Que 2014 vienne apaiser les tensions de l’année qui s’achève et concrétiser les belles promesses de l’élection du pape François.
La France n’est plus un pays catholique, où majoritairement la religion ferait lien, et je m’en accommode. Certains penseront que c’est là une attitude bien hautaine et méprisante. Mais passer du simple accommodement à la réjouissance supposerait l’existence d’une alternative porteuse d’humanisme… Or les derniers jours de 2013 m’ont semblé, plus que par le passé, envahis par un consumérisme littéralement désespérant, orchestré par des médias complaisants jusqu’à l’écœurement. A se demander s’il reste à nos amis journalistes un fond d’éthique professionnelle ou tout simplement de liberté d’esprit. Tout au plus nous ont-ils offert, ici ou là, à la veille de Noël, quelque aperçu sur des actions de solidarité, comme pour mieux se faire pardonner une infinité de reportages insipides sur les achats de dernière minute dans les grands magasins. Avec néanmoins cette différence que les uns se réjouissaient par avance d’un bonheur offert et partagé là où les autres se lamentaient d’une corvée interminable.
La «grande bouffe» comme ultime valeur républicaine ?
Ce matin encore, une station de radio jugeait utile de nous faire savoir qu’un grand restaurant parisien renouvelait, en cette nuit de la Saint Sylvestre, son offre d’un réveillon dont le prix est… le millésime de l’année dans laquelle nous entrons : 2 014 € par tête, insistant sur le fait que les réservations étaient complètes. Vins compris ? ai-je envie de demander. Ce qui ferait lien dans notre société serait donc le «rêve» consumériste faute de pouvoir être, pour un grand nombre, la capacité d’y accéder. Car la générosité, n’est-ce pas, cache souvent quelque conviction religieuse dont l’expression ne saurait être tolérée dans un Etat laïque. Exit donc la générosité… et bienvenue à la grande bouffe comme ultime valeur républicaine.
Albert Camus, dont nous avons fêté en 2013 le centenaire de la naissance, notait déjà en 1953 : « Une civilisation comme la nôtre, qui tend à augmenter toujours la quantité des objets et à en diminuer toujours la qualité, doit finir par une orgie énorme et brutale. Et c’est vrai, la fin de l’histoire dont parlent nos hommes de progrès c’est l’orgie » (2)
Dès le 26 décembre, un sondage (1) révélait que 57% de nos compatriotes se déclaraient prêts à revendre les cadeaux reçus la veille, attitude analysée par le sociologue de service comme un «rapport décomplexé à la consommation». Un cadeau ne serait donc rien d’autre qu’une «opportunité à consommer» face à laquelle il y aurait finalement une forme d’indépendance d’esprit, de quasi stoïcisme, à se séparer de l’objet reçu… contre espèces sonnantes et trébuchantes ! Sans état d’âme apparent et sans que ne soit jamais faite la moindre allusion à celui ou celle qui pensait avoir mis dans son geste un peu d’affection ou de tendresse. Je ne veux pas, ici, me faire juge d’une société qui est aussi la mienne. Mais, de vous à moi, tout ce déploiement mercantile pour en arriver à une braderie généralisée…
Lorsque l’idéologie répond à l’idéologie…
Nous voici aux derniers souffles de 2013. De l’année qui s’achève resteront pour moi une grande souffrance et une formidable espérance. Souffrance des déchirements occasionnés par le vote de la loi sur le mariage pour tous. Je ne veux pas revenir ici sur les attendus du débat (le lecteur intéressé en trouvera la trace, plus haut sur ce blogue, dans une dizaine d’articles). Je me contenterai de souligner que six mois après la promulgation de la loi, le pays reste divisé (48% pour, 50% contre) sur un projet qui se voulait consensuel et de progrès, et dont il était clair, dès ses prémisses, qu’il ne pouvait que diviser (3). Celles et ceux qui persistent à penser que les lois sociétales doivent s’imposer par la force, au nom du sens de l’Histoire, et ne requièrent donc aucun consensus préalable, feraient bien de regarder par-delà les Pyrénées. Notre voisin espagnol, répondant à une idéologie de gauche par une idéologie de droite, en vient aujourd’hui à envisager, sur l’avortement, le retour à une loi plus restrictive que celle que la gauche socialiste avait trouvée à son arrivée au pouvoir. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ?
Le pape de la révolution conservatrice
La formidable espérance est, bien entendu, venue de l’élection du pape François, par un conclave naturellement conservateur. Mais n’est-ce pas le propre même des conservateurs, attachés aux institutions, d’oser le changement qui les préservera, s’accordant en cela avec la pensée de Giuseppe Tomasidi Lampeduso, dans le Guépard : «Il faut que tout change pour que rien ne change.» Voilà qui devrait rassurer les «fans» de l’herméneutique de la continuité, aujourd’hui inquiets de l’extrême popularité du pape François (4) au point de spéculer déjà sur une «déception» future… qui, semble-t-il, serait seule en mesure de les rassurer vraiment. Parce qu’elle confirmerait, à leurs yeux, que ce pape-là n’entend pas brader la vérité catholique et que c’est bien «leur pape à eux» et non celui des mécréants ! Vérité en deçà des Alpes, erreur au-delà ?
Un livre de morale…
Dès lors, quels vœux formuler pour 2014, dans un blogue qui n’a pas plus vocation à soutenir mon improbable candidature aux prochaines échéances électorales, qu’à fédérer la nième sous-chapelle d’une quelconque obédience politico-religieuse ou à figurer au palmarès des sites les plus visités. Mon vœu le plus cher ( ouvert à une possible «revente» pour ceux auxquels il ne conviendrait pas) est que les hommes et les femmes de mon pays – de mon Eglise – se remettent à se parler, chacun acceptant de considérer qu’il n’est pas seul détenteur de la vérité et que celui qui s’oppose à ses arguments n’en est pas pour autant un salaud. A mes frères catholiques je voudrais demander, avec le pape François, que leur détermination à dénoncer ce qu’ils pensent être le mal ne les mobilise pas plus que leur empressement à faire le bien.
Albert Camus écrivait dans ses carnets en 1937 (il avait vingt-quatre ans) : «Si j’avais à écrire, ici, un livre de morale, il aurait cent pages et quatre-vingt dix-neuf seraient blanches. Sur la dernière, j’écrirais : «Je ne connais qu’un seul devoir, et c’est celui d’aimer.» (5)
- Sondage OpinionWay pour PriceMinister-Rakuten.
- Albert Camus, Carnets 3, Folio p.100
- Sondage BVA pour le Parisien – Aujourd’hui en France, ibid.
- Sondage BVA, pour « Le Parisien » – « Aujourd’hui en France » et iTélé, réalisé les 17 et 18 décembre auprès d’un échantillon de 995 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
- Albert Camus, Carnets 1, Folio p.62
Article remarquable. Je partage entierement les points de vue de son auteur.
cher René
tous mes vœux de paix et de joie d’abord pour l’homme que vous êtes
oui mais de tout temps une minorité a dépensé l’intolérable
oui des changements de société sont difficiles
mais dans l’un comme dans l’autre cas on ne peut aujourd’hui oublier que seule la bonté doit se manifester
pour les homosexuels et leur souffrance
pour les femmes et leur détresse
je ne parlerai que de sujet que je connais bien et du projet contre l’IVG ou très restritif
il est une erreur profonde même quand on pense que l’IVG n’est pas un bien
on oublie les morts des femmes autrefois, on oublie les infanticides
on oublie aussi que ces vies avaient des pères………….où sont-ils ces pères????que font-ils pour rendre ces vies possibles
on oublie les détresses absolues……….
le film « la source des femmes » a si bien montré cette lâcheté des hommes et ce combat des femmes pour la vie
que notre société n’oublie aucune détresse
Bonne année a tous,sur le chemin de vie,que la solitude des personnes âgées ne soit qu’un mauvais rêve. De par mon métier,je côtoie des solitudes immenses, on peut posséder une grande fortune et personne pour vous aider. Que les soins palliatifs soient développés,que la femme soit mieux respectée.Songez quand même qu’une femme meurt sous les coups de son aimable mari, et cela au 21 siècle. Qui sont les barbares ? Ceux qui ont la haine dans leur cœur. Je pense a la Syrie et tant d’autres pays où la guerre et le pouvoir aveuglent les hommes. Oui, c’est la paix qu’il faut semer, comme le blé.