C’est aujourd’hui la journée mondiale de l’alimentation… D’autres suivront, également décrées par l’ONU sur : la femme, la liberté de la presse, l’environnement, l’alphabétisation, la poste, le diabète, la montagne… ou encore les droits de l’homme ! Mais cette question de la faim devrait nous empêcher de dormir !
Un milliard d’êtres humains souffrent de la faim ! Le nombre est en constante augmentation depuis dix ans. Oubliés les engagements solennels de l’an 2000 de réduire ce fléau de moitié d’ici à 2015. Partout à travers le monde les prix des denrées alimentaires flambent. Effet conjugué des sècheresses, des déplacements de populations liés aux guerres, de la spéculation mondiale sur les prix… de l’incurie de certains gouvernements.
Encore faudrait-il rajouter à ce milliard d’affamés, un autre milliard d’hommes et de femmes sans doute, dont chaque journée que Dieu fait est consacré exclusivement à survivre en allant chercher loin un peu d’eau potable, en travaillant pour gagner de quoi s’offrir de quoi tenir jusu’au lendemain !
Les démographes nous annoncent 2,5 milliards d’habitants de plus sur la planète d’ici le milieu de siècle. J’entends que la terre peut les nourrir ! Peut-être ! Mais au prix de quels renoncements, de quels retournements dans nos modes de consommation ? Le productivisme agricole a montré dramatiquement ses limites. Comment ferons-nous face, sans les ressorts du productivisme désormais banni ?
J’étais adolescent lorsque dans les années soixante furent lancées les premières campagnes mondiales contre la faim. Ce fut là mon premier engagement militant. Pour creuser des puits en Inde nous avions à l’époque fédéré les jeunes de tous les établissements scolaires de la ville, publics et privés. Du jamais vu ! A force de lavage de voiture, de vente de crèpes et de vides greniers nous avions gagné 20 000 francs de l’époque ! Et, pour certains d’entre nous, une mauvaise conscience définitive face aux peuples de la faim.
Depuis, l’Inde a atteint son autosuffisance alimentaire et sans doute aussi la Chine après la période Mao. Finie la collecte des papiers d’argent pour nourrir les « petits chinois »… Mais la faim demeure ! En Asie, en Afrique, en Amérique latine… et jusque dans nos banlieues.
Les Français ont conscience du drame et la juste intuition des solutions. C’est en tout cas ce que l’on peut conclure du sondage BVA-CCFD-Terrre solidaire publié ce jour dans La Croix. 80% pensent que la solution viendra, dans ces pays, du développement d’une agriculture locale et familiale. 60% font confiance à l’action des ONG et 55% de l’ONU pour les y aider. 57% souhaitent que l’Europe limite sa production pour ne pas concurrencer l’agriculture des pays pauvres et 55% que les pays riches augmentent leur aide aux pays du Sud.
N’oublions jamais la « prophétie » du présient Boumédienne, en 1974, à la tribune de l’ONU évoquant ce jour où les peuples de la faim monteront vers le Nord à la recherche de leur propre survie. Nous y sommes !