Rouvrir au plus vite les églises au culte c’est aussi conjurer une possible nouvelle hémorragie de fidèles.
Le 26 avril, sur son compte Facebook, le philosophe Denis Moreau dont j’avais salué le livre Comment peut-on être catholique (1) paru en 2018, publiait une étrange confession. (2) Je cite : « Depuis le début de ce confinement, le simple fidèle que je suis ne peut plus, comme tout le monde, assister à la messe dominicale. Moi qui n’ai jamais raté la messe du dimanche depuis plus de 30 ans. Mais, honnêtement, je dois bien avouer que ne pas pouvoir assister à la messe en vrai et communier ne me manque pas tant que ça. » Soyons honnête, il admet dans la suite de son propos devoir à l’avenir apprendre « à désirer et aimer un peu plus la messe dominicale. » Mais c’est pour mieux souligner combien il lui semble essentiel que l’Eglise sache tirer toutes les conséquences de ce que nombre de catholiques viennent de vivre durant ces semaines de confinement. Je pense, pour ma part, qu’il y a dans cet aveu l’une des raisons du malaise de nombreux prêtres et évêques et partant, des explications de leur empressement à vouloir rapidement renouer avec le culte public. Avant que trop de fidèles ne se laissent gagner par l’idée de possibles alternatives spirituelles…
Désamorçons, dès l’abord, quelques pétards. Oui, je reconnais sans peine qu’un jeûne eucharistique prolongé sur presque trois mois a représenté, pour de très nombreux catholiques, comme pour leurs prêtres, dont certains se sont exprimés collectivement pour une reprise rapide des cultes, une profonde et sincère souffrance. Non, je ne conteste ni ne relativise la place centrale de l’Eucharistie comme “source et sommet“ de la vie chrétienne. Même si j’observe que dans la longue histoire de l’Eglise sa « pratique » a pu connaître des fréquences extrêmement variées et n’a jamais constitué le tout de la vie spirituelle des baptisés. L’obligation de la messe dominicale est un commandement de l’Eglise, pas un commandement divin ! Et comment ne pas entendre ici l’alarme du grand théologien Bernard Sesboué ? « Il n’y a rien de plus triste que de constater qu’une norme ecclésiale a été jugée caduque par un grand nombre de fidèles qui, tout en voulant rester des catholiques pratiquants, ont repris leur liberté à son égard. » (3)
La messe dominicale est pour beaucoup l’expérience de l’ennui
La baisse – pour ne pas dire l’effondrement – de la pratique en ce qui concerne la messe dominicale, dans notre pays, n’est plus à démontrer. Je suis frappé du nombre de jeunes catholiques, pourtant croyants qui reconnaissent, en privé, s’ennuyer à la messe et n’y aller parfois que par devoir. Pour combien de temps encore ? Ils valident en cela l’analyse développée, sur le sujet, par Jean-Louis Schlegel dans la revue Etudes d’octobre 2019. Ce qui donne, par ailleurs, un relief singulier à cette réflexion d’Eugène Drewermann (elle remonte à 1992) : « Tout culte qui appelle des explications parce qu’il n’est pas spontanément compris, est frappé de vieillesse et va au devant de la mort. » (4) Rude ! Et pourtant, combien de prêtres, de responsables diocésains se heurtent aujourd’hui à cette évidence : l’incompréhension de nombreux fidèles pour ce qui constitue la liturgie eucharistique. « Pourquoi donc continuons-nous à parler comme si nous étions compris et entendus ? » questionnait le jésuite Luc Pareydt dans un propos qui pourrait valoir aussi pour le culte. (5) Par comparaison, beaucoup en viennent aujourd’hui à se demander s’il n’y aurait pas là l’une des clés de compréhension du succès des assemblées d’autres communautés chrétiennes.
Confinement : une efflorescence de pratiques spirituelles parfois nouvelles
Les semaines de confinement que nous venons de vivre ont été marquées, pour bien des catholiques, par une efflorescence de pratiques spirituelles, parfois nouvelles au niveau de leur vie : prière personnelle, redécouverte des Ecritures et notamment des Evangiles, liturgies familiales, participation à des réseaux “spis“ via internet, création de communautés « virtuelles » même éphémères, suivi de messes à la télévision, sur internet ou les réseaux sociaux, liens multiples non exclusivement liturgiques maintenus avec les prêtres ou diacres de la paroisse, réflexions partagées sur « l’après »… De quoi nourrir, chez certains, l’envie de prolonger ou approfondir, à l’avenir, des expériences qui se sont avérées riches de sens.
Au point d’en délaisser demain la messe dominicale ? Pas forcément, mais peut-être de comprendre, de sentir au plus profond d’eux-mêmes, que le « manque » éprouvé était d’abord de nature communautaire avant que d’être sacramentel au sens classique du terme. De quoi nourrir bien des interrogations – redoutables – dans les diocèses où la baisse drastique du clergé est pour demain. Mais pourquoi pas aussi esquisser des pistes de rebond ?
La mobilisation des évêques pour une réouverture des églises au culte avant le 2 juin a pour motif premier l’attente des fidèles et des prêtres. Et aussi le désir légitime, après le “creux“ pascal, de pouvoir célébrer dignement la Pentecôte, quarante-huit heure seulement avant la date « barrière » fixée par le gouvernement. Mais je me risque volontiers à formuler l’hypothèse que la crainte ait pu jouer aussi – consciement ou non – de voir un certain nombre de fidèles ne pas reprendre aussi spontanément le chemin des messes dominicales, après douze semaines de confinement et d’expériences spirituelles parfois riches, ouvrant sur d’autres horizons.
Imaginer ensemble ce que sera l’Eglise d’après
C’est bien pourquoi la réouverture des églises au culte ne pourra, en aucune manière – même si cela correspond au désir de certains – sonner le simple retour aux « pratiques d’avant », à la sainte Tradition. L’ébranlement a été trop fort ! Les expériences vécues trop questionnantes. Ecoutons encore Denis Moreau : « Je me demande si, pour l’Eglise catholique de France, ce confinement n’est pas une bonne occasion de réaliser la mutation à laquelle elle ne coupera pas mais devant laquelle elle recule, ou refuse l’obstacle, depuis pas mal de temps. Ce confinement nous force en quelque sorte à imaginer ce que sera l’Eglise d’après, celle qui devra apprendre à vivre avec peu de prêtres, moins d’eucharisties, des sacrements moins accessibles et plus rarement dispensés. Et à ma grande surprise, moi qui suis plutôt pessimiste par nature, je trouve que ce qui est en train de se passer dans l’Eglise de France donne plutôt des raisons d’espérer. »
C’est en ce sens que mon billet précédent était titré « Déconfiner les églises ou déconfiner l’Eglise ? » Peut-être nos évêques et nos prêtres pourraient-ils dès le 2 juin, au lendemain de la Pentecôte, nous inviter à en débattre !
(1) Denis Moreau, Comment peut-on être catholique ? Ed. du Seuil 2018, 370 p.
(2) Ceux qui n’auraient pas accès à Facebook, trouveront le témoignage de Denis Moreau parmi les commentaires qui suivent le billet « Déconfiner les églises ou déconfiner l’Eglise ? » où je le publie avec son accord.
(3) Bernard Sesboué, Le magistère à l’épreuve, Ed. DDB, 2001.
(4) Eugen Drewermann, De la naissance des dieux à la naissance du Christ,
(5) Luc Pareydt, La peur de la séduction, Cahiers pour croire.
Illustration : Messe télévisée du 15 mars 2020, studio du Jour du Seigneur
un point qui n’est pas abordé,dans toutes les réflexions, même des évêques, mais très réel : pas de messe : pas de quêtes.. le trou des budgets paroissiaux et diocésains va être important et mettre jusqu’à en mettre en péril . Lu sur une feuille paroissiale : – 300 000 €, pour un diocèse depuis le confinement. Et la des conséquences vont être très immédiates. L’après déconfinement sur ce point va poser bien des questions et des décisions cruciales.
C’est vrai. Mais peut-on reprocher aux uns et aux autres de porter aussi ce souci ?
Souci que portent aussi beaucoup de familles avec un trou important dans leur budget familial…
Eh bien! il est bien dommage que ce philosophe n’aitt pas encore découvert l’utilité et la splendeur de la Messe (je ne dis certes pas tous les dimanches mais au moins en son principe)
Il a bien sûr le droit de penser ce qu’il veut mais s’il avait la bonté de ficher la pixx à ceux qui ,eux se retrouvent très bien ce serait bien aimable de sa part.
Aussi je m’étonnais de ne pas avoir encore lu des messages de remerciements adressés au gouvernement lequel sous l’influence sans aucun doute du Saint Esprit a pris la décision de nous interdire d’aller à la Messe
En complément je précise que je n’ai aucun rien a priori contre Monsieur Moreau et ne mets surtout pas en doute sa foi mais je suis tout de même très surpris par sa position à l’égard de la Messe.Par ailleurs combien ont voulu transformer cette « fichue » Messe et ont obtenu quels résultats??? Des paroisses très innovantes j’en ai connues et lorsque par hasard j’y retourne je ne vois principalement que des gens de mon àge qui avaient donc entre trente et35 ans dans les années 70 80 et pratiquement aucun jeune.
cela me fait penser au livre de Timothy Radcliffe: « pourquoi aller à l’Eglise »
Permettez-moi à mon tour, René, une « confession » !
Comme Denis Moreau, je n’ai jamais raté ou pas dû manquer beaucoup de messes dominicales dans ma vie, j’ai tenu, peut-être par devoir, dans les années post-conciliaires où les liturgies étaient souvent bâclées et vides de sens, j’ai fait le détour par les liturgies orientales, et je suis revenu avec bonheur quand j’ai découvert des célébrations belles, priantes et nourrissantes, avec la « Liturgie chorale du Peuple de Dieu » du cher André Gouzes, à Paris puis à Sylvanès.
Une liturgie bâclée d’une 1/2 heure peut être infiniment plus longue et ennuyeuse qu’une belle liturgie d’une heure 1/2 bien célébrée !
Il ne s’agit pas tant de « comprendre », quand donc aurons-nous tous compris de ce qui se passe à la messe !
La liturgie n’est pas affaire de compréhension, elle est d’abord mystagogique !
L’acte liturgique, célébration de l’Alliance entre Dieu et son peuple et lieu privilégié de la rencontre entre Dieu et l’homme, est d’abord “mystagogique” : par des signes sensibles, des rites et des symboles, il nous fait entrer dans le mystère du salut, mystère pascal de mort et de résurrection, mystère qu’il actualise et rend présent en opérant efficacement ce qu’il signifie ; subsidiairement il est “catéchétique” : il nous donne à entendre et à pénéter la Parole de Dieu reçue et transmise en Eglise.
En ce sens, je ne suis pas du tout d’accord avec la phrase de Drewermann que vous citez dans votre billet : « Tout culte qui appelle des explications parce qu’il n’est pas spontanément compris, est frappé de vieillesse et va au devant de la mort. »
La liturgie touche le cœur avant l’intelligence, et il n’y a rien de plus insupportable que le discours performatif en matière de liturgie.
Rien n’est plus urgent et plus important que de porter et de faire résonner la Parole de Dieu, Parole de Vérité et de Vie ; ainsi comprise, la liturgie prend sens ; elle devient joie et consolation, elle reconstruit l’homme en l’unifiant et en l’orientant vers son Dieu qui se fait proche de ceux qui le cherchent et qui l’invoquent.
ah Michel, j’aurais bien aimé être l’auteur de votre message.
Merci!
Comme quoi, Dominique, même si on diverge sur certaines appréciations, on peut se rejoindre fraternellement sur l’essentiel !
Merci de ce commentaire même si peut être par ailleurs je diverge Michel de Guibert. sur d’autres sujets; Oui, merci.
Je vous dirai, Hneri, comme à Dominique, que l’on peut diverger parfois et se retrouver fraternellement sur l’essentiel !
A Michel
D’accord avec vous .Encore faut il que la liturgie rende concrètement tangible ce qu’elle signifie. Et c’est la ou cela devient difficile et explique le désintérêt ou l’ennui ne du fossé entre ce qui est signifié et la manière dont cela est reçu .Question que l’on ne peut pas ignorer quand bien même elle est très difficile à résoudre.
Oui, Guy, c’est bien en ce sens que la liturgie doit parler au cœur d’abord et à tous nos sens, elle doit comme nous être incarnée, et c’est d’abord par la beauté que le cœur et les sens sont touchés ; cela n’exclut bien sûr pas d’approfondir ensuite la connaissance que l’on a des rites pour mieux en comprendre le sens profond et y entrer toujours davantage, mais le mouvement premier demeure de parler à notre cœur.
Cor ad cor loquitur (le cœur parle au cœur), telle était la devise du Cardinal Newman.
Et si le déconfinement partiel était l’occasion de retrouver la joie des premiers chrétiens ?
« Chaque jour, régulièrement, ils se réunissaient dans le temple, ils prenaient leurs repas ensemble dans leurs maisons et mangeaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et ils étaient estimés par tout le monde » (Actes des apôtres 2, 42-47)
La question qui se pose, c’est que nos messes ne rassemblent plus beaucoup de jeunes, ou même d’adultes de 20-40 ans, voire 20-50. Pourquoi ? Beaucoup trouvent la Messe de leur paroisse ennuyeuse, répétitive, avec un langage antique (le Canon de la Messe) qui ne leur parle plus et des sermons qui ne rencontrent pas assez les questions et les soucis d’aujourd’hui. Nos contemporains n’aiment plus ces discours plus ou moins « ex cathedra », càd venant du haut de la « chaire de vérité », sans qu’il y ait place pour les réflexions et les témoignages des fidèles, femmes et hommes, et jeunes. On ignore tout des convictions et questions des autres, ce qu’ils pensent et vivent. Cette manière de faire intéresse de moins en moins nos contemporains.
A côté de ces messes traditionnelles, certains (prêtres et laïcs) créent de petites réunions (10 à 15 personnes) où l’on prie et échange autour de l’évangile, dans la joie de la présence (réelle!) du Christ (Ac 2,46) : « Là où 2 ou 3 sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux »! (Mt, 18-20).
Déconfiner l’Eglise ?
Par Jean-Pierre Baconnet, diacre permanent
Le confinement brutal de toute la société française à la mi-mars 2020 a obligé les communautés chrétiennes à vivre leur foi autrement que d’habitude. Aucun plan B dans les cartons des évêchés !
Alors que depuis le concile de Trente, la pastorale de l’Eglise a été centrée sur le prêtre et l’eucharistie, nous nous sommes retrouvés confinés, sans prêtre et sans eucharistie. Quel choc !
Cette situation inédite nous a donc obligé à réfléchir sur les moyens de vivre notre foi, de l’alimenter, de la nourrir. Immédiatement, et grâce à une initiative décriée en son temps[1], le Jour du Seigneur était disponible le dimanche sur le réseau TV national (Antenne 2). Les moyens technologiques actuels ont permis à quelques geeks ecclésiastiques de faire de même, sur Internet, depuis leur église ou chapelle, vide ! KTO a embrayé sur diverses célébrations, notamment pendant la Semaine Sainte, depuis Rome. J’ai pu voir ainsi les célébrations du Jeudi saint et du Vendredi saint depuis St Pierre de Rome, où notre pape François officiait, seul, dans la vaste basilique St Pierre, vide ! Un choc ! Un choc aussi de le voir bénir, urbi et orbi, sous la pluie battante, avec un ostensoir qui semblait bien lourd pour lui.
Après le scandale de la pédophilie dans l’Église, l’incendie de ND de Paris, la concomitance de ce confinement avec le Carême et le Temps Pascal, comment ne pas discerner ces « signes des temps » ? Saurons-nous écouter ce que l’Esprit dit à notre Eglise ? (Cf Ap 1-3) L’Eglise sera-t-elle la même, le jour d’après ?
Ce que nous avons vécu.
Confinés, nous avons vu fleurir des liturgies domestiques, dans ces « ecclesiola » tant souhaitées par Jean-Paul II. Des familles se sont réunies, oh, pas toutes certes, mais certaines, autour d’un autel improvisé avec une icône, une statue de la vierge, une bougie, pour prier. Ce n’est pas rien !
Parfois, on a lu des textes de l’évangile, de la Bible, et on les a partagés, provoquant souvent des questions, des petits comme des plus grands ; les parents ont essayé d’y répondre, avec plus ou moins de facilité.
D’autres on découvert la liturgie des heures, diffusée largement sr Internet (aelf.org) et les psaumes qui nous disent tellement de situations vécues : « Ecoute, Seigneur, réponds-moi, car je suis pauvre et malheureux » (Ps 85, 1).
Le dimanche, ou parfois en semaine, des chrétiens se sont regroupés devant le poste TV pour la messe du JDS, ou avec une tablette pour une messe de leur paroisse ou de leur diocèse, diffusée sur Internet.
Certes, la communion physique avec le corps du Christ n’était pas possible, mais on a beaucoup parlé de « communion spirituelle » ou de « communion de désir », aspect quelque peu oublié…
Des groupes bibliques ou de partage de la Parole, des mouvements, se sont retrouvés dans des visioconférences pour continuer à lire et à partager la Parole de Dieu, ou simplement à échanger leurs impressions face à cette situation.
A voir toutes ces initiatives, on peut se dire que l’Esprit souffle, et souffle où il veut.
Qu’on peut se dire aussi que les homélies d’un dominicain au JDS vaut bien celle, parfois bâclée, de notre curé ou d’un vicaire « d’une autre culture ».
Tout ceci sera-t-il rangé au placard du temps de confinement, une fois le déconfinement mis en oeuvre? Va-t-on repartir comme avant ? Certains ont témoigné : « tout compte fait, ma foi s’est réveillée, je l’ai vécu autrement ».
D’autres ont remarqué que nous nous étions trouvé, brutalement, comme en Amazonie, sans prêtres.
Ce qui nous a manqué, c’est l’aspect communautaire, se rassembler (étymologie du mot « ekklesia » pour célébrer son Seigneur : « Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » (Ac 2, 42)
Mon expérience en maison de retraite.
Bien avant le confinement, depuis plus de deux ans, avec une petite équipe avec laquelle nous partageons régulièrement les textes de la Parole de Dieu, nous avons mis en place une distribution de la communion dans une maison de retraite où les personnes sont encore autonomes.
Deux fois par mois, en lien avec la messe célébrée à l’église de la commune – je ne dis pas « paroisse », car il y a 5 clochers sur la paroisse – moi, ou une laïque si je suis absent, portons la communion aux personnes de cette petite « unité de vie » de 24 résidents.
Comment cela se passe-t-il ? Certainement pas en passant dans les chambres de celles qui désirent communier. Non, nous nous retrouvons, dans la salle TV bien tranquille, devant la messe du Jour du Seigneur. Ministre ordinaire de la distribution de la communion, je suis en aube et étole, et j’apporte les hosties consacrées dans un petit ciboire, à partir de la réserve eucharistique de l’église, disposé sur une table avec une nappe blanche et un petit cierge allumé.
Nous regardons ensemble la messe du Jour du Seigneur, nous écoutons la Parole de Dieu, l’évangile, l’homélie ; nous participons à la prière universelle et à la prière eucharistique. Après le Notre Père, au moment de la communion, je me lève, et après le geste de paix, je prends le ciboire et distribue la communion à tous les participants. Certes, il n’y avait pas de prêtre présent, mais il était « derrière » l’écran.
Bien entendu, pendant le confinement, ces « offices domestiques » et distribution de la communion en maison de retraite n’ont pas pu avoir lieu. On verra comment les reprendre, en tenant compte des contraintes sanitaires du moment.
Le jour d’après.
Comme d’autres, j’ai trouvé inconvenant et préoccupant qu’après le discours du premier ministre le 28 avril, certains catholiques, prêtres et évêques, aient immédiatement réclamé le « droit » de célébrer des messes publiques. C’est me semble-t-il faire fi de la plus élémentaire prudence, comme le Pape l’a souhaité, vis à vis de nos frères, car c’est le service du frère qui authentifie la sincérité de nos eucharisties.
Devra-t-on repartir en Eglise, demain comme avant ? Je ne le crois pas ; il nous faut passer à une autre organisation ecclésiale.
Durant ce temps de confinement, nous avons vécu isolément, et la communauté nous a manqué. Il me semble important d’abord de de faire communauté ; c’est essentiel ! Dans des paroisses de plus en plus grandes ? Avec moins en moins de prêtres ? Je ne le crois pas.
Alors, qu’est-ce qui empêche demain, s’il n’y a plus de prêtre pour célébrer tous les dimanches l’eucharistie, de faire Eglise, de faire communauté, chez l’un ou chez l’autre, ou même à l’église, pour partager sur les textes du jour, regarder le JDS à la télé, et communier à la réserve eucharistique alimentée par la dernière eucharistie célébrée dans cette communauté par un prêtre ?
Il est temps me semble-t-il de quitter le « tout-ou-rien eucharistique », issu de l’organisation de Trente, en rural particulièrement où les gens ne se déplacent pas, et où le système paroissial s’écroule, sinon aujourd’hui, du moins dans les 10 à 20 ans qui viennent.
Ce que nous avons vécu pendant le confinement, pourquoi ne serait-il pas un schéma pastoral où l’assemblée célébrante est première, nourrie de la Parole et, autrement, de l’eucharistie ? Vision hérétique ? Non. L’eucharistie demeure « à la fois la source et le sommet de la vie chrétienne »[2], mais compte tenu de la géographie, rurale en particulier, et des moyens sacerdotaux, Elle peut être célébrée, une fois par mois, ou moins, et être distribuée tous les dimanches dans de petites communautés locales vivant autrement une messe diffusée, TV ou Internet, avec une communion distribuée par un diacre ou un laïc.
On retrouverait ainsi la pratique du fermentum à Rome, au temps antique où seul l’évêque célébrait l’eucharistie, et selon Saint Justin : « Lorsque celui qui préside a terminé les prières et que tout le peuple a applaudi, ceux qui chez nous sont appelés diacres distribuent le pain et le vin, sur lesquels l’action de grâce a été prononcée, à chacun des présents et le portent aux absents » et « la distribution et la communion se fait à chacun de ceux qui sont présents, et il est envoyé aux absents par les diacres[3] ».
[1] Au lancement de la messe télévisée, nos évêques ont dit urbi et orbi qu’assister à une messe télévisée était « invalide » et ne satisfaisait pas précepte ! C’était juste bon pour les personnes âgées et/ou handicapées !
[2] Lumen gentium n°11
[3] Saint Justin, Apol. I, 67, PG VI, 430
Voir aussi Van Bruggen A., Réflexions sur l’adoration eucharistique, Rome, 1968, pp 4-5
Sans doute les liturgies domestiques (ecclesiola) quand elles sont possibles sont-elles plus justes ou du moins complémentaires des messes télévisées ou via internet.
Merci beaucoup Jean Pierre Baconnet pour cette excellente analyse à laquelle je souscris totalement
et permettez-moi de vous dire aussi cette réflexion qui m’est venu après l’article de René, la voici : » Il est vrai qu’on a vécu, du moins les plus anciens d’entre nous, avec l’habitude d’aller à la messe tous les dimanches par réflexe dû au catéchisme de notre enfance. La messe dominicale était devenue une obligation, dixit les commandements de l’Eglise ! Mais la raison du rythme hebdomadaire n’est pas pour autant une invention de l’Eglise, qui aurait ainsi définit les règles strictes à tenir si on veut être un bon chrétien. Et la pratique liturgique n’est pas une habitude ni une obligation, mais plutôt une respiration ! Il serait très réducteur de penser que l’habitude est signe d’une bonne santé de la vie spirituelle. Le rythme de la respiration dû à la messe nous vient directement de la Tradition Biblique, pas d’un catalogue clérical. La semaine de 7 jours a été adoptée par le peuple juif au temps où il était en Exil à Babylone, où justement la semaine était de 7 jours ! et ils ont voulu prendre le contrepied de ce rythme en lui donnant le sens nouveau dont on trouve dans Genèse 1, tout le sens de la Création de Dieu. Ce chapitre 1 a été écrit à cette époque-là. Si Dieu n’a pas créé, au sens scientifique actuel du terme, l’Univers en 7 Jours, par contre le sens liturgique qu’en donne la Bible est une pure merveille. La semaine liturgique juive avec le shabbat du 7ème jour vient de cette époque du retour d’Exil. Puis le Christ a continué à vivre cette respiration liturgique dans une belle obéissance à la mémoire de ses pères dans la foi. Il en a respecté toutes les ouvertures de compréhension, puisqu’il a sublimé ce rythme hebdomadaire en faisant de grands miracles ce jour-là du shabbat. Et après sa Résurrection, il a continué ce rythme merveilleux dans les apparitions à ses Apôtres. En instituant ce rythme au 8ème jour, il a donné ainsi au monde une nouvelle semaine dont le premier jour serait celui de la Résurrection. Alors il serait bon dans cette période de confinement de nous replonger dans les sources et d’y apporter un souffle nouveau dans la joie de célébrer la Résurrection qui nous est offerte et promise. Personne n’est obligé de célébrer ou de fêter la promesse de la Vie éternelle toutes les semaines, mais ce serait bien dommage d’en perdre la mémoire. Que ce temps de confinement apporte de nouvelles perspectives, c’est tant mieux pour la vie spirituelle mais d’oublier ou de relativiser ce rythme institué par Dieu lui-même serait une erreur très grave, celui de l’orgueil de l’homme qui veut se faire le maître de sa relation à Dieu. Jésus ne s’est jamais permis cela vis à vis de son Père, et il nous invite à être de vrais fils comme Il l’a été.
De plus, Jésus ressuscité, à chaque rencontre, a partagé le pain. On pourrait aller même beaucoup plus loin dans cette réflexion. Jésus a vécu le rythme de l’Eucharistie durant tout son ministère public. La dernière Cène en est le point d’orgue qui ouvre toute la dynamique que Jésus voulait pour son Eglise. En promettant une double part de son Esprit à ses Apôtres en Jean 16, 12-14, c’est toute cette dynamique qu’il promettait pour ses Apôtres et pour l’Eglise. Je pense que nous devons retourner aux sources, et tout particulièrement aux sources juives de notre Foi Chrétienne. Jésus était proche du courant apocalyptique du Judaïsme de ce temps-là où on vivait des « Pentecontades ». Et on les célébraient avec du pain et de l’eau à chaque shabbat en espérant le jour où on le célèbrerait avec du pain et du vin. Ce vin est devenu le sang du martyr ! C’est pourquoi Jésus dit à la Cène : « Je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que je le boive avec vous, nouveau, dans le Royaume der mon Père. » (Mt. 26, 29) Cette phrase dans l’Evangile de Matthieu, Jésus l’a développé à partir de ce que disaient les gens de la communauté de Qûmran quand ils concluaient la « Pentecontade ». Ce Royaume est là, nous devons le vivre et il est indispensable. Il nous faut retrouver le dynamisme des Sources. Quel défi formidable à mettre en route. De plus l’Eucharistie est plus qu’un acte en « mémoire du Christ » mais bien le Mémorial de sa Vie pour nous aujourd’hui. Alors faut-il l’Eucharistie toutes les semaines, si l’Action de Grâce est le sens de l’Eucharistie, cela ouvre des portes insoupçonnées. Mais j’aime bien ce que l’ange dit à Élie, : « Lève-toi et Mange … » (1R. 19, 5) Merci à vous. Marcel Bardon, (violoncelliste et diacre permanent)
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Merci beaucoup Monsieur Bardon de cette analyse absolument remarquable expliquant d’où vient la « règle’ de la Messe dominicale Incontestablement,dans ma jeunesse reaucoup respectait cette règle non pas par amour du Chtist mais simplement pour être dans les clous mais cela a heureusement disparu. En fait quand on réfléchit à la splendeur de la Messe c’est chaque jour qu’on devrait en éprouver le désir ‘ d’y assister (dansl e sens d’y participer bien sûr)
Merci à vous Dominique Bargiarelli. L’Evangile est d’une étonnante actualité. Aujourd’hui dimanche 3 mai, le Christ dit qu’il est la Porte ! C’est à nous d’accepter d’y passer par cette Porte et quand on y est passé celui qui est là, après la Porte, c’est toujours Lui, le Christ, qui, comme un bon Pasteur, nous conduit vers les pâturages plantureux. Et l’Eucharistie est comme ce vert pâturage bon et nourrissant de l’Evangile. Bien à vous.
Je reprendrai ici le bref commentaire déjà posté sur Facebook en réponse au texte de Marcel Pardon.
Merci Marcel pour ces rappels précieux. personnellement je suis attaché au rythme des 7 jours, symboliquement fort, pour des retrouvailles communautaire. Je crois que la question qui nous est aujourd’hui posée, pour tout un tas de raisons, est de savoir si cette rencontre communautaire du dimanche, « en mémoire du Christ », rassemblée en son nom doit toujours revétir la forme de l’Eucharistie.
Mais alors René, n’avez- vous pas là un peu l’impression de relativiser l’importance de l’Eucharistie car enfin si on la pratique que de temps en temps c’est qu’on ne lui accorde plus qu’un rôle second (pour ne pas dire secondaire bien sûr.)
C’est la méthode retenue par nos frères protestants au point que dans bien des paroisses on ne participe à la Sainte Cène qu’une fois par mois et en insistant le moins possible sur la Présence du Christ.
Mais vous qui faites des mracles ou presque, Dominique, dites-moi comment on fait pour célébrer demain la messe, autrement que de temps en temps, dès lors qu’on n’a plus de prêtres pour la célébrer et qu’on leur en réserve le monopole ?
Et si on lui accorde à ce moint un rôle premier, unique, pourquoi pas plusieurs messes par jour, quotdiennement, tant qu’on y est, pour des fidèles en demande ? Je suis sûr qu’il y en a !
Le terme « eucharistie » aujourd’hui remis à l’honneur avec bonheur, fut employé très tôt pour désigner la liturgie dominicale, la messe ; on le retrouve dès le IIème siècle en Syrie dans la Didachè ou dans les Lettres d’Ignace d’Antioche, et à Rome dans l’Apologie de saint Justin. Le terme vient du grec eucharistia et signifie “action de grâces”, reconnaissance des bienfaits de Dieu ; encore aujourd’hui le verbe ευχαριστώ (eucharistó, prononcé en grec moderne efcharistó) est utilisé par les Grecs dans le langage profane et la vie courante pour dire merci !
S’enracinant dans la tradition des bénédictions juives, les berakôth, spécialement celles du repas pascal, la prière eucharistique trouve son origine dans la bénédiction prononcée par Jésus lors de la dernière Cène : « Prenant du pain, il rendit grâces » (Lc 22, 19). Bénédiction et action de grâces sont intimement liées ; la bénédiction, du latin benedicere, dire du bien, est d’abord l’acte de Dieu qui dit, veut et réalise notre bien (dire et faire sont un seul et même acte pour Dieu) ; à la bénédiction qui ne cesse de descendre de Dieu sur nous correspond notre propre bénédiction qui monte vers Dieu, c’est-à-dire notre louange et notre action de grâces pour tous ses bienfaits. Le mystère de la liturgie est structuré par cet échange de bénédictions entre Dieu et nous (cf. Ep 1, 3). Si la prière eucharistique proprement dite, qui constitue le cœur de la célébration, depuis le dialogue de la Préface jusqu’à la doxologie qui la conclut, est l’action de grâce par excellence, les bénédictions et l’action de grâces parcourent toute la liturgie, ce qui explique que le mot eucharistie en est venu à désigner l’ensemble de la célébration pascale du dimanche.
Catholique pratiquant régulier depuis 59 ans, je dois avouer m’ennuyer à la messe. Messe qui, dans ma paroisse d’une petite ville pyrénéenne, sous l’influence d’une communauté de soeurs polonaises se « retraditionnalise » petit à petit (servantes d’assemblée, inflation de bénédictions, processions). Je ne sais pas si c’est « mystagogique », mais c’est de plus en plus rituel, et je me sens de plus en plus loin de ce qui se passe à l’autel.
En ce moment, tous les matins j’assiste à la messe du pape François à Ste Marthe. Certes, je ne communie pas, mais je repars de là tellement nourri spirituellement. Si j’ajoute à ça l’oraison et la lecture d’ouvrages spirituels , je trouve ce temps plutôt riche.
Si la messe paroissiale, je dois l’avouer, ne me manque guère, par contre, très engagé dans une association d’aide aux migrants, je trouve très aride l’inaction imposée par le confinement. Vivre la charité (vertu théologale) à distance est particulièrement difficile. C’est là un « jeune » qui abime des solidarités, distend des amitiés, endort des engagements. Mais ce jeune-là ne semble guère préoccuper nos évêques.
Ce jeûne-là a été rappelé par certains évêques, notamment par Mgr Benoist de Sinety, vicaire général de Paris, Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, Mgr Olivier Le Borgne, évêque d’Amiens et vice-président de la CEF
Dans votre sens, ce billet de Natalia Trouiller qui s’interroge “Nos paroisses sont-elles prêtes à l’afflux de la misère qui va déferler ?“
Elle médite sur la faim eucharistique :
« Cette faim eucharistique est essentielle : nous allons pouvoir communier à nouveau. Communier au-delà de nos espérances. L’Eucharistie, on l’oublie parfois, c’est quatre récits dans les évangiles. Chez Marc, Matthieu et Luc, on raconte le repas. Chez Jean, ellipse totale : on ne raconte que le lavement des pieds. Mystère où réside l’intégralité de l’incarnation. La table eucharistique s’approche en tablier de service. Les deux sont inséparables. »
Puis elle pousse ce cri d’alarme :
« À l’approche de la Pentecôte, c’est une véritable conversion qui nous est demandée. Nous ne serons pas épargnés par la crise dans nos rangs, loin de là. Nous allons devoir devenir des pauvres qui aideront des plus pauvres encore. Préparons-nous.
Et soyons conscients de ceci : si les hordes de la misère ne viennent pas déferler dans nos églises, c’est que, dans le cœur du pauvre, l’église paroissiale n’est plus un lieu pour lui depuis longtemps, mais l’annexe d’un club pour riches. Que Dieu nous préserve de cette effroyable tranquillité. »
Il faut lire l’article entier !
http://www.lavie.fr//actualite/billets/nos-paroisses-sont-elles-pretes-a-l-afflux-de-la-misere-qui-va-deferler-25-04-2020-105832_288.php
Moi aussi catholique pratiquant il m’arrive de m’ennuyer à la messe et même parfois de n’énerver pendant le sermon. J’ y vais par charité pour que le prêtre polonais aie quelques fidèles à sa messe dominicale , il est souvent des assemblées où je compte pour beaucoup 1/10 et même parfois un 1/6 mais il y a la joie de saluer à la fin quelques participants , pas notre curé puisqu’il reste dans la sacristie jusque lorsque tout le monde est parti …..
Écoutons Maurice Zundel, dans un extrait de : « Le mystère de la messe », prononcé à Lausanne, novembre 1956 :
[…Il faudrait être un saint François – je ne dis pas pour expliquer – mais pour suggérer, car pendant des années François a pleuré à en perdre la vue, sur cette réalité dont la Messe est l’axe irremplaçable. Et peut-être, celui qui nous dira le mieux le mot qui nous introduit immédiatement au cœur du sujet, c’est Nietzsche : étrange témoin – le génie est toujours témoin et il est toujours témoin de Dieu quand il passe – Nietzsche qui a dit ce mot, dans un fragment unique peut-être dans toute son œuvre : » Dieu est mort, nous ne nous en sommes pas encore aperçu « . Dieu est mort, nous ne nous en sommes pas encore aperçu !… Il est mort et l’humanité continue à vivre comme si rien ne s’était passé !… Dieu est mort.
C’est le thème même de la Messe. C’est là son sens. C’est là son mystère.
C’est là la question qu’elle ne cesse de nous poser : » Dieu est mort, qu’allez-vous faire ? »…
… Lorsque Jésus, après la première multiplication des pains, lorsque Jésus sentit, dans la foule, un mouvement d’enthousiasme délirant qui visait à le faire Roi, c’est à dire à divertir sa mission dans un sens temporel, il ressentit, avec une amertume infinie, l’échec de sa mission. Tout avait donc été inutile !… Personne n’avait compris !… Et les apôtres, les premiers, étaient gagnés par la contagion.
Il fallait, au plus tôt, les écarter et disperser, à la faveur de la nuit, la foule en délire. Et quelques jours après, il allait s’expliquer : il allait dire aux plus exaltés le sens de sa mission. Il allait leur donner rendez-vous à la défaite du Fils de l’homme. Il allait leur proposer à manger ce pain dur : la chair du Fils de l’Homme. Il faut manger la chair du Fils de l’Homme, il faut boire son sang… c’est à dire : il faut avaler ce mystère effroyable, il faut avaler la Passion et la Mort de Dieu. Car c’est bien ce que veulent dire ces mots qui sont en saint Jean l’analogue du discours de la Croix dans les synoptiques : la nourriture, le breuvage, ce qui donne la vie… Il faudra que l’humanité, éternellement, la puise dans la mort de Dieu.
Car Dieu, c’est la fragilité infinie de l’Amour qui ne peut pas se défendre. Et ce qu’il jette au monde en ce moment, dans la synagogue de Capharnaüm, c’est le défi de l’Amour aux abois : » Ah ! Vous ne comprenez pas ! Vous attendez un Messie qui vous délivre par un coup de baguette magique… Vous attendez un Messie qui fasse tout le travail pour vous… Vous attendez un Messie qui vous empêche d’être des hommes… Vous attendez un royaume temporel où tous vos instincts pourront prospérer !… Eh bien ! Non. Ce n’est pas cela que Dieu vous apporte !… Dieu vous apporte sa mort. Si vous voulez vivre, il faudra avaler ce mystère : manger la chair immolée et boire le sang répandu « .
Si vous ne pouvez pas entrer dans le Cœur de Dieu par cette porte de la mort… jamais vous ne saurez qui est Dieu et qui vous êtes !… Et c’est cela, la Messe…]
Très beau texte… Mais j’ai le sentiment que sa publication, ici, pourrait reposer sur un malentendu : une remise en cause, de ma part, de l’importance,dela messe pour des chrétiens catholiques. Or j’écris dans mon billet, avant tout autre propos : « Non, je ne conteste ni ne relativise la place centrale de l’Eucharistie comme “source et sommet“ de la vie chrétienne. » Et je lis bien, ici, et plus encore dans les commentaires, souvent très brefs, de ma page Facebook, l’attachement existentiel de beaucoup à la messe. Attachement d’autant plus fort à une pratique régulière, au minimum dominicale, que cela fait partie de leur histoire, de leur culture, intériorisées.
Ce que j’ai voulu relever, c’est le paradoxe, la contradiction, d’une institution catholique qui invite les fidèles à participer toujours plus à l’Eucharistie tout en n’ayant plus les moyens de leur offrir ce « service » par manque de prêtres, sauf exception dans quelques paroisses de grandes villes. Je n’en tire pas la conclusion qu’il faille relativiser l’importance de ce à quoi on ne peut avoir accès, mais seulement qu’on puisse revenir sur l ‘obligation impérative de la messe dominicale dès lors que pour beaucoup elle devient impossible. Et d’ailleurs, le « Faites ceci en mémoire de moi » ne porte aucun impératif de fréquence dans le temps…
Cette « pénurie » nous invite aussi, me semble-t-il, à déplacer l’interrogation. Qu’est-ce qui est central pour la vie chrétienne : assister au saint-sacrifice de la messe – pour reprendre un langage traditionnel, – qui suppose la présence d’un « sacrificateur » ou se retrouver entre disciples du Christ pour se reconnaître comme frères, partager sa parole, communier à son corps et repartir dans le monde témoigner de Lui ? Seconde « vision » du rassemblement dominical qui peut fort bien, elle, se passer de prêtre s’il n’y en a pas de disponible… quitte à avoir une « vraie messe » de loin en loin. Et j’oserai cette question iconoclaste : est-on sûr que ce rassemblement-là soit moins sacramentel ?
Il y a dans l’expression obsessionnelle du besoin de messe hebdomadaire, voire quotidienne, présentée par certains comme nécessaire à la survie spirituelle de l’être – et au salut de leur âme -, une exigence d’enfants gâtés. Dès lors qu’ils refusent ou négligent tout questionnement lié à la situation des autres, auxquels ils interdisent par ailleurs toute pratique différente, au motif qu’il n’y a pas de raison de changer les choses… puisqu’eux-mêmes ont ce qu’il faut sous la main ! Belle solidarité en vérité !
En quoi ces regroupements de paroisse, en milieu rural, qui conduisent les seuls fidèles qui en ont encore la force et le courage, à aller à la messe au bourg voisin comme ils vont au super marché, sont-ils respectueux de la réalité communautaire de la foi chrétienne ? Ils retrouvent là des gens qu’ils ne connaissent pas et n’ont, souvent, pas envie de connaître. Alors que dans leur village, ils ont « abandonné » d’autres croyants qui sont leurs proches, seuls devant leur poste de télévision pour la messe du Jour du Seigneur… Mais pour l’institution il semble que l’on ait sauvé l’essentiel : le saint sacrifice de la messe garanti par la présence du prêtre. Pardonnez-moi de penser que c’est Mgr Rouet qui avait raison – et que l’avenir lui rendra justice – en instituant des petites communautés locales, capables de se réunir tous les dimanches pour prier ensemble et, de ce fait, capables de témoigner sur leur lieu de vie, de l’existence de disciples du Christ. Et si, au lieu de porter simplement la communion à une vielle dame âgée qui vit chez elle, quelques fidèles se rerouvaient à son domicile, autour d’elle, un dimanche, pour prier ensemble et communier à partir d’hosties pré-sanctifiées… ça n’aurait pas un autre visage d’Eglise, ça ? Même sans prêtre !
Il faudra qu’un jour l’institution ecclésiastique et hiérarchique demande pardon pour avoir supprimé, interdit les ADAP (Assemblées dominicales en l’absence de prêtre) qui étaient une réponse ajustée, au seul motif de préserver le monopole du clergé. Je le dis comme je le pense.
Je pourrais poursuivre pendant des pages et des pages. Le dernier point du propos de mon billet sur lequel je veux attirer l’attention est le suivant : nombre de jeunes catholiques accepteraient sans doute une initiation à la messe, s’ils trouvaient déjà, chaque semaine, dans leur paroisse, des rassemblements communautaires qui leurs donnent réellement envie d’être présents, parce que chaleureux et fraternels, compréhensibles au niveau des symboles mis en œuvre… Faut-il s’étonner qu’ils aillent chercher cette chaleur ailleurs : dans d’autres églises (certains diraient des sectes) chrétiennes, ou des rassemblements musicaux qui leur « parlent » ? Et qu’on ne m’oppose pas ici le dynamisme de quelsques paroisses bourgeoises où les jeunes sont bien présents !
Se lamenter d’être les derniers des Mohicans en faisant tout pour qu’il en soit ainsi ne m’a jamais semblé être une approche responsable des choses ! Refuser à des SDF spirituels un toit de fortune au motif que leur dignité est d’avoir accès à une vraie maison, en s’excusant néanmoins de ne pouvoir la leur offrir, correspond exactement à ce que le Christ dénonce avec le plus de constance dans les Evangiles : l’hypocrisie !
Mais non, il n’y a pas de malentendu. Car j’adhère intégralement à tout ce que vous avez écrit dans votre texte d’ouverture, et dans celui du 3 mai ci-dessus. Votre crainte est bien légitime, et je vous remercie pour votre demande de précision de ma part.
J’ai choisi ce texte de Maurice Zundel, car, tout les malentendus résident dans notre façon de lire l’Écriture : on peut la lire au premier degré, ou au second degré, voire plus si affinité. On découvre alors la Violence Têtue de la faiblesse de Dieu. Je m’explique :
Lors d’une conversation, pendant un repas, avec un prêtre qui s’occupe de nos frères divorcés-remariés, la conversation roula sur une question simple : « Jésus priait-Il son Père ? ». Je lui assurais que non, Jésus ne priait pas Son Père ! Le premier instant de surprise passé, nous convînmes qu’en effet, Jésus ne priait pas Son Père parce qu’Il était tellement et intimement en Relation Trinitaire avec Son Père qu’Il était Lui-même Prière du Père.
Si vous voulez bien accepter une transposition de ce concept sur notre façon ce vivre notre Messe, je dirais que l’Incarnation de l’Esprit en nous, nous lie d’une façon tellement intime avec Notre père, que c’est par Lui, avec Lui et en Lui, Jésus de Nazareth, que notre Corps se lie au Corps de jésus de Nazareth pour exprimer l’ Amour du Père. C’est ce qu’exprime, me semble-t-il Maurice Zundel par cette façon de parler quelque peu biologique. En d’autre terme, je n’assiste pas à la messe, je me dois d’être « Messe », d’être « Christ » vis-à-vis de mes frères, à chaque seconde de ma vie.
Ce matin, j’ai assisté, sur France 2, dans le cadre de l’émission Talmudique, à un exposé remarquable de mon confrère Ariel Toledabo, pendant que mon épouse répondait longuement à une personne en travail de deuil, réponse qui a largement débordé sur le temps de messe dite par nos frères dominicains dans le cadre de l’émission « le Jour de Seigneur »; nous avons repris cette messe au moment de la consécration. A tord, ou à raison, nous disons que nous avons assisté à la totalité de cette messe, car le soutien que nous demandait cette personne en souffrance faisait intégralement partie de cette messe, comme le soutien du bon samaritain à cette victime faisait partie de son attention au prochain.
Deuxième assise de cette transcription : La théologie du Corps magnifiquement développée par Jean Paul II : C’est notre Corps, dans toutes ses dimensions qui, se laissant transfiguré par l’Incarnation de l’Esprit, est à même d’exprimer, dans toutes ses dimensions l’Amour qui nous fait vivre. C’est, cette façon de concevoir les choses, qui m’extrait des contraintes de temps et d’espace, et me fait vivre la Vérité qui libère : l’Amour du Père s’exprimant par le geste du lavement des pieds.
[… Le corps en effet – et seulement lui – est capable de rendre visible ce qui est invisible : le spirituel et le divin. Il a été créé pour transférer dans la réalité visible du monde le mystère caché de toute éternité en Dieu et en être le signe visible…] (jean Paul II ; Extrait de TDC 019 – Le Sacrement du mystère de la vérité et de l’amour – Le 20 février 1980).
C’est ce qu’exprime, je pense, Maurice Zundel qui écrit : « Si vous ne pouvez pas entrer dans le Cœur de Dieu par cette porte de la mort… jamais vous ne saurez qui est Dieu et qui vous êtes !… Et c’est cela, la Messe… ». Et c’est ce qu’exprime la théologie classique, me semble-t-il quand elle nous dit avec St Paul :
« Romains 7:4 Vous de même, mes frères, vous avez été mis à mort à l’égard de la loi, par le corps du Christ, pour appartenir à un autre, le Ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu.
Et c’est bien grâce à notre Corps que nous pouvons, en quelque sorte Le toucher, Le voir, Le gouter, et entrer par notre Foi, physiquement, en contact avec le Corps du Christ, mourir avec Lui et Réssusciter avec Lui. C’est ce que nous avons fait, téléphoniquement, avec cette personne ce matin, pendant notre Messe télévisée.
« 23 Mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père… » (Jean 4 ;23)
Merci pour votre écoute.
René merci de me reconnaitre, enfin, le ^privilège de faire des miracles , privilégie dont j’ai parfaitement conscience comme vous vous en doutez
,je constate cerendant que vous ne répondez absolument pas à la question car ce que vous m’opposez et notamment la possibilité de communier plusieurs fois dans une même journée est une question ,comme vous le savez bien, réglée depuis bien longtemps.
ce qui ressort de cet « échange » c’est que vous et bien d’autres avec vous,à mes yeux en tout cas vous considérez comme à peu près superflu , ou en tout cas parfaitement secondaire le fait d’assister à la Messe.Bien sûr le seul fait d’assister à la Messe ne vous transforme pas par magie en chrétien parfait,mais permettez moi de croire que cela peut vous aider à le devenir notamment en vous incitant à trouver dans la personne de l’autre quel qu’il soit une trace de la présence de Dieu.
Dominique, comme disait mon grand père, vous faites les questions et les réponses. Je constate, ce qui me désole, qu’aucun réel dialogue n’est possible entre nous. Et je crois que je vais une nouvelle fois en rester là. J’ai parlé de personnes qui participeraient volontiers à pluseurs messes chaque jour si delles en avaient la possibilité… Je n’ai pas dit qu’elles iraient communier. Tout avec vous est à l’avenant. Basta !
Effectivement et je m’en excuse j’avais lu un ^peu de travers votre réponse si pleine de douceur, mais je n’insiste pas plus
quant à la possibilité d’assister à plusieurs messes par jour, rien ne l’nterdit dans l’absolu mais ,je vous rassure le cas échéant, cela ,ne me viendrait pas à l’esprit mais sur le caractère second que vous semblez accorder à l’Eucharistie
François jean, merci en premier lieu de vos interventions toujours très riches. Cependant je suis surpris , mais peut-etre que je n’ai pas compti,s je suais étonné que vous disiez que Jésus ne prie pas son Père tellement ils sont proches l’un de l’autre. Je sais bien que Jean fait dire à Jésus » philippe comment peu-tu dire « montre nous le Père ,cela nous suffit ;ne crois-tu pas que je suis dans le Pére et que le Pere est en moi.C rois-moi celui qui m’a vu a vu le père… »mais pourtant dans combien de passages de l’Evangile on voit Jésus se retirer dans la solitude pour prier A cele j’ajouterai « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? et aussi
« Pére, si c’est possible, que cette coupe s’éloigne de moi,mais non pas ma volonté mais la tienne » Il y a bien sûr bien d’autres passages
Voilà ! vous êtes au centre névralgique de la question sous-jacente à votre remarque. Mais pour pouvoir entrer plus à fond dans ce sujet, il me faudrait condenser 55 ans de pensée de Maurice Zundel. Je précise que ce visionnaire génial, selon le mot du pape Paul VI, n’a jamais été condamné par l’Église, mais il est vrai qu’une partie très conservatrice de celle-ci apparaît comme très réservée, voire allergique à son sujet…
Sa conception de Dieu, peut-être ? Voyons l’avant-propos écrit par Bernard de Boissière sj, reproduisant des extraits d’écrit de Maurice Zundel. (Vivre Dieu, textes choisis et présentés par France Marie Chauvelot, p17 de mon édition).
[« … Ne parlez pas trop de Dieu, vous allez l’abîmer…. Mieux vaut se taire et le contempler intérieurement comme tout lecteur éventuel doit s’efforcer de le faire… Dieu est un secret qui ne s’entend que dans le silence du moi … Dieu et l’homme se joignent dans l’ineffable où la personne a son mystère…Cet ineffable est le seul témoignage efficace, le seul qui ne fasse pas de Dieu une idole conforme à notre biologie qui n’en est que la projection… »].
Dans ce cadre, nos querelles picrocholines font tristes figures !
Reprenant, en 1961, au Caire une phrase d’un « très grand poète » Coventry Patmore, Zundel écrit, en introduction de son texte sur le Mystère de l’Église : » Toute connaissance digne de ce nom est une connaissance nuptiale « .
Je médite à partir d’une immense œuvre littéraire, toute marquée de « l’Imprimatur, nihil obstat » de l’Église : Le Père n’est que Regard pour le Fils ; Le Fils n’est que Regard pour le Père, dans la Spiration d’Amour de l’Esprit… Le Père n’a rien, Il est ; Le Fils n’a rien, Il est ; l’Esprit n’a rien, Il est. Ils sont Grande Relation d’Amour sans entrave, sans tache, transparente, sans obstacle. A côté, nous sommes paralysés par notre moi possessif.
Ils ne sont qu’Offrande éternelle, Parole éternelle,
nous ne sommes que fragiles, dépendant de notre moi biologique gérés par nos hormones et nos désirs inassouvis…
Nous bombardons notre dieu jackpot, image de l’homme, de demandes répétitives, addictives, sans cesse ; les Personnes Trinitaires, entièrement désappropriées d’Elles-mêmes, les ont satisfaites, de toute éternité, avant même qu’elles aient eues besoin de surgir de l’Une d’entre Elles…
Jésus n’a donc pas besoin de prier son Père, car ses « demandes sont satisfaites de toute éternité.
(Jean 11 ;42) « Certes, je savais bien que tu m’exauces toujours, mais j’ai parlé à cause de cette foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. ».
Telle est ma compréhension de la pensée de Maurice Zundel sur ce sujet essentiel, central, qui est la Révélation de NS Jésus Christ à la question primordiale qui nous taraude : « Qui sommes-nous ? ».
Quant aux citations que vous me soumettez, et qui font intervenir des notions exégétiques, St Jean 11;42 vous a répondu en partie.
Moi, j’aimerais bien savoir pourquoi le mot « dieu » ne figure pas dans la prière que Jésus nous a apprise: le Notre Père?
Merci pour votre écoute.
François jean je comprends très bien ce que vous exprimez, enfin du moins je l’espère, et il semble parfaitement logique d’estimer que Le Christ et son Père partageant tout, l’un ne pouvait en aucun cas ignorer les pensées de l’autre. Cependant, et je ne sais rien de la valeur de ce que je vais dire, c’estt que Jésus s’étant incarné et entièrement incarné il n’était plus dans la gloire qu’il avait auprès de son Pére et pleinement homme il avait donc besoin du secours de son Père et donc de le prier comme chacun de nous en a besoin et cela expliquerait le fait que selon l’Evangile il priait souvent.
Quant à l’absence du terme Dieu dans le Notre Père je l expliquerais par le désir du Christ qui veut que nous n’ayons pas dans l’esprit un dieu-Jupiter lequel existait dans bien des religions de l’époque, y compris dans l’Ancien Testament mais un Père infiniment bon et miséricordieux
Qu’est- ce que ça vaut mes élucubrations???
Dominique, vous parlez d’un « dieu-Jupiter lequel existait dans bien des religions de l’époque, y compris dans l’Ancien Testament »… cela me paraît contraire à ce qui émerge progressivement dans la Bible jusqu’à la pleine révélation trinitaire que décrit François Jean en s’appuyant sur Maurice Zundel..
René,moi qui ai présidé des ADAP pendant plusieurs année dans une maison de retraites en alternance avec un Père Blanc retraité je me rendais bien compte que pour la plupart des personnes présentes il n’y avait aucune différence à faire et cela relativisait l’importance de la Messe et cela me gênait bien évidemment. Par ailleurs l y a eu des abus incontesrables dans l’usage des adap, et je me souviens encore d’avoir assisté en Bretagne à une Adap dans un vilage à une heure déterminée alors que dans le village d’à côté (2 kms) à la même heure une Messe était célébrée. je précise que la proportion de personnes àgées ou handicapées n’était pas spécialement importante dans l’assistance de l’aDAP
Je ne sais plus quel homme célèbre disait qu’il serait chrétien lorsque les Chrétiens auront vraiment l’air de ressuscités après avoir communié;Alors lorsque je vois encore aujourd’hui des prêtres distribués la Communion comme si on allait jouer aux cartes ou des églises dans lesquels on reçoit l’ordre de s’assoir avant d’aller communier je me dis qu’on ne fait rien pour pousser les gens à prendre conscience de la présence du Christ dans le pain qui leur est distribué.
Quant à Mgr Rouet et ses innovations je constate d’une part qu’il n’a pas fait du tout école auprès de ses confrères,que d’autre part son successeur qui n’est pas spécialement traditionaliste a été contraint de fermer le séminaire diocésain faute de candidats. oui, incontestablement l’avenir est sombre et même très sombre, et alors? Est ce donc la première et la plus importante crise que l’Eglise a à traverser et puis « et moi je suis avec vous chaque jour jusqu’à la fin du monde »
on y croit ou on n’y croit pas?
Merci beaucoup monsieur Bargarielli. Eh bien moi j’y crois très fort à cette dernière phrase. « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ». Certes notre époque nous demande de ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot mais ce dimanche est consacré à la prière pour les vocations. Je pense qu’il faut y voir toutes les vocations, dont la première est la vocation au bonheur d’être disciple-missionnaire du Christ. Si nous vivons du Christ cela relativise nos inquiétudes du lendemain. Comme Jésus le dit lui-même : « demain se préoccupera de demain et à chaque jour suffit sa peine. Ne vous préoccupez pas de ce que vous aurez à manger, votre Père sait ce dont vous avez besoin. (Mt. 6, 25-34). Allez il faut refaire Mémoire de tout pour la venue de l’Esprit Saint.
Le billet de Rene met bien en évidence la question que pose l’accomplissement de tout rite , c’est à dire sa capacité à dire en même temps : l’intemporel et le contingent , sa capacité à mettre en évidence le lien entre ce qui est intangible et ce que nous vivons .
C’est en ce sens que j’adhere à la phrase de Drewermann ; un rite qui doit être expliqué est un rite mort , qui ne remplit t plus sa fonction de pont entre le présent et la Tradition .
En ce qui concerne la messe nous passons le plus souvent d’un extrême à l’autre .Dans les années 70 , nous n’étions préoccupés que du lien avec la vie vécue en chamboulant l’ordre et les lectures au risque de perdre cette dimension essentielle intemporelle de la messe
Par réaction aujourd’hui, l’église revient au respect scrupuleux de la forme du rite au risque de le considerer comme une fin en soi , coupé de tout lien avec la vie vécue des communautés chrétiennes .
Les conséquences du confinement nous obligent à retrouver cette ligne de crête ce lien entre la foi de l’Église au cours de son histoire et la foi vécue ici et maintenant dans notre manière de vivre et d’accomplir le rite.
En ce sens le confinement pourra aussi être fécond .
Merci René pour ce texte qui m’a permis de renouer avec le Père Luc Pareydt qui avait été notre accompagnateur pour notre groupe de médecins à l’initiative de Mgr jacques David décédé
Groupe de réflexion libre et de partage d’interrogations concrètes et non de réponses toutes faîtes .
Un des très rares groupes français de ce type !
Une Église au service
Ce groupe persista plus de 15 ans ! Le Pere Luc Pareydt fut remplacé par Olivier de Dinechin dans le même esprit
Il cessa faute de médecins demandeurs
René merci de me reconnaitre, enfin, le ^privilège de faire des miracles , privilégie dont j’ai parfaitement conscience comme vous vous en doutez
,je constate cerendant que vous ne répondez absolument pas à la question car ce que vous m’opposez et notamment la possibilité de communier plusieurs fois dans une même journée est une question ,comme vous le savez bien, réglée depuis bien longtemps.
ce qui ressort de cet « échange » c’est que vous et bien d’autres avec vous,à mes yeux en tout cas vous considérez comme à peu près superflu , ou en tout cas parfaitement secondaire le fait d’assister à la Messe.Bien sûr le seul fait d’assister à la Messe ne vous transforme pas par magie en chrétien parfait,mais permettez moi de croire que cela peut vous aider à le devenir notamment en vous incitant à trouver dans la personne de l’autre quel qu’il soit une trace de la présence de Dieu.
Pour une population française de 65 millions de personnes, 65 % se déclarent catholiques soit environ 42 millions, mais les pratiquants réguliers (messe 1 / mois) ne sont que 7% des catholiques soit environ 3 millions. Les pratiquants hebdomadaires ne sont que 2,8% des catholiques soit environ 1,1 millions. A quel moment l’Eglise de France va t elle se questionner sur les 93% de français qui ne vont pas à la messe et se sentent tout de même encore catholiques. (Chiffres donnés dans La Croix 2017, L’express 2016, Le monde 2019). La réponse des évêques de France est très significative de leur aveuglement et la crise actuelle aura sans doute pour conséquence d’éloigner encore des catholiques de l’Eglise. Désolant
Encore une fois l’Eglise n’est ps une entreprise qui a absolument besoin de conserver « sa part de marché »Elle est là pour faire connaitre la Parole de Dieu et comme disait Bernadette à son curé qui lui disait qu’il ne la croyait pas »on ne m’a pas chargée de vous convaincre, on m’a chargé de vous le dire » maintenant que cette fiche église fasse des erreurs qui pourrait le nier Oui elle en fait et n’a d’ailleurs pas fini d’en faire mais cela ne retire rien rien à lavaleur du message qu’elle s’efforce de transmettre tant bien que mal
Ne confondez pas le message des Evangiles et celui de l’Eglise. Le message des Evangiles il est éternel et chacun peut le saisir celui de l’Eglise humaine il est fait d’interprétation, de choix et de stratégie et chacun devrait pouvoir demander des comptes. Vous semblez donner une absolution rapide à tout mais les chiffres parlent et tout le monde les voit sauf les catholiques « pratiquants ». De 2000 à 2017 baisse des mariages -58%, baisse des baptêmes – 40%, baisse des confirmations – 27%. On ne peut pas accuser mai 68 et le relâchement des moeurs. Voilà la traduction factuelle des pontificats de Jean Paul II et Benoit XVI. Il faut ouvrir les yeux mais comme on refuse un droit « d’inventaire » les catholiques s’en vont peu à peu. « Pendant des millénaires, la religion a rempli ce rôle d’éducation de la vie intérieure. Force est de constater qu’elle le remplit de moins en moins. Non seulement parce qu’elle a, au moins en Europe, beaucoup moins d’influence sur les consciences, mais aussi parce qu’elle s’est rigidifiée. Elle offre le plus souvent du dogme et de la norme quand les individus sont en quête de sens. Elle édicte des credo et des règles qui ne parlent plus qu’à une minorité de fidèles et elle ne parvient pas à renouveler son regard, son langage, ses méthodes, pour toucher l’âme de nos contemporains qui continuent pourtant de s’interroger sur l’énigme de leur existence et sur la manière de mener une vie bonne. »
Extrait de: Lenoir Frédéric. « Petit traité de vie intérieure. »
Frédéric Lenoir,très respectable agnostique, est pour moi l(exemple même de celui qui conseille à l’Eglise de revoir de fond en combles sa politique de vente, sinon elle va à la catastrophe inéluctablement. Seulement depuis 2000 ans il me semble qu’ont été très nombreux ceux qui lui ont prédit sa disparition à brève échéance…. et elle vit encore et ce même si elle n’est pas en un état particulièrement brillant dans notre monde occidental. Dois-je vous rappeler qu’au moment de l’arianisme sa situation était encore bien pire qu’aujourd’hui et aussi qu’elle a connu et traversé la période où il y avait trois papes oh! bien sûr lorsque je partirai voir St pierre la situation ne sera toujours pas terrible, mais il ne me semble pas avoir lu quelque part dans l’Ecriture que l’Eglise devait connaître le grand succès et il y a même quelqu’un qu s’est posé la question : mais le fils de l’homme quand il viendra dans la gloire trouvera-t-il la foi sur terre ?
@Dominique : certes, l’Eglise en a vu d’autre. L’arianisme n’a pas eu sa peau, mais force est de constater qu’il n’y a plus vraiment d’Eglise aux endroits ou le combat contre l’arianisme à été livré : Nicée, Constantinople, Chalcédoine comptent très peu de chrétiens aujourd’hui.
S’il me semble clair que « L »Eglise » ne disparaîtra pas, je suis loin d’être aussi catégorique sur l’avenir des « hauts lieux régionaux ». Il est tout à fait envisageable que le destin du Vatican rejoigne celui d’Éphèse.
Y sommes nous préparés ?
En attendant le Vatican est quand même le seul état au monde à être intégralement classé au patrimoine mondiale de l’humanité. Il subsistera au moins cela, une valeur universelle exceptionnelle. En ce sens je ne vois pas comment il pourrait rejoindre le destin d’Ephèse, ce n’est pas comparable !
https://whc.unesco.org/fr/list/286/
Le patrimoine artistique du Vatican est une chose, le pouvoir central de l’Eglise en est une autre. Permettez-moi de citer ici un passage d’un excellent livre, sorti il y a six mois chez Salvator : Catholique en liberté, par… moi-même !
Dans un chapitre d’ouverture, j’évoque ma rencontre, il y a une quinzaine d’années, avec l’historien récemment disparu Jean Delumeau. Je cite mon livre p.23 : « Et c’est alors qu’il (Jean Delumeau) avait décoché son scud. Avec la froideur du clinicien, il avait évoqué devant moi la possible implosion du gouvernement central de l’Église catholique, à l’image de celui du parti communiste de l’Union soviétique. Et pour les mêmes raisons: centralisation excessive du pou- voir, étanchéité organisée entre les différents lieux de décision, interdiction faite aux subordonnés de faire remonter les ques- tions qui fâchent et d’accepter la mise en débat de dispositions déjà tranchées, lourdeurs, paralysie, rivalités, copinage, mal- versations financières, corruption, culture du secret et de la délation…
Honnêtement, n’est-ce pas ce que nous avons décou- vert, simultanément ou progressivement, depuis au moins deux décennies? Est-on là si éloigné des «quinze mala- dies» décrites par le pape François dans son discours du 22 décembre 2014 aux membres de la curie où il dénonçait le sentiment d’être indispensable, le fonctionnarisme, le manque de coordination, la rivalité et la vanité, la rumeur, la médisance, le commérage, l’attrait des biens matériels… »
Quant à une comparaison avec Ephèse… je souhaite que vous ayez raison. Mais nous savons, hélas, que les civilisations sont mortelles.
@René, nous sommes bien d’accord. Je ne parlais d’ailleurs pas de la curie romaine et de ses multiples maladies dénonçées , comme vous le soulignez à juste titre, par le pape François.
Toujours est-il que le Vatican, témoin d’une « grande histoire et d’une prodigieuse aventure spirituelle » comme le dit l’UNESCO , est aussi un lieu d’ « évangélisation ». La Beauté, l’Art, la culture, sont de profonds vecteurs spirituels aussi. Comment ne pas être saisi quand on visite la basilique ? Ou lorsque l’on visite les fouilles de St Pierre ? Il se passe indéniablement quelque chose sur cette place et même quand on est pas chrétien, on ressent quelque chose de tout à fait singulier. Quelque chose du coeur battant du christianisme. C’est mon sentiment et c’est à mettre à distance avec toutes les récriminations que l’on peut faire sur l’hyper-centralisation du « pouvoir » romain et la curie romaine dont il est possible qu’il finisse par imploser, ce ne serait peut être pas un mal, et ouvrirait de nouvelles voies. Ce ne sont que des hommes et en réalité cette prodigieuse aventure spirituelle les dépasse tous..
Ces considérations factuelles, Mure Robert, sont purement sociologiques ; en revanche quand vous cherchez une explication et que vous écrivez : « Voilà la traduction factuelle des pontificats de Jean Paul II et Benoit XVI » (je ne sais pas si c’est de vous ou de Frédéric Lenoir ?) c’est pour le moins sommaire. Je pense que sans ces deux grands papes, la situation serait pire au contraire !
Et pour ma part, comme le dit un proverbe chinois , je trouve que : « Mieux vaut allumer une lampe que maudire l’obscurité ».
Michel, libre à vous de penser « que sans ces deux grands papes, la situation serait pire au contraire ».
Il ne convient pas, pour autant, d’oblitérer le pontificat de Jean Paul II sous trop de louanges » – à en croire l’article « L’incroyable saga de Marcial Maciel, le padre qui bernait les papes » (voir ci-dessous)
http://www.lavie.fr/hebdo/2010/3376/l-incroyable-saga-de-marcial-maciel-le-padre-qui-bernait-les-papes-11-05-2010-6304_127.php
Il ne convient pas pour autant, Robert; d’oblitérer le pontificat de Jean Paul II sous cet unique tache, si grave soit-elle…
A Michel,
Toute désinvolture affirme que seul le silence est efficace (Roland Barthes).
Aussi, n’entachons pas et donc n’en parlons pas, « aussi grave soit-elle » …
Décidément la loi du silence a la vie dure.
Robert, ça suffit.
Je vous prie une nouvelle fois de cesser de faire des procès d’intention en ramenant tout propos que vous n’approuvez pas à de la désinvolture, voire à de la complicité (loi du silence).
Votre vision est manichéenne, mais la réalité n’est pas binaire, que vous le vouliez ou non.
A Michel :
Lorsque vous écrivez « si grave soit-elle », qu’attendez-vous précisément ?
Qu’on édulcore, qu’on oublie, qu’on passe sous silence, bref qu’on n’en parle pas, quel que soit le seuil de gravité ?
Or garder le silence quel que soit le seuil de gravité, voilà bien un manichéisme que vous désapprouvez autant que moi, je l’espère.
Michel, comment les quelques réalités notables signalées par Mure Robert pourraient-elles être sans rapport avec la religion et plus encore avec la spiritualité? Et ceci alors que de plus ces réalités vont dans le même sens que d’autres récentes comme plus anciennes (on peut remonter au concile de Trente) et dans le même sens que le constat établi sur la durée par les sondages depuis la guerre! Il est lâche de prétendre avec l’institution que « les tièdes sont partis »!
Conservatisme et tradition méritent le respect à condition de n’être pas totalitaires. Là, vous niez et bottez en touche et cela ne vous ressemble pas.
Vous avez l’art Dominique de hisser votre foi sur le pavois. Évidemment ce n’est pas pour faire taire ou abaisser les autres, alors pourquoi?
et vous Jean-Pierre n’avez-vous pas l’art de hisser vos doutes et vos critiques sur le pavois par hasard? Je ne prétends aucunement détenir la Vérité, aucunement mais quand on attaque ce à quoi je crois d’une manière qui me semble sans aucune objectivité eh bien je réagis voilà tout !
L’Eglise n’est pas sainte,oh que non! et dans son histoire il y a combien de passages honteux,il y en a toujours ei il y en aura encore,seulement voilà je crois qu’elle a été chargée d’une mission impossible et que malgré tout elle n’a pas renoncé à porter cette charge.
Vous faites ,ô combien, partie de ceux qui hurlent contre l’existence de la hiérarchie catholique alors qu’il suffit de lire les Actes des Apôtres pour constater que cette hiérarchie existe quasiment depuis le départ et existait déjà dans l’Ancien TestamentJ
Je n’insiste pas
2016, plus de 34 millions de bibles, et plus de 360 millions d’exemplaires du Nouveau Testament ont été diffusés (La Croix 13/07/17). Les règles qui ont longtemps encadré l’accès de tous aux textes ont disparus tandis que le taux de population mondiale alphabétisée passait de 20% en 1870 à 85% en 2010. Prétendre qu’il y aurait encore un pb de transmission n’est donc pas sérieux. Par contre, il existe un souci de propriété de la part d’une partie du clergé et de fidèles qui s’estime seule apte à comprendre et à transmettre la « bonne » compréhension. On peut dire que certains sont attachés à une « exégèse Vatican » et d’autres une « exégèse post Vatican II » (voir par exemple https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/922.html).
De toute manière, il y aura toujours différents courants de lecture, et au sein de chacun, des contrastes. Il est un fait auquel personne ne peut rien: la diversité des compréhensions, tient forcément à celui qui lit, à sa formation, à son histoire, à sa personnalité. Le fait est que la partie de la raison d’être du clergé « accès et compréhension de l’écriture » a pris un gros coup de vieux à cause de ‘alphabétisation à laquelle l’Église a contribué. Mieux vaut s’en réjouir que d’en être chagriné.
Et qu’est ce que vous proposez concrètement pour ces 93% ? Etes-vous sûr déjà qu’ils aient envie qu’on leur propose quelque chose ?
Cette désaffection pour la pratique touche tous les cultes et pas seulement en France évidemment. Quelle explication donnez-vous ?
Et comment vous faites communauté sans la pratique, quelle forme de pratique peut-on « inventer » ?
Vous présentez ces chiffres comme s’il fallait attirer le client…
>Etes-vous sûr déjà qu’ils aient envie qu’on leur propose quelque chose ?
La question c’est plutôt : « Est-ce que NOUS avons envie de leur proposer quelque chose »
>Quelle explication donnez-vous ?
L’explication me semble très simple : la messe n’est plus vécue comme une obligation pour le salut de l’âme, dès lors soit elle « touche » le fidèle (intellectuellement, socialement, physiquement, etc….) soit le fidèle n’y va plus.
>quelle forme de pratique peut-on « inventer » ?
Le Christ nous ayant laissé très peu d’indications sur la forme des célébrations, il me semble que l’on une grande latitude. Il nous suffit ensuite de juger selon les fruits.
>Vous présentez ces chiffres comme s’il fallait attirer le client…
Considérez vous donc qu’il n’y a pas a vouloir attirer à Jésus ? Cela me semble assez contraire aux principes d’une Eglise qui se veut universelle.
Et pourquoi n’aurions-nous pas envie de proposer quelque chose ? Qui est le « nous » ? Les fidèles de base ou la hiérarchie catholique?
Vous connaissez sûrement le parcours alpha ? Je trouve que c’est une chose très intéressante qui est proposé, par exemple. Pour initier quelque chose. Pour les « curieux » (et il y en a plein….Curieux du Christ..). Il y a des personnes qui viennent d’horizons divers, et surtout qui ont des pratiques très diverses. Peut-être pas partout. Dans ma paroisse en tout cas, ce n’est pas un club de pratiquants réguliers. Le minimum de paroissiens participent (souvent seulement en animateurs de table), invitent largement dans leur entourage, dans leur voisinage, voire même tractent dans la rue pour inviter. Les gens viennent, partagent un dîner convivial, écoutent le topo, discutent, si ça leur parle et leur plait ils reviennent, sinon ils repartent. C’est un mode accueillant et qui fonctionne bien.
Attirer à Jésus, oui, faire du clientélisme non. Ces chiffres donnent le sentiment (mais peut-être que je me trompe) que les chrétiens au lieu d’avancer au large et d’inventer justement sont braqués sur ces fameux « chiffres »… Attirer à Jésus ne veut pas dire obligatoirement attirer à la messe…Il faut être respectueux du cheminement, des besoins, du sens que chacun y met. Et puis le temps du Seigneur n’est pas toujours notre temps non plus. Il y a des personnes qui se braquent sur cette baisse de pratique en France (et en Europe )…Mais comme vous le dîtes la messe n’est plus vécue comme un moyen de sauver son âme (est-ce un mal ? ) , cela veut dire qu’on y allait avant pour quel motif ? Pas sûre que c’était mieux avant même si les églises étaient plus remplies ! En réalité cette baisse de pratique religieuse va au delà de la fréquentation de la messe. Les protestants réformés connaissent la même désaffection du culte. Les évangélistes usent des mêmes méthodes que les soirées de louange/guérison, ont souvent une lecture de la Bible très littérale. Je ne sais pas ce qu’il en est des orthodoxes. Tout cela varie aussi en fonction des régions et du pays dont on parle.
Vos questions à Mure Robert seraient bonnes sans votre « chute en suspension » qui est comme la gueule qui mord une main tendue. Car cette chute montre que, pour vous et vos semblables, il faut balayer certaines questions d’un revers de main *, accepter celles qu’on se pose et celles qu’on estime correctes et rejeter celles qui expriment un point de vue jugé inacceptable. Ainsi se nourrit l’entre soi dévastateur, l’esprit sectaire. Le dévot est un croyant qui se paye de mots.
* Ça se se passe dans un collège jésuite. Un jeune demande à son ami « pourquoi le père truc répond-il toujours à une question par une autre? » et l’ami de lui conseille d’aller poser la question au père truc. Il y va, et à sa question le père truc répond « pourquoi pas? »
eh bien, il ne vaut mieux pas apporter la moindre contradiction, que dis-je, poser des questions ! Ce que vous reprochez avec raison aux hiérarques cathos, méfiez-vous de ne pas tomber dedans vous aussi …La paille et la poutre ?
De quels semblables parlez-vous ? De quel entre soi dévastateur ? De quel esprit sectaire ? De quels dévots parlez-vous ?
En 4 lignes vous avez placé tous vos préjugés, bravo ! sans même connaître les personnes qui vous répondent. Encore mieux !
Quel est le point de vue jugé inacceptable ? Le mien ou celui d’autres intervenants est-il plus inacceptable que le vôtre ? Et l’avez-vous compris d’ailleurs au lieu de partir au quart de tour ? Je suis comme vous, je fais les mêmes constats. Simplement que proposez-vous ? La foi ne se commande pas et d’ailleurs qui dit que ces personnes qui ne pratiquent pas n’ont pas la foi ? Pourquoi cette fixation sur la baisse de la pratique religieuse ? Quelle est la crainte sous jacente ? Personnellement je n’ai pas connu le type d’église d’avant ni les collèges jésuites , je n’ai même jamais été au catéchisme. Du temps des générations précédentes, les gens apprenaient souvent par coeur un catéchisme sans le moindre sens, aujourd’hui les chrétiens se sont appropriés la Bible. Ce qui est important c’est de donner du sens à une éventuelle pratique mais me semble t-il surtout de faire communauté, car seul on finit par avoir quand même du mal…La richesse des approches et des points de vue est essentielle. Pour moi cela coule aujourd’hui de source d’aller à la messe, après je suis bien placée pour comprendre combien cela peut ne pas couler pour d’autres étant donné que j’ai passé 30 ans de ma vie en dehors de la moindre « religion »…Il va falloir vous habituer au fait que les catholiques comme les autres sont PLURIELS, DIVERS dans leurs pratiques, dans leur « dévotions » aussi (je parie que c’est interdit par votre catéchisme de réciter le chapelet sous peine d’être trié bigots dévots ? ) , dans leurs approches des textes , du dogme. On est pas obligé d’adhérer à chaque formule du credo, ni de réciter le chapelet, on a le droit d’aller à la messe et d’être pour le mariage pour tous….Et inversement d’ailleurs….. Les gens sont LIBRES..
Je ne vois pas le problème de la coexistence de divers sensibilités dans une église qui se veut universelle. Cela a l’air de poser des problèmes à quelques uns autant aux « conservateurs » qu’aux « progressistes ». On retrouve la même agressivité, les mêmes invectives. Tu aimeras ton prochain comme toi même…Tu parles…Regardez comme ils s’aiment…Voilà déjà ce que se disent des gens extérieurs…Ce n’est pas franchement un spectacle attirant non plus..
Je réagis à votre affirmation sur mes préjugés en vous suggérant de
1/ … comprendre ce que signifie votre réponse à Mure Robert « Vous présentez ces chiffres comme s’il fallait attirer le client… ». Bref, comme sur un ring de catch, vous l’envoyez avec ses chiffres (comme moi et ceux complémentaires que rappelés le 9 mai) dans les cordes. Vous êtes gonflée de monter sur vos grands chevaux!
2/ … prendre la peine d’approfondir ce que vous appelez « mes préjugés », fruits de 30 ans de réflexions, d’échanges et d’observations, d’approfondissement sur la dérive de l’institution au fil des siècles et que trop d’humains hélas partagent … comme l’indiquent, par exemple, ces chiffres dont vous niez le sens.
@Jean-pierre : mon intention n’était absolument de renvoyer quiconque dans ses cordes…Je m’excuse si la manière dont je l’ai formulé a fait penser cela. Quand à vos commentaires sur mes supposés « semblables », ils ne sont pas particulièrement bienveillants, j’appelle cela en effet des préjugés (entre soi dévastateur, esprit sectaire .. ) ou en tout cas des attaques gratuites à l’égard de personnes qui ont sans doute le seul tort d’être d’emblée catégoriser dans la mauvaise case…
Je n’ai pas votre expérience ni votre observation de la vie des églises mais je pense que ce raisonnement en terme de « chiffres » ne reflète pas les enjeux ni les réalités spirituelles. Cela a l’air de dire qu’on court après le remplissage des églises, or je ne pense pas que ce soit de cela dont vous parlez ? Ou d’une forme de nostalgie sur la pratique d’antan quand les églises étaient « pleines ». Cette forme de religion est en train de s’écrouler…..Parce-que je pense que la « religion » (toute religion) s’éloigne du sens originel, de l’essence qui contient d’emblée la mobilité intérieure et la plénitude de la vie. Elle ne peut pas être exprimé dans un mot ou une doctrine donnée une fois pour toute…De même qu’elle court le risque d’infantiliser quand la spiritualité a le don de faire grandir, se développer et se déployer. Je crois qu’un grand principe évangélique : Mourir pour renaître est tout l’enjeu des temps que nous vivons. C’est l’histoire du grain de blé…S’il ne tombe pas en terre et ne meurt il reste seul mais s’il meurt il porte beaucoup de fruits….Le principe même de la vie et de tout l’univers n’est que dynamique…Il ne peut y avoir continuité du vivant sans transformation…Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme…Principe de thermodynamique, principe biblique aussi …..Et je pense qu’il en est de même pour l’Eglise, comme en réalité pour toute institution religieuse.
L’Eglise est appelée continuellement comme chaque chrétien à faire sa métanoia (au sens de conversion intérieure)….Naître de nouveau…Sous quelle forme je n’en sais rien mais notre perception de Dieu change radicalement avec l’Evangile. Dieu se retourne lui-même n’est ce pas ? D’un Dieu tout puissant, il devient l’un des nôtre et fragile comme un enfant, il est descendu de son trône pour habiter et demeurer dans le coeur de l’homme ! Un Dieu qui lave les pieds de ses disciples ! Dieu est à l’intérieur de chacun de nous et pas là haut dans un ciel inquiétant ou dans les palais romains. Quelle image de Dieu donne l’Eglise ? Est-ce une image conforme à l’essence de l’Evangile, à cette radicale nouveauté ? Est-ce qu’elle sait toujours expliqué le sens ? Le sens des textes, le sens de cette nouveauté, comment cette nouveauté est capable de rejoindre le quotidien, comment elle fait sens , comment les rites ont un sens , comment on les accordent avec l’évangile ? Je ne sais pas, je n’ai pas de réponses, mais il est clair qu’il y a souvent un manque de sens, un manque de concret, une mise en avant de principes trop dogmatiques (et de vocabulaire inadapté) et pas toujours compréhensibles…Je prends un exemple qu’on m’a expliqué récemment : le mot « pêché » en grec veut dire « manquer sa cible », viser une cible et la rater, être à côté de son axe.
le mot « salut » vient de soteria qui n’est pas le contraire de la perdition mais qui contient l’idée de plénitude. Je suis venu pour que vous ayiez la vie et que vous l’ayez en abondance..
« Quelle image de Dieu donne l’Eglise ? »
=> Vous posez le doigt en plein sur la vraie question – peut-être la seule qui compte.
Quant on voit ce sur quoi s’est focalisé le magistère ces dernières 50 années, je dirais qu’il donne de Dieu une image moralisatrice, de surcroît peu aimante. Le peu de fruits qu’a porté cette vision de Dieu me semble le meilleur indicateur de cette erreur.
Pour ce qui est de « l’Eglise » dans le sens « nous », je dirais qu’elle donne malgré tout une image aimante, qui prend soin des autres. Les Catholiques restent appréciés dans la société – tant qu’ils ne reprennent pas le discourt moralisateur (ce qui ne signifie absolument pas être fade).
Marie-Do, vous citiez un peu plus haut le parcourt Alpha qui est effectivement une initiative intéressante. Ce qui me frappe, c’est que c’est une initiative Anglicane. Je trouve cela assez révélateur de l’incapacité du Catholicisme à se renouveler. C’est mon avis la raison pour laquelle il s’enferre dans sa posture « facile » d’opposition.
J’ai lu avec grand plaisir « Catholique en liberté », je comprend l’amour que René porte « malgré tout » à l’institution Catholique, mais je ne parviens plus à le partager.
Emmanuel, je ne porte pas d’amour particulier « à l’institution catholique ». J’ai de l’amour pour l’Eglise, « malgré » l’institution dont je puis, nénmoins, comprendre les faiblesses voire les trahisons, même si je ne les excuse pas toujours.
@René : j’entend bien ce que vous dites, même si c’est un peu différent de l’impression que j’ai eue à l’issue de ma lecture. Ce n’est évidement nullement un reproche, bien au contraire. Peut-être faudrait-il que je l’aime d’avantage pour que les choses s’arrangent.
René,
« Dont je puis comprendre les faiblesses voire les trahisons » écrivez-vous.
Donc également toute l’emprise exercée, en particulier les impairs de pédophilie ?
(comprendre sans excuser, ne serait-ce pas choisir la droite de plus grande pente ?)
Je vous laisse libre de votre exégèse. Je veux simplement dire qu’à partir du moment où une instutiton est faite d’humains, le pire, hélas, n’est jamais à écarter puisque le mal est en l’homme. Je peux « comprendre » en effet, au sens intellectuel du terme et non dans son acception morale, les mécanismes qui ont permis les drames pédocriminels auxquels nous sommes confrontés. Comme les historiens m’aident à comprendre les croisades, l’inquisition, ou les conversions forcées au temps des conquistadors…
Je partage ce que vous dites des mots péché et salut auxquels j’ajoute foi: confiance et non croyance.
Cependant, puisque ma pensée vous parait pleine de préjugés, voici quelques éléments, parmi trop d’autres, visant à vous interpeller sur ce qui est, à mes yeux, un jugement téméraire de votre part. J’en resterais là, quoique vous exprimiez dorénavant à ce sujet, afin de ne pas abuser de l’accueil de René Poujol et m’excuse d’être ici un peu long.
L’institution catholique a adopté une attitude en surplomb dès que l’occasion lui fut offerte par Constantin et n’a cessé de la cultiver depuis, se coupant ainsi petit à petit de l’Église, car s’il y eut bien quelques éclipses à l’autoritarisme elles furent brèves.
Cette superbe est fort bien résumée par Augustin d’Hiponne (lettre de 417 au Préfet militaire Boniface, chargé de réprimer les donatistes) : « l’Eglise persécute par amour, les impies par cruauté ». Cette doctrine, venue de Cicéron, Tertullien, … justifia beaucoup: croisades, inquisition, colonisation, abus spirituels en tous genre (conversions de force, faire croire à des enfants que Dieu les a choisis), bénédiction d’armées, armes et usines d’armement de bords opposés jusqu’au XX ème siècle.
Maintenant, quatre historiettes vécues, parmi d’autres, qui donnent du corps à ce vice originel.
Vers 1970, jeune marié à une allemande, nous avons passé 18 mois de service civil à Alger. Le curé de notre paroisse était le cardinal Mohamed Ben Duval, aimé des algériens et haït par la majorité des français d’Algérie, ce que tout jeune français un peu curieux et ayant eu 20 ans vers 1965 savait parfaitement.
En 1978, un ouvriers (père de 6 ou 7 enfants) de dix ans plus âgé que moi, est tombé en pleurs dans mes bras, a imploré ma clémence alors qu’il venait de se battre avec un autre … voilà 15 ans qu’il ne dormait plus depuis pour avoir été obligé de torturer à la gégène.
Un de nos curés moine, aumônier militaire en Algérie me dit vers 1983 qu’aux soldats chargés d’opérations de nettoyage et de torture qui lui demandaient « que faire ? »: il répondait « si ton officier le demande, fait le ! »
2010. Cherchant un ouvrage sérieux sur l’attitude du Vatican et de l’Eglise d’Allemagne dans les années 30 et sans réponse de l’historienne allemande consultée, je fini par trouver l’ouvrage, le seul à ma connaissance, de Guenter Lewy (l’Église catholique et l’Allemagne nazie, éd. Stock, 1965). Le Monde Diplomatique fit en 1965 cette recension: https://www.monde-diplomatique.fr/1965/12/VAUSSARD/26971.
@Jean-Pierre, merci pour votre phrase qui m’a amené à faire quelques recherches pour trouver un peu de contexte, en l’occurrence :
« Il y a une persécution injuste, celle que font les impies à l’église du Christ ; et il y a une persécution juste, celle que font les églises du Christ aux impies. (…) l’église persécute par amour et les impies par cruauté ».
Toutes proportions gardées, cela me fait penser à un texte lu récemment comme quoi « l’Eglise condamne l’homosexualité par charité pour les homosexuels ».
Inversement, on pourrait constater que l’Eglise à fonctionné pendant ~1600 ans avec ce principe, et qu’il est donc déraisonnable de penser qu’on puisse le changer aujourd’hui sans s’exposer à de graves conséquences.
On n’est pas obligé de prendre ces préceptes pour parole d’Evangile !
René,
Poussant un peu plus loin mon interprétation (« mon exégèse »), votre « compréhension intellectuelle » n’a que faire du dilemme ci-dessous :
« Se soumettre ou se révolter, c’est un dilemme. Se révolter, cela durcit l’autorité ; se soumettre, cela l’encourage dans son autocratisme. À chacun de prendre ses responsabilités devant Dieu et de dominer ses démons intérieurs. » MARCEL LEGAULT, Patience et Passion d’un croyant.
C’est une réflexion intéressante mais je n’ai pas pour habitude de me laisser dicter des alternatives comme s’il n’en existait pas d’autres. Je retiens du courrier, relativement abondant, reçu à la suite de la publication de mon livre, que mes lecteurs ont précisément apprécié une forme de liberté, aux antipodes de la soumission, et une liberté sereine. La sérénitié n’interdisant pas, intérieurement, une forme de révolte salutaire qui n’implique aucune croisade contre les moulins à vent !
@Emmanuel: je partage votre point de vue. Mais à mon avis ça ne date pas de 50 ans. Je dirais presque que ça c’est plutôt amélioré (malgré tout) depuis le concile Vatican II. Quelle théologie offrait-on avant ? Il suffit de voir les difficultés qu’ont eu en début de 20ème siècle des théologiens comme Theillard de Chardin, des prêtres aussi comme Maurice Zundel dont on redécouvre justement aujourd’hui la richesse théologique et l’approche nouvelle de la compréhension des écritures. Ils n’ont pas forcément été condamnés mais on ne peut pas dire qu’ils étaient « bien vus » par la hiérarchie catholique de l’époque. Ce dernier (Maurice Zundel) se demandait même si l’Eglise avait réellement opéré le saut entre l’Ancien et le nouveau Testament. Je suis tout à fait d’accord avec ce point de vue. Et même s’il y a continuité entre l’ancien et le nouveau testament, on ne peut que constater combien le NT renouvelle la conception de Dieu, d’une manière totalement révolutionnaire. Un renversement de perspective.
L’Eglise n’est pas pire aujourd’hui qu’hier…Je dirais même que paradoxalement elle offre aussi plutôt de nouvelles approches et une diversité , elle est aussi devenue plus libre de se repenser au fur et à mesure qu’elle a perdu de son influence. Quand on est fort et respecté , on ne se remet pas en question. C’est toujours comme ça et c’est aussi comme cela que s’effondrent tous les pouvoirs institutionnels. L’histoire de l’Eglise est tellement longue ! On ne peut pas se dire que la fracture date de 50 ans. Il y a toujours eu des lignes d’accentuation dans un sens comme dans l’autre me semble t-il. Le concile de Trente a marqué aussi une forme de rupture, une forme de sacralisation de la figure du prêtre et de l’institution écclésiale, on a accentuer plus ou moins l’idée de la rédemption, de la souffrance, du pêché originel etc etc…
D’ailleurs pas mal de soçiologues situent la baisse de la pratique ou la déchristianisation bien avant 50 ans et bien avant le concile Vatican II. Certains font remonter la désaffection au siècle des Lumières et à la révolution. Quand on a commencé à interroger l’idée même de Dieu et les institutions qui s’en rapportaient.
Le parcours alpha est en effet à la base une initiative protestante, largement récupérée aujourd’hui par les chrétiens en général. Il en existe dans beaucoup de paroisses. Cela permet de libérer la parole, de libérer les incompréhensions, on se rend compte aussi qu’un certain nombre de personnes ne sont pas si éloignées que cela mais peuvent se sentir étranger à une certaine forme d’Eglise, je dirais aussi à une certaine forme de théologie et de compréhension de Dieu. Peut être trop issue de l’Ancien Testament. Un Dieu très haut, très loin, tout puissant très éloigné de notre quotidien. Même un certain nombre de termes ne sont pas forcément abordés dans toute leur dimension spirituelle. J’ai pris l’exemple du pêché et du salut qui me semblent significatifs. Evangile veut dire Bonne Nouvelle..
La « fracture » se situe, je pense, entre ceux qui voient le monde extérieur comme une menace et qui sont sur une tentation de repli et ceux qui voient le monde comme une opportunité. C’est le Pape François qui voit le monde comme des périphéries à atteindre et l’Eglise comme un hôpital de campagne. Et c’est fondamentalement une autre approche que celles que présentent certains autres éminentes figures de l’institution.
@jean-pierre
Il est de toute évidence que les conversions de Constantin ou même de Clovis n’étaient pas des conversions au sens évangéliques mais des conversions politiques , opportunistes, qui ont d’abord envisagé le christianisme et son influence croissante comme la clef de voûte d’une unité nationale. A partir de là, l’Evangile a sans arrêt couru le risque d’être désamorçé …par la politique et par le pouvoir…Qu’il soit temporel ou spirituel….Les deux s’entremélant pour leur plus grande perte !
Il me paraît évident de la même façon que le Credo a été pensé au 4ème siècle d’abord pour unifier les divers courants du christianisme..
….En 2000 ans d’histoire, le christianisme n’a échappé à aucune des règles qui menacent tout pouvoir institutionnel….Il y a eu des périodes vivantes et des périodes glaçières….Inlassablement il importe cependant de retourner à la source….L’Eglise n’est pas un but en soi, je la vois un peu comme un véhicule….Qui tombe en panne souvent…Mais qui reste riche de 20 siècles de route…théologique, philosophique, mystique, artistique… Il faut aussi rester humble…Nous restons « comme des nains sur des épaules de géant » comme disait Bernard de Chartres. Pas si facile de juger 2000 ans d’histoire…Je ne m’y risquerais personnellement pas n’ayant pas les compétences requises sinon sur la base d’un ressenti qui n’a rien d’objectif lorsque l’on évoque l’Histoire. Ce qu’on peut dire aussi c’est qu’ il y a eu aussi ceux qui ont vigoureusement su pousser l’Eglise vers sa source, qui ont su la faire évoluer, continuer sa marche en avant…Pensons seulement à St François d’Assise…Ou plus proche de nous (1/2 siècle seulement) à St Jean XXIII et Vatican II…L’idée du concile et, plus tard, de le convoquer lui attira une pluie de critiques, y compris venant d’éminents cardinaux de la curie romaine.
Bonjour mon frère.
Je vous ai découvert grâce à Bape-19 et espère vous y entendre quand Covid se calmera !
J’apprécie particulièrement vos écris.
Je vos communique ci-après un texte que j’ai largement partagé, y compris avec notre Évêque et les Dons (sans aucune réponse !). Il aborde le thème de « autre chose à la messe ».
Je ne suis pas un littéraire, et je ne pense pas qu’il soit bon à publier.
PRÉSENCE DU CHRIST DANS LES ÉGLISES
Une Sœur rencontrée un dimanche m’a dit : « Je sors de la célébration du grand absent ! ».
On peut effectivement se demander si l’idolâtrie n’est pas plus présente dans les célébrations que Le Christ.
De tout temps l’idolâtrie a été un besoin de l’humain, un besoin qui a toujours été plus ou moins exploité dans toutes les religions. Mais alors que Vatican II n’avait fait que recentrer l’Église catholique sur le Christ, nombre de chrétiens (« christiens ») ne comprennent pas pourquoi ce « recentrage » n’a pas été accepté par nombre de croyants et de clercs.
Il est vrai qu’il est plus facile de « prier » un dieu-idole de satisfaire nos désirs plutôt que « vivre » ce à quoi nous invite Jésus, qui nous parle au nom de notre Père.
Par exemple :
– Entendu dans des centaines de prières universelles : « Mon Dieu nous te ‘confions’ les malades » … En oubliant que c’est Lui qui nous les confie !
– Lorsque nous votons, le choix du bulletin que chacun met dans l’urne est-il vraiment inspiré par l’Esprit du Christ ? … dont « nous sommes un membre » (citation Nouveau Testament).
La Bible
Dans les Évangiles il apparaît que la mission du Christ consiste plus à prêcher « la Fraternité » qu’à célébrer des rites (Il fréquentait plus les synagogues qu’il ne pratiquait du culte au temple).
L’Ancien Testament (comme le Nouveau), considéré comme porteur de la connaissance de Dieu, a pour source les témoignages de foi d’hommes différents (les prophètes), qui ont vécu à des époques différentes, et dont les témoignages ont été transmis oralement durant des générations.
Ceci explique certaines incohérences apparentes dans la Bible, même si l’inspiration de l’Esprit y est présente.
S’il est prétendu que la foi « tombe du ciel », elle ne nous est pas imposée, et c’est à chacun de bâtir sa propre foi en choisissant les orientations qu’il veut retenir comme « idéal » de son chemin de vie, en ayant l’humilité de reconnaître qu’un idéal est quasi-inatteignable.
Quant aux lois et règles propres à chaque religion, noter que si elles ont été inspirées par Dieu, elles ont été règlementées par les hommes. (Marc 8, 33) : « Mais Jésus, regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit : Tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines. »
L’enseignement de Jésus ne consistait pas en une « analyse de textes » mais à recentrer l’interprétation de l’AT sur ce à quoi nous invite « Notre Père », plus père que puissant directeur. C’est ainsi que juif Lui-même, attaché à la Torah qu’Il connaissait bien, Il a remis en cause certaines « lois » de son époque, expliquant qu’Il était venu pour « accomplir » (finaliser) la loi.
Homélies
Les thèmes liés à la vie quotidienne sont souvent absents des homélies car considérés comme possible source de division, du fait de la diversité des fidèles présents, alors que les aborder en faisant référence à l’Évangile devrait être une voie de réunification.
• L’œcuménisme, merveilleux chemin vers l’unité fraternelle
• Les discours du Pape et les messages des assemblées des évêques
Exemple : Suite à déclaration de l’épiscopat français « Pour de nouveaux modes de vie » publiée en 1982, Monseigneur Lustiger s’exprimait : « …Face à la crise économique, qui déchire le tissu de la société civile, l’Eglise peut puissamment aider la nation à rester solidaire, à éviter les réflexes d’égoïsme catégoriel, à mettre en œuvre de nouveaux modes de vie… ».
Cette déclaration a été et est toujours quasi totalement inconnue des pratiquants catholiques alors qu’il s’agit du problème dominant de la société de tous temps, mais il est vrai, très dérangeant à aborder !
Partages en famille ou en réunions :
Si la communication par homélie ou conférences sont d’une utilité évidente, elles ne peuvent pas remplacer des réunions en comité plus retreints qui permettent des « échanges » beaucoup plus ouverts (difficiles ou impossibles si trop de participants).
Ne pas oublier que le Christ nous demande de nous aider les uns les autres à lui adhérer, « faire des disciples ». Contrairement à ce qui est trop répandu (notamment en Corrèze), cette mission n’est pas réservée au clergé, comme nous le rappelle avec insistance le Pape François.
Des thèmes qui méritent d’être approfondis accompagnés de l’inspiration du « Christ » :
L’éducation parentale, morale, civique, sexuelle (cf notes 1 et 2).
Qu’est-ce que croire en Dieu ?
Les sacrements
L’amour c’est quoi ? (Émotion, gentillesse, politesse, sympathie, soutien moral ou/et matériel, joie, plaisir, jouissance en tous genres …ou vouloir du bien).
« Aimer » l’un des mots français les plus ambigus ne mérite-t-il pas une définition claire et précise d’autant qu’il résume pratiquement à lui seul ce à quoi Dieu nous invite.
Note 1 : Les thèmes liés au sexe (procréation, anti-conception, homosexualité …) trouveront-ils un jour leur place dans l’éducation des enfants.
Note 2 : Les abus sexuels dans l’Église ont été révélés plusieurs fois depuis près de 20 ans, mais bien vite laissés de côté. Une question concernant ce thème : N’est-il pas aussi grave (sinon plus) que des parents qui ont eu connaissance de ce que vivaient leurs enfants leur ont imposé le silence … restant silencieux eux-mêmes. Tout ce silence a contribué à ce que ces pratiques continuent et se développent. Merci aux médias d’avoir contribué à maintenir ces affaires au grand jour, jusqu’à ce qu’elles soient (enfin !) prises en compte.
Michel Betoule (Octobre 2019)
PS : Ces lignes ne sont qu’une invitation à réflexion proposée à quiconque se sent concerné par ces questionnements.
Les avis personnels, la foi de chacun sont bien évidemment totalement respectables.
Ne pas oublier que le Seigneur nous invite à partager largement nos idées – si nous les jugeons cohérentes avec son enseignement : « Faites des disciples ».
Si dans ces lignes quelque chose vous parait incohérent ou déraisonnable, je vous remercie à l’avance de me le dire pour éventuellement approfondir/réviser mes idées (ma foi).
J’ai conscience du fait que ces lignes peuvent faire très mal à certains qui peuvent sentir leur foi profonde remise en question.
Ça me fait mal, mais je me console en pensant que je ne dérangerai jamais autant que le Christ … !
Il nous demande à tous de le faire connaître, Lui, sauveur de notre société … qui en a tellement besoin ! Bien amicalement … et même fraternellement !
1. « Rouvrir au plus vite les églises au culte c’est aussi conjurer une possible nouvelle hémorragie de fidèles. » Hélas oui. Car à la faveur de cette épreuve épidémique, nous avons découvert que la messe ne nous manquait pas tant que ça, d’aucuns confiant même au hasard d’une conversation qu’ils avaient pris conscience qu’ils venaient à la messe pour la chorale. Les mêmes pouvaient ferrailler contre la communion donnée aux divorcés remariés, qui se contentent aujourd’hui de la communion spirituelle. Ils n’ont jamais envisagé qu’ils pouvaient communier par instinct grégaire.
Ce disant, je n’accuse personne, mais je mesure sur moi. Fidèle, lors même que je me demande si je suis en état de grâce et donc si je suis « digne » de recevoir le Christ dans mon corps et dans mon coeur, Qui pourtant n’y vient pas comme une récompense, je me réponds que le Christ veut venir à moi et je suis le mouvement de communion. Malade et hospitalisé, je n’ai pas demandé la communion. Il en va de même quand je suis à la tribune d’un orgue, où j’apprécie que l’on m’apporte la communion, initiative que prennent parfois certains animateurs liturgiques, sacristins ou chefs de chœur, mais je ne la sollicite pas.
Donc la messe et la communion ne nous manquent pas ou pas assez, c’est bien le drame de notre foi, le drame d’une foi habituée à les avoir comme on possède quelque chose ou qu’on croit posséder quelqu’un, par un comble d’horreur… Ne nous jouons pas la comédie du manque. Je suis comme Denis Moreau dont je n’ai pas lu le livre, mais ai aimé la parole comme invité d’Alain Finkielkraut.
2. L’ennui à la messe me paraît la conséquence de deux phénomènes :
-Nous restons à cheval sur notre folklore. C’est un folklore beau et millénaire quand il s’agit du grégorien et pluriséculaire quand on pense au répertoire pour orgue ou à la musique sacrée qu’on ne donne pas assez pendant les messes. L’organiste que je suis ne dédaigne pas d’accompagner des cantiques, mais à qui viendrait-il à l’idée de composer des mélodies pareilles pour d’autres circonstances que la messe ? Les cantiques sont des chansons qu’on ne chante qu’à la messe. C’est évident, notre folklore disparaîtra un jour.
-La trop grande itérativité d’un rite trop littéraire.
2. « Tout culte qui appelle des explications parce qu’il n’est pas spontanément compris, est frappé de vieillesse et va au devant de la mort. » C’est un peu court, Eugène. Eugène Drewermann manquait de sens mystagogique.
La liturgie est compréhensible, c’est en cela qu’elle nous rejoint; mais elle est aussi un mystère, c’est en cela qu’elle nous élève vers le ciel.
Mon expérience de petit acteur liturgique m’a montré maintes fois que mes mains peuvent être gourdes ou agiles selon les jours, Dieu n’en descend pas moins si je suis disponible à ce qu’Il veut faire passer à travers moi.
3. « Le manque éprouvé » était-il « de nature communautaire avant d’être sacramentel »? Que vous le supposiez ne me scandalise pas, la religion est faite de tout ce qui nous rassemble, les footeux n’ont de cesse en ce moment de pleurer sur la saison qui s’est arrêtée trop tôt et sans concertation, pourquoi pas nous, ou pourquoi pas une part comme ça dans ce qui néanmoins nous manque, car enfin ça nous manque… ?
Mais il faut mettre deux bémols: certes nous nous regroupons, mais il y a loin de se regrouper à faire toujours communautés. J’ai la chance depuis quelques années de vivre dans une vraie communauté, mais ce fut loin d’être toujours ainsi, et sans doute y avais-je ma part de responsabilité.
Et puis n’en déplaise à ceux qui rationalisent trop la foi, il y a dans la dimension sacramentelle quelque chose de magique, et nous sommes en manque inconsolable de merveilleux. Le merveilleux nous manque, il nous manque d’être émerveillés. Assumons la dimension magique du sacrement, le sacrement est (aussi) la magie de Dieu.
Dès lors ce qui nous manque, c’est plus le « Dieu et moi » que le « nous et Dieu », même si la promotion par le dernier concile de la participation des fidèles tend à nous faire jouer plus collectif et corporate qu’individuels et c’est heureux, sauf si nous devenons collectivistes, comme ces gens incapables de penser autrement que par équipe quand ils ne travaillent pas tout seuls.
4. Ce confinement nous a permis d’imaginer avec moins de peur l’Eglise d’après, quand on est comme moi très « sacramentaliste ».Car le virtuel des assemblées invisibles a l’avantage d’être tout aussi spirituel que le réel des assemblées visibles et physiques.
J’ai même remarqué que les réseaux sociaux, sur lesquels on aime à taper, sont certes la place du village global où l’on pratique le commérage de masse, mais ils permettent aussi de mesurer le moral des troupes et donc de savoir à quel niveau la création a besoin d’être soutenue pour élever le niveau convenable de prière de demande. Ils mesurent le moral des troupes comme le taux de change mesure en économie la confiance des marchés.
Nous avons donc besoin de moins de prêtres que nous le redoutions. Le pape disant sa messe chaque matin depuis la chapelle Sainte-Marthe suffirait presque à l’office. S’il n’en reste qu’un, ce devrait être celui-ci. Mais il importe plus que jamais que les prêtres se reconcentrent sur l’accompagnement spirituel et reconnaissent qu’ils ont « charge d’âmes » plutôt qu’ils ne soient des activistes pastoraux. Ce mot de « pastorale », les fidèles eux-mêmes le comprennent encore moins que la messe, car s’il nous arrive d’agir par instinct grégaire, nous ne sommes pas un troupeau bêlant.
Pour terminer, je dirai avec Jacques Lebreton : « La vie c’est la messe et la messe c’est la vie. »
Vous soulevez beaucoup de points importants, mais, si je vous rejoins quand vous dites qu’il nous manque d’être émerveillés, je ne parlerai pas de « magie », mais uniquement de « mystagogie ».
Comme le disait Gilbert Keith Chesterton : « Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles mais uniquement par manque d’émerveillement. »
Je crois que l’émerveillement suppose les merveilles et on ne peut pas vraiment les opposer. Mais notre Eglise a du mal à continuer de croire au miracle.
Eh bien à moi, c’est le confinement qui m’a fat prendre conscience encore plus que j’étais réellement attaché à la Messe et à l ‘Eucharistie et pour autant je ne crois pas être « le dernier des Mohicans »
Sincèrement, je vous envie, tout autant que j’envie Marie-Do et Michel de Guibert dans leur approche de la messe.
De mon côté je me sent plutôt à bout de souffle entre :
– le jour du Seigneur et son décor d’une tristesse absolue
– la messe de mon curé, qui a profité du confinement pour maintenant célébrer l’eucharistie dos aux fidèles et imposer le credo en latin (et qui n’a par ailleurs pas eu 1 mot de compassion pour les malades)
– la messe du curé d’a côté, qui devient un genre de « show » pré-enregistré avec animations vidéos bizarres…
– le message de mon évêque qui a fini par nous écrire après 1 mois de confinement… pour nous demander des sous !
De surcroît, j’ai réalisé que l’eucharistie me manquait finalement assez peu, bien moins en vérité que les discussions de parvis (!!).
Constant un peu déprimant, j’imagine bien qu’il faut que j’en sorte quelque chose de positif, mais je ne vois pas trop quoi.
Compte-tenu de vos expériences, je comprends votre constat un peu déprimant.
Il est vrai que le décor du Jour du Seigneur n’est pas très porteur… mais les chants des frères dominicains sont beaux et portent la prière et les homélies étaient souvent de qualité.
Pour ce qui est votre curé, je me demande s’il n’a pas raison de célébrer « ad orientem » ; vous appelez cela « dos au peuple », j’appellerai plutôt cela « tourné vers le Seigneur », lui comme vous tournés dans la même direction vers le Christ ; cela évite le show comme celui du curé voisin et l’hyper-cléricalisme !
Pour ma part, j’ai trouvé mon bien plutôt avec une communauté priante et chantante à laquelle il est plus facile de s’intégrer que devant un prêtre face à la caméra, en l’occurrence la chaîne Youtube de la Province dominicaine de Toulouse (et plus encore pour les Offices des Ténèbres ou les Offices des Heures que pour l’Eucharistie).
Il est aussi possible si on ne veut pas du virtuel de vivre en vrai des liturgies domestiques, comme par exemple le propose le site Ecclesiola.
Si Dieu avait souhaité que nous ne soyons que des clones, si Dieu avait voulu que nous soyons une armée de clones, le « petit doigt sur la couture du pantalon », si Dieu avait voulu ne « voir qu’une seule tête, celle des trois premier » ! Eh bien, il aurait accepté que les hommes construisent la Tour de Babel, ou pire, Dieu n’aurait pas eu besoin de s’incarner en Jésus Christ ! Non ?
Mais, revenons à notre problème de prière.
Je vous remercie, de nouveau, Dominique Bargiarelli de me donner l’occasion de poursuivre notre entretien sur la Trinité, l’entretien sur « Jésus Prière ». Effectivement, on me fait remarquer sur un autre canal que ma façon de dire :
« Le Père n’a rien, Il est ; Le Fils n’a rien, Il est ; l’Esprit n’a rien, Il est. » peut donner à penser qu’il y aurait là trois personnes. Je vous transcris la précision que me prie de vous apporter l’une des références de premier plan travaillant la pensée de Maurice Zundel :
[ Zundel rappelle : la Trinité est une, indivisible. Dieu n’a pas de fils, il est Fils, il est Esprit.
Donc Dieu s’incarne en Jésus. Ils ne font qu’Un parce qu’ils ne sont qu’Un !
Et tout ce que tu dis sur le corps et l’eucharistie est parfaitement juste, mais cela passe par la compréhension de l’unicité de la Trinité.
Sur la Croix, c’est Dieu qui meurt, qui meurt d’amour et qui, après l’Ascension, à la Pentecôte, va nous laisser l’Esprit qui nous permet de nous relier (comme il a été expliqué à la Samaritaine) directement à la Source et de la vivre entre nous comme Relation… ]
Cette façon d’exprimer cette Vérité fondamentale, m’évoque l’encyclique du pape Benoit XVI, « Deus Caritas Est » :
[… 10. L’éros de Dieu pour l’homme, comme nous l’avons dit, est, en même temps, totalement
Agapè. Non seulement parce qu’il est donné absolument gratuitement, sans aucun mérite préalable, mais encore parce qu’il est un Amour qui pardonne. C’est surtout le prophète Osée qui nous montre la dimension de l’agapè dans l’amour de Dieu pour l’homme, qui dépasse de beaucoup l’aspect de la gratuité. Israël a commis « l’adultère», il a rompu l’Alliance; Dieu devrait le juger et le répudier. C’est précisément là que se révèle cependant que Dieu est Dieu et non pas homme : « Comment t’abandonnerais-je, Éphraïm, te livrerais-je, Israël ? … Mon cœur se retourne contre moi, et le regret me consume. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, je ne détruirai plus Israël, car je suis Dieu, et non pas homme: au milieu de vous je suis le Dieu saint» (Os 11, 8-9). L’amour passionné de Dieu pour son peuple – pour l’homme – est en même temps un amour qui pardonne. Il est si grand qu’il retourne Dieu contre lui-même, son amour contre sa justice. Le chrétien voit déjà poindre là, de manière voilée, le mystère de la Croix : Dieu aime tellement l’homme que, en se faisant homme lui-même, il le suit jusqu’à la mort et il réconcilie de cette manière justice et amour… ].
Dieu est Amour, et ne peut se prier lui-même, parce qu’Il est Lui-même Prière.
Merci pour votre écoute.
Quelle belle définition du repentir: « Mon cœur se retourne contre moi ». Dieu peut nous demander de nous repentir parce qu’Il S’est repenti le premier, sans avoir péché. Et pourtant il faut, je crois, se garder d’avoir « un cœur toujours repentant » comme le conseillait le même Benoît XVI, car alors le repentir devient du remords. Il convient aussi, comme me le disait mon accompagnateur spirituel, de distinguer dans le repentir ce qui relève de notre responsabilité et ce qui relève de notre maladie qui nous a fait mal assumer celle-ci. Nous sommes toujours responsables de nos actes, même lorsque nous sommes malades, mais parfois nous les avons commis parce que nous étions malades et c’est notre maladie qui a agi à travers nous si nous n’avons pas fait volontairement du mal. Je crois enfin que le repentir est ce que me disait une amie, le fait, non pas de remonter la pente, car cela ne dépend pas de nous, nous pouvons croire la remonter et la descendre à cause de notre présomption, mais de nous retourner pour changer de pente, ce qui dépend en partie de nous, mais aussi du déclic que nous trouvons et qui nous invite à nous retourner, ou encore de la lumière qui nous indique la fin de la traversée de la nuit et de quel côté le jour va bientôt se lever.
En somme, c’est une seule et même chose et réalité que le repentir, la conversion, la pénitence et la metanoia. Se repentir, c’est se convertir et se convertir, c’est se repentir. Mais le repentir n’est pas la tristesse une et continue.
Je pense que la messe c’est aussi une « expérience ». Une expérience communautaire mais d’abord aussi une expérience personnelle, quelque chose qui vous a changé, qui vous a fait grandir, qui vous a convertit (au sens prendre un autre chemin), impossible pour ma part à reproduire chez moi, même avec des lectures, avec des bougies, avec de la musique. Pourtant je n’étais pas du tout pratiquante ni même vraiment chrétienne il y a encore 3 ans. Comme quoi on ne sait pas comment ni par où ça passe….D’ailleurs on pourrait remonter plus loin, pourquoi des églises ? A quoi servent-elles donc si on peut prier de chez soi ou à travers les réseaux soçiaux. Pourquoi des hommes ont-ils construit des cathédrales, taillé des pierres, sculpté des vitraux, pourquoi Bach, Vivaldi, Haendel, Pachelbel.. ont-ils composé des pièces d’orgues, des Gloria et des sanctus. Il y en aurait trop de tous ces trésors..
Je pense qu’il faut relire aussi Chateaubriand dans « Le génie du christianisme »…dans lequel il parle essentiellement de l’esthétique et des sens, de ce qui touche par la beauté , beauté du chant, beauté de l’art, beauté des prières ( même si elles sont répétitives et même si on ne comprend pas tout)…..La foi doit avoir un sens, un sens incarné dans sa vie, mais je ne crois pas qu’il soit necessaire de comprendre absolument la messe pour y trouver un intérêt.
Ce n’est pas qu’une question de croyances ou d’intellect mais aussi de sensibilité, de beauté, de profondeur..Je pense réellement qu’il se passe alors quelque chose en soi qui n’est pas rationnel. La croyance est alors surpassée pour devenir l’essence, une grandeur douée d’une mobilité vivante et intérieure, une force produisant génération et appropriation..
J’ai relu il y a peu cet extrait de Paul Claudel , ce qu’il décrit de sa conversion ( qui durera 4 ans en réalité mais cette fulgurance du coeur qui est touché ne s’explique pas en réalité) :
« J’étais alors aussi ignorant de la religion qu’on peut l’être du bouddhisme, et voilà que se déployait devant moi une magnificence qui surpassait toutes mes imaginations. Ah ! ce n’était plus le pauvre langage des livres de dévotion! C’était la plus profonde et la plus grandiose poésie…..Chaque mouvement s’inscrivait profondément dans mon esprit et dans mon cœur. La lecture de l’office des Morts, de celui de Noël, le spectacle des jours de la Semaine Sainte, le sublime chant de l’Exultet auprès duquel les accents les plus enivrés de Sophocle et de Pindare me paraissaient fades, tout cela m’écrasait de respect et de joie, de reconnaissance et d’adoration »
Je pense aussi à St Augustin lorsqu »il dit qu’ il « pleure de la beauté » et il pleure de cette vie qui se déverse dans son coeur…..Ce n’est rien moins que l’essence…Et cette essence nous l’approchons mieux, nous la percevons mieux dans un environnement, avec le chant, avec les sacrements, avec les prières millénaires. Tout cela compte aussi. Il n’y a pas besoin de forcément tout comprendre…J’ai renoncé pour ma part, de même que j’ai renoncé à comprendre le Credo….incompréhensibe pour le commun des mortels. Quelque fois je ne sais même pas si j’y crois vraiment mais en tout cas je vis ce que je crois croire !
Merci Marie-Do pour votre commentaire très juste avec lequel je consone.
Oui, la beauté nous fait entrer dans les saints mystères.
Emmanuel,pour moi la disparation du Vatican comme lieu géographique est tout à fait envisageable car ce n’est pas cela qui annihilera l’Evangile
@Marie -Do ,ce que vous dites de ce que vous ressentez à St Pierre de Rome,pour ma part je le ressens dans une Abbaye Cistercienne du Cantre de la France notamment lorsque je suis dans la chapelle qui n’a rien de spectaculaire au plan architectural mais qui me donne l’impression que chaque pierre est imprégnée de la prière moines depuis des centaines d’années.
A St Pierre je trouve l’ensemble grandiose, splendide, mais pas du tout spirituel et ne me pousse n rien à la prière je dirais presque loin de là.
Je suis aussi une adepte des vielles églises, des vieilles pierres et des vielles abbaye…
A Rome vous êtes servis aussi de ce point de vue même si les églises sont assez rococo et souvent en effet spectaculaires. C’est sûr que la basilique St Pierre n’est pas un lieu idéal pour se recueillir…Déjà on est rarement tout seul….!! et la taille de l’édifice est tellement énorme, il y a tellement de choses à voir que ça ne peut évidemment pas être du même ordre que se recueillir dans une abbaye où règne le silence et la prière continuelle. Mais vous voyez, personnellement quand je m’arrête devant la Piéta de Michel Ange, ce chef d’oeuvre de beauté et de délicatesse, cette mère qui tient le corps de son fils tellement incarné, pour moi c’est un voyage spirituel. ND de Paris n’est pas non plus très propice au recueillement de ce point de vue et pourtant chaque pierre est imprégnée aussi des prières de milliers de fidèles et pourquoi pas de touristes…Idem pour la magnifique chapelle Sixtine…
Rester le soir tombé sur cette place St Pierre avec la basilique illuminée, 1600 ans d’épopée, pour moi le mot exact est celui de l’unesco « se sentir au coeur d’une prodigieuse aventure spirituelle ». L’an dernier j’ai eu l’occasion de faire un morceau de la Via Francigena , une voie de pélerinage comme St Jacques de Compostelle ( en moins touristique car moins connue), qui relie Canterbury à Rome. Nous avons fait Sienne-Rome jusqu’au tombeau de l’apôtre. Restés 4 jours à Rome mais je peux dire que la visite de cette ville fût loin de n’être que culturelle. Cela m’a vraiment affermi dans ma foi.
« Je pense que la messe c’est aussi une « expérience … ».
Merci Marie-Do, pour ce témoignage qui fait résonner en moi les plus grandes pages de Maurice Zundel. Si je me reporte à ce livre qui lui a attaché pour toujours l’estime, l’admiration du cardinal Montini, le futur Paul VI, je veux parler du « Poème de la Sainte Liturgie », dont je vais vous donner un extrait, et duquel je me permets de vous suggérer l’achat :
[…Le Dogme, aussi bien, nous laisse au cœur du mystère, et nous ramène toujours au même centre, qui est la Personne de Jésus.
« Il est de sa nature de paraître incompréhensible à qui le regarde du dehors, puisqu’il n’est que l’expression de plus en plus explicite, de la plus intime confidence que Dieu ait pu nous faire sur Lui-même.
« C’est ainsi que Jésus n’était qu’un rêveur chimérique ou dangereux aux yeux des politiques captifs des apparences. Ils croyaient le voir parce qu’Il était devant eux ; sa Personnalité véritable leur demeurait inaccessible.
« De même le Dogme est un scandale pour qui l’aborde de l’extérieur, suivant la matérialité des mots. Pour le croyant, il est un Pain de Vie. Aussi bien est-ce du dedans qu’il s’en approche, ainsi que d’une Personne, dans l’humilité de la Foi, et dans l’agenouillement de l’Amour, comme on recueille les confidences d’un être aimé, en écoutant sous chaque parole les battements de son cœur.
« Le Dogme au fond, c’est toujours Lui. Le Dogme est une Personne. A travers toutes les propositions qui s’efforcent de Le dire, c’est à Lui que tout l’être s’attache dans une intériorité toujours plus transparente du regard, et dans une adhésion toujours plus intime du cœur.
« Il y a dans le Dogme, en effet, une sorte de dynamisme sacramentel qui en fait une source d’intimité avec Dieu, comme il est aussi l’expression de ce qu’il y a de plus intérieur en Lui. Le Dogme est un sacrement de lumière et de vérité, pour qui le reçoit comme une Eucharistie, en se laissant conduire par la convergence des rayons, où se diffuse la divine clarté, à la Source dont ils ne font que monnayer la splendeur : comme en suivant les rayons de l’ostensoir le regard se centre en la Présence qui luit sous le voile de l’Hostie.
« Les Dogmes confluent tous, aussi bien, en ce centre éternel dont on ne peut dire ici-bas ce qu’Il est. Ils ne prétendent pas nous ravir le mystère ineffable mais nous jeter au contraire toujours plus profondément dans ses eaux vivifiantes .
« La vérité est partout et toujours l’intériorité de l’être dans l’intériorité du regard. Plus donc l’être est spirituel, plus en conséquence son intériorité est parfaite et plus aussi doit s’intérioriser le regard qui prétend le saisir. Et quand il s’agit du fond le plus intime de la Divinité, c’est à l’infini qu’il doit s’approfondir. … ] (in Poème de la Sainte Liturgie, édition adaptée par Diodonné Dufrasne, chez Desclée, pp 97-98)
Dans le livre biographique « Maurice Zundel », les auteurs nous expliquent que souvent, à la sortie de la messe célébrée par ce prêtre génial, rue Monsieur, à Paris, beaucoup de participants avaient la larme à l’œil ! Ce prêtre, assomptionniste, connaissait la valeur du Silence.
Le Corps, selon Jean Paul II est expression de notre esprit, et si nous voulons bien nous laisser transfigurer, l’expression de l’Esprit:(Jean 4;23-24)
[23 Mais l’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père.
24 Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en esprit et en vérité… ]
merci pour votre écoute.
eh bien François-jean si vous êtes « en retrait » où donc seriez-vous si vous ne l' »étiez pas car à vous lire c’est moi qui me demande si je ne suis pas moi-même en retrait!!!
Par ailleurs je viens de lire dans Réforme de cette semaine un très remarquable article du Pasteur Samuel Amédro sur l’attitude que nos différentes églises ont adoptée durant le confinement
Deux formes de réponses d’actualité à la question « Et si certains préféraient « autre chose » à la messe! » indique où se trouve la ligne de fracture qui a brisé l’Eglise. L’une émane de prélats conservateurs* l’autre de laïcs engagés dans leur diocèse **.
* Covid-19, des prélats catholiques signent un texte complotiste. La Croix 9/05/20
** 04/2019: https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/pedophilie-de-l-eglise/les-paroisses-se-vident-des-femmes-catholiques-denoncent-une-eglise-qui-se-rigidifie-et-qui-tombe-en-ruine_3407721.html
« [Cette crise] signe les difficultés d’une Église catholique qui vit mal son statut de minorité et le fait de ne plus être un interlocuteur privilégié – voire l’unique interlocuteur – des autorités. » (Bernadette Sauvaget, Témoignage chrétien, 7/5/2020, voir ci-dessous)
https://www.temoignagechretien.fr/wp-content/uploads/2020/05/TC3869-Web.pdf
« On n’est pas obligé de prendre ces préceptes pour parole d’Evangile ! »
René Je suis absolument d’accord !
S’il faut choisir entre St Augustin et l’évangile, je n’hésite pas 🙂
Jacques Gaillot face à la demande anticipée des lieux de culte : « Ce qui intéresse le plus l’homme de Nazareth, ce n’est pas la religion, c’est un monde plus humain, plus solidaire, plus juste. » (Jacques Gaillot, Réseau des Parvis, 9/5/2020 , voir ci-dessous)
https://pleinjour.wordpress.com/2020/05/09/jacques-gaillot-face-a-la-demande-douverture-anticipee-des-lieux-de-culte/
« Ce qui intéresse le plus l’homme de Nazareth, ce n’est pas la religion, c’est un monde plus humain, plus solidaire, plus juste. » .
(Romains 11:3)… »Seigneur, ils ont tué tes prophètes, démoli tes autels ; moi seul je suis resté et ils en veulent à ma vie !… »
Merci Mgr Jacques Gaillot, Merci Covit-19. Comme je l’ai dit ailleurs, ce virus mérite d’être « sancto subito »…Ne vous troublez pas à la lecture de cette galéjade! Mais il faut bien admettre que cette « petite bête » est à la vie ce que sont les virus à l’informatique…je m’explique: il n’y a aucun habitant de cette planète qui n’ait pris conscience qu’il n’était pas tout à fait seul et que chacun dépendait étroitement de l’autre pour sa vie courante, intime. Vous rendez-vous compte de la chaine humaine nécessaire pour faire tourner l’hôpital…l’agroalimentaire…la fourniture d’énergie…??? Je suis sidéré de constater la pertinence, l’actualité du passage d’Évangile sur « le lavement des pieds ». Ce matin, sur France culture, j’écoutais Jean Marc Jancovici nous parler de « transition écologique » et affirmer qu’avec l’argent investi « pour rien », disait-il, dans les éoliennes et les plaques photovoltaïques, il y aurait eu assez d’argent pour doubler entièrement toutes nos routes d’une confortable piste cyclable, et d’ajouter que le vélo électrique avait un bel avenir…ainsi que les centrales nucléaires qui, en place, ne participent pas à l’augmentation du taux de CO2. Ce polytechnicien plaide pour que soit le plus possible conservé l’emploi des futurs 4 millions de chômeurs prévisibles! Il a aussi insisté sur le « facteur pétrole », car disait-il notre demande en énergie est énorme devant laquelle nos actuelles solutions de substitution sont négligeables, ridicules. Ce virus a aussi, d’une façon grinçante, révéler ce que beaucoup avaient déjà souligné: l’énorme inégalité régnant dans nos sociétés, quel qu’en soit le régime politique…Confiné dans 50 m2 ne se supporte pas de la même façon que confiné près d’une plage! cela ne se règle pas avec des primes, comme le soulignait une infirmière sur bookée et lasse d’être traité selon la méthode « de la carotte et du bâton »: Que l’on me donne de quoi faire mon travail correctement clamait-elle!
En ce qui me concerne, bien qu’en retrait, j’espère que mon Église, celle en Qui je continue de croire, aura la force d’écouter son Sauveur, et ne pas, une fois de plus rater la chance qui lui est offerte d’engager de vraies réformes, tout en ne mettant pas en jeu l’immense Trésor qui nous est confié.
Merci pour votre écoute.
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Si j’étais évêque, ou simple prêtre, je m’interrogerais vraiment en découvrant que ce sont les paroles d’un moine bénédictin (de l’Abbaye Saint-Martin de Ligugé) qui « parlent » à l’intelligence et au cœur des baptisés là où tant de vains propos ecclésiastiques les insupportent ou les indiffèrent ! « La messe n’est pas une machine rituelle garantie (et dûment vérifiée) pour « fabriquer » de la Présence réelle ! »
https://www.facebook.com/notes/françois-cassingena-trévedy/de-la-fabrique-du-sacré-à-la-révolution-eucharistique-quelques-propos-sur-le-ret/3198309117060239/
Merci René pour le lien vers ce texte stimulant, dont je souhaite citer la conclusion :
« Nos églises vont ouvrir à nouveau leurs portes à tous ceux dont nous serons si heureux de revoir le visage et d’entendre la voix au terme de ces longues semaines de séparation. Fais-moi entendre ta voix, car ta voix est douce et ton visage est beau (Ct 2, 14), dit le Seigneur à son Peuple, dit la Parole de Dieu au Peuple de Dieu. Nos églises vont ouvrir bientôt leurs portes : il est temps d’y faire encore un peu de ménage. De nous mettre au clair, surtout, quant à la conception que nous nous faisons de leur finalité, c’est-à-dire de l’Eucharistie que nous y célébrons. Nos églises vont-elles ouvrir seulement pour un entre-soi confortable, pour des cérémonies où le rituel distrait du spirituel, pour la répétition de fadaises et de boniments infantiles, pour l’appel racoleur et tapageur à des émotions fugitives, pour l’entretien exténué et morose de la consommation religieuse ? Ou bien vont-elles s’ouvrir pour un questionnement et un approfondissement de nos énoncés traditionnels, pour une interprétation savoureuse de la Parole de Dieu loin de toute réduction moralisante, pour une ouverture efficace aux détresses sociales, pour une perméabilité réelle aux inquiétudes, aux doutes, aux débats des hommes et des femmes de ce temps, en un mot pour la révolution eucharistique ? Si le temps de confinement et de suspension du « culte » public nous a permis de prendre la mesure de la distance qui sépare les deux extrêmes de cette alternative, autrement dit du pas que le Seigneur de l’histoire attend de nous, alors, pour parler comme le bon roi Henri, le bénéfice que nous avons retiré valait bien quelques messes… en moins. »
Bien sûr que non »la Messe n’est pas une machine rituelle garantie (et dûment vérifiée) pour fabriquer de la Présence Réelle » mais est-il admissible de penser que celui qui croit à la ¨Présence Réelle dans l’ hostie consacrée n’est pas pour autant empêcher d’avoir pleinement conscience que le Christ est simultanément présent dans tous nos frères connus ou inconnus et aussi dans sa Parole.
A lire certains j’ai l’impression qu’ aux yeux de beaucoup que si on n’a pas souffert d »être privé de toute célébration ni de recevoir la Communion cela prouve qu’on est un vrai Chrétien adulte se situant bien au dessus de tous ces idolâtres frustrés de ne pas avoir reçus leurs petit Jésus à eux.
par ailleurs faut-il alors supprimer ce que dit Saint Jean dans son Evangile sur le Pain de Vie?
Je précise que jen’au i aucun mépris à l’égard de ceux qui ne partagent pas mon point de vue mais je ne les comprends pas
« A lire certains j’ai l’impression qu’ aux yeux de beaucoup »
=> La formule est osée 😉 . S’agit-il de « certains » ou « des yeux de beaucoup » ?
C’est peut-être un des gros défi de l’Eglise actuelle : comment concilier les personnes qui ont « besoin » de la présence réelle dans l’eucharistie, avec ceux pour lesquels c’est finalement presque « accessoire ».
=> c’est évidement loin de se limiter à la question de l’eucharistie : comment concilier ceux qui ont besoin que le magistère édicte des normes (sur la sexualité, le divorce, etc…) et ceux qui estiment ne pas en avoir besoin. Ceux qui ont besoin que leur prêtre soit célibataire et ceux qui s’en moquent (voire qui pense que le mariage pourrait lui donner un peu de douceur…)
Le diviseur se met évidement la dedans, faisant croire aux un comme aux autres que l’autre « camp » s’imagine supérieur a eux – ce qui est très probablement faux.
Suite aux conseils de René j’ai lu les actes des apôtres, je me suis aussi formé sur l’Eglise des premiers siècles, il est clair que la vie de l’Eglise n’est pas un long fleuve tranquille, il y a toujours eu des « partis » différents dans l’Eglise. Je me demande malgré tout si l’horizontalité et l’exigence de transparence de notre époque ne rend pas les choses beaucoup plus difficiles ?