique ou mystique ».
Ce qui est caché, obscur et peu commun! Mais tout est écrit, rien est caché, obscur et peu commun!.
Jésus utilisait au contraire des paraboles et beaucoup d’anthropomorphismes pour que les gens comprennent. L’Église a une histoire et c’est le déroulement de cette histoire qui nous fait accéder de plus en plus au cœur du Message de l’Évangile.
Christianisme ésotérique? Mais c’est un non-sens! Ah! La pierre brute àus rigolez dégrossir pour la fabrication du Nouveau Temple, dont Hiram est un artisan? Ce Temple dont on dit que l’objectif, par alchimie nous mène au St Graal et à la connaissance parfaite!
Non, mais vous rigolez ou quoi! Quelle foutaise, cet ésotérisme franc-maconnique. C’est le cœur de la foi qui est atteinte! Et beaucoup de chrétiens à l’heure actuelle sont à la fois chrétiens et franc-macons. L’Église à raison, selon moi, d’être intransigeante, même si dans la Franc-maçonnerie, il y a des choses bien!
L’article « Un ésotérisme chrétien? » de Julien Darmon* (EHESS, spécialiste de la Bible et des littératures rabbiniques) expose l’intrication indémêlable entre mystère, mystique et ésotérisme, et les façons, différentes, utilisées par orthodoxes et catholiques pour tenter de s’en affranchir sans y parvenir car il s’agit du lien entre christianisme et judaïsme. Ce n’est pas par hasard que c’est dans l’évangile le plus « juif », attribué tardivement à Matthieu -au milieu du 2ème siècle-, que se trouve, et là seulement, les quelques « mystères » cités plus haut.
* Après Jésus, l’invention du christianisme, Albin Michel, 2020
C’est là que je comprends que vous vous considèrez faisant partie d’une élite, une élite intellectuelle qui aurait besoin de vous, des lumières, pour nous éclairer et éclairer le nouveau christianisme en formation. Alors, figurez-vous que je n’ai aucunement envie de faire partie de votre peut-être secte, qui ne dit pas son nom Je suis dans L’Église et seuls les membres de L’Église peuvent chanter : « Christ est ressuscité, exultons de joie ». Ce qui n’est pas le cas des membres d’une secte!
Merci René. Je n’arrive toujours pas à y croire.
Mais quoi??? l’abbé Pierre a eu des faiblesses comme tout homme que je sache, mais il n’a jamais violé personne , et je me souviens il y a une vingtaine d’années qu’il avait révélé avoir eu une aventure avec une femme.
Ce plaisir à vouloir détruire qui on a adoré… Sit transit gloria mundi…
Quoi? Il aurait eu une aventure avec une femme? Il aurait eu un enfant pendant que vous y êtes! Il ne faut pas confondre un abbé avec un évêque, qui, lui ,a toujours respecté le vœu de chasteté.
Sit transit gloria mundi! Eh! oui, la gloire aux yeux du monde est éphémère. Le monde est tellement versatile, c’est comme aux jeux du cirque, une fois le pouce levé, une fois le pouce baissé! Alors là, attention, ça craint!
Un des 3 témoignages recueillis par la Ciase évoque relations sexuelles imposées, voyeurisme, fellation, proposition de triolisme.. à une femme aidée en utilisant l’autorité de celui qui sauve de la misère. De nombreux médias sérieux parlent enfin du comportement compulsif et de textes d’il y a 20 ans disant que les autorités religieuses, politiques et associatives savaient depuis plus de 50 ans et se sont tues. De nouveaux témoignages sont recueillis par le dispositif mis en place dès le 18 juillet (emmaus@groupe-egae.fr ou au 01 89 96 01 53).
Alors, simples faiblesses! Si ça peut vous rassurer, y a pas qu’en France que le système mis en place dès les premiers siècles produit ses inévitables effets, et si vous avez envie de croire que « c’est nouveau », libre à vous, mais c’est totalement contre intuitif: les mêmes causes produisent les mêmes effets quelle que soit le siècle et le lieu.
Et quel est ce système mis en place dès les premiers siècles?
Interrogez la mémoire des prêtres ouvriers de l’après-guerre et ou lisez « Quand Rome condamne ». Les P.O. furent les 1er (au 20ème siècle) à qualifier ce qu’il est usuel de nommer « Eglise » de système. En ce 1er quart de 21ème, rien qu’en France, le Sénat, puis la Ciase ont utilisé le même vocable, on ne peut plus clairement.
Dominique Bargiarelli,
Votre commentaire est complètement à côté de la plaque ! Et confond tout. Mais vous n’êtes pas le seul à confondre péchés et faiblesses dont nul n’est exempt et délits que tout le monde, fort heureusement, ne commet pas.
Or, ici, en l’occurrence, il n’est pas du tout question de relations sexuelles consenties ( ce qui serait un péché et une violation de son célibat l’engageant à la chasteté ) mais d’agressions sexuelles non consenties donc de délits passibles de condamnations pénales, connues depuis les années 50 d’un certain entourage. C’est cette attitude problématique avec les femmes qui valut à l’abbé Pierre, si l’on en croit certaines biographies, un séjour en clinique psychiatrique.dans ces mêmes années.
Et avant de conclure définitivement sur la nature des faits reprochés à l’abbé Pierre, il faudrait encore attendre pour plus de prudence.
Je vous rappelle tout de même que les prêtres ne prononcent pas un voeu de chasteté mais de celibat ce qui n’est pas la même chose même si, bien sûr ,il ne sot pas dispensés de la chasteté , pas plus que nous d’ailleurs… Quant à soupçonner l’intéressé en gros d’être coupable ,bien évidemment, n’est-ce pas être imprudent là aussi?
En fin il me semble que votre statut de procureur vous va à merveille, mais permettez-moi de préférer celui d’avocat
Si c’est à moi que cette réponse s’adresse Dominique, elle est incompréhensible. Ou m’avez mal lue, comme vous n’avez lu d’ailleurs ni le rapport commandé par Emmaus ni l’article du Monde relatant le témoignage de quatre chercheurs de la CIASE.
Une précision sur les faits reprochés que vous confondez encore une fois avec des relations sexuelles consenties, dit la réalité des faits. C’est tout. Elle n’a rien à voir avec le fait d’être procureur ou avocat.
Il y a un problème avec les vedettes charismatiques et avec le vedettariat. Ca n’est pas le bon, biais pour faire la charité et s’intéresser aux pauvres qui deviennent des faire-valoir d’egos surdimensionnés. On a l’habitude de penser que ces personnages illustres se sont enorigueillis de leurs succès médiatiques et ont dévié à cause du développement fantatstique de leurs entreprises. Et si c’était l’inverse qui était vrai. Si ce sont des personnes dès le départ mégalomaniaques qui ont l’art de séduire les gens. La séduction est un art qui n’a rien de spirituel. C’est une capacité, disons ondulatoire, de captiver les gens, pas nécessirement à partir d’une quelconque beauté formelle (car on ne peut pas dire que Jean Vanier étaait une » beauté », ni l’abbé Pierre, mais ils ont cettte faculté spécifique, propre aux mégalomanes, de fasciner, de présenter une image fascinante dont ils jouent, et qui leur vaut de nombreux adeptes fascinés. D’où leur succès exponentiel. Dès le départ, ce sont des personnalités qui attirent à ellles par leur seule aura, qui n’a rien à voir avec quelque chose de proprement spirituel. Ca relève de l’emprise psychologgique. Regardez comment Maciel procédait chez les légionnaires du Christ. Aprés elles ou eu , il reste du bien, certes. Mais leur motivation première était de donner une expansion maximale à leur ego par les moyens les plus courts,les plus efficaces et les plus spectaculaires. Leur diffusion est une tactique naturelle de facination psychologique, jusqu’à présent mal étudiée par la scence psychologique. On remarque chez ces personnalités une fuite devant toute autorité et tout contrôle, une attitude résolupment à l’écart de l’institutionnel, un individualisme calculé et recherché, un refus de suivre des voies communes, non qu’ils soient exceptionnels, mais parce qu’il ls entrettiennent en eux une intention d’être au-dessus du commun et de briller aux yeux des hommes. Depuis qu’il sont tout petis, ils se sont vus comme destinés à jouer un rôle exceptionnel. Les dérives sexuelles n’étonnent pas chez ces personnalités qui exercent un pouvoir sans limite tout en sachant sauvegarder des apparences d’humilité, en réalité, presque totalement absente de ce type de personne. J’ai étudié « de visu » Jean Vanier, et je peux vous dire que c’est ce que j’ai vu. Ne nous étonnons pas d’apprendre des choses choquantes sur ces personnalités. Elles ne supportent pas la norme. Elles se considèrent comme entièrement « bonnes » et faisant le bien. C’est ça lleur faille. Il est urgent de ne pas promouvoir ce genre de personnalité à risque parce que distancées de la morale commune. Ce sont elles (ou eux) qui font la morale. Ils ne dépendent d’aucune norme morale au-dessus d’eux ou d’elles. Ils (ou elles) ne dépendent que d’elles-mêmes et c’est ce à quoi elles aspirent. Sahez que Jean Vanier ou les frères Philppe, comme l’abbé Pierre ne dépendaient de personne dans l’Eglise et s’étaient arrangés pour que leurs réalisations n’aient aucun statut ecclésial. Ils se mettaient à labri de leur complète indépenance et ne voulaient dépendre de personne.
Et dire que Jean-Paul II avait fait appel à Jean Vanier pour la méditation du chapelet quand il est venu à Lourdes ou que Jean-Paul II se faisait prendre en photo avec Maciel et les deux frères Philippe. Plus près de nous ,le père Delfieux! Et ça n’en finit pas, ça continue. Merci pour votre texte.
Bon, allez mettons tout le monde d ans le même sac et n’en parlons plus c ar il est tout à fait établi que tous ces personnages étaient mégalomanes bien sûr et en premier lieu sans doute possible L’A BBE PIERRE dès 1954 quand il a pris le micro sur RADIO LUXEMBOURG et d’ailleurs il a toujours fait le nécéssaire pour maintenir sa célébrité exactement comme Tapie qui sans doute a pris des leçons chez lui
Issue d’une communauté nouvelle avec des responsables déviants (y compris au plan sexuel…), je rejoints parfaitement votre analyse : ces gens ont un égo surdimentionné; ils portent en eux cette conviction d’être les nouveaux interprètes de la foi, de la doctrine, de la morale (chrétienne ou idéologique)… sur laquelle ils bâtissent un discours séducteur, capable de convaincre un auditoire de plus en plus large; ils se sentent au-dessus des lois et des droits du commun des mortels; se pensent comme de grands réformateurs… et rien ne les arrête. En toute personne osant s’opposer, ils voient un persécuteur. Et surtout, ils savent parfaitement s’allier des personnes ayant assez d’autorité pour leur servir de paravant (souvent à l’insu de ces derniers). Ce sont des génies de la manipulation, art dans lequel ils excellent. Ils est extrêmement difficile de sortir de leur filets psycholiques, de leur emprise, et de se reconstruire ensuite. Cela prend beaucoup de temps. Ce n’est pas la fonction qu’ils occupent – aménagée de telle sorte qu’il n’y ait personne au-dessus pour contrôler leur agir – qui leur fait avoir « la grosse tête », c’est même tout l’inverse!
Je pense que l’abbé Pierre était en effet un mégalomane. Les compagnons d’Emmaüs l’ont envoyé en clinqiue pour le faire soigner psychiquement. Idem pour Thomass Philippe et pour son frère. J’ai étudié ces personnages. Il est évident que le Pape Jean Paul II s’est fait berner par Maciel (qu’il admirait) et aussi par Jean Vanier, qui toute sa vie a demandé à pouvoir être ordonné prêtre à Rome, mais sans passer par aucun séminaire comme le demandait Rome. Il pensait qu’il « savat » et n’avait rien à apprendre dans un séminaire. C’était lui aussi un mégalomane.
Marie Christine ,non je n’ai pas lu le rapport de la Ciase mais j’ai lu le dossier ,si fourni, par vos amis (? )d’Egae d’une part et au fait, vous connaissez donc tout de moi.?
D’autre part pour moi un péché est tout acte volontaire qui va à l’encontre du second commandement et par conséquent une faiblesse entre dans ce cadre – là mais à un niveau évidemment inférieur. et puis que voulez-vous je fais encore une différence entre un geste déplacé et ce qui relève carrément du délit, là encore c’est une question de gravité bien sûr
Par ailleurs vous recommandez d’être patient avant de décider du côté délictuel ou non des actes commis par l’abbé donc un doute existe et je crois savoir qu’un doute doit toujours être considéré comme favorable à l’accusé
or l’accusé étant décédé depuis longtemps je ne vois pas comment une action pourrait être entamée contre lui
Enfin je pense que le »prince de ce monde’ auquel plus personne ne croit bien sûr, doit bien se réjouir pendant ce temps-là
Pour moi la grande coupable est cette hiérarchie d’église qui maintien tous ces hommes dans cet état de célibat et de privations sexuel .C’est elle qu’il faudrait condamnée .
Croyez-vous au pardon des péchés?
Nous, humbles humains , n´avons pas à juger l´Abbé Pierre sur ses » faiblesses » .Ce qui me révolte en ce moment , c´est qu´il ne puisse révéler Sa Vérité puisque, depuis 2007, Il n´est plus de ce monde.
17 ans après son décès,pourquoi salir son image? A qui cela profite-t.il? Ceux qui en souffriront le plus, risquent d´être ,encore une fois , les démunis d´Emmaus qui Lui doivent tant.
N´oublions pas cette vie de combat contre les injustices , la misère, son engagement dans la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale … L´ Abbé a fait tellement de bien ! Dieu est miséricordieux et saura juger de ses faiblesses.
S´il vous plaît , laissez l´Abbé Pierre reposer en Paix .
Marguerite,
Je ne vous connais pas et pourtant votre commentaire tombe à pic, car j’étais justement en train de réfléchir à ce climat délétère. J’ai déjà écrit ici combien ce qui a favorisé les abus dans l’Église a des causes structurelles internes, assexualité au plan moral et foi en la rémission des péchés au plan spirituel. Je n’y reviendrai pas. Mais ce qui m’est venu cet après-midi est que la société, prise d’un accès de néo-puritanisme à proportion qu’elle se dit permissive sur le plan individuel, tombe à bras raccourcis sur des icônes qu’elle renverse mortes alors qu’elle les avait adulées et érigées en statues de leur vivant. IL y a là comme une perversion de la question de l’image. D’un côté, nous sommes créés à l’Image de Dieu et nous voudrions retrouver sa ressemblance jusque dans l’image que nous voudrions donner de nous-mêmes ou que nous nous faisons des autres. Nous avons aussi besoin de médiation, puisque Jésus a été reconnu comme notre Médiateur et Sauveur, mais cela n’est arrivé qu’après sa mort et sa résurrection. Or nous médiatisons des personnes et nous en faisons des idoles sans attendre qu’elles soient mortes et qu’elles aient dit leur dernier mot. Le culte des saints est aussi une médiation par l’image que nous nous faisons d’une personne et de sa vie plus ou moins héroïsée ou fantasmée. Je ne sais pas si, comme elle l’a fait dans les accords sur la justification par la foi où elle a révisé son point de vue, l’Église catholique ne devrait pas pencher franchement pour la position protestante et insister davantage sur le fait que Dieu seul est saint. Mais dans sa sagesse et avec un discernement séculaire, l’Eglise catholique a permis le culte des saints en différant la médiatisation après la mort de l’élu. Nous faisons exactement l’inverse: nous canonisons des gens de leur vivant et nous les déboulonnons après leur mort, dans une régression absolue de la justicie inquisitive qui repose sur le contradictoire. Nous renversons leur image quand elles ne peuvent plus se défendre. En somme nous commettons deux erreurs: nous nous faisons des images et cherchons la ressemblance de Dieu dans notre propre image ou dans l’image que nous nous formons des autres et nous médiatisons avant le temps, sans égard à la sagesse de Montaigne qui conseillait de n’apprécier la valeur d’une vie qu’après la mort du non impétrant à notre estime et apréciation. Montaigne allait jusqu’à dire que la façon dont on meurt est garante de la qualité de notre vie. IL y a dans l’agonie une part de hasard que Montaigne, pyroniste et sceptique à souhait bien que mort au cours de la messe et pendant l’Élévation, méconnaissait volontairement. La médiatisation ante mortem répond sans doute à un besoin anthropologique inévitable. Mais la transformation de l’image à retrouver en image que nous nous formons est une erreur spirituelle que nous pourrions et gagnerions à éviter.
Je me retrouve bien dans cette réflexion même si, pour différentes raisons , j’ai choisi de ne commenter qu’avec la plus extrême parcimonie des événements don t l’accumulation a raison de ma bonne volonté.
J’ajouterai que la société dans laquelle nous vivons, qui a tant reproché à l’Eglise catholique son obsession du sexe, me semble aujourd’hui la coiffer sur le poteau. Tout devient sexuel. Et il n’est plus d’atteinte à la dignité des personnes que de nature sexuelle. Peu importe que le capitalisme vous écrase s’il vous laisse l’illusion de ne pas vous violer sexuellement. Je crains que ce ne soient là des « idées devenues folles ».
Cette même société qui, par ses « élites » bien-pensantes des années 70, faisait l’apologie de la pédophilie !
Ah, Chesterton, lui aussi d’actualité :
“Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles. Elles sont devenues folles, parce qu’isolées l’une de l’autre et parce qu’elles vagabondent toutes seules.”
G.K. Chesterton, Orthodoxie
Il semble inévitable que la chute en cours du patriarcat au cours des 20ème et 21ème siècle conduise à des répliques du même ordre que celles qui ont accompagnées la chute des royaumes des empires et de l’esclavage aux 18ème et 19ème siècle.
N’est-ce pas actuellement l’idée même de péché -une pierre angulaire du système- qui s’affaisse parce qu’elle rend trop souvent fou ceux qui lui donnent trop de place au fond d’eux-mêmes?
Je crois que c’est l’abus spirituel qui confère aux violences et crimes sexuels commis par des ordonnés et des consacré(e)s, une résonance paroxystique -méritée, louable et salutaire- au sein de l’opinion.
L’idée folle, malsaine, de péché, cultivée par les trois religions du livre depuis des siècles, est en train de se fracasser sur la raison consciente de l’animal humain.**
* Vote malgré les combats d’arrière garde des sénateurs de la pénalisation du client de 2016.
** « De la folie naturelle à la folie divine : le paradoxe de la folie chez Érasme ». Jonathan Durand Folco, Université Laval (revue Phare, 2010)
https://revuephares.com/wp-content/uploads/2013/09/Phares-X.pdf
et « Le Péché et la Folie -Psychopathologie des 7 péchés capitaux, Jean Adès, 2014 Odile Jacob.
Permettez-moi d’être sceptique ! S’il y a des univers qui se sont depuis longtemps libérés de toute sujétion du péché c’est bien ceux du sport, de la mode, de la culture, de la littérature, des médias audiovisuels… où les agressions sexuelles n’ont rien à envier au monde religieux.
Lorsqu’un éducateur en vient à ne plus pouvoir toucher l’épaule ou le cou d’un adolescent pour éviter toute ambiguïté, on peut légitimement se demander si on n’est pas en pleine folie.
Le thème du consentement – de fait essentiel – revient souvent dans ces échanges. Mais où le situer ? Il y a peu j’ai entendu à la radio le fait divers suivant. Une jeune femme rencontre un homme en boite et accepte de le suivre à son domicile pour las nuit. Ils ont un rapport sexuel « consenti » et s’endorment. Au milieu de la nuit, l’homme se réveille et se sent pris du désir de remettre ça ! La jeune femme porte aujourd’hui plainte pour viol estimant que ce ce second rapport n’était pas consenti ! Ce qui est possible ! Situation invraisemblable ! Faudra-t-il faire signer désormais une autorisation à son, ou sa partenaire avant toute étreinte ?
L’avis de la mission d’information sur les violences sexuelles sur mineurs du Sénat s’inscrit en faux en estimant qu’une seule des nombreuses institutions entendues, la catholique, encourage par laxisme organisé, par tricheries spirituelles (péché, confession et secret), par l’importance donnée au célibat et à la continence… la violence sur mineurs. Je doute que vous l’ayez oublié! Sur ces milieux qui se seraient affranchis du péché comme sur la peur des éducateurs, vous raisonnez comme les 8 salopards de l’académie catholique de France, vous biaisez, vous bottez en touche. Ma déception est immense René.
« Sit transit gloria mundi » et parmi tout ceux que le monde a vénérés combien ont pu le vérifier amèrement…
Ce que vous dites René est fort juste mais de même dans l’Eglise, les abus sexuels devenus une « obsession exclusive » servent de paravent à de très graves « abus de gouvernance » qui même dénoncés ne sont pas entendus, et là aussi, il y a des personnes dont « la dignité » est bafouée.
Pourriez vous dire où commence « l’abus de gouvernance » lequel existe bien sûr parfois, mais pas en exclusivité, loin de là,dans le monde religieux et en même temps soutenir qu’un adulte quel qu’il soit n’a besoin de pêrsonne pour faire ses choix
Et oui, il ne faut pas confondre icône et idole… confusion qui n’est pas nouvelle et qui avait été abordée lors du 7èmeconcile œcuménique (Nicée II, 787)
Je ne crois pas au péché, donc pas à leur pardon. Je crois que l’erreur est humaine, que l’humanité est perfectible et que si nous n’avons pas à juger, au sens judiciaire humain, j’en ai le devoir, au sens moral humain de ce que me dicte ma conscience*, et là d’autant plus que beaucoup dans son entourage, ont abusé de sa maladie, en l’encourageant à en faire des tonnes pour que brille son image. Il mérite que la vérité soit enfin faite avant que le temps fasse de lui une légende. Il aurait été plus respectueux pour son humanité que cette vérité vienne de son vivant et non après sa mort. C’est la sainte/sale manie (pas de vague, tout sous le tapis) qui met en colère et dégoute Véronique Margron… et tant d’autres dont moi qui ne suis personne. Car oui, l’abbé Pierre n’a rien à envier à un Jean Vannier, à un Thomas Philippe, à un Marie-Do Philippe…: l’abus spirituel peu rendre malade, fou!
Alors, je m’inscris en faux Marguerite, René, Michel de G, Dominique B qui tentez de relativiser le scandale en ciblant « la société délétère », car une société qui réussi à masquer/effacer, par de belles pensées, de jolis mots, de belles œuvres ses misères… est plus fausse que celle qui tente de « faire moins mal. La société que vous estimez délétère l’est certainement moins que celles qui l’ont précédées et cette évolution est dans l’ordre naturel des choses puisque la conscience humaines continue d’apprendre et de transmettre.
* La conscience: « l’homme sait qu’il sait » comme la défini Yves Coppens en se gardant bien de recourir à l’idée « Dieu ».