La nouvelle encyclique du pape François se veut appel « en raison » à la fraternité universelle comme alternative au chaos.
« Fratelli tutti » écrivait Saint François d’Assise en s’adressant à tous ses frères et sœurs pour leur proposer un mode de vie au goût de l’Evangile ». La première phrase de la nouvelle encyclique signée le 3 octobre à Assise par le pape François devrait pouvoir faire tomber la vaine polémique engagée par certains qui lui reprochent déjà de ne pas avoir titré « frères et sœurs » pour honorer la part féminine de l’humanité. Le principal intérêt de cette phrase, dans sa formulation, est qu’elle situe très précisément le propos du texte : vivre la fraternité selon les préceptes de l’Evangile. D’abord parce que nous sommes tous des enfants de Dieu voire simplement « des enfants de cette même terre qui nous abrite tous » quelles que soient nos appartenances ou nos croyances, donc frères et sœurs. Ensuite, parce que seule la fraternité peut sauver, demain, l’humanité, dans le contexte des menaces de tous ordres qui pèsent sur notre « maison commune », nos sociétés et notre avenir. Une parole prophétique dans sa radicalité, déjà contestée par certains.
La troisième encyclique du pape François (1) a donc été signée le 3 octobre à Assise et rendue publique le lendemain. Il s’agit d’un texte riche, foisonnant, d’une lecture aisée. Dans ce document structuré, présenté comme « encyclique sociale » le pape reprend nombre d’idées qui lui sont chères, déjà développées au cours des sept années de son pontificat et qui trouvent là une forme de cohérence. Un texte qu’il faut prendre le temps de lire, mon propos n’étant pas d’en faire une présentation exhaustive. Il existe dans la presse des articles fort bien faits qui remplissent déjà cette fonction (je pense notamment à ceux de la Vie ou de la Croix ). Il me semble plus important, ici, de mettre ce texte en perspective et de formuler quelques-uns des questionnements qu’il peut susciter.
Les sentiment d’appartenance à une même humanité s’affaiblissent
Notre monde va mal ! Ce fond de tableau était déjà celui de son encyclique précédente Laudato si’ sur la sauvegarde de la maison commune. Inutile de s’attarder exagérément sur les attendus de ce jugement que chacun peut faire sien : rêves brisés (unité européenne), recul de la coopération internationale, conflits anachroniques, replis nationalistes, obsession de la compétitivité, exclusion des plus faibles, creusement des inégalités, désintérêt pour le bien commun, menaces sur l’environnement et la biodiversité, gaspillage des ressources non renouvelables de la planète… « Dans le monde d’aujourd’hui, les sentiments d’appartenance à la même humanité s’affaiblissent et le rêve de construire ensemble la justice ainsi que la paix semble être une utopie d’un autre temps. »
La doctrine sociale de l’Eglise : rien d’autre !
C’est contre ce défaitisme que s’élève le pape François. « On peut aspirer à une planète qui assure terre, toit et travail à tous. C’est le vrai chemin de la paix. » (…) « Reconnaître chaque être humain comme un frère ou une sœur et chercher une amitié sociale qui intègre tout le monde ne sont pas de simples utopies. » En préciser les chemins est le propos essentiel de l’encyclique. Contrairement aux premiers procès qui commencent à fleurir ici et là, rien de révolutionnaire dans ce texte qui reformule, avec ses mots à lui, les principes essentiels de la doctrine sociale de l’Eglise, dans le prolongement de ses prédécesseurs : destination universelle des biens, dignité inaliénable de toute personne, défense du bien commun, solidarité, charité, attention préférentielle aux plus pauvres, participation, subsidiarité… Autant d’exigences parfois bafouées.
Un texte « trop politique » qui s’écarterait de la simple charité évangélique, dénoncent certains. Et pourtant ! « Un individu peut aider une personne dans le besoin mais lorsqu’il s’associe à d’autres pour créer des processus sociaux de fraternité et de justice, pour tous, il entre dans le champ de la plus grande charité, la charité politique. » Scandaleuse audace bergolienne ? Le texte, cité dans l’encyclique, est de Pie XI, et date de 1927 (2). D’où François, après bien d’autres, tire cette définition de la solidarité nécessaire à la cohésion de la famille humaine : « C’est lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail. C’est faire face aux effets destructeurs de l’Empire de l’argent. »
Le bon samaritain comme icône de la fraternité
Au cœur de l’encyclique, le pape François offre une magnifique méditation sur la parabole du Bon Samaritain, tirée de l’Evangile de Luc. Beaucoup, même non pratiquants, ont ce court récit en mémoire, tant il fait – encore – partie de notre culture commune. Bien évidemment, le pape met en exergue la « morale » habituellement tirée de ce texte : les prêtres se détournent de l’homme blessé là où l’étranger sait se montrer compatissant « Ceux qui disent ne pas croire peuvent accomplir la volonté de Dieu mieux que les croyants » ; ou encore que le prochain est tout humain en souffrance, quel qu’il soit : « il importe peu à l’amour que le frère blessé soit d’ici ou de là-bas. »
Le plus bouleversant est ailleurs : dans cette mise en évidence que chacun de nous – et sans doute chacune de nos communautés ou de nos nations – est tour à tour : l’homme blessé qui gît sur le bord du chemin, le brigand qui l’a agressé, le prêtre et le lévite qui ne veulent pas voir et le bon samaritain qui prend soin de l’autre. « Que d’autres continuent de penser à la politique ou à l’économie pour leurs jeux de pouvoir. Quant à nous, promouvons le bien et mettons nous au service du bien. » Vous avez dit : politique ?
Les mêmes dénonciations que Jean-Paul II ou Benoît XVI
Pour autant, comme on pouvait s’y attendre, le texte n’est pas tendre pour la globalisation « ce faux rêve universaliste », les impasses du libéralisme économique dont « la notion magique du ruissellement » ou la non remise en cause, après la crise financière de 2007-2008 de « critères obsolètes qui continuent de régir le monde. » Pas tendre non plus pour les populismes qui ignorent « la légitimité de la notion de peuple » et se traduisent par « un mépris des faibles » qu’ils « utilisent de façon démagogique à leurs fins ou sous des formes libérales au service des intérêts économiques des puissants. » Pas tendre davantage pour les dérives de l’individualisme : « Si le droit de chacun n’est pas ordonné au bien plus grand, il finit par se concevoir comme sans limites et par conséquent devenir source de conflits et de violences ».
De même, réaffirme-t-il une nouvelle fois « le droit de tout homme à ne pas migrer » et donc le devoir concomitant de la communauté internationale de lui rendre possible un avenir là où il vit. Il souligne, pour chacun de nos pays, le « double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants ». D’où son invitation à « Construire des villes et des pays qui, tout en conservant leurs identités culturelles et religieuses respectives, soient ouvertes aux différences et sachent les valoriser sous le signe de la fraternité humaine. » Disant cela, en quoi s’écarte-t-il de l’enseignement de ses prédécesseurs Benoît XVI ou Jean-Paul II dont certains, il est vrai, préfèrent ne retenir que le « non négociable » relatif aux questions de bio-éthique, de morale privée sexuelle ou conjugale.
Deux questions surgies de l’encyclique
Si le pape François entend, dans ce texte, « présenter quelques pistes d’action », ce n’est pas en négation de la juste autonomie des Etats. A eux de trancher les arbitrages économiques, les politiques d’armement, la part de souveraineté transférée aux organisations internationales… Mais cette encyclique qui ne s’adresse pas, comme c’était jadis la tradition, aux seuls évêques ni aux seuls catholiques mais, selon une pratique inaugurée par Jean XXIII, à « tous les hommes et femmes de bonne volonté », se doit d’assumer le risque du dialogue auquel d’ailleurs elle invite. Dès lors, deux questions me semblent surgir, parmi d’autres. L’une interpelle le magistère de l’Eglise catholique, l’autre nos sociétés sécularisées où la présence chrétienne se fait minoritaire.
Reprenant un passage de Laudato si’, le pape François se fait insistant : « La grande question, c’est le travail » Il s’explique : « Aider les pauvres avec de l’argent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre d’avoir une vie digne par le travail. » Une donnée constante du Magistère qui semble ne pas intégrer les réflexions contemporaines, où des chrétiens sont engagés, sur le concept de « revenu universel ». Or, le pape écrit par ailleurs, citant son discours au Corps diplomatique de janvier 2015 : « Il n’existe pas pire pauvreté que celle qui prive du travail et de la dignité du travail. » Ce à quoi les tenants d’une telle réforme répliquent que précisément c’est déjà la pauvreté elle-même qui « prive du travail “ et la levée de la pauvreté qui rendrait possible l’accès au travail et à sa dignité. Il n’est pas lieu d’engager, ici, un débat complexe. Tout au moins peut-on suggérer l’hypothèse d’une nécessaire actualisation de la réflexion de l’Eglise catholique sur cette réalité mouvante et éclatée du travail.
La seconde question, à destination de la société civile d’un pays comme le nôtre, surgit de la réflexion « centrale » du pape François selon lequel il n’y a pas de fraternité possible sans référence à une commune paternité. « Chercher Dieu d’un cœur sincère, à condition de ne pas l’utiliser à nos intérêts idéologiques ou d’ordre pratique, nous aide à nous reconnaître comme des compagnons de route, vraiment frères. » Benoît XVI ne disait pas autre chose dans son discours aux Bernardins le 12 septembre 2008 : « Une culture purement positiviste, qui renverrait dans le domaine subjectif, comme non scientifique, la question concernant Dieu, serait la capitulation de la raison, le renoncement à ses possibilités les plus élevées et donc un échec de l’humanisme » Notre société civile peut-elle à la fois se réjouir de la portée prophétique de l’encyclique Laudato si’ et, sans doute, aujourd’hui, de cet appel à la fraternité universelle comme alternative à la catastrophe écologique, tout en refusant aux religions établies – laïcité oblige – de partager dans le débat public la richesse de leur sagesse multiséculaire ? « Nous voulons être une Eglise qui sort de ses temples, de ses sacristies, pour accompagner la vie, soutenir l’espérance (…) établir des ponts, abattre les murs, semer la réconciliation. »
Dialogue des religions au temps des croisades
J’ai déjà dit les critiques, parfois haineuses, qui commencent à fleurir dans certains milieux catholiques à propos de cette encyclique. On y trouve, déjà, cette idée récurrente qu’une nouvelle « encyclique sociale » serait passer à côté de l’essentiel de la mission du successeur de Pierre qui est de confirmer ses frères dans la foi. Comme si le christianisme n’était pas une religion de l’incarnation. Mais on sent bien que pour certains c’est l’esprit même du Concile Vatican II, dont François a fait la trame de son pontificat, qui est à nouveau réfuté. Comment accepter cette idée même d’un dialogue, auquel invite le pape, pouvant déboucher sur une synthèse qui dépasserait les positions de chacun, sauf à considérer que l’Eglise n’est pas détentrice de la vérité ? Comment imaginer un « cheminement commun vers la vérité » autrement que par la conversion de tous à la vraie foi ? Comment considérer comme faisant partie du magistère authentique de l’Eglise catholique, une encyclique qui, comme la précédente, reste ouverte, laisse entendre que l’Eglise n’a pas réponse à tout et qu’elle veut cheminer et dialoguer avec le monde où elle est appelée à témoigner de l’Evangile ?
C’est à dessein que le pape François évoque, en ouverture de son encyclique, la visite de François d’Assise au sultan d’Egypte, en 1219 à Damiette, en pleines croisades. Comme pour mieux souligner l’importance symbolique de sa propre visite au Grand Imam d’Al Azhar, Ahmad Al-Tayeb, à Abou Dhabi, le 4 février 2019, dans un contexte géopolitique de quasi « croisade islamiste », en tout cas perçu comme tel par certains. Pour mettre l’accent sur le contenu de leur déclaration commune sur « la fraternité humaine » où il est rappelé que Dieu « a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité et les a appelés à coexister comme des frères entre eux. »
Dans un paragraphe situé plus en amont dans l’encyclique et qui prend déjà des tonalités conclusives, François écrit : « Il y a des croyants qui pensent que leur grandeur réside dans l’imposition de leurs idéologies aux autres, ou dans la défense violente de la vérité, ou encore dans de grandes manifestations de force. Nous, croyants, nous devons tous le reconnaître : l’amour passe en premier (…) le plus grand danger, c’est de ne pas aimer. » Alors, « politique » cette encyclique ? Sans doute comme l’étaient déjà – légitimement – nombre de celles de ses prédécesseurs. Mais surtout radicalement évangélique. Qu’elle soit rejetée ici ou là n’est pas une surprise. Le serviteur n’est pas au dessus du maître.
- Fratelli tutti succède à Laudato si’ publiée en juin 2015, elle-même précédée de Lumen fidei (juin 2013) où le pape François avait repris et complété le texte élaboré par Benoît XVI en clôture de l’année de la foi.
- Pie XI, discours à la Fédération Universitaire Catholique Italienne, 18 décembre 1927. Encyclique n°180.
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merci pour votre expression -frères et sœurs- . Le lien en Dieu est aussi exprimé en église par le pardon alors que le chemin vers l’expression de ressembler, de remettre notre manière de Le vivre, est souligné par le Pape.Nous sommes tous des humains qui cherchent à grandir. La vie de famille souligne ses échanges en paroles douces, sans jugement et en qualité de reconnaissance de la manière de l’autre dans ses faits et gestes. Le lien vers dieu y ajoute notre expression personnelle en sagesse divine tel que chacun le pense par rapport à ses choix pour mieux vivre avec les autres. Le choix est personnel, mais la réalisation se réalise en vivant en sagesse avec les autres de plus en plus.
xavier
» Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre d’avoir une vie digne par le travail. »
=> c’est effectivement assez faible pour un « grand objectif », probablement bien peu évangélique (pour autant qu’on le sache, Jésus n’est pas devenu célèbre pour ses charpentes), et potentiellement toxique (la focalisation excessive sur le travail me semble être l’une des causes des problèmes de nos sociétés).
C’est un peu mon reproche aux dernières encycliques : on ne peut pas vraiment être contre, mais difficile de penser qu’il y a de véritables morceaux d’esprit saint dans des textes qui restent « peu nourrissants ».
Je trouve votre critique… contestable ! Vivre de son travail me semble être, de fait, une question de dignité. La preuve d’une utilité sociale reconnue par le versement d’une rémunération. Vivre de son travail me semble plus respectueux de la personne que vivre de la charité publique. Et je ne vois guère de dignité dans le fait de dire à des hommes et des femmes que les robots sont là pour faire le boulot, bien mieux qu’eux-mêmes le feraient et de manière plus rentable et donc qu’on va les payer à ne rien faire… pour éviter tout mouvement social. Du pain et des jeunx ! Nous voici revenus à la Rome antique !
>une utilité sociale reconnue par le versement d’une rémunération
Pour le coup je suis bien en peine de dire si je suis plus « socialement utile » en compilant des amas de données pour de grandes entreprises (c’est mon métier, elles me payent pour ça), que mon épouse qui s’occupe gracieusement de notre grande famille (et aussi de tout un tas de « petites choses insignifiantes mais capitales »).
Bref, la « rémunération » ne me semble absolument pas un indicateur de l’utilité sociale (pensez à celle de Jeff Bezos ou de Mark Zuckerberg).
Dans « payer à ne rien faire », le problème n’est pas dans le mot « payer », il est dans « ne rien faire ». C’est tout le problème du « sans emploi » qui littéralement « ne sert à rien » : c’est presque « un inutile », et c’est effectivement inacceptable.
Le sujet demanderai évidement bien plus de développement – ce qui m’attriste c’est que l’encyclique semble rester très en surface, sur des considérations vagues « une vie digne par le travail » tout en étant catégorique « devrait toujours être ».
Parfaitement d’accord avec votre point de vue et décidément lorsque je lis un texte écrit par le Pape et que ce texte reçoit l’approbation complète de non-croyants je me dis que qelque chose ne va pas
Parce que vous n’êtes capable de vous prononcer tout seul sur le texte lui-même ? Je préfèrerais connaître vos réserves réelles par rapport à ce texte qu’entendre l’alibi selon lequel il serait contestable du fait même de son accueil par des non-croyants ! Cela me semblerait plus honnête et cohérent !
Mais René, mes réserves vous les connaissez fort bien.
Lorsque je lis un texte papal j’espère y trouver un peu de Paul et du feu qui l’animait et non pas un gentil texte dont l’auteur pourrait être aussi bien un non chrétien : « soyez toujours prés à rendre compte de l’espérance qui est en vous écrivait Paul »
Où y a-t-il trace de cette espérance dans ce texte dans lequel il n’y a pas trace de l’Esprit Saint ni d’ailleurs de l’utilité de la prière.
Désolé Dominique, mais nous n’allons pas miraculeusement régler ici notre querelle en deux phrases. : Pour moi Mt25 vaut bien les lettres de Paul. Et, voyez-vous, en lisant l’encyclique j’ai retrouvé la flamme prophétique de l’Evangile.
J’ajouterai pour ma part que j’ai trouvé + d’espérance et d’esprit saint dans « Catholique en liberté » que dans les dernières encycliques que j’ai pu lire 😉
Cela étant dit, j’imagine bien les contraintes qui sont celles du pape qui pourrait tout au plus se proclamer « Catholique en liberté surveillée ». Je ne lui jette pas la pierre, mais j’ai tout de même l’impression qu’on n’est pas sortis des ronces.
Pas de chance, Dominique, la recommandation : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » n’est pas de St Paul, mais de St Pierre (1 Pierre 3, 15), et il ajoute : « mais faites-le avec douceur et respect ».
Alors donc nous avons : — un regard sur le monde totalement négatif — un long sermon moralisme sur une parabole célèbre — un inventaire des formes d’amour multiples et variés disponibles, et même si l’amour c’est bien , la morale c’est mieux. — Viennent alors d’autres propos lénifiants reprenant les thématiques de sermons traditionnels — ensuite, les considérations politiques avec des lieux communs habituels — le chapitre six semble nous proposer le monde des bisounours, où tout serait tellement merveilleux, accompagné de pénétrants développements intellectuels proposant un monde idéal qui ne sera jamais.
On nous propose même « des religions au service de la fraternité dans le monde » : appel à la fraternité parce que nous serions enfants du même père. On fait mémoire des siècles d’expérience fraternelle (?). Mais, on minimise les incessantes guerres fratricides des monothéistes « d’un même père » en réduisant des siècles de guerres de religion à quelques petits fanatiques écervelés tout à fait à la marge ! Marrant, non ?
Tout cela est d’un optimisme désespérant, parce que marqué d’un idéalisme échevelé qui occulte ses propres responsabilités en accusant « tous les autres ».
Et dès lors on est très très loin de Jésus et de son message de révolution personnelle et de transformation individuelle : préalable indispensable à tout changement. « Va d’abord te réconcilier avec ton frère » dans une démarche interpersonnelle. C’est le premier pas, le seul qui soit fondamental.
On aurait aimé un texte qui ait du souffle et non pas de l’emphysème, qui attire comme Jésus attirait. Mais rien. La platitude d’un mauvais mémoire de fin d’études politiques, avant redoublement. Pas plus. C’est triste !
J’écris ce commentaire avec de la désolation dans le cœur. Croyez-le.
Une énorme désolation.
Parce qu’aimer ses ennemis, tendre la joue gauche, remettre l’épée au fourreau ou vivre les Béatitudes existe ailleurs qu’au royaume des bisounours ?
Ce qui me fascine toujours chez Jésus, c’est sa capacité à marcher sur la crête entre le légalisme et le bisounourcisme.
A la femme adultère, il ne dit pas « T’inquiete, c’est pas grave » comme un bisounours.
Aux accusateurs, il ne dit pas « Lachez vous, caillaissez-la » comme un légaliste.
Ce qui est difficile au quotidien, c’est qu’on tombe très vite dans le laxisme, comme on tombe très vite dans la rigidité morale. Ce qui m’inquiète – et me déçoit même si je ne peux pas lui en vouloir – c’est que le pape François semble avoir bien du mal à éviter les deux précipices.
Eh bien tant mieux pour vous, mais en ce qui me concerne je me réchauffe infiniment plus par les epitres de Paul et les commentaires s’y rapportant écrits par le diacre orthodoxe François Esperet dans « ne restons pas ce que nous sommes qu’à la lecture de cette encyclique.
Par ailleurs René j’aurais tendance à placer 1 Cor 13 (pour ne citer que lui) au moins au même niveau que Mat 25.
j’entends tout à fait les considérations de François sur le sort généralement déplorable réservé aux migrants encore n faut-il ne pas oublier que ces migrants ne sont pas les damnés de la terre car eux ont « réussis » (si l’on peut dire…° à recueillir suffisamment d’argent pour satisfaire les exigences des passeurs ce que beaucoup d’autres ne pourraient faire eh aucun cas et en disant cela je revois un reportage qui montrait notamment le sort absolument effroyable d’Ethiopiens contraints pour survivre d ‘aller récolter du sel dans le désert de leur pays.
Par ailleurs il me semble que François insiste assez peu t sur la corruption qui règne dans tant de pays africains,corruption alimentée bien sûr par nos grandes sociétés nationales ou internationales
Je n’ai pas lu cette encyclique que je vais me procurer. Mais, concernant les extraits recensés ici, j’en viens à me dire que ce pape François est bien une divine surprise, une dernière chance de survie ou de conversion ?
Et, vu que toutes nos décisions ont des répercussions politiques, il a tout à fait raison de se situer sur ce plan à partir même des exigences évangéliques qui ne sont pas minces.
Et il est normal que le rappel du vrai et du bien ( qui n’a rien d’idéaliste) exerce un attrait sur tout homme, même non croyant. La question ne mérite même pas d’être posée. Il est, à mon avis, conforme à l’Evangile, de ne pas imposer à autrui ses propres convictions mais de faire appel à ce qu’il y a de plus profond en lui, à savoir la paternité divine.
En revanche, la rencontre de St François avec le sultan avait pour but en réalité la conversion de ce dernier à la vraie foi catholique. Peu importe après tout: le symbole d’une rencontre pacifique, en pleine croisade, demeure.
« 1 Cor 13 (pour ne citer que lui) au moins au même niveau que Mat 25. »
=> Malgré tout le respect et l’affection que je porte à St Paul, j’ai tout de même bien du mal à mettre ses écrits au niveau des paroles attribuées à Jésus ;-).
Mais Emmanuel mon intention n’est pas de mettre Paul au niveau de Jésus, mais ma réponse était destinée à René lequel me paraissait placer Paul en dessous de l’encyclique du Pape
Cela ne m’empêche pas pour autant d’être d’accord avec votre opinion sur l’attitude un peu timorée me semble-t-i qu’il utilise afin de ne heurter ni les uns ni les autres Bien sûr l’Ecriture dit « ne jugez pas pour ne pas être jugé (citation de mémoire) mais elle dit aussi « que votre oui soit oui, et que votre non soit non » d’autre part le rôle du Pape est entre autre de soutenirr la foi de ses frères et sur ce plan-là je me sens fort peu soutenu
* Michel, vous avez raison c’est de Pierre et si je n’ai pas cité la fin de la phrase n’en déduisez pas s’il vous plait que c’est parce que je ne serais pas d’accord avec elle
La question, pour moi, n’est pas de situer Paul par rapport à l’encyclique. Je dis simplement que cette encyclique me semble traduire en ce début de millénaire les exigences de l’Evangile et que c’est bien par rapport à l’Evangile qu’un chrétien doit se situer en priorité, Paul n’ayant jamais été, à son époque et avec un génie que nul ne lui conteste qu’un serviteur du même Evangile.
A comparer ces deux serviteurs de l’Evangile que sont Paul et François il me semble qu’il est nettement plus facile de connaître la position de Paul sur tant et tant de sujets que celle de François
Dominique, cette affirmation me semble audacieuse : avec Paul, j’ai bien du mal à savoir s’il « n’y a plus ni homme ni femme » (Gal 3.28) ou si ces dernières doivent « se taire dans les assemblées » (1 Co 14.34).
Je trouve plutôt une tension intéressante dans les écrits de Paul, quelque part entre les contraintes terrestres (=assurer la tranquillité des communautés auxquelles il s’adresse) et les exigences du Royaume (une seule humanité dans l’amour de Dieu).
C’est cette tension que j’aimerais retrouver dans les encycliques (j’ai bien conscience que c’est un exercice difficile 😉 ).
Emmanuel, ne me laissez pas croire que votre curé fait des homélies sur les bienfaits du cilice ( a moins qu’il appartienne à l’ Opus défi) et que les assemblées auraient été troublées par les bavardages des femmes à l’époque de St Paul…( D’où son interdit ). D’autant que toutes les lettres attribuées à St Paul ne sont pas de lui. Ce qui fait qu’en tant que femme, je suis alors toute prête à l’excuser…
Il appartient effectivement à « L’Opus défi » (je ne sais pas si le « f » était volontaire, mais il m’a beaucoup amusé). Cette homélie sur le cilice m’avait marqué, parce qu’il avait parlé de St Jean Paul II qui, lui aussi, portait le cilice à l’occasion.
Le cathéchisme de l’Eglise Catholique est par ailleurs assez clair : « Le progrès spirituel implique l’ascèse et la mortification qui conduisent graduellement à vivre dans la paix et la joie des béatitudes » (n 2015 – http://www.vatican.va/archive/FRA0013/_P6V.HTM).
Le mot « implique » est tout à fait clair : la mortification n’est pas une « option ».
=> ce que j’apprécie chez mon curé, c’est qu’il ne triche pas en donnant une version édulcorée, un genre de « gentil cathéchisme » ou l’on fait un peu ce que l’on veut. Il nous montre le « chemin de sainteté » tel que le magistère le défini indéniablement.
Il est inversement étonnamment tolérant en discussion en tête à tête, bien conscient que chacun fait « ce qu’il peut ».
Il a le mérite d’annoncer la couleur, et je le trouve à ce titre beaucoup plus honnête que certains pretres d’apparence « cool » qui n’édulcorent les choses que pour mieux manipuler et culpabiliser une fois la confiance gagnée.
C’est depuis son arrivée que je me suis considérablement éloigné de l’institution (comme beaucoup de paroissiens), mais je ne sais pas si je m’en suis éloigné ou s’il m’a simplement montré le gouffre entre ce que je pensait de l’Eglise et ce qu’elle est vraiment : une institution qui reste terriblement archaïque, dont le déclin tétanise ses responsables incapables d’affronter les vieux démons et de parler enfin au monde.
Curieuse dialectique à fronts renversés que vous nous chantez là Emmanuel.
Emmanuel,
« Opus défi « ! Effectivement, je ne m’en étais pas aperçue …Lapsus significatif…, car, les pratiques comme la spiritualité de cette organisation ne me « branchent » guère.
Cependant, au risque de vous choquer, je pense qu’effectivement, l’ascèse ou la mortification ( termes qui peuvent être mal compris ) sont nécessaires à l’ »aventure » spirituelle. Tout en sachant qu’il ne s’agit pas d’exploits dans lequel narcissisme et masochisme trouvent leur compte et qu’il s’agit encore moins uniquement de mortifications physiques. Tous les grands saints se sont heurtes à cet écueil et ont fait demi-tour en comprenant qu’on ne conquiert rien en « défiant !» le Ciel par ses propres forces.
Sté Thérèse de Lisieux, a écrit : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant Vous, Mon Dieu, les mains vides et ne compte que sur Votre Miséricorde. «
L’ascèse de Jean- Paul II ne regardait que lui et n’avait pas à être exposée sur la place publique…Et, encore moins, à être présentée comme critère de sa sainteté.
En ce qui concerne la réflexion de Thérèse, je suis parfaitement d’accord et lorsque je serai devant Dieu je serai les mains vides si ce n’est que j’aurais le peu de bien que j’aurais permis à Dieu de faire par mes mains et je compterai bien entendu sur sa miséricorde
Quant à l’ascèse de JeanPaul ii,effectivement nous n’avions pas à la connaître?De toute façon il ne suffit pas d’être un grand ascête pour être canonisé, loin de là car comme dit Paul’j’aurais… si je n’az pas l’amour cela ne me sert à rien »
Concernant l’ascese et la mortification : il est clair qu’il faut beaucoup d’entrainement – et potentiellement de courbatures et autres souffrances – pour devenir un grand sportif.
De manière équivalente il est indéniable qu’il faut une certaine ascèse spirituelle pour devenir un grand Saint.
La ou tout cela devient pervers, c’est lorsque le sportif recherche la souffrance en s’imaginant qu’elle le fait progresser, alors que la souffrance n’est qu’une éventuelle conséquence d’une progression.
Pour ce qui est des mortifications de Jean-Paul II, je m’inscrit en faux : il ne s’agit pas de mon voisin ou de mon curé (qui peuvent bien faire ce qu’il veulent), mais de quelqu’un « proposé en exemple aux fidèles » (Vatican II, Sacrosanctum Concilium n°104: « l’Église proclame le mystère pascal en ces saints […] et elle propose aux fidèles leurs exemples qui les attirent tous au Père par le Christ ».
Je trouve intéressant le commentaire de l’encyclique par Jean-Luc Mélenchon, publié sur le site de La Vie. Nul doute qu’il va conforter certains catholiques dans le rejet du texte puisqu’il trouve l’assentiment du leader de la France insoumise. Mais chacun peut, au moins, tenter de le dire pour ce qu’il est. Voici le lien
https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/jean-luc-melenchon-fratelli-tutti-une-vision-partagee-entre-croyants-et-incroyants-60412.php
Jean-Luc Mélenchon est le seul homme politique français qui s’intéresse et qui lit les encycliques… les reste d’une éducation chez les bons pères sans doute ! Un des rares hommes politiques ayant une bonne culture générale, y compris religieuse.
Peut-être..J’ai quand même du mal à penser à un total désintéressement dans la démarche de JL Mélenchon 🙂
J’ai dit qu’il s’intéressait aux encycliques, pas qu’il était désintéressé !
Et lui, comme d’autres en sens inverse, ne retient que ce qui va dans son sens (sur les questions sociétales ou bioéthiques, il ne manifeste pas le même intérêt !)
Savez-vous qu’il n’est pas besoin de dire pour faire? Apparemment non, car alors vous n’auriez pas émis ce jugement hâtif. Et d’où tenez-vous que Mélanchon lit « les » encycliques et pas seulement certaines? Difficile de se sentir des atomes crochus avec une personne si à l’emporte pièce.
Intéressante son idée de « vécu intime largement partagé » et celle du Pape de « libéralisme individualiste » qui laisse une place à un « libéralisme collectif ».
Emmanuel, je ne prends pas Paul pour lk Christ lui-même et ne prends pas pour argent comptant la moindre de ses parole. Il y a chez lui certains préceptes datés,notamment quand il enjoint l la femme de se couvrir la ^tête dans les assemblées de se taire; mais il dit aussi « il n’y a plus ni homme ni femme… »face à une société juive fort misogyne.
Paul était néanmoins un homme de son époque et cela se ressent dans certains de ses écrits ,c’est incontestable, mais en même temps il y a tant d’éclairs dans l’ensemble de ses paroles…
Une question:
le Christ s’est-il donc contenter de prêcher la solidarité ,vertu parfaitement respectable face au néo-libéralisme bien sûr?
Dominique, le pape s’est-il contenté de prêcher la solidarité ? Et cette encyclique est-elle le seul texte qu’il ait produit depuis sept ans ? Vous n’aimez pas François, c’est votre droit le plus strict. Mais, de grâce, un peu d’honnêteté dans vos commentaires !
René, je ne me reconnais absolument pas malhonnête car ma réflexion n’est pas du tout une réflexion générale sur François mais sur l’encyclique qu’il vient de produire.
Le Christ n’a pas dit « soyez solidaire les uns des autres mais aimez vous les uns les autres.Certes il n’est pas impossible de passer de la solidarité à l’amour du prochain,mais ce n’est pas certain, loin de là, et je ne vois pas Mélenchon ,qui a bien sûr ses qualités ,prendre ce chemin.
Oui ,bien sûr je n’apprécie guère François en tant que Pape car comme je l’ai déjà dit il me semble ne vouloir heurter personne ou à peu près personne.
Au jeune homme riche le Christ a eu l’audace de dire »vends tout ce que tu possèdes puis viens et suis moi »J’aimerais tant que François ait ce courage.
Sauf que, le Christ n’a pas dit « vends tout ce que tu as, viens et suis moi » à tous ceux dont il a croisé la route !
Il faut saluer cette encyclique au moins pour les raisons suivantes:
-Le pape rappelle les exigences évangéliques dans le contexte du monde de ce temps
-Il réussit à le faire sans diviser( au moins officiellement) les catholiques .
– Il est de plus audible par des non catholiques .
Être prophétique sans créer de schisme dans l’eglise n’est pas le moindre exploit du pape François en publiant cette encyclique .
Guy, je suis moins optimiste que vous sur le point deux. Il n’est qu’à lire ce qui se publie sur les réseaux sociaux.
De fait, quand on lit dans un commentaire d’une lectrice au-dessous d’un article de « Famille chrétienne » que François est un pape « islamo-gauchiste », il y a de quoi s’interroger sur la réception d’une encyclique certes politique mais radicalement évangélique…
Oui Michel , « Famille chretienne » qui est par ailleurs un journal techniquement de très bonne qualité , promeut en priorité un catholicisme qui ne se demande jamais s’il est authentiquement chrétien .
Ce journal très legitimiste n’osera pas critiquer le pape mais ,aussi dependant de son très conservateur lectorat restera fidèle à sa ligne en promouvant le courrier des lecteurs à l’image de la tres nuancée missive que vous citez .Ça permet de faire passer le message sans engager la rédaction .
Cette encyclique a au moins le mérite de mettre en évidence le clivage entre ceux pour qui la religion n’est que le moyen au service d’un ordre social et ceux pour qui elle est le support et le vecteur d’une demarche de foi .Clivage qui peut de plus traverser chacun d’entre nous car nul ne peut juger de la realite et de l’authenticité de la foi d’autrui .
Je ne ferai pas le procès aux rédacteurs de « Famille chrétienne » de penser comme une partie de leur lectorat ni de vouloir malignement « faire passer le message sans engager la rédaction ».
Cela dit, je vous rejoins complètement sur le clivage de plus en plus évident entre ceux pour qui la religion est au service d’un ordre social, ceux que Mgr Daucourt appelait joliment les « athées pieux » et ceux pour lesquels il s’agit d’une démarche de foi impliquant la vie.
Je ne suis ni optimiste ni dupe .Je remarque simplement que le pape a pu écrire ce texte sans qu’aucun de ses opposants n’ait la possibilité de s’y opposer officiellement .Je ne doute pas qu’il soit alle au maximum de sa marge de manoeuvre de gardien de l’unité .Je ne suis pas dupe non plus qu’officieusement , ses opposants ne reculeront devant rien pour le discrediter .Il suffit d’aller par exemple à Paray le Monial pour entendre qu’il ne faut pas écouter le pape lorsque ses propos ne sont pas catholiquement corrects .
Cette encyclique obligera ceux qui voudront s’opposer officiellement à démontrer eux meme que leur catholicisme n’en est pas pour autant chrétien.
Tiens, au hasard de mes lectures j’ai retrouvé hier cette pensée de Joseph Delteil (dans son Saint Dom Juan) à propos de chrétiens et catholiques : « Le catholique est au chrétien ce que le mariage est à l’amour »… liberté étant laissée à chacun de se dire, éventuellement chrétien catholique !
« Le catholique est au chrétien ce que le mariage est à l’amour »
Cette phrase et un régal. Si je tient le mariage pour un excellent « espace de liberté » dans lequel faire grandir l’Amour, le catholicisme pourrait l’être aussi pour faire grandir les chrétiens.
Il lui suffirait peut-être – comme dans le mariage – que chacun renonce à y dominer l’autre.
Excellente comparaison .
Euh, vous êtes sûr de cela ? Il est beaucoup (malheureusement) de catholiques qui n’aimaient déjà pas beaucoup le Pape François et que cette encyclique agace au plus haut point….pour ne pas dire pire quand on lit certaines insultes. Je ne parle évidemment pas uniquement des traditionalistes, pour eux c’est « plié » depuis belle lurette, mais ce qui est plus inquiétant c’est que dans les paroisses il divise (du moins dans la mienne..selon finalement un classique clivage gauche/droite pour faire simple).
C’est sûr que la sortie de JL Mélenchon va leur donner du grain à moudre !
Audible par certains non catholiques. Sur certains sites plus conservateur non affilié catholique, il y a aussi de violentes diatribes…Mais qu’on avait déjà entendu: écolo, immigrationniste, gauchiste…Le Pape est-il catholique ? ce genre d’amabilités 🙂
Quoiqu’en dise René, cette encyclique est visiblement en tout cas perçue (je ne l’ai pas encore lue) comme très politique.
Je n’ai pas dit qu’elle n’était pas politique… J’ai dit qu’elle était moins politique que RADICALEMENT évangélique. Et prétendre que Pacem in terris de Jean XXIII ou Populorum progressio de Paul VI n’étaient pas également politiques serait une douce plaisanterie. Mais contre François, qui ne fait pas une fixation sur les questions de morale sexuelle, on est légitimé à faire feu de tout bois.
on ne peut être contre cette encyclique laquelle, hélas, et je suis sincère en disant cela, n’a strictement rien de choquant pour les « tradis » ou assimilés si ce n’est que je n’y trouve qu’un discours plein incontestablement d’humanisme,mais pas grand chose de véritablement chrétien et je me dis que si le monde mettait en pratique cette homélie et la précédente sur l’écologie ce serait une bonne chose mais il ne resterait alors qu’une seule chose à faire: le convertir, rien que ça…;
Alors Matthieu 25 est humaniste mais pas « chrétien… » !
René,faites-moi la grâce de » reconnaitre que je n’ai jamais dit une une telle énormité, mais l’Evangile ne se résume pas à Matthieu 25 m^me si c’est l’application même du second commandement semblable au premier.
Que voulez-vous je vois dans cette encyclique un vibrant appel à vivre en bonne intelligence avec tous nos frères humains ce qui n’est déjà pas mal incontestablement mais était-il donc nécessaire que le Christ vienne sur terre et meurt sur la CROIX pour nous transmettre ce message???
A Dominique ,
Si je me souviens bien la parabole du bon samaritain est plus « humaniste « que religieuse .Ne fustige t elle pas les religieux qui invoquent la sacralite de leur statut clerical pour se dispenser de se conduire avec humanite?
Ceci dit le christianisme n’est pas qu’un humanisme pour nous croyants , mais il est aussi un humanisme .C’est bien ce qui hérisse les « religieux » (laics et clercs)c’est a dire ceux qui pensent pour de bonnes comme de mauvaises raisons que toute relation à Dieu doit passer par le portillon de leur système rituel . Cette encyclique nous invite à renouveler notre vision des rapports
complexes entre foi et religion .Ce qui ne veut pas dire jeter toute la Tradition de l’Eglise .Mais aujourd’hui tous ceux qui tirent profit (intellectuellement , spirituellement et financièrement du système religieux catholique bloquent tout débat sur ce sujet .
Ah Guy, toujours aussi expéditif dans tes jugements! …
Et dans cette encyclique je ne vois nulle part qu’il y est la moindre allusion à ce que tu vois. cette encyclique nous appelle avec force à vivre en paix avec tous nos voisins,pour que la paix règne entre nousPour moi c’est de l’humanisme et rien d’autre et je le déplore
Je viens de relire » Pacem in terris » ,encyclique de saint Jean XXIII écrite en 1963 et traitant du même sujet que « Frattelli tutti »Il me semble que le premier est infiniment plus imprégné de christianisme que l’autre
CQFD
René, pourquoi donc CQFD? Je ne cherche rien à démontrer, je fais part de ce que j’ai constaté à mon point de vue. C’est tout!
Parce que j’aurais pu prendre le pari que vous en arriveriez à cette conclusion, tellement elle vous faisait envie, également de mon point de vue.
Allons René, tout ça n’est qu’une question de curseur dans l’herméneutique de la continuité.
Et Dominique préfère la continuité d’hier à la continuité d’aujourd’hui 😉
(je demande l’absolution pour cette petite plaisanterie 😉 ).
Je reprends ici en commentaire la note du p. Jean-Miguel Garrigues, o.p. adressée àses amis, sur la lecture de l’encyclique du pape François, « Fratelli tutti », selon une herméneutique de la continuité.
Le père Garrigues :
Je constate, à lire certaines réactions d’humeur, que des catholiques sincères ont été troublés en lisant la dernière encyclique du pape sur la fraternité universelle. Pour vous aider à la lire en catholiques cohérents, je vous recommande la lecture attentive de l’article de Figaro-Vox que je vous copie à la suite. En effet, cette manière de comprendre l’encyclique est à mon avis la seule possible, si on la lit, non pas en rupture, mais de manière homogène avec la doctrine sociale de l’Eglise et du Magistère antérieur. Un catholique cohérent, ne pouvant pas soupçonner de rupture avec la Tradition l’enseignement du successeur de Pierre qui exerce dans l’Eglise le Magistère suprême, n’a d’autre lecture possible de l’encyclique qu’une interprétation de ce type. Laissons le reste de nos réactions sur le plan des mouvements d’humeur, ou de mauvaise humeur, que le style à l’emporte-pièce de François peut provoquer parfois chez des catholiques occidentaux.
Comme cet article le montre, la doctrine qui est à la base de l’encyclique a été déjà enseignée au XXème siècle dans son principe par la doctrine sociale du magistère pontifical antérieur, soit pour rappeler, contre le libéralisme, que la propriété privée n’est pas absolue mais est ordonnée à servir la destination universelle des biens créés par Dieu, soit pour condamner le principe de la préférence absolue au plan national (maurrassisme) ou régional (tenants d’une Europe bastion). Ce qui peut choquer certains, c’est la manière de s’exprimer du pape qui rappelle ces exigences morales de toujours d’une manière si abrupte qu’elle peut sembler ignorer leur délicate mise en œuvre en prudence politique (cf. à propos du devoir d’accueil des migrants le n° 2241 du Catéchisme de l’Eglise Catholique). Cela peut être ressenti comme un discours culpabilisateur et provoquer en réaction des mouvements d’humeur. Lui-même a admis cette limite de son approche en reconnaissant, par exemple en rentrant de Suède, pays largement ouvert aux immigrés, de possibles effets pervers comme la ghettoïsation. Mais n’est-ce pas de cette manière abrupte que s’exprime parfois le Christ dans l’Evangile, auquel nous nous sommes sans doute trop habitués ? N’est-ce pas cette même fraternité universelle que nous rappellent des saints comme saint François et, plus près de nous, sainte Térésa de Calcutta ou le bx Charles de Foucault ? Le pape le fait, certes, avec des accents qui sont les siens : ceux d’un chrétien quelque peu tiers-mondiste de l’hémisphère Sud, mais aussi de ce qu’on appelle en France un « catho de gauche ». Il ne nous oblige pas à les partager, eux et les opinions humaines qu’ils comportent. Mais allons-nous pour autant nous fermer à tout ce que cette encyclique a de rappel évangélique, en n’étant pas prêt à l’entendre, même en le recevant de manière homogène avec la doctrine traditionnelle ? Pendant les deux pontificats antérieurs, des « cathos de gauche » ont reçu la parole de deux papes qui s’adressaient à eux avec des accents qui n’étaient pas les leurs. Les « cathos de droite » ne seraient-ils pas capables de faire de même à leur tour ? Ou ne sont-ils prêts à entendre le pape que quand il leur passe la main dans le sens du poil ? Prenez garde, ne vous laissez pas piéger par le sensationnalisme des médias ni, ce qui est encore pire, par certains blogs et sites qui instillent en permanence le soupçon contre le pape, souvent au profit de certains hommes d’Eglise romains qui ne veulent pas des efforts de celui-ci pour nettoyer la corruption de la Curie.
Je vous laisse à la lecture de l’article de Figaro-Vox et je vous recommande en complément de voir Les deux papes, le film d’un brésilien qui n’a malheureusement pas passé dans les salles françaises malgré les acteurs de premier plan qui l’interprètent.
https://www.lefigaro.fr/vox/religion/encyclique-du-pape-la-fraternite-universelle-n-est-possible-que-si-elle-se-construit-autour-d-une-famille-aimante-et-d-une-nation-unie-20201009?fbclid=IwAR1uMKSRlsSCtPSSo2bwsWa7CSF78EAXSNExd-9T_AAbd95jeeTZawP46QE
Merci René pour cette excellente note du du p. Jean-Miguel Garrigues, même si je ne suis pas sûr que les « cathos de gauche » ont tous bien reçu les encycliques du « Pape polonais » ou du « Panzer Pape » selon les appellations de l’époque !
Merci pour ce commentaire très éclairant et qui ne fait pas l’impasse sur les oppositions auxquels se heurte le pape François.
Décidément ce pape sait allier sens de l’Evangile, pertinence des analyses, donc courage et intelligence, sans compter qu’il est bien malin en sachant jusqu’où ne pas aller trop loin.
MATTHIEU 11 25 » seigneur …je te rends grâce pour avoir caché cela aux sages et aux intelligents et l’avoir révélé aux enfants »
Par ailleurs en dehors d’être borné, ô combien …. vous me dites « inclassable » eh bien je prends cela pour une qualité ne vous en déplaise.
A mes yeux les tradis et assimilés n’ont pas entièrement tort et les » Chrétiens de gauche » n’ont pas entièrement raison
L’avantage que je retire de cette position c’est que je suis plus ou moins vomi par les uns et les autres
Je n’ai aucun souvenir de vous qualifié d’inclassable. Ce qui n’est pas mon problème.
Pour le reste je ne défends pas davantage l’idée que les uns et les autres aient tort ou raison. Je dis où va ma préférence et pourquoi. C’est tout !
René ma réflexion ne vous était pas destinée mais elle visait Jean-Pierre Gosset
Les cathos de gauche ont reçu la parole de deux papes qui s’adressaient à eux avec es accents qui n’étaient pas les leurs…Tiens donc,je n’avais vraiment remarqué ce comportement ches les intéressés lesquels n’aimaient que fort peu Jean-Paul II Quant à Benoît XVI la seule qualité q u’ils lui ont trouvé c’est d’avoir démissionné.
Je précise que je ne suis pas lecteur du Figaro ni d’aucune autre revue de droite mais il est vrai qu’aux yeux de certains où commence la droite???
Où est le problème ? Que les cathos de gauche aient ou non « aimé » JPII et BXVI ne change rien au fait de leur enseignement. Mais si le catho, pas de gauche, que vous êtes préfère développer une herméneutique de la rupture entre François et ses prédécesseurs… grand bien vous fasse. Le monde à l’envers !
René je ne développe rien et pas une herméneutique de la rupture entre François et ses prédécesseurs ou alors cette herméneutique à vos yeux existerait parce que je constate qu’entre » Pacem in terris » et » Fratelli tutti « on sent la présence de la foi chrétienne infiniment plus dans le premier que dans le second.
Je ne mets aucunement en doute la foi de François,aucunement, lais ai-je le droit de ne pas m’extasier après avoir lu cette encyclique comme la précedente d’ailleurs .Non pas q’u ‘il y ait quelque chose de révoltant chez elles si ce n’est leur aspect beaucoup trop consensuel à mes yeux.
l’écologie, mais c’est très bien dans son principe,la paix entre nous à tous les niveaux mais c’est très bien aussi, mais fallait-il alors que le Christ vienne sur terre et meurt sur la croix pour cela?
Vous êtes « absolument » inclassable sauf sans doute dans la catégorie « aveugle qui ne veut rien savoir ».
Vous pourriez vous documenter, par exemple sur l’affaire Mortara …. en ligne ce qui suivit, condamnation des modernistes, puis ligne politique impériale de Pie XI continuée par Pie XII d’alliance avec les fascismes et nazisme au prétetexe qu’il fallait combattre les boucs émissaires fantasmés: protestants, juifs libéraux et judéo bolchevisques.
Et aussi vous inquiéter de la manière dont Pie XI et E. Paccelli ont traité Edith Stein qui vient d’entrer au carmel (1934, alors que la loi chassant tous les juifs de la fonction publique en Allemagne vient d’être signée) et qui fit parvenir via E. Pacellii un cri prophétique à Pie XI qui se termine par : « Nous tous qui sommes les enfants fidèles de l’Église et qui observons les évènements qui se déroulent en Allemagne sans fermer les yeux, nous craignons le pire pour l’image de l’Église, si jamais son silence durait encore ». Pie XI fit répondre par Pacelli à l’intermédiaire du haut clergé allemand « que Dieu protège son Eglise en ces temps difficiles ». Quel mufles lâches et visqueux ces pauvres hommes qui, en même temps, cultivaient l’art de ménager la chèvre et e choux.
Les aveugles refusent de voir, et l’Église a quitté l’institution.
heureusement, grâce à Dieu sans doute, vous êtes là pour éclaire r ou tenter d’éclairer des bornés dans mon genre…Bonne continuation !
Dans le genre aveugle qui ne veut rien savoir, vous êtes pas mal non plus !
Faire de Pie XI et de Pie XII des alliés du nazisme, il fallait oser, vous avez osé !
Vous relirez quand vous aurez envie d’être un peu moins sectaire l’encyclique « Mit brennender Sorge » (Avec une brûlante inquiétude).
Dominique, Michel, à quoi bon ces commentaires « d’autorité » c’est à dire sans l’ombre d’un argument si ce n’est le recours par Michel à la tardive encyclique dont l’institution s’honore, après avoir aidé les monstres fascistes et nazis à se tailler des croupières, notamment en abandonnant tant de véritables chrétiens -pour lesquels le juif est un frère, comme le noir, le tsigane, l’homosexuel, le protestant- ainsi que les mouvements d’actions catholiques et les partis politiques catholiques.
S’informer à plusieurs sources, en appréciant leur sérieux et en écartant celles qui sont « juges et partis » est indispensable.
Vous pouvez vous informer, Michel, par exemple en lisant le résumé d’une série de travaux sur le thème traité par D. Kertzer dans « Pie XI. Un pape contre le nazisme ? L’encyclique Mit brennender Sorge, 14 mars 1937 » (éditions dialogues, 2016).
Les auteurs du résumé sont fort crédibles : Fabrice Bouthillon (historien français, licence de Théologie catholique de l’Université de Strasbourg, normalien et ancien élève de l’École française de Rome) et Marie Levant (historienne Sorbonne, spécialiste du catholicisme).
https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2018-4-page-216.htm