J’ai compris que la radicalité de votre combat vous faisait assumer le risque d’une possible victoire de Marine le Pen.
Chers amis,
Au premier tour de la présidentielle, j’ai compté, parmi mes proches, des soutiens résolus de Benoît Hamon, François Fillon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Je sais gré aux uns et aux autres de n’avoir pas cherché à me convaincre que la victoire de leur camp était nécessaire à la survie du pays ni que le salut de mon âme dépendait de ma détermination à rejoindre leur combat.
Les urnes ont rendu leur verdict. J’ai perçu des blessures, pris note de ralliements raisonnés… J’ai entendu – et formulé – des appels pour, au lendemain des législatives, engager la refondation d’un projet politique conforme à nos exigences éthiques. J’ai noté aussi de profonds silences, notamment parmi ceux d’entre vous qui aviez opté pour Jean-Luc Mélenchon ; parfois même le refus explicite de choisir entre Emmanuel Macron et Marine le Pen.
Je sais le jugement sévère
que vous portez
sur les générations de vos aînés.
Je crois commencer à vous connaître. Je sais la sincérité de vos engagements et la rigueur de votre réflexion politique. Je sais aussi le jugement sévère que vous portez sur les générations de vos aînés – la mienne notamment – et ce qui vous apparaît être leurs compromissions, leurs lâchetés et leurs échecs à transformer une société française aujourd’hui marquée par la pauvreté, l’exclusion et la désespérance.
Lors du premier tour de la présidentielle vous avez choisi Jean-Luc Mélenchon pour son attention aux plus modestes, son refus d’une rigueur qui ferait payer aux plus faibles le prix du redressement, sa dénonciation des dérives de la mondialisation et de la financiarisation de l’économie , son engagement écologique, sa détermination à accélérer la transition énergétique, à demander la renégociation des traités européens, à défendre notre appareil de production et à réhabiliter l’Etat nation faute d’un «protectonnisme solidaire» suffisant aux frontières de l’Europe, sa volonté, enfin, de rendre le pouvoir au peuple…
Je sais pour quelles raisons, malgré mes points d’accord, ce programme m’a semblé impossible à soutenir : les incertitudes pesant sur ses modalités de financement, le flou entourant sa vision de la place de la France dans l’Europe, son désir de désengagement dans la lutte armée contre l’Etat islamique, sa conception à mes yeux totalitaire de la laïcité, sa proposition d’inscrire dans la constitution les droits à l’avortement et au suicide assisté… Bref le risque perçu de plonger notre pays dans une forme de chaos.
Face à ce risque et en l’absence de toute alternative crédible à gauche, j’ai choisi, dès le premier tour, de voter pour Emmanuel Macron, malgré mes désaccords sur sa ligne libérale-libertaire, pour écarter tout danger de voir Marine le Pen accéder au pouvoir. Ce sera le sens de mon vote au second tour.
En vous résignant à ce que
ce soient les mains des autres qui, dans les urnes
décident de l’avenir de notre pays,
vous acceptez que leurs mains deviennent vos mains
La plupart d’entre vous avez décidé de ne pas choisir entre la peste et le choléra. Par refus de toute compromission. Cette décision, pardonnez-moi, me fait penser à la critique de Péguy à propos de Kant et de sa morale : «Il a les mains pures mais il n’a pas de mains». Ou plutôt si, en vous résignant à ce que ce soient les mains des autres qui, dans les urnes, décident de l’avenir de notre pays, vous acceptez que leurs mains deviennent vos mains. Si je vous comprends bien, il n’y a pas moins de risques pour le pays à voir Emmanuel Macron accéder à la présidence de la République que Marine le Pen. La mise en œuvre d’un projet économique libéral qui n’est, certes pas, sans conséquence écologique ou sociale, serait-il aussi condamnable pour un chrétien que l’avènement au pouvoir d’un mouvement politique dont l’idéologie, même toilettée, s’enracine dans l’antisémitisme et la xénophobie ?
J’ai pour vous de l’estime. Je ne vous considère ni comme des irresponsables ni, bien évidemment, comme des salauds. Alors j’ai essayé de comprendre. La lecture du livre que vient de publier Gaultier Bès m’y a aidé. (1) Il y développe l’idée d’une nécessaire radicalisation de l’engagement politique qui ne peut aller de pair qu’avec un profond enracinement. Je le cite : «L’enracinement sans radicalité est artificiel, la radicalité sans enracinement superficielle. L’action politique se doit d’être radicale sous peine de se corrompre en immobilisme, perpétuant le statu quo en dépit des injustices, et enracinée sous peine de se muer en extrémisme, s’agitant en surface sans s’attaquer aux causes. Pour reprendre la formule de Jean-Claude Michéa, sans ces deux dispositions, le pouvoir se condamne à la stérilité d’une alternance sans alternative.» (2)
J’entends, dans votre intransigeance
le refus d’euphémiser les propos du pape François
dans Laudato si’
J’ai compris que c’était là votre analyse de la situation présente. Dans les dernières lignes de ce livre, Gaultier Bès écrit encore : «A l’heure où se recompose le champ politique, et où s’effondrent les vieux systèmes, rien n’est plus raisonnable que la radicalité.» (3)
Me reviennent en écho, les paroles du pape François dans Laudato si’ : «Nous devons nous convaincre que ralentir un rythme déterminé de production et de consommation peut donner lieu à d’autres formes de progrès et de développement.» (4) Et plus loin : «Il ne suffit pas d’inclure des considérations écologiques superficielles à la culture actuelle.» (5)) «Sur ces questions, les justes milieux retardent seulement un peu l’effondrement. Il s’agit simplement de redéfinir le progrès.» (6) Puis de conclure : «Il faudra inviter les croyants à être cohérents avec leur propre foi, et à ne pas la contredire par leurs actions.» (7)
J’entends donc aussi, dans votre intransigeance le refus d’euphémiser les propos du pape au nom d’un nécessaire réalisme, ce qui est traditionnellement la pente naturelle du monde catholique.
Bref, je crois avoir compris que sans souhaiter la victoire de Marine le Pen vous en acceptiez le risque si ce pouvait être-là le moyen de réveiller enfin nos consciences endormies, en donnant un grand coup de pied dans la fourmilière. Une manière de renouer avec un anarchisme chrétien qui a aussi ses partisans à la droite de la droite. (8)
Personnellement je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour barrer la route au Front National. J’accepte l’expression de votre désaccord. Et je nous donne rendez-vous au lendemain des législatives, quel que soit le paysage politique qui en sortira, pour tenter de répondre, ensemble, politiquement, à l’injonction de l’abbé Pierre, en 1989, devant les membres de l’Institut de France : «Jusqu’à quand, scandaleusement, resterons-nous tant patients de la souffrance des autres ?» A laquelle faisait écho quelques décennies plus tard ce cri du pape François dans un entretien au magazine Trenta Giorni : «Nous sommes fatigués de systèmes qui produisent des pauvres pour qu’ensuite l’Eglise les prenne en charge.»
Je vous redis mon estime et mon amitié.
PS. Je précise ici que les destinataires de ma «lettre ouverte» ne sont pas les signataires de la tribune publiée par le Monde, choisie pour illustrer cet article, signataires que je ne connais pas personnellement.
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Gaultier Bès, Radicalisons-nous. Ed. Première partie, 128 p. Gaultier Bès est co-fondateur et directeur adjoint de la revue Limite, revue d’écologie intégrale, dont j’ai eu l’occasion de noter l’intérêt et de saluer le travail dans tel ou tel article de ce blogue.
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Op cit p. 80
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ibid p. 125
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Laudato si n°191
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ibid n°197
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ibid n°194
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ibid n°200
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L’anarchisme chrétien, Jacques de Guillebon et Falk Van Gavrer, Ed. de l’Œuvre 2012, 300 p. Un livre foisonnant, touffu, parfois un peu confus mais passionnant pour qui s’intéresse à la question.
Bravo, René ! Quel bel effort pour comprendre une attitude et une génération qui ne sont pas la tienne (ni la mienne). Oui, tu m’aides à comprendre ceux à qui tu t’adresses avec beaucoup d’estime et de respect, et qui sont un certain nombre autour de moi. Je n’ai pas voté comme toi au premier tour, mais je voterai comme toi au second, sans illusion, mais sans état d’âme non plus.
J’aimerais ajouter à ta lettre ouverte (que je vais faire suivre à quelques bons amis) le magnifique dessin de Plantu ans le Monde d’hier sur le « dégagisme » : Marine Le Pen serait-elle la seule qu’il ne faut pas « dégager » ? Bien à toi, JPR
Je ne peux que redire mon profond désaccord avec ces chrétiens dits » de gauche » qui dominent depuis cinquante ans l’église de France, et qui après nous avoir imposé Hollande et son lamentable quinquennat, en tous domaines….. volent aujourd’hui au secours de la poursuite de ce système du mensonge avec Macron ., en poursuivant leur aveuglement volontaire, avec l’alibi d’un Front National diabolisé , instrumentalisé par la gauche minoritaire pour se maintenir au pouvoir par tous les moyens, comme seul ennemi à combattre pour sauver leurs « valeurs » !
Depuis plus de trois mois, c’est le petit jeu de tout le système clérical de l’église de France, dont ses « mouvements » et médias, instrumentalisant les réfugiés, confondus avec tous les mouvements migratoires, pour se croire évangéliquement ouvert à l’autre etc…
L’autre…. plus d’un million d’enfants à naïtre avortés au cours d’un quinquennat qui n’a cessé de banaliser, de promouvoir, d’encourager l’avortement, jusqu’à en interdire par la loi toute interrogation.
On nage dans le mensonge et l’hypocrisie au lieu d’avoir le courage d’un profond examen de conscience, courage de regarder en face la désunion , l’anesthésie, et la décadence du rapport au Monde, de l’église de France !
Pauvres poissons roses qui n’ont même pas été reçus par les dirigeants de LEUR parti, pour avoir le droit de jouer les figurants dans la comédie de la primaire de gauche ! Mais tous se retrouvent pour voter Macron, et militer contre….
Les chrétiens avaient sans doute et ont peut être autre chose à dire, et à dire à tous les Français, que de s’engluer une fois de plus dans le mensonge de ces jeux politiciens MRP-SFIO, maçonniques, radicaux socialistes, à la Macron-Bayrou…. !
Macron…. notre espérance , dans quinze jours ! C’est la résurrection de Judas !
Pauvres poissons roses ….
Message initialement publié sur Facebook :
Merci à René Poujol pour cet article posé et surtout « à l’écoute ». C’est ce dont nous avons tant besoin : d’écoute. Il a par ailleurs plutôt bien cerné certaines conceptions – pour ne pas dire « dispositions » – dans lesquelles je me reconnais.
Resté sidéré par le résultat du premier tour, je n’ai pas moins été sidéré depuis quelques jours par l’hystérie collective face à l’horizon du second tour.
Un premier point qu’il me faut évacuer, non par militantisme, mais par simple honnêteté intellectuelle. Beaucoup ont reproché, au soir du résultat, à JL Mélenchon, de ne pas donner de consigne de vote, le traitant d’irresponsable. Ceux-là n’ont pas compris la nature de sa candidature et du mouvement qui l’a portée : depuis le départ, il n’était pas le leader du mouvement, il ne se voulait que son représentant à l’élection. Sans doute la « France Insoumise » aurait-elle dû anticiper un tel résultat et organiser sa consultation en amont, en prévision, pour que le message soit prêt le soir du résultat. Cela n’a pas été le cas. Mais quoiqu’il en soit, jusqu’au bout, ce n’est pas JL Mélenchon qui choisissait son programme, ses prises de positions, mais le mouvement qui l’a choisi de façon démocratique comme représentant. Et en ce sens, JL Mélenchon était moins libre de se positionner que chacun des sympathisants de son mouvement, il le savait bien, et c’est tout à son honneur.
Quant aux sympathisants de la France Insoumise qui n’ont pas encore pris position, qui tergiversent, il y a une autre chose à comprendre, à entendre du moins, les concernant : nous avons 15 jours pour nous décider, et ce délai n’est pas superflu. Et oui : pour certains, c’est une décision difficile à prendre. Pas parce qu’on penserait que les deux candidats se valent, pas parce qu’on simplifie tout, ou que l’on est aigri. Mais parce que poser ce choix, contre M. Le Pen (et donc en glissant un bulletin pour E. Macron dans l’urne), même quand on le sait nécessaire, est douloureux. La radicalité qui peut pousser à s’engager en faveur du projet de la FI fait aussi faire ce second choix en tremblant. C’est humain. C’est pourquoi on voudrait repousser un peu le moment de prendre cette décision, c’est pourquoi on se repasse le film de la campagne, on se projette avec tristesse et peut-être de la peur sur l’avenir, et oui, on est tenté dans un premier temps de fuir ce second tour, de démissionner… bref, il faut parfois du temps pour se ressaisir, pour réfléchir posément, librement. Et ce n’est pas coupable, de prendre ce temps ; ce temps, que l’élection permet, mais que le rythme de la communication ne semble même plus tolérer.
Alors pour certains politiciens ou militants, la prise de position doit être évidente, et tout de suite. Je crains que cela ne trahisse trop souvent une coupable légèreté dans l’engagement citoyen. Du moins quand on n’est pas d’avance acquis aux grandes lignes du programme E. Macron. Et plus encore quand tout le monde s’accorde à dire que « l’heure est grave ». Car enfin, qu’est-ce qui, dans cette décision, ne peut pas attendre quelques jours et doit absolument être produit au rythme infernal de l’actualité médiatique ? Les 15 jours entre les deux tours ne doivent-ils servir qu’à mettre en scène la finale d’un match dont nous ne serions que spectateurs/commentateurs ?
Ceci me permet de soulever un dernier point : la responsabilité d’une élection ne repose pas d’abord sur tel ou tel candidat. C’est suivant cette même idée que la campagne de la FI insistait tant sur la fin de la monarchie présidentielle. Nous votons, et à notre manière, nous faisons campagne, nous nous positionnons. Nous pouvons nous aussi être rassembleurs ou diviseurs. Or je vois depuis quelques jours déferler des salves de critiques sur E. Macron venant en grand nombre de ceux qui se font pourtant un devoir a priori de voter pour lui. Je ne comprends pas. Quelle cohérence y a-t-il à crier sur les toits qu’il faut absolument faire barrage à M. Le Pen, et en même temps contribuer à sa campagne en diffusant encore et encore des critiques contre son adversaire ? Est-ce pour jouer à se faire peur, pour le plaisir de pouvoir dire après « je vous l’avais dit », ou pour finalement se justifier de ne finalement pas faire ce qu’on a d’abord admis être son devoir ?
Il y a là peut-être encore un problème de rapport au temps. Et à la parole. Pour ceux qui n’ont voté ni M. Le Pen ni E. Macron au premier tour, le temps de faire valoir ses positions viendra… après l’élection. Patience, ici c’est l’entre-deux tours. On a aussi le droit de se taire. Ou on peut, s’il faut absolument « communiquer », chercher durant cette période à dépasser ce qui nous oppose au candidat pour qui nous savons que nous « devons » voter, pour relever ce que l’on peut voir de positif dans sa candidature, dans son projet, en s’y accrochant comme en une forme d’espérance.
Merci pour ce commentaire pariculièrement pertinent. Je m’étonne, à vous lire, que Jean-Luc Mélenchon n’ait pas eu la sagesse d’expliquer son « silence », comme vous le faites avec autant de clarté. Ce positionnement me semble tout à fait recevable.
Mais j’ai été particulièrement intéressé par la seconde partie de votre propos où vous demandez le temps de la réflexion pour une décision qui n’est pas si simple… Vous pointez-là un problème majeur de notre époque : cette injonction qui nous est faite de répondre à toute interpellation dans la seconde même où elle est formulée.
En harmonie avec l’estime et l’amitié que vous adresse René, avec ses explications aussi.
Chaque génération est face à cette montée de sève qui renvoie l’autre à ses lunes. Et c’est bien!
Ayant beaucoup lu Bernanos (1888-1948), ce reflet lucide et prophétique sur une époque qui va des prémices de la guerre mondiale de 14/45 à la renaissance emplie de pièges … jusqu’à sa mort, j’ai aussi beaucoup lu le grand intellectuel engagé maltraité encore aujourd’hui par notre pays : Romain Rolland (1866-1944). Cet homme universel, en avance sur son temps, a fait parler, peu avant 14, son « héros » vieillissant Jean-Christophe qui admire et comprend mal son « fils spirituel » Emmanuel (choix du prénom!):
Emmanuel: « … tu ne trouves pas dur, un vétéran comme toi, de te voir faire la leçon par des conscrits, qui en sont à leur première bataille? » Jean-Christophe: « Ils m’amusent. Cette arrogance est le signe d’un sang jeune et bouillant qui aspire à se répandre. Je fus ainsi jadis. Ce sont les giboulées de mars, sur la terre qui renait … Qu’ils nous fassent la leçon! Ils on raison, après tout. Aux vieux de se mettre à l’école des jeunes! Ils ont profité de nous, ils sont ingrats: c’est dans l’ordre! … Mais riches de nos efforts, ils vont plus loin que nous, ils réalisent ce que nous avons tenté. S’il nous reste encore quelque jeunesse, apprenons à notre tour, et tâchons de nous renouveler. Si nous ne le pouvons pas, si nous sommes trop vieux, réjouissons-nous en eux. »
J’ai signé un autre appel, …. « A ceux qui confisquent la voix des catholiques, nous répondons que nous allons voter Emmanuel Macron » … et j’affirme que les sondeurs qui donnent à entendre qu’ils croient en l’existence d’un « vote catholique » se trompent ou font semblant, et qu’ils trompent beaucoup de gens, … voir le contraste entre la philosophe Cynthia Fleury et le sondeur Brice Teinturier sur C dan l’air du 17/04 « le messe est dite ».
Je crois malheureusement Mr Poujol que vous n’avez pas compris grand chose au vote Mélenchon jeune qui s’enracine non dans l’anarchisme chrétien mais dans le message Appel de 2004 des anciens résistants de 39-45.
Résister c’est créer, créer c’est résister.
Cette résistance à l’ultra libéralisme comme la résistance au fascisme nationaliste, qui s’incarne dans différents mouvements sociaux et citoyens allant de la JOC à Attac en passant par ATD Quart Monde, Utopia, les Jours Heureux, les Colibris, à des SCOP, AMAP, ZAD et autres associations d’entraide, antiracistes, de rencontres et de partage, de culture et d’écologie, motive à ne voter ni Macron ni le Pen de par les engagements pris au quotidien depuis des années. De par les combats, les luttes menées.
Mais cela n’empêche pas la lutte de continuer.
Dans chaque structure où les jeunes sont et vivent et travaillent.
Même si cette action collective, comme individuelle semble dérisoire. Elle est un pied de nez quotidien au fascisme, à l’ultra libéralisme. Sous le vote Mélenchon, Poutou, Arthaud, il y a des milliers de jeunes engagés dans des tas d’actions quotidiennes pour créer une alternative économique, sociale, politique.
Nuit Debout en fit une première démonstration publique et média. Sa soeur aînée, les rencontres des Glières animées et portées par les anciens résistants, ont aussi porté des fruits qui continuent à s’incarner par tant et tant de projets créatifs et porteurs de plus de liens sociaux, de plus d’égalité, de liberté et de fraternité.
Le clivage religieux n’entre pas dans la balance. C’est l’aspiration au bien commun et le partage d’une même humanité qui réunissent les individus. Qui leur donnent envie d’avancer et de se battre pour sortir la société du bourbier où elle a été plongée volontairement par les classes dirigeantes.
Qui a intérêt dans la classe dirigeante française et européenne actuellement à voir Marine le Pen au pouvoir?
Personne. Donc il n’y a guère de risque de la voir au pouvoir. Par contre, la classe dirigeante a besoin de l’extrême droite pour contraindre les populations à la résignation de la domination du capitalisme ultra libéral. C’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour museler toute résistance, toute opposition ou presque.
Mais la jeunesse qui a voté Mélenchon, Poutou, Arthaud et qui s’implique au quotidien dans des actions de lutte contre l’antisémitisme, contre la xénophobie, contre le nationalisme, contre l’ultra libéralisme et le capitalisme, sait bien tout ça (merci Mr et Mme Pinçon Charlot, merci François Ruffin, merci Frédéric Lordon, merci Franck Lepage, merci Bernard Friot, merci Stéphane Hessel, merci Daniel Mermet, merci Caroline Haas, merci Coline Serreau) et souhaite justement dire qu’il y a bien une autre voix.
C’est le sens de son vote du premier tour. Et celles et ceux qui voteront blanc continueront leur lutte encore plus fortement contre ces deux fléaux.
Car cette jeunesse n’a pas voté pour un homme providentiel, mais pour des idéaux politiques retrouvés et des valeurs communes de gauche qui font sens, même si oubliées par leurs parents, parfois grands-parents.
Et au vu des résultats du premier tour, le combat se fera avec encore plus de fougue puisque désormais, la gauche réelle a retrouvé espoir et couleur et a compris qu’elle ne devait plus se faire abuser. Donc quel que soit le résultat du second tour et il est plus que probable qu’il donnera Macron au pouvoir, le combat continuera.
Loin de la logique des appareils, loin des médias mais dans une réalité quotidienne. Beaucoup plus dans le concret que dans les fumées de tête.
Ce qui est sympathique avec vous – et encourageant pour l’avenir – c’est qu’on vous accueille avec constance à la maison, pour discuter avec quelques amis, et qu’à peine installée, avant même de nous faire part de votre réflexion – pour ne pas dire de votre culture – vous vous sentez autorisée à expliquer au maître de maison qu’il n’a rien compris à rien dans ce qu’il vient de dire… Bref, qu’il avait tout faux ! Et qu’heureusement qu’il a eu l’intelligence, elle sans réserve, de vous faire signe ! Pour rétablir le vrai sens des choses et sans doute une part de l’éternelle Vérité.
Sur le fond, ma lettre ouverte ne s’adressait pas aux « électeurs mélenchoniens » mais » à des jeunes amis catholiques insoumis » qui peuvent avoir leurs propres références. J’observe que mon texte a été plutôt bien reçu et que certains partages sur Facebook (parmi les 300 enregistrés à l’heure où j’écris ces lignes) ont été introduits, par tel ou tel, précisément par le paragraphe et la référence à l’anarchisme chrétien qui justifie votre « rectificatif ». Preuve que pour ce qui les concerne, ils s’y sont retrouvés.
Bonjour Mr Poujol
Désolée de vous avoir vexé. Telle n’était pas mon intention.
Juste vous donner la réalité originelle de ce mouvement que je connais bien.
Car je fais partie de cette jeunesse catho insoumise, ancrée au quotidien et dans la vie professionnelle dans différents engagements anticapitalistes et antiracistes, antifascistes aussi, donc il me semble important de vous resituer l’origine réelle des positionnements et votes actuels. A savoir l’appel des anciens résistants et le mouvement des Glières. Qui ne rassemblent pas les jeunes et moins jeunes par convictions religieuses mais par convictions humanistes, simplement.
Ce qui est bien la spécificité de ces groupes. Justement parce que les cathos insoumis se placent en tant qu’humains parmi d’autres et pas en tant que cathos.
C’est toute la différence d’avec les cathos identitaires d’extrême droite et de droite fillonniste (façon Sens Commun, PDC, Dupont Aignan,etc).
L’approche des différents mouvements citoyens qui ont voté Mélenchon, Poutou, Arthaud, n’est absolument pas religieuse. Exactement comme ce qui s’est déjà passé pour les mouvements de résistance au nazisme et à Vichy durant la seconde guerre mondiale. Il y avait des résistants de toutes confessions religieuses, des athées. Ce qui les rassemblait, c’était un idéal commun social, humaniste. Pas la religion.
Prenez Henri Bartoli, résistant chrétien et fondateur d’une partie des textes du CNR, l’anarchisme chrétien si on lui avait sorti cela pour expliquer son engagement, l’aurait je pense, bien fait rire. Lui s’est engagé en résistance simplement par rapport à la violence et aux discriminations subies par ses amis juifs. Les causes d’un engagement sont plus pragmatiques, sensibles qu’intellectuelles et religieuses. Et c’est très bien comme ça.
Je persiste dans mon désaccord. Que des jeunes « qui croyaient au Ciel » et d’autres « qui n’y croyaient pas » se soient historiquement retrouvés dans un sursaut libérateur commun, à travers une analyse des situations et des combats à mener qui ne s’enracinait nullement dans la foi mais une approche et une sensibilité communes, voilà à qui je puis adhérer sans réserve. Mais je persiste à penser qu’il est des chrétiens dont la lecture des Evangiles a été l’élément déterminant de l’engagement politique, et qui voient dans la personne du Christ et les exigences de son message, la légitimité d’un combat qui situe l’exigence morale au-delà des codes sociaux habituellement admis pour permettre un vivre ensemble apaisé. Il existe une tradition de l’anarchisme chrétien au nom même de la foi, même s’il conduit à des convergences objectives avec des non-croyants.
Comment un chrétien social pourrait il voter pour un candidat au carrefour de tous les libéralismes.
Pour barrer la route à la candidate d’un parti antisémite et xénophobe, au carrefour de tous les despotismes. En sachant que dans le premier cas il pourra toujours débattre librement et s’opposer… au nom du christianisme social.
Bôf…..Le Front national est une création conjointe de JM Le Pen et de F.Mitterand, ce dernier soucieux de lester la droite d’un parti assez puissant et que la « propagande » saurait rendre infréquentable », avec l’aide de toute la capacité de haine et des mensonge des intellectuels, du système médiatique, des églises etc…Ainsi la droite ne pourrait gouverner, avec le boulet d’un Front National identique à ce que fut longtemps le PC pour la gauche ! Là , Mitterand fut très aidé par les outrances, inacceptables de JM Le Pen, encore englué dans les débats de la deuxième guerre mondiale. Mais lorsque Le Pen dit que les camps nazis ne sont qu’un détail au regard de l’Histoire…. c’est évidemment inacceptable, mais osons regarder en face ce que sont aujourd’hui pour nos intellectuels de gauche (pléonasme), nos médias, notre université, notre église, les 100 millions de morts du communisme, les goulags et autres ou le génocide du peuple vendéen par la Révolution française…..où sont les vrais détails de l’histoire et pour qui ?
« Le ciel se rit des prières qu’on lui fait pour éloigner de nous des maux dont on persiste à vouloir les causes » disait Bossuet. Si demain le Front National a doublé ses voix au deuxième tour de la présidentielle, la cause est à chercher dans le système du mensonge et de la haine des Macron-Valls-Hollande-Bayrou, plus que dans une progression d’une France antisémite, xénophobe et despotique. L’outrance, la haine, le mensonge, les méthodes « fascistes » des adversaires du Front National finissent par se retourner contre eux…. et dans cinq ans, ils pourront enfin se croire « résistants », et aller jouer les Jean Moulin de plateau-télé ! SI l’on veut lutter contre le Front National, faisons le dans la vérité, qui commence par le dur effort de la verité sur soi-même. Et on en est loin…..!
Se contenter d’épiloguer sur les causes objectives de la montée du FN me semble insuffisant… Ce parti est-il un parti démocratique comme les autres dont l’avènement au pouvoir marquerait simplement le jeu légitime de l’alternance ? Voilà ce que votre commentaire peut donner à croire et contre quoi je m’élève. Le FN reste à mes yeux un parti anti-démocratique.
Quel parti en France aujourd’hui peut prétendre se dire « démocratique » ? Et en plus que penser du gouvernement des partis….cf De Gaulle ? Crise générale de la démocratie….sans doute, car elle suppose justement le dialogue honnête rationnel et raisonnable en vue de la Vérité., c’est à dire une morale . C’est tout autre chose que de dénoncer le bouc émissaire pour se cacher la Vérité, et prolonger le système du mensonge . Démocratie….. place aux referendums d’initiative populaire….. et j’attends alors vos « commentaires » , voir les dénonciations permanentes comme populistes, réacs, hier fachos, de tous ceux qui osent ne pas penser selon le modèle imposé !