Voilà des mois que je souhaitais rencontrer Mgr Pietro de Paoli, ou plus exactement l’auteur de quatre romans passionnants qui mettent en scène l’aujourd’hui, douloureux, de notre Eglise.
Nous voici face à face dans une brassserie parisienne. Et je souris intérieurement à la pensée qu’au même moment, nos évêques tiennent à Lourdes leur Assemblée plénière, sur des thèmes qui nourrissent, depuis 2005, tous les récits romanesques de Mgr de Paoli.
J’avais goûté, avec un plaisir infini, la justesse de son « 38 ans, célibataire et curé de campagne » paru en 2006. Une phrase, parmi d’autres : » Si tant de gens ne viennent pas dans les églises, si tant de gens ne nous croient pas, c’est parcequ’ils savent bien que nous professons une religion d’amour et de respect mais que nous pratiquons une religion du mépris et du jugement ». Dur !
L’an dernier, j’avais dévoré « La confession de Castel Gandolfo », rencontre à peine imaginaire entre un pape (Benoit XVI) et un théologien « critique » (Hans Küng) ! Et ces derniers mois, les épreuves, avant même sa mise en vente, de « Dans la peau d’un évêque » qui nous restitue, plus vraie que nature, la vie d’un évêque d’aujourd’hui dans un diocèse de la France rurale. De quoi nourrir alors en moi le regret de n’avoir point lu, lors de sa sortie, en 2005, le premier roman de l’auteur « Vatican 2035 ». Ce fut ma lecture privilégiée de l’été dernier. Un vrai bonheur.
J’évoque devant l’auteur les pages admirables qui, dans le livre, suivent le décès de l’épouse de celui qui deviendra… pape ! En France le livre a connu un beau succès. Mais c’est en Espagne, avec plus de 80 000 exemplaires vendus, que la surprise de l’éditeur a été la plus grande. Sans doute à cause de la proximité de ce pays avec « Les mexicains » qui, dans le roman, incarnent un temps de raidissement intégriste de Rome, avant le retour à l’intuition de Vatican II.
En quatre récits, tous publiés chez Plon sur moins de cinq ans, un personnage romanesque est donc né. S’est imposé. Un personnage que l’auteur tient, d’évidence, à tenir à distance. « Lui c’est lui, moi c’est moi ».
Dès le premier récit, le lecteur pouvait deviner, sous le pseudonyme de Mgr Pietro de Paoli, un fin connaisseur du monde ecclésiastique et des débats en cours au sein de l’Eglise catholique. D’évidence, l’auteur savait de quoi il parlait. Aujourd’hui, de son propre aveu, les informations et les confidences lui viennent des sources les plus autorisées. J’ajouterais : comme les « dénonciations d’abus » à la rédaction du Canard Enchaîné. Une image, bien sûr !
C’est dire toutefois combien la « parole » reste difficile et mal acceptée dans l’Eglise, au point qu’il faille aller chercher dans une oeuvre de fiction, des faits et commentaires qui, au demeurant, restent parfois bien en deça de la réalité. Car si l’auteur répugne à ce : « silence et obéissance », dont certains continuent de faire leur credo, on sent si fort, si ancré, son amour de l’Eglise, au nom même de l’Evangile, qu’on comprend son choix pour une parole libre certes, mais toujours responsable et maîtrisée.
Pietro de Paoli, qui n’entend pas faire son outing, (révéler publiquement son identité) met actuellement la main à un nouveau texte à paraître… toujours bien en lien avec l’urgence de la mission. Merci monseigneur !
(P.S. Je signale à mes lecteurs que Pietro de Paoli signe une chronique sur les « mots de la foi », chaque lundi, sur le site berulle.over-blog.com. Allez-y voir ! )
je ne peux m’empêcher de savourer votre mot comme tous ces livres que j’ai lus avec tant de plaisir si formidablement vrais dans leur fiction.
Mais pourquoi diable faut-il passer par la fiction pour parler vrai!je souris…..
Mais ce fût peut-être une constante dans l’histoire…..le théatre a dit depuis longtemps ce qui devait être tu…
Le langage de bois se trouve même dans l’Eglise Catholique. C’est regrettable.
MERCI à cette fameuse pièce de théatre ou Pietro de Paoli nous fait parvenir par quatre fois, ce que soit disant « les sages » n’osent pas avouer. Allons au théatre et suivons notre conscience.
Cher ami, il ne s’agit pas de pièce de théâtre (peut-être faites-vous référence à celle de Frédéric Lenoir) mais de quatre récits romanesques sous forme de quatre livres. Mais la conclusion reste valable… allons les lire !