Nulle agressivité dans le livre de Denis Moreau, mais l’affirmation sereine du bonheur d’être “intelligemment“ chrétien.
Denis Moreau me pardonnera d’avoir retenu pour titre de ce billet celui qu’il souhaitait donner à l’un des chapitres de son livre (1) avant d’y renoncer, par charité chrétienne. Si je le reprends ici, encore me faut-il en donner une juste compréhension. Nul mépris dans cette expression un peu triviale il est vrai, nul refus du débat ou de l’échange. Plutôt la volonté d’affirmer – c’est la tonalité du livre – une identité sereine et raisonnée face aux détracteurs du catholicisme. Le philosophe, dans ce chapitre où il dénonce l’inculture religieuse de Michel Onfray, de Libération et de quelques autres… dit « rêver parfois d’une Marche des fiertés catholiques – une catho-pride, donc – » où les disciples de Jésus descendraient dans la rue pour dire joyeusement – jouïssivement aurait osé Joseph Delteil – que l’on peut être heureux de croire et, quoi qu’en disent certains, fier de l’apport de vingt siècles de christianisme à notre humanité.
Pourquoi je crois ce que je crois
L’auteur se présente comme «un catholique ordinaire» pour qui la prière «est une activité difficile», mais soucieux de «nourrir sa foi», notamment par la lecture. Lui le philosophe qui n’ignore rien de la pensée des maîtres du soupçon, dit n’avoir jamais « rencontré d’arguments suffisamment forts pour abandonner la religion de (ses) nourrices ». Le propos de son livre – sa raison d’être – est donc tout simplement d’expliquer au lecteur pourquoi il croit ce qu’il croit. Et de le faire en philosophe qui s’adresse à tous, croyants ou non-croyants, en s’appuyant sur la simple raison commune. Il sait que les objections ne manquent pas auxquelles il se propose précisément de répondre… par anticipation. «Camarades cathophages, prévient-il, dans bien des cas, le Dieu auquel vous me dites ne pas croire, figurez-vous que je n’y crois pas non plus.»
Œuvre d’apologiste donc, qui entend présenter les fondements rationnels de la foi chrétienne non pour convaincre quiconque d’y adhérer – la foi est d’une autre nature, totalement libre – mais simplement démontrer, dans une société volontiers ironique ou condescendante, qu’on peut être croyant en ce début du XXIè siècle sans être pour autant un imbécile. Le mérite de Denis Moreau est ici de réussir son pari, non seulement sur le fond, en permettant au lecteur de s’approprier une argumentation solide, mais également sur la forme, grâce à un style d’écriture fluide, baigné d’humour et qui tourne, par moment, à la prose jubilatoire. De quoi donner envie d’aller partager un verre en sa compagnie, en sortant de la messe, pour prolonger la conversation.
Jésus comme ressuscitant plus que comme ressuscité
S’il est aujourd’hui catholique, nous explique-t-il, c’est, outre le fait qu’il est «tombé dedans tout petit», parce qu’il adhère, en philosophe, à cette idée d’un Dieu «qui veut être adoré en esprit et en vérité» et qui n’a donc pas peur de l’affrontement foi-raison cher au pape Jean-Paul II. (2) Or ce qu’il est convenu d’appeler la preuve ontologique de l’existence de Dieu, a été reconnue comme pertinente aussi bien par Descartes, que Spinoza, Leibnitz et quelques autres. Même si elle ne vaut pas pour autant adhésion au Dieu de la Bible.
Si l’auteur, précisément, se reconnaît chrétien-catholique, c’est par attachement à la personne de Jésus qui nous rend plus proche et compréhensible un Dieu d’amour ; c’est aussi parce que la croyance en sa Résurrection «constitue une puissance de transformation éthique de nos vies», le Christ s’invitant «moins comme ressuscité que comme ressuscitant. » A charge pour nous, si nous y croyons vraiment, de faire mentir Nietzsche en ayant réellement des têtes de ressuscités…
S’envoyer en l’air… pour les siècles des siècles, amen !
Dans la longue liste de ses raisons de croire, Denis Moreau évoque, contre bien des idées reçues, la valeur que le christianisme accorde au corps humain au point d’avoir inscrit dans le Credo sa foi en la «résurrection de la chair» par-delà la mort – et non la simple survie de l’âme comme on aurait pu s’y attendre. Conséquemment souligne-t-il le plaisir des corps n’est pas œuvre mauvaise. Ce qui lui fait écrire avec quelque malicieuse provocation : «Les chrétiens sont des gens dont le projet fondamental consiste à s’envoyer en l’air davantage et bien mieux encore qu’ils ne s’y sont jamais envoyés en cette vie, et pour les siècles des siècles, amen !»
Catholique encore parce que le christianisme n’est ni un moralisme ni même une morale mais d’abord un style d’existence conforme à la vie du Christ et que les chrétiens sont invités par Saint-Paul lui-même à se convaincre que «Les païens qui n’ont pas la Loi (de Moïse) pratiquent spontanément ce que dit la Loi» (Rm.2,14) Catholique également parce que l’Evangile fait radicalement le choix de la non-violence, de l’amour du prochain et du combat pour la justice.
Alors bien sûr il y a l’existence – incompréhensible et scandaleuse – du mal, l’arrogance de l’Eglise à certaines périodes de son histoire et ces pesanteurs dont elle a du mal à se défaire parmi lesquelles un cléricalisme qui réserve au seul clergé «les postes de pouvoir et de décision» pour des raisons aujourd’hui incomprises par nombre de fidèles. Et pourtant, souligne-t-il «Ce que je sais de Jésus, c’est l’Eglise qui me l’a donné».
Le catholicisme, une affaire qui a de l’avenir
Catholique enfin parce qu’il préfère s’investir « dans une affaire qui a de l’avenir ». Et que de cet avenir il ne doute pas, même s’il est bien incapable d’en définir les contours. Il y a bien sûr la confession de Simon Pierre à l’adresse de Jésus qui, 2000 ans plus tard, n’a rien perdu de sa force : « A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6,68)
Mais il y a aussi, sur un registre tout autre, des propos comme ceux du psychanalyste Jacques Lacan : «La religion est increvable (…) Il y a une vraie religion, c’est la religion chrétienne. Il s’agit simplement de savoir si cette vérité tiendra le coup, à savoir si elle sera capable de sécréter du sens. (…) Elle y arrivera, c’est certain, parce qu’elle a des ressources.» (3) Ou encore Pier-Paolo Pasolini, écrivant en 1974 : «Si les fautes de l’Eglise ont été nombreuses et graves dans sa longue histoire de pouvoir, la plus grave de toutes serait d’accepter passivement d’être liquidée par un pouvoir qui se moque de l’Evangile. Dans une perspective radicale (…) ce que l’Eglise devrait faire (…) est donc bien clair : elle devait passer à l’opposition (…) En reprenant une lutte qui, d’ailleurs, est dans sa tradition (la lutte de la papauté contre l’Empire), mais pas pour la conquête du pouvoir, l’Eglise pourrait être le guide, grandiose mais non autoritaire, de tous ceux qui refusent (c’est un marxiste qui parle, et justement en qualité de marxiste) le nouveau pouvoir de la consommation, qui est complètement irréligieux, totalitaire, violent, faussement tolérant, et même plus répressif que jamais, corrupteur, dégradant (jamais plus qu’aujourd’hui n’a eu de sens l’affirmation de Marx selon laquelle le Capital transforme la dignité humaine en marchandise d’échange). C’est donc ce refus que l’Eglise pourrait symboliser.» (4) N’est-ce pas aujourd’hui le programme du pape François et de ceux, dans l’Eglise, qui veulent bien le suivre ?
L’avenir de l’Eglise se trouve aussi en Occident
Denis Moreau consacre un long développement – où trouve place ce texte prophétique de Pasolini – au combat à mener, par les catholiques, contre les puissances d’argent. Chapitre passionnant titré : « Parce que j’aime bien les catholiques de gauche ». Peut-être est-ce là qu’au-delà d’une adhésion profonde à son propos, on aurait malgré tout envie d’objecter ou tout du moins de débattre. Moins sur le diagnostic porté par Claude Tresmontant, dès 1965 : «La gauche chrétienne, en France, a les entrailles évangéliques, mais elle n’a pas la tête théologienne» (5) quoi que… Mais sur l’affirmation qui demanderait à être précisée selon laquelle «le catholicisme de gauche français des années 1970 constitua un des sas de sortie du catholicisme.» Dont on pourrait facilement retenir qu’il constitua «le» sas de sortie… Et s’il n’en est qu’un parmi d’autres, pourquoi ne pas s’interroger plutôt, plus globalement, sur les raisons de sorties aussi massives ? (6)
De même, ne lire l’avenir du christianisme qu’à travers les statistiques flatteuses de son développement en Afrique, en Asie ou en Océanie pose question. Si le message évangélique n’est accessible qu’aux pauvres, pourquoi vouloir, au nom de l’Evangile, les tirer de leur pauvreté, au risque de la sécularisation et de la sortie de la religion ? Dans son discours de 2013 aux évêques brésiliens, le pape François déclarait : «Peut-être l’Eglise avait-elle des réponses pour l’enfance de l’homme, mais non pour son âge adulte.» (7) Pour l’enfance et l’âge adulte de l’homme… dans l’expression de la foi ? Pour les catholiques de la vieille Europe le défi spirituel a relever devrait-il emprunter les chemins d’une douce régression fidéiste ? ce qui, pour le coup, est aux antipodes de l’approche de l’auteur.
En 1985, Hervé Legrand déclarait dans une conférence pour le groupe Confrontations : « Peut-on croire sérieusement que les problèmes que nous n’aurons pas résolus ici (en Occident) : les rapports entre la foi et les différents types de savoir seront résolus ailleurs ? Ces défis que les Eglises occidentales ont à relever sont ceux d’une inculturation de la foi dans une société opulente, hautement technique, scientifique, urbanisée, complexe. Relever la pertinence de la question de Dieu dans ce type de société, c’est être à la pointe d’un combat décisif pour l’avenir de l’Evangile (…) L’avenir de l’Eglise se trouve aussi en Occident.» (8)
Mais le fait même de formuler de telles questions à partir des réflexions de Denis Moreau dit assez combien la lecture de son livre est un exercice passionnant.
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Denis Moreau, Comment peut-on être catholique ? Ed. du Seuil 2018, 370 p.
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Jean-Paul II, Encyclique Fides et Ratio (Foi et raison) 1994.
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Jacques Lacan, Le triomphe de la religion, Ed. du Seuil 2005, p.82
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Pier-Paolo Pasolini, Ecrits corsaires, Champs-Flammarion 1976, p.121
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Claude Tresmontant, revue Esprit juillet-août 1965.
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A l’heure où je rédige ce billet je n’ai pas encore lu le livre, récent, de Guillaume Cuchet : Comment notre monde a cessé d’être chrétien. Seuil 2018.
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Pape François, L’Eglise que j’espère, Flammarion-Etudes, 2013, p. 97.
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Cité par René Luneau, Le rêve de Compostelle, collectif, Centurion 1989 p.362
Encore un « bon » Poujol ! Merci pour ce papier qui réconforte ! 🙂
Excellente recension, René. Bravo!
Bravo, cher René. Tu es en verve, et cela fait sacrément plaisir.
Un texte qui donne à penser. Merci.
Je conseille un ouvrage (signalé à mon attention par Bernard Ginisty, dans sa chronique hebdomadaire sur RCF) :
Didier TRAVIER : Une confiance sans nom. Essai sur la foi, préface d’Olivier Abel, éditions Ampelos, 2017,
Très bienveillante journée.
Jean-Claude Caillaux
Je vous remercie d’avoir cité mon ouvrage en lien avec celui de Denis Moreau. Il partage avec lui la préoccupation d’être chrétien en philosophe. Je renvoie à la recension du journal La Croix.
https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/foi-reveillee-culte-2018-03-25-1200926431
http://editionsampelos.com/une-confiance-sans-nom-essai-sur-la-foi-par-didier-travier/
Un grand merci pour cette chaleureuse recension : vous m’avez vraiment bien lu, et je reconnais volontiers la pertinence des objections ou pistes de discussions évoquées à la fin de ce billet.
Donc, si nos routes (dominicales) se croisent un de ces jours, je suis tout à fait partant pour aller prendre un verre avec vous (à la sortie de la messe) !
Un grand bravo pour cette lumineuse recension et pour les questions finales que je partage, notamment celle sur la sortie de la religion étant toujours à bientôt 75 ans un catho de gauche…qui n’est pas sorti de la religion!
Bravo pour cette analyse d’un livre que je vais acheter. Croire en Dieu est l’hypothèse la plus raisonnable et à son fils unique du symbole des apôtres historiquement crédible. A ce stade de la raison, le foi vous tombe dessus.
Quand à la richesse et la pauvreté je l’ai rencontré dans tous les pays du monde où nous avons vécu ainsi que des personnes sobres et altruistes et pourtant plus qu’à l’aise. La tâche qui nous attend est de convertir les riches. Dur mais possible sans adopter des méthodes marxistes mais le simple bon sens. Quoi de plus raisonnable que Aimez vous les uns les autres ?
L’Eglise a traversé des crises multiples et résiste à son clergé depuis 2000 ans . N’ayons pas peur elle survivra!
Merci pour cette recension passionnante, qui donne envie de lire Denis Moreau.
J’ai été particulièrement intéressé par votre interprétation de la déclaration du pape François aux évêques brésiliens :
> « Peut-être l’Eglise avait-elle des réponses pour l’enfance de l’homme,
> mais non pour son âge adulte. » (7) Pour l’enfance et l’âge adulte
> de l’homme… dans l’expression de la foi ?
Le texte espagnol est le suivant (https://w2.vatican.va/content/francesco/es/speeches/2013/july/documents/papa-francesco_20130727_gmg-episcopato-brasile.html)…
> quizás la Iglesia tenía respuestas para la infancia
> del hombre, pero no para su edad adulta.
François fait référence au numéro 225 du « document d’Aparecida » (http://www.celam.org/aparecida/Frances.pdf), qui ne semble pas particulièrement confirmervotre interprétation (ni cependant l’infirmer).
Cependant, François est un fin connaisseur de Romano Guardini, qui, dans la première partie de son ouvrage « Le Monde et la Personne », analyse les temps modernes comme un passage de l’humanité à l’âge adulte. Guardini utilise le mot de « majorité » (p. 38 de l’édition française).
Bref… qu’est-ce qui se cache derrière votre point d’interrogation : « Pour l’enfance et l’âge adulte de l’homme… dans l’expression de la foi ? »
Merci par avance pour l’attention que vous prêterez à cette réflexion.
Bien à vous,
Benoît Perrin
Merci pour votre réflexion. Vous me demandez ce qui se cache derrière mon point d’interrogation… Rien d’autre que le désir de savoir ce que signifie, au fond, la phrase du pape. ET j’émets donc l’hypothèse – sous forme de point d’interrogation – que ces « réponses » dont le pape nous dit que l’Eglise les avait « pour l’enfance de l’homme mais non pour son âge adulte » puissent être des réponses portant sur la compréhension des mystères de la foi (intelligence de la foi) mais également sur le langage utilisé pour leur formulation (théologique) et sur la manière qu’ont pu avoir les clercs (les sachants) de se comporter vis-à-vis des fidèles (les ignorants)… A mon sens c’est tout cela qui est sous-tendu. Et c’est pourquoi j’ai souhaité mettre cette parole en parallèle avec la réflexion d’Hervé Legrand.
Merci pour cet éclairage. Comme suggéré dans mon premier commentaire, je ne suis pas d’accord avec votre interprétation. Je ne connais d’ailleurs aucune autre trace de ce thème chez le pape François ?
Il n’en reste pas moins que ce sujet est passionnant et je vous remercie d’avoir mis en lien ce thème d’une maturité de l’humanité avec les réflexions d’Hervé Legrand, que je ne connaissais pas.
Bien à vous,
Benoît Perrin
C’est bien d’exprimer votre désaccord avec ma lecture… mais quelle est la vôtre ?
Je penche pour une compréhension qui me semble plus littérale : « l’homme » singulier, et non « l’humanité ». Le pape voudrait alors simplement suggérer que l’Église a des réponses pour les enfants, mais pas pour les adultes.
Je ne parle pas espagnol, mais les traductions (notamment la traduction anglaise) ne semblent pas se référer à l’idée d’enfance et de maturité de l’humanité dans son ensemble :
ES: para la infancia del hombre, pero no para su edad adulta
DE: für die Kindheit des Menschen, nicht aber für sein Erwachsenenalter.
EN: to people in their infancy but not to those come of age
FR: pour l’enfance de l’homme mais non pour son âge adulte
IT: per l’infanzia dell’uomo ma non per la sua età adulta
Mais je n’ai jamais donné à cette phrase le sens « d’humanité »… Simplement j’oppose chez l’homme une foi enfantine à une foi adulte et j’entends dans la phrase du pape que l’Eglise a longtemps entretenu les fidèles dans une foi enfantine et qu’il serait temps qu’elle l’aide à la mûrir : ce qui signifie dans mon esprit qu’elle accepte et intègre la confrontation au monde moderne, d’où, dans mon article, la citation d’Hervé Legrand qui développe intelligemment cette idée.
Compris ! Merci d’avoir pris le temps de cette clarification.
BP
Être adulte dans le domaine de la foi, mais çà n’a strictement rien de nouveau car enfin depuis des centaines d’années les théologiens ,et pas qu’eux d’ailleurs, ne cessent de s’interroger. Je ne supporte pas cette tendance à considérer nos prédécesseurs comme une bande d’abrutis incapables de sortit du catéchisme première année , alors que nous ,c’est l’évidence même, nous sommes bien évidemment de venus des grands NA !Je pense que nous n’avons pas fini de rester jusqu’à un certain point des enfants dans le domaine de la foi car il me semble assez évident que l’Esprit Saint ne nous a pas encore conduit à la Vérité tout entière , loin de là
Pas si générale que cela votre remarque, Dominique.
Nos gds parents qui -nous dit-on- partirent à la der des der fleur au fusil et munis de toutes les bénédictions de leurs proches et de leurs curés, … voulurent sauver Dieu l’Eglise et la Patrie.
Il y eut bien de petites voix, vite étouffées:
Lyautey apprenant qu’on remettait ça: » Mais ils sont fous ! Une guerre entre Européens, c’est une guerre civile… C’est la plus énorme ânerie que le monde ait jamais faite ! »,
R Rolland: « Dans l’élite de chaque pays, pas un qui ne proclame et ne soit convaincu que la cause de son peuple est la cause de Dieu, la cause de la liberté et du progrès humain. »
Quelques décennies plus tard, plus universelle, venue du Brésil peut avant son suicide, l’observation de Stefan Zweig: « Les enfants et même les jeunes gens sont en général disposés tout d’abord à s’adapter respectueusement aux lois de leur milieu. Mais ils ne se soumettent aux conventions qu’on leur impose que tant qu’ils voient que les autres s’y conforment loyalement. Une seule fausseté chez ses maîtres ou chez ses parents incite inévitablement le jeune homme à observer son entourage d’un regard soupçonneux et par là même aigu. »
Aujourd’hui les faussetés ne manquent pas , au point que, dès l’âge d’enfant bien des humains écartent de belles paroles que les actes n’accompagnent pas voire contredisent.
Exemple: crier « sauvez les chrétiens d’orient » ou « sauvez les sociétés en orient », c’est pas la même chose. Pas du tout!
Jean- Pierre, j’ai sans doute tort , mais je ne suis décidément pas convaincu que nos grands-parents soient au fond d’eux réellement partis « la fleur au fusil » et réellement persuadés de défendre Dieu, l’Eglise et la Patrie. J’aurais tendance à croire qu’ils y sont allés…parce qu’ils n’avaient pas le choix et n’avaient pas du tout envie pour autant de passer pour des lâches en n’y allant pas.
« Aujourd’hui les faussetés ne manquent pas »certes, mais est-ce donc une nouveauté?