Les égarements de Frédéric Lefebvre

Non, monsieur Lefebvre, l’essentiel des journalistes de France et de Navarre ne se lève pas chaque matin en se demandant que faire, qu’écrire qui puisse déstabiliser le Président Sarkozy !

Le porte parole de l’UMP a été bien mal inspiré, que ce soit par lui-même ou par d’autres, de mettre en accusation, lundi sur RTL, « ce monde politico-médiatique qui cherche par tout moyen à détruire le Président de la République ». Que dire sinon que c’est une ânerie ?

Qu’il se trouve, dans la presse française, des titres que leur sensibilité range dans l’opposition au gouvernement, c’est l’évidence même et c’est la chance de toute démocratie. Que des journalistes puissent tirer parti des faux pas de l’entourage présidentiel, c’est la loi de l’information dans tout les pays de liberté.

Dénoncer une « hystérie antisarkozyste » c’est faire peu de cas de l’emprise du pouvoir sur nombre de groupes de presse dont les dirigeants sont des amis personnels du locataire de l’Elysée. Je n’ai pas souvenir d’avoir entendu Frédéric Lefebvre monter au créneau lorsque c’est Match qui consacre sa couverture au président.

Fallait-il que les journalistes se taisent sur « l’affaire Mitterrand ? »  Entre le silence pudique et la curée indigne, il y avait place pour le questionnement : Frédéric Mitterrand n’a-t-il pas commis une erreur en prenant, sans guère de précautions,  la défense de Roman Polanski ? Cette erreur est-elle explicable par les choix personnels de l’auteur de Mauvaise vie, tels qu’il les relate dans cet ouvrage autobiographique ? Et dans ce cas, existe-t-il des critères, autres que la simple compétence, à prendre en considération avant de confier à une personnalité des fonctions ministérielles ? Je ne vois là aucun questionnement indigne d’un journalisme honnête.

Fallait-il que les mêmes se taisent sur la perspective de voir Jean Sarkozy accéder à la présidence de l’Etablissement public d’aménagement de la Défense ?  Au motif de sa légitimité populaire.  Est-il indigne de s’interroger sur l’existence d’autres candidatures possibles au sein du Conseil Général comme, par la suite, au sein du conseil d’administration de l’Epad ? Et de se demander si leur non manifestation ne procèderait pas d’un excès de déférence coupable vis à vis de l’Elysée ? Je ne vois là, pareillement, aucune attitude qui, puisse, a priori, s’interpréter en termes de harcellement. Sauf à considérer que nous sommes restés en régime monarchique.

Peut-être le Président de la République serait-il, de fait, plus à l’abri de ces avatars, inévitables, de la vie politique, s’il n’avait pris la fâcheuse habitude de se mettre perpétuellement en avant sur tout acte relevant peu ou prou de décisions politiques et gouvernementales. Frédéric Lefebvre sait tout cela parfaitement. Drôle de boulot tout de même que de devoir en permanence défendre l’indéfendable !

4 comments

  • Et une sainte colère de plus de la part de mon ami René Poujol ;+) Frédéric Lefebvre a bien mérité son surnom de porte-flingue de Nicolas Sarkozy. Avec lui, la meilleure défense c’est l’attaque. Si Frédéric M est l’homme de la mauvaise vie, Frédéric L est assurément l’homme de la mauvaise foi. Au point que le président de la République en est peut-être à se demander chaque matin : « Mais que vais-je bien pouvoir demander de déclarer dans la presse à mon saigneur Lefebvre ? » Cette nouvelle provocation du porte-parole de l’UMP ne vaut vraiment pas qu’on en fasse un fromage. Même du roquefort. Car c’est contribuer à un buz qui, au final, accrédite la thèse populiste selon laquelle les journalistes ne supportent pas d’être critiqués. Et Frédéric Lefebvre de se retrouver dans la posture qu’il affectionne tant, celle de martyr des médias.

    • Mon cher Daniel, sans doute les journalistes que nous sommes, dont l’honorabilité est, en effet, perçue par les Français comme voisine de celle des dames de petite vertu, devraient-ils surtout cesser de se réfugier derrière une défense corporatiste de leur profession. Prendre prétexte de tout pour déglinguer le Président est en effet une pratique à la fois courante et détestable. Considérer que sur les deux dossiers qui ont faiit du buz le plus récemment, auxquels je consacrais mon blog (affaires Frédéric Mitterrand et Jean Sarkozy) on aurait assisté à une « curée » et non à de l’information tient du discours idéologique. Et de l’anti-journalisme primaire. Ce ne sont pas les journalistes qui ont créé l’un et l’autre événement qui, encore une fois, suscitent de vraies questions sur nos pratiques démocratiques. Difficile donc, dans le cas des accusations de Frédéric Lefebvre, de trancher sur le fait de savoir s’il faut mieux, tactiquement, faire le gros dos ou pousser un coup de g…

  • je suis d’accord pour constater que les journalistes relatent plus les petites manoeuvres des politiques en responsabilité , souvent en grossissant les faits (sans doute pour intéresser les lecteurs) , plutôt que d’analyser les mesures prises en présentant les avantages et les inconvénients et en les comparant avec celles de nos pays voisins . Vous essayez semble -t-il le sensationnel en provoquant la polémique .

  • Bonjour Monsieur René Poujol,
    D’habitude, je lis plutôt le Pèlerin version papier. Pour la première fois, je lis votre blogue (que j’écris désormais bloGUE comme les Québecois). On a eu souvent des désaccords dans le passé. Peu importe, chacun est libre d’avoir ses idées.
    En ce qui concerne la prétendue hystérie anti-Sarko, je suis persuadé que le système actuel UMPS est devenu un cas désespéré. C’est la fin du Système, disent certains. Moi, je dirais surtout que c’est la fin d’une époque.

    1) Décalage entre les politiques et le peuple français
    2) Décalage entre les médias et les lectrices / lecteurs.

    A titre personnel, je ne lis plus de journaux, car j’en ai un peu marre de leur pensée unique. Heureusement qu’il existe encore quelques journalistes dignes de ce nom. Je pense à M. Ivan Rioufol (entre autre), Claude Reichman pour le côté « libéral », Philippe de Saint-Robert ou bien Paul-Marie Coûteaux pour le côté « anti-libéral », c’est-à-dire tous ceux qui refusent de marcher dans la combine, quelque soit l’opinion des uns et des autres.
    RCF, c’est pas mal, mais je préfère mille fois Radio Courtoisie (95.6 à Paris). Certes, on peut reprocher bien des choses à Radio Courtoisie, son côté « vieille France », le manque de renouvellement des émissions, etc., mais globalement, je suis d’accord à 80 % de ce qui se dit sur Radio Courtoisie (ça me change de la pensée unique des autres médias).

    Petit rappel —-> Le fait de surnommer Jean Sarkozy « le Prince Jean » me paraît quelque peu exagéré. Le seul véritable Prince Jean à l’heure actuelle, c’est notre ami Jean de France – Duc de Vendôme. Certes, ce n’est pas un politicien au sens classique du terme. Il n’a aucun pouvoir politique, mais il détient réellement le titre de Prince, puisqu’il est l’héritier direct de la Maison de France. [Et donc, rien à voir avec Sarko Junior].

    Sinon, le Pèlerin avec Anne Ponce a l’air pas mal. Dommage que vous êtes totalement englué dans le politiquement correct. Pour compenser, je lis Monde & Vie.

    Merci de votre attention – Meilleures salutations,
    François R.
    94160 Saint-Mandé

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