Notre périple russe se termine à Saint-Pétersbourg. Sa magnificence n’a pas la force de des monuments moscovites. Il est vrai que la ville n’est que tri-centenaire. Ses palais nous rappellent une Europe plus familière. Ses cathédrales ont un air de cousinage avec les basiliques romaines.
Avant de repartir nous effectuons une promenade en « bateau mouche » sur les canaux de la ville, trop rapidement baptisée : Venise du Nord (Pierre le Grand s’inspira plutôt d’Amsterdam). Nous voici partis depuis quelques minutes à peine de l’embarcadère que sur un premier pont un jeune russe, blond à souhait, nous fait un signe amical de la main. Quelques passagers lui répondent.
Le canal débouche à présent sur la Neva que nous remontons sur quelques centaines de mètres avant de plonger à nouveau dans les entrailles de la ville. Et là surprise : sur une passerelle qui enjambe le canal revoilà notre jeune russe, hilare, charmant, brassant l’air de ses mains. Hasard ? La coïncidence ravit nos passagers. Et le voilà qui se met à courir sur la rive en direction du pont suivant qu’il atteint avant tout et d’où il nous salue une troisième fois.
Chacun a compris son jeu : nous précéder de pont en pont pour nous faire fête. Nous sommes aux anges. Une telle affabilité mérite sinon salaire, du moins une belle étrenne. Nous ne sommes pas au terme de notre périple que déjà, les uns et les autres mettent la main à la poche à la recherche de quelques dizaines de roubles (un euro équivaut à environ 45 roubles) à l’intention de ce jeune homme si sympathique… et sportif. Car entre nous, il faut tenir la distance.
Treizième, quatorzième et dernier pont. Notre jeune héros nous lance d’affectueux baisers du haut de son perchoir. Rayonnant de grâce ! Quelques secondes plus tard le voilà au pied de l’embarcadère. Et là, changement de décor : le jeune homme souriant s’est transformé en préposé à l’encaissement. Visage fermé il compte mentalement les billets qui tombent dans sa main. Sans un merci.
Les trois bateaux qui suivent et transportaient les autres passagers de notre groupe ont vécu la même aventure. Petits boulots à la russe ! Graines de milliardaires !