Construire, pour la France, un avenir désirable

Construire, pour la France, un avenir désirable

Nul ne peut prétendre aujourd’hui avoir gagné cette élection, sauf le peuple français, par sa maturité, malgré ses divisions. 

(Cet article a été repris par la lettre Notre pain quotidien du 9 juillet. )

Au terme de trois semaines folles, ouvertes par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, nous connaissons donc le résultat des élections législatives. La « clarification » souhaitée par le Président de la République fait apparaître un paysage éclaté et qui le restera sans doute durablement. Mais la victoire annoncée du RN a pu être conjurée, malgré le scepticisme de beaucoup, par la stratégie d’union du Nouveau Front Populaire, suivie d’une décision historique de désistements réciproques et de l’assentiment des électeurs à ce barrage républicain à travers leur report de voix. Reste à considérer que si le NFP arrive en tête du second tour ce n’est qu’avec un quart des suffrages exprimés, 16,17% au regard des inscrits et 31% des sièges à l’Assemblée. Ce qui lui donne légitimité pour penser, avec d’autres, sur les bases de ses propres valeurs, un programme de gouvernement mais pas de mettre en œuvre : « le programme, tout le programme, rien que le programme » hâtivement élaboré pour ce scrutin. Ce n’est pas trahir les électeurs. C’est se montrer, dans la fidélité à nos institutions, à la hauteur de l’avenir d’un pays dont la maturité des citoyens force l’admiration. 

De l’échec présidentiel à la double victoire en sièges du NFP et du RN

Il nous faut, pour l’heure, nous en tenir à l’essentiel. Les semaines à venir sauront bien nous fournir matière à de nouvelles réflexions. Que dire des résultats, au terme de ce second tour, au regard de la nouvelle composition de notre Assemblée nationale ? Que le grand perdant est le parti de la majorité présidentielle qui, certes, sauve les meubles en retrouvant 158 sièges ce qui représente malgré tout 87 de moins qu’au sein de la précédente Assemblée. Même repli, bien que moindre, pour les Républicains « canal historique » qui passent de 61 députés à 39 si l’on ne rattache pas les divers droite. Par comparaison les gagnants sont le Rassemblement National (RN), malgré l’échec de sa tentative de majorité absolue, dont la représentation passe de 89 à 126 députés (+37) ou à 143 si l’on y ajoute ses alliés des Républicain (+54), et bien sûr le Nouveau Front Populaire (NFP) qui gagne 49 élus à 180 contre 131 précédemment.

La constitution du NFP, quelles qu’en aient été les ambiguïtés était donc bien la stratégie gagnante, de même que le choix du désistement au second tour au sein d’un front républicain, dont on vérifie qu’il a été ratifié, légitimé par les électeurs, de droite (mollement) comme de gauche (massivement), ce qui était loin d’être acquis.

L’union des gauches et le désistement étaient donc bien la bonne stratégie

Il y a quelques jours encore, on lisait ici et là que les désistements étaient une injure faite à la démocratie. Une offense au citoyen ! Une manipulation honteuse. Or chacun sait bien qu’au second tour, en cas de triangulaire, le candidat placé en troisième position n’a strictement aucune chance de l’emporter. Quel pouvait être alors le tort causé au citoyen qui avait vu disparaître le candidat de sa préférence ? Il restait libre, au second tour, de s’abstenir ou de voter blanc s’il ne souhaitait pas suivre les consignes de désistement. Quelle logique mathématique et citoyenne pouvait-il y avoir à prétendre que le peuple serait privé de sa victoire si le parti arrivé en tête au premier tour avec 33% des suffrages n’accédait pas au pouvoir à l’issue du second, au bénéfice des 67% qui lui étaient hostiles ? 

Voir des candidats de tous bords, qui pouvaient se maintenir, choisir de se retirer au second tour en faveur d’un adversaire mieux placé, voilà qui ne procède pas de magouilles politiciennes mais d’un sens des responsabilités qu’il faut saluer. Voir des électeurs placés face à des choix contraires à leurs convictions profondes (RN contre LFI par exemple), ne pas se réfugier dans l’abstention ou le vote blanc mais accepter un report des voix, pour exprimer clairement leur refus, voilà qui dit aussi une forme de maturité citoyenne.  

Pour autant le renforcement d’une tripartition en : 180 élus (NFP), 158 (Ensemble) et 143 (RN) représentant à eux trois 83% de l’Assemblée, montre bien qu’aucune force politique ne peut prétendre à la victoire, chacune restant loin des 289 sièges requis pour disposer d’une majorité absolue. Disons le, au risque de la provocation, il n’existe que deux majorités visibles et incontestables issues de ce scrutin. La première est celle d’une France de droite aux deux tiers si l’on veut bien considérer lucidement les résultats du RN, de la majorité présidentielle et de diverses autres forces comme les Républicains, quelles que soient les raisons objectives qui les empêchent de faire alliance et de gouverner ensemble. La seconde majorité, est celle de toutes celles et ceux, de gauche comme de droite, qui ont fait barrage à l’arrivée au pouvoir du RN. C’est cette majorité, désormais, ce « Front républicain » qui passant d’une logique d’opposition à « l’ardente obligation » de gérer l’avenir, porte la responsabilité et la légitimité de définir un projet de gouvernement susceptible de trouver le soutien d’une majorité parlementaire. Mais quel projet ?

Arrivé en tête, le NFP n’a aucune réelle légitimité populaire pour imposer son programme

Soyons clair : si le NFP arrive en tête de ce scrutin avec 180 élus, cette semi victoire représente seulement 31% des sièges à l’Assemblée et 25,68% des suffrages exprimés en voix (16,17% des inscrits). A cela il convient d’ajouter (comme pour l’élection d’Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle de 2022) que ces suffrages eux-mêmes ne peuvent pas être interprétés en totalité comme autant de soutiens à un programme. Bien des électeurs de droite ou même de gauche qui, au second tour, ont porté leur suffrage sur un candidat LFI aujourd’hui élu l’ont fait pour battre le candidat RN qui lui faisait face, pas pour dire son adhésion. Il n’existe aucune légitimité populaire de poids suffisant pour imposer la mise en œuvre intégrale du « programme, tout le programme, rien que le programme » élaboré par le NFP. Quoi qu’en pense et dise la frange la plus extrême de La France Insoumise. Sauf à faire le choix d’un passage en force, au besoin en recourant au soutien de la rue… et du 49.3 tellement décrié dans le passé. Comme si la pratique devenait soudain démocratique, lorsqu’elle est mise au service d’un programme qui s’inscrit dans le Sens de l’Histoire, selon un discernement dont LFI aurait l’exclusivité…

La seule légitimité des vainqueurs, dans leur faiblesse relative, est donc de se poser en leaders incontestables de l’élaboration d’un autre programme à vocation gouvernementale. Un programme qui pourra et devra reprendre les fondamentaux des valeurs de gauche : économiques, écologistes, sociale, européennes…, présentes dans le programme initial, mais en des termes négociés avec les forces politiques susceptibles d’en soutenir la mise en œuvre sur la durée.

Et que l’on nous fasse grâce des discours outragés sur le reniement des engagements électoraux. En droit constitutionnel français il n’existe pas de « mandat impératif ». C’est dire que nul ne peut exiger du député qu’il a élu l’application stricte de tel ou tel engagement de son programme. Ce qui peut choquer le citoyen lambda et l’opinion publique en général. Mais cette disposition montre bien l’intelligence  profonde de nos institutions. Une fois élus, les députés ont toute liberté, au regard de la situation et des forces en présence, pour agir au mieux de leurs convictions et de leur conscience dans l’intérêt supérieur du pays dont ils sont, collectivement et individuellement, les représentants, et pas de leur circonscription.  

L’urgence d’hier n’est plus celle d’aujourd’hui mais pourrait redevenir celle de demain

C’est le chantier difficile qui est devant nous. Il appartient aux responsables des différentes composantes du NFP, résistant aux diktats mélenchoniens, de proposer les grands axes d’un programme de changement susceptible de trouver le soutien d’une majorité élargie. Et de proposer au Président de la République pour le poste de premier ministre, celui ou celle qui semblera incarner le mieux cette ligne politique. Là est l’esprit de nos institutions. La maturité dont ont fait preuve les différents acteurs politiques au cours des dernières semaines, et les électeurs eux-mêmes, peut donner à espérer. 

Comprenons nous bien. Nul ne demande aux partis politiques de renier leur identité et leur vision – fut-elle de rupture – d’un avenir souhaitable pour la France. La démocratie n’est pas le royaume des bisounours. L’affrontement n’est pas condamnable en soi s’il est respectueux des droits et opinions de chacun. Hier l’urgence était de barrer la route au RN (ce qui ne porte en soi aucun jugement sur ses électeurs et leurs aspirations). Aujourd’hui l’urgence est de rendre ce pays gouvernable. Demain l’urgence sera de préparer des alternances possibles et claires à l’horizon de la présidentielle de 2027.

Osons cette évidence : aujourd’hui n’est plus hier et pas encore demain. Sans le respect de ces étapes, différenciées, de notre vie politique et le refus tant des jusqu’au-boutismes que des blocages parlementaires ou insurrectionnels, la perspective d’une victoire du RN à l’horizon 2027 peut être posée comme une certitude. Il nous reste, individuellement et collectivement, trois ans (seulement) pour entendre et écouter celles et ceux qui par lassitude et désespoir, ont failli porter le RN au pouvoir. Si nous ne trouvons pas le moyen de faire disparaître les causes de cette fuite en avant, nous en aurons le résultat. Mais il y faudra beaucoup d’humilité au regard de la tentation naturelle de chacun à prétendre avoir raison contre tous et à vouloir l’imposer, par tous les moyens.

88 comments

    • Merci ! Je sais qu’à gauche, certains redoutent une récupération macronienne si le NFP transige sur la mise en œuvre de son programme « de rupture ». Ce serait bien : le programme, tout le programme, rien que le programme. Mais comment le faire passer en l’absence de majorité parlementaire ? Par la force à coup de 49.3), au besoin avec des désordres de rue ? Ce serait, de mon point de vue, la meilleure manière de dérouler le tapis rouge pour le RN d’ici la présidentielle !

      • et vous avez parfaitement raison, mais comment discuter avec des gens qui réclament ‘le programme, tout le programme et rien que le programme »?

  • Malheureusement, dans cette chambre ingouvernable, je vois davantage de postures partisanes que de recherche du bien commun….

  • 1.Les sondages se sont trompés et nous ont bien trompé

    2. Plus Mélanchon est attaqué et plus ça fait voter pour lui.

    3. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont fait perdre les élections aux LR.

    4. Eric Zemmour a fait perdre les élections à Marine Le Pen et Jordan Bardella.

    5. Dans la brève campagne des législatives 2024 du RN il y a eu des choses qui n’allaient pas et ça s’est vu et entendu. Quelle drôle d’idée de s’en prendre aux Français binationaux par exemple.

    • Pour m’en tenir au premier point : les sondages ne se sont pas pas trompés au premier tour. Comment apprêhender les votes du second alors que tout se joue, circonscription par circonscription, en fonction des candidats en lice et du report des voix ? C’est beaucoup leur demander. Et j’ai du mal à comprendre en quoi ils nous ont trompé… sauf à considérer que chacun détermine son vote non en fonction de ses convictions mais de ce qu’il perçoit des sondages !

  • Cher René,

    Tu interroges: »Or chacun sait bien qu’au second tour, en cas de triangulaire, le candidat placé en troisième position n’a strictement aucune chance de l’emporter. Quel pouvait être alors le tort causé au citoyen qui avait vu disparaître le candidat de sa préférence ? Il restait libre, au second tour, de s’abstenir ou de voter blanc s’il ne souhaitait pas suivre les consignes de désistement. »
    Si ce n’est que s’abstenir ou voter blanc sont en eux-mêmes un moins-disant démocratique. S’abstenir, c’est ne pas participer. Voter blanc, c’est récuser toute offre politique sans proposer la sienne. Ce sont donc deux défaites pour le citoyen électeur. De même que le barrage ne saurait jamais être une « urgence ». Faire barrage est une ambition de creuser des fissures pour faire sauter les digues. La banalisation des désistements fait comme si l’usage en démocratie était de piper constamment les dés. Ce n’est pas légitime.

    « Quelle logique mathématique et citoyenne pouvait-il y avoir à prétendre que le peuple serait privé de sa victoire si le parti arrivé en tête au premier tour avec 33% des suffrages n’accédait pas au pouvoir à l’issue du second, au bénéfice des 67% qui lui étaient hostiles ? » 
    C’est là que tu as vu juste en posant une question claire. Je t’avais objectéqu’un scrutin majoritaire ne devait pas s’analyser comme un scrutin proportionnel. Je n’avais pas tort, à condition de préciser encore et encore que la société dans le contrat qui la lie est presque entièrement organisée contre un parti comme le Front national parce que celui-ci la divise. Il nuit à l’amitié sociale ou politique dont l’intérêt généralest qu’elle s’établisse entre les habitants d’un pays, et elle va à l’encontre de l’organisation de la démocratie en corps intermédiaires qui font écran entre le citoyen et son pouvoir personnel direct.

    « Un Français sur trois. » Ce n’est pas sans rappeler le livre intitulé « Deux Français sur trois » où Giscard avait théorisé que la France voulait être gouvernée au centre. Cela n’a pas cessé, même si le centre est devenu disruptif en étant représenté par une personnalité comme celle du président de la République.

    Le RN n’emporte les suffrages que d’un Français sur trois, et pourtant « il n’existe que deux majorités visibles et incontestables issues de ce scrutin. La première est celle d’une France de droite aux deux tiers si l’on veut bien considérer lucidement les résultats du RN, de la majorité présidentielle et de diverses autres forces comme les Républicains, quelles que soient les raisons objectives qui les empêchent de faire alliance et de gouverner ensemble. »

    Un invité des Matins de « France culture « évoquait ce lundi ce classique (que j’ignorais) des presses de science po: « France de gauche, vote à droite ».
    https://www.google.fr/search?q=19781978%2C+France+de+gauche%2C+gouvernement+à+droite&sca_esv=d7f5b94d2e0e1e85&ei=nuyLZrvMBs2ekdUP1PevgA0&ved=0ahUKEwi7k_6ZyZeHAxVNT6QEHdT7C9AQ4dUDCA8&oq=19781978%2C+France+de+gauche%2C+gouvernement+à+droite&gs_lp=Egxnd3Mtd2l6LXNlcnAiMjE5NzgxOTc4LCBGcmFuY2UgZGUgZ2F1Y2hlLCBnb3V2ZXJuZW1lbnQgw6AgZHJvaXRlMgoQIRigARjDBBgKMgoQIRigARjDBBgKMgoQIRigARjDBBgKSIVaUABYwDVwAHgAkAEAmAGSAaABmQKqAQMwLjK4AQzIAQD4AQGYAgKgAp8CwgIIEAAYgAQYogSYAwCSBwMwLjKgB8YJ&sclient=gws-wiz-serp,
    Il ajoutait qu’on pouvait poser le diagnostic inverse pour analyser ces élections: « France de droite, cap à gauche! »La France doit mettre le cap à gauche bien qu’elle soit emportée par ce que Guillaume Bernard appelle « un mouvement dextrogire ».

    « La seule légitimité des vainqueurs, dans leur faiblesse relative, est donc de se poser en leaders incontestables de l’élaboration d’un autre programme à vocation gouvernementale. »
    Que Dieu et le président t’entendent, ce dernier semblant n’aimer que les rapports de force. Il pourrait amener les Républicains « canal historique » à comprendre que leur intérêt est de passer à la coalition. Il peut y entraîner des socialistes tendance François Hollande ou Raphaël Glucksmann, qui est le nouveau Manuel Valls et ringardise l’ex-théoricien des deux gauches irréconciliables. Cela lui donnerait-il une majorité relative? Il semble arithmétiquement que non et c’est plutôt heureux. Car se laisser imposer un programme par le président du rapport de force ou négocier ce programme par le vainqueur en nombre de ces élections qui ont une autre morale en politique n’aboutira pas au même résultat. Le premier a gagné son coup de poker irresponsable, mais n’en a pas moins achevé de plonger la Vème République dans la IVème et la recherche de coalitions impossibles et éphémères. En quoi Emmanuel Macron ressemble à Raphaël Glucksmann qui nous explique que le Parlement français n’a qu’à faire comme le Parlement européen et se lancer dans la recherche permanente de compromis. Je me souviens d’un Jacques Chirac épuisé après, me semble-t-il, les négociations ayant abouti au traité de Niceet qui devait enchaîner une interview à « Sept sur sept » après quelque chose comme dix-huit heures de négociation. Il pensa, agacé, mettre un terme aux questions des journalistes en disant d’un ton las: « Vous savez bien que l’Europe est toujours une recherche de compromis. » Or c’est ce qui ne cesse d’annoncer son agonie qui n’en finit pas de se prolonger, par bonheur pour les partisans de cette belle idée qui a mal tourné pour cause de serpentin bureaucratique. La politique n’est pas un compromis, car un compromis ne satisfait personne.

    La soumission du Parlement français aux moeurs compromettantes du Parlement européen prolonge la déchéance de la Vème République dans la IVème par cet appel à la compromission qui fait que Raphaël Glucksmann est, près du parti socialiste dont il n’est pas un membre et moins encore un dirigeant, le pendant d’Emmanuel Macron. Marine Tondelier l’a rappelé hier soir, qui annonçait qu’après avoir fait les pitres sur les plateaux, les quatre dirigeants des partis de gauche et eux seuls se retrouveraient pour négocier jusque tard dans la nuit comme ils l’avaient fait pour aboutir au NFP. De ces négociations seraient absents aussi bien Raphaël Glucksmann que Jean-Luc Mélenchon ou Mathilde Panot et plus encore François Hollande qu’Emmanuel Macron ne nommerait même pas premier ministre pour l’humilier d’être son successeur, car on ne pardonne jamais à ceux qu’on a trahis. Le nommer ne dégraderait pas seulement l’ancien président, mais humilierait l’actuel. Marine Tondelier serait sans doute une option de charme et d’équilibre.

    « Sans le respect de ces étapes, différenciées, de notre vie politique et le refus tant des jusqu’au-boutismes que des blocages parlementaires, alors la perspective d’une victoire du RN à l’horizon 2027 peut être posée comme une certitude. »
    Je n’ai jamais cru aux mantras médiatiques qui postulaient une victoire de Marine Le Pen en 2027. J’y crois encore moins aujourd’hui. Car si la dissolution macronienne a montré quelque chose, volontairement ou non, c’est que le RN ne peut jamais gagner. « L’an prochain à Jérusalem », la prochaine fois sera la bonne, mais c’est toujours la prochaine fois, en vue de laquelle se mue ce parti caméléon, sous l’oeil bienveillant des médias qui le laissent prospérer jusqu’à son accès au second tour, après quoi c’est un tir de barrage sur ses origines, ses candidats, son incompétence etc. Bienveillance médiatique qui n’est pas au diapason du refus des parlementaires de voter le moindre texte avec ces parias, ou encore de renverser un gouvernement avec ce groupe. Ce n’est pas pour demain que le RN sera jugé un parti comme les autres et cet élément est important dans l’équation majoritaire à résoudre aujourd’hui. Ce sont 143 députés de trop, comme un caillou du législateur qui ne veut pas légiférer avec tous les mandants que lui a donné le peuple. Le RN a beau avoir accédé en masse à la députation sous le scrutin majoritaire, ses députés n’en restent pas moins des députés de second rang. Tantôt dedans, tantôt dehors! On les considère, on les traite, on les intègre, on les reçoit, on les fait entrer, et aussitôt sortir de la République, un peu comme les immigrés honnis par ces parias de l’intérieur, et qui sont à la fois désirés, appelés pour repeupler la France, accueillis, mais de façon tellement anarchique qu’ils ne sont jamais intégrés. Il n’y a pas de partis immigrationistes, il y a des dirigeants qui, tâtillons sur tout le reste, laissent prospérer une anarchie migratoire, non sans être aussi tâtillons avec les immigrés, sur le regroupement familial, les cartes de séjour, le droit d’asile, ce qui les plonge dans l’économie informelle et les propulse dans la petite délinquance plus souvent qu’à leur tour. Et c’est ainsi que l’exécutif sème le désordre.

    • Julien, vous citez « France de gauche, vote à droite ? », à propos des élections législatives de mars 1978 où à la surprise générale les élections reconduisent la majorité sortante de droite alors que l’électorat paraissait en majorité acquis à la gauche.
      https://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100313740
      Et l’invité des matinales de France Culture que vous citez ajoutait qu’on pouvait poser le diagnostic inverse pour analyser ces élections: « France de droite, cap à gauche ! »
      N’oublions pas cependant que trois ans plus tard la gauche triomphait en 1981 si nous ne voulons pas que dans trois ans le RN triomphe…

      • A Michel,

        Comparaison n’est pas raison. La gauche avait une identité politique et sociale. Le RN a une identité plastique. C’est un parti caméléon et attrape-tout qui varie au gré de ce que sa cible veut entendre. Il peut passer de l’anti-gaullisme de sa fondation à un gaullisme d’affichage où il serait plus gaulliste que le général. Marine Tondelier à qui je dois cette prise de conscience toute récente ajoute que Louis Alliot, en récupérant la figure de Jean Jaurès, a osé écrire: « Jean Jaurès aurait voté Front national. » Les figures dont il se réclame varient de même que sa vision économique continue d’osciller entre le socialisme le plus dépensier et un libéralisme qui a été quasiment reaganien sous Le Pen père. Une seule chose ne varie pas: c’est la xénophobie qui commande ces changements de patronage. Or paradoxalement, cette xénophobie ne commande pas une sociologie rassembleuse. Les seules personnes qu’elle rassemble sur ce plus petit commun dénominateur sont des beaufs. Les protestataires qui s’emparent des autres éléments critiques que le RN met à leur disposition sont plus intéressants, mais le RN ne saurait les rassembler à front constant puisque l’idéologie change au gré du ciblage électoral du parti.

  • Un grand merci, René, pour votre analyse à laquelle je souscris – dans l’état actuel de mes réflexions – totalement.
    A Dominique, il leur (je parle des cadres du NFP) faudra faire preuve 1) d’humilité 2) d’intelligence. Certains ont su en manifester sur les plateaux hier soir. A suivre…
    Pour revenir un instant sur nos fondamentaux, qu’aucun chrétien n’oublie 1) que Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix (cf. 1 Cor 14) ; et 2) que les chrétiens sont appelés à être des artisans de paix (cf. Jacques ch. 3). Un artisan, ça agit (je parle de prières, de paroles, d’actes pacificateurs).
    Bon été à tous,

    • à vrai dire je n’ai guère entendu de discours faisant vraiment pas d’humilité hier soir à l’exception notable ô combien de Glucksmann bien sûr et que personnellement je verrais assez bien comme premier ministre. Autrement je suis parfaitement d’accord pour ne pas oublier que notre rôle de chrétien est d’être artisan de paix bien sûr

  • Une analyse intéressante dans « La Vie »
    Michel Wieviorka : « Ce scrutin disqualifie Emmanuel Macron et Marine Le Pen »
    Auteur de nombreux ouvrages sur le Front national, le sociologue Michel Wieviorka revient sur les résultats de ces législatives et sur la victoire en demi-teinte du Rassemblement national qui, s’il n’obtient pas la majorité, double quasiment son nombre de sièges à l’Assemblée.
    Interview Olivia Elkaim
    https://www.lavie.fr/actualite/societe/michel-wieviorka-ce-scrutin-disqualifie-emmanuel-macron-et-marine-le-pen-95377.php

  • Deux intertitres du texte de René montrent bien le paradoxe de ce scrutin
     » l’union des gauches et le désistement étaient bien la bonne stratégie  »
     » le NFP n’a aucune légitimité populaire pour imposer son programme  » .
    Paradoxe parce que les électeurs ont voulu dire deux choses qui sont en fait l’expression de deux refus : le refus de donner les clés au RN et le refus déjà exprimé aux dernières législatives de donner le pouvoir à une majorité macroniste . Aujourd’hui , l’expression des électeurs n’est pas l’acceptation d’un projet mais juste l’expression de deux refus .

    Alors que faire ?
    – Il n’est écrit nulle part dans la constitution de la cinquième république que le parlement n’est qu’un chambre d’enregistrement chargée de valider les choix d’un gouvernement en obéissant « sans hésitations ni murmures « . Ce fut certes une pratique répandue quand il y avait des majorités partisanes claires . Qui ne se souvient de ces séances de l’assemblée nationale ou les conseillers du premier ministre menaçaient les députés de ne pas être réinvestis lorsqu’ils se montraient réticents ou simplement trainaient les pieds pour voter un texte .

    – Suite à ce scrutin le temps des majorités toutes faites et aux ordres est révolu . Il faudra maintenant les construire sur un programme ( coalition ) ou au cas par cas . C’est une situation inédite sous la V° mais est elle vraiment nocive pour le processus démocratique ?

    – A ceux qui s’inquiètent d’un retour à la quatrième république il faut rappeler que depuis 1958 la loi (art 34 ) est l’exception et le règlement ( art 37) la norme .
    Tout l’enjeu est donc maintenant de trouver un premier ministre puis un gouvernement qui ait la confiance de principe à défaut de l’accorder sur un programme d’une majorité de l’assemblée .
    Pour cela il faut attendre la constitution des groupes à l’assemblée . Mais entre Renaissance , Horizon , une partie de LR et les sociaux démocrates du PS ou des verts qui n’ont rien en commun avec LFI , il devrait être possible de trouver cette majorité dite introuvable sur un socle commun minimal ( sécurité , service publics , et politique sociale ) et non plus sur un programme précis .
    Le gouvernement redeviendra réellement responsable devant le parlement . La belle affaire ! quand on est démocrate on ne peut que s’en réjouir puisque le risque de l’instabilité est quand même bien réduit par notre constitution ;

    Les députés peuvent aussi avoir le sens de l’intérêt supérieur du pays et transcender leurs particularismes partisans . Ils n’ont rien à perdre et tout à gagner .
    C’est tout l’enjeu des jours à venir .

    • N’y a-t-il aucun RN qui serait sortable ? Vous ne pouvez ignore, ostraciser 9 millions d’électeurs 35% des votes exprimés !!!!!

      • Guy Legrand vous répondra avec ses mots. Je trouve votre ton inutilement polémique. Je n’ai lu, dans les commentaires de ce blog, aucun propos méprisant à l’égard des électeurs du RN que je respecte. Mais que dix millions de Français soient tentés par l’expérience « parce qu’on n’a jamais essayé » me semble insuffisant à rendre le parti « respectable ». La vraie question me semble-t-il qui se pose à nous est de savoir comment faire disparaître les causes de ce vote en répondant enfin, aux aspirations de citoyens en souffrance qui se sentent méprisés et marginalisés dans une société qui semble vouloir se développer sur d’autres valeurs que les leurs.

        Au risque de me répéter le challenge me semble difficile. Soit le NFP arguant de sa victoire (relative) dans les urnes prétend imposer son programme, sans majorité, à coup de 49.3 (les a-t-elle pourtant fustigés sous Macron ?) et de mobilisation sociale, au risque d’une pagaille qui, couvrant les avantages concédés aux plus modestes, fera le lit du RN… Soit c’est une coalition gauche-centre-droit qui tente, pour un temps déterminé, de faire tomber la pression sociale. Mais sera-t-elle capable de prendre des mesures capables de répondre aux attentes et de délégitimer le RN ?

        • La question de Michel89 me paraît intéressante et nullement polémique. Je la reformulerai ainsi: n’y a-t-il aucun député RN qui ne mérite d’entrer dans une alliance gouvernementale? Doit-on décider a priori qu’on ne pourra jamais gouverner ni s’allier avec aucun député RN? Dans ladernière législature, LFI n’a jamais voté aucune de censure que présentait le RN, la réciproque n’étant pas vraie: le RN s’est montré moins sectaire que LFI. On a préféré faire tenir un gouvernement qui n’avait pas de majorité que de voter avec le RN, parti pourtant représenté au Parlement. Comme LFI a préféré faire élire Élisabeth Borne ou Gérald Darmanin que de ne pas « faire barrage ».

          • A Julien
            Il me semble que la question doit être formulée différemment .
            – Il ne s’agit pas du mérite de telle ou telle personne . Un élu du RN doit être respecté d’une part en tant que personne et d’autre part comme élu du peuple souverain .
            – le RN est de plus un parti politique légalement reconnu . Et on ne peut pas l’ostraciser par principe .

            Une fois tout ceci posé il faut regarder le programme d’un parti et les valeurs qui l’inspirent . Le programme du RN par le discours qu’il tient sur l’immigration par exemple , ne correspond en rien à la valeur de fraternité qui est un des socles de notre contrat social .
            En remettant en cause le principe du droit du sol il entre aussi en conflit avec les termes de notre pacte républicain .

            J’applique le même raisonnement à
            à LFI concernant tant son refus de la légitimité du débat démocratique institutionnalisé et lui préférant la légitimité la rue , que son antisémitisme ( la gauche extrême au delà de son antisionisme a toujours eu un fond d’antisémitisme historique ). A cela s’ajoute la mystique de la rédemption par le prolétaire : les peuples colonisés devenant faute de mieux le nouveau prolétariat messianique . La manière dont LFI instrumentalise le peuple palestinien otage du Hamas et du Hezbollah procède en réalité d’un mépris abyssal du dominant qui se sert du dominé à son seul profit paradoxalement le discours de Mélanchon est celui du mâle blanc occidental colonisateur employé à contresens . ..

            C’est pourquoi je suis en total désaccord avec la bien pensance catho de gauche qui a focalisé son attention sur le seul RN en refusant de faire une analyse objective de la nouvelle donne politique et du danger équivalent que représente LFI . Mes bons amis cathos de gauche en sont resté à l’analyse du RN comme le parti poujadiste des nostalgiques du régime de Vichy de l’Algérie française et voient dans LFI le parti tiers mondiste prophétique de leur jeunesse . Les choses ont quand même un peu évolué depuis . Mélanchon n’est ni Helder Camara ni Franz Fanon .

          • Très bien, Guy. Nous avons compris que vous ne voulez pas vous référer à l’Évangile pour décider de la légitimité d’un parti politique ou de ses valeurs et que vous préfériez vous en tenir aux tables de la loi républicaine: liberté, égalité, fraternité. Vous attaquez le RN au nom de la fraternité. Vous attaquez LFI au nom d’une fausse conception qu’ils véhiculeraient de la fraternité (je résume sans doute). Mais que n’attaquez-vous « le président des riches » ou les partis bourgeois parce qu’ils refusent de redistribuer l’argent des plus fortunés aux plus démunis. Eux aussi manquent au principe de fraternité, pourquoi ne les reprenez-vous pas? Votre silence à leur endroit ne viendrait-il pas du fait qu’ils manquent silencieusement à ce troisième pilier de la République?

        • A René,

          J’ajoute à mon précédent commentaire que respecter les électeurs du RN, c’est faire droit à ceux dont ils ont fait leurs mandants en votant pour eux. Quant à « faire disparaître » les causes du vote RN, Emmanuel Macron avait promis qu’à l’issue de son mandat, plus aucun électeur n’aurait de raison de voter pour le rN. Il avait également promis qu’à la fin de je ne sais plus quelle année, plus aucun SDf ne dormirait dans la rue. On voit ce qu’il en a été. Avec lui, la politique est à la rue.

          • Mais je ne vois pas où est le problème de respecter les députés RN que les électeurs de cette sensibilité se sont donnés. Cela étant on sait bien que, la surprise de la dissolution aidant, le RN a du trouver à la hâte pour les 577 circonscription, un candidat susceptible de solliciter le suffrage des électeurs. Ce n’est faire injure à personne que de constater l’impréparation qui était la règle et les remises en question de tel ou tel. J’ai relevé sur Facebook, que dans ma circonscription de l’Aveyron a été parachuté un jeune candidat sans aucune attache locale, et qui vit à Genève… Je n’ignore pas qu’en droit français un élu ne représente pas sa circonscription mais le pays tout entier. Mais alors qu’au niveau du discours on ne vienne pas nous vanter la proximité des candidats du parti avec le pays réel… Avoir les mêmes exigences vis-à-vis du RN que vis-à-vis des autres formations est aussi une manière de le respecter…. démocratiquement.

          • A René,
            Le respect dont je parle ici consiste à accepter de voter avec eux ou qu’ils votent avec nous, ou mieux de gouverner avec eux le cas échéant, de ne pas en faire des parias, comme Michel89 semble le souhaiter quand il se demande s’il n’y a pas des « députés sortables » qu’on puisse entraîner dans une coalition ou au moins dans une majorité de projet. Ca me paraît le moins qu’on puisse attendre d’une religion de la personne, puisque Guy a écrit plus haut que les députés RN étaient respectables en tant que personnes.

          • Julien, je retrouve là votre âme charitable. Mais je ne vous suivrai pas sur ce terrain. Car précisément, c’est aux députés RN qu’appartient la charge de prouver qu’ils acceptent de voter, même depuis l’opposition, les lois qui sont dans l’intérêt du pays. On ne peut pas dire que ce soit l’image qu’ils ont donné lors des précédentes législatures. Loin de moi de vouloir en faire des parias. Le règlement du Parlement leur donne d’ailleurs droit à des postes au prorata des suffrages recueillis.

      • A Michel 89420
        Je distingue le parti RN de ses électeurs .
        – En démocratie , tous les électeurs de tous les partis quels qu’ils soient sont respectables car il détiennent une partie de notre souveraineté . Leur expression est par définition légitime .
        -Le vote pour le RN est en grande partie un vote protestataire de la part de ceux qui se sentent exclus à divers titres de notre société . Il est donc indispensable les entendre et de comprendre les causes de leurs votes .. Mais de là à en déduire qu’ils adhèrent au programme de ce parti me semble une extrapolation bien hasardeuse .
        – Les élus du RN par contre adhèrent au programme de ce parti qui ne respecte pas les valeurs de la république et pour cette raison il n’y a aucun compromis ni possibilité de passer un pacte de gouvernement avec eux .
        – Enfin tous les élus parce qu’ils sont élus sont  » sortables  » et respectables comme personnes . Mais cela ne délégitime en rien le fait de combattre leurs idées détestables .

        Ce scrutin a la particularité d’avoir d’abord été l’expression d’un non , d’un refus ( du RN , de la politique de Macron ) plus qu’un oui à un quelconque programme .

      • Le caractère éminemment clanique* du FN-RN rend la question un peu cocasse. Elle aurait mérité que soit cité au moins un nom d’un membre éminent du bureau national.
        * Quelques membres du clan et leur position au bureau national: Pt du parti Jordan Bardella (compagnon de la nièce), Marine Le Pen Pte groupe parlementaire, Louis Alliot 1er vice président (10 années de vie avec Marine). Il faut faire allégeance à la famille, et lui donner des gages pour être autre chose qu’un pantin dans ce parti.

      • Tribune très pertinente de Yann Raison du Cleuziou : « Pourquoi je n’ai signé aucune tribune contre le RN »

        Yann Raison du Cleuziou partage son malaise face aux prises de position intellectuelles contre le RN. Les électeurs du RN sont aussi les moins diplômés. Les accabler par le savoir n’est-il pas un abus de privilège ? Comment renouer le dialogue avec eux sans condescendance ? La vocation populaire de l’université est en jeu.

        https://www.la-croix.com/a-vif/yann-raison-du-cleuziou-pourquoi-je-n-ai-signe-aucune-tribune-contre-le-rn-20240708

        • Michel, merci de ne pas multiplier en commentaire le renvoi par liens à des articles parus dans la presse. Ce blog se veut un lieu de dialogue. Je ne veux pas le transformer en base de données ou en revue de presse… Merci de votre compréhension !

          • Entendu René, mais je pensais plus intéressant de renvoyer à des articles de qualité comme cette tribune de Yann Raison du Cleuziou ou comme l’émission sur la 5 avec Dominique Reynié et Jérôme Guedj dont j’avais aussi envoyé le lien (non publié), plutôt que ma modeste prose…

        • Merci d’avoir donner les références de cet excellent article , bien abonné à La Croix il m’avait m’avait échappé j’ ai pu aussi lire les commentaires il vont tous dans le même sens et loue ce texte qui situe parfaitement le problème l’abandon des territoires autres que les grandes métropoles : plus de médecin plus de pharmacien , plus de commerce, d’hôpitaux de vie sociale et une très grande condesendance des élites prenons un simple exemple la réintroduction qui est pratiquement dans toute les campagne ….;

          • J’ai lu aussi les commentaires des lecteurs de « La Croix », c’est intéressant aussi, et dans le cas présent ils sont très nombreux et en accord avec l’auteur de la tribune, YRdC, ce qui est assez rare.

          • cet article est effectivement très intéressant, cependant une fois qu’on a fait l constat qu’il n’y a plus de médecins de pharmaciens de gares,de postes et que les médecins spécialistes sont à plusieurs dizaines de
            kilomètres … que peut on faire ?
            Dans les années 60 dans le village de Dordogne de 360habitants où je passais mes vacances il y avait un bureau de Poste, et je me demandais à quoi pouvait servir ce receveur hors des vacances scolaires?

            servir ce receveur hors des vacances

          • « Que peut-on faire ? », écris-tu, Dominique.
            Concernant par exemple les médecins, on ne peut réparer en huit jours la carence de tous les gouvernements successifs depuis plus de 50 ans en instaurant un numerus clausus dans le but de réduire les dépenses de santé en limitant le nombre de médecins !
            Le manque de médecins est encore aggravé par l’arrivée au grand âge des « boomers », le fait que les jeunes médecins ne font plus guère de visite à domicile, la féminisation du corps médical, etc.

          • Oui, René, il est exact que le vote RN n’est pas réductible aux seules classes populaires en voie de paupérisation.
            Versailles vote à droite, voire à l’extrême droite comme Paris vote à gauche, voire à l’extrême gauche…

            Pour autant, je doute de la capacité des « gagnants de cette élection » (gagnants autoproclamés par le NFP) à répondre avec pertinence aux attentes légitimes de millions de Français, autrement que par la radicalisation de positionnements idéologiques (c’est criant et même caricatural pour LFI dont on n’a pas mesuré le dange0en se focalisant sur le seul RN).

          • L’exemple du corps médical, multiplié tout de même par 3.8 en 55 ans (2.8 à population constante) est en effet intéressant. D’abord, si le numerus clausus a permis de juguler la dépense collective (sur consommation), il a aussi retardé l’effondrement inéluctable de la valeur de revente de la patientèle alors que la demande « santé » augmentait bien plus vite que l’offre. Et puis, la santé financière de la CARMF (caisse santé et retraite du corps médical) est, malgré le vieillissement du corps médical, restée correcte (assise sur un patrimoine immobilier et mobilier de 1.5 milliards).
            Le projet de retraite universelle s’est d’ailleurs heurté aux égoïsmes du corps médical, des avocats… et autres riches égoïsmes catégoriels puissants à l’assemblée et au Sénat qui suscitent la colère des démunis; Alors, avant d’accuser nos gouvernants, que chacun balaie d’abord devant sa porte… ça vaut bien sur aussi pour ceux qui rêvent d’un smic montant jusqu’au ciel…

          • Quelle honte de parler ainsi : « un smic qui monte jusqu’au ciel » On voit que vous n’avez pas de problèmes de fin de mois. Cette droite des LR, désormais appelée la droite républicaine et ses idées infectes, ras le bol!

          • Au pied de la lettre – car c’est ainsi que vous semblez m »avoir compris- le rejet des limites au nom du grand principe selon lequel le riche est présumé voleur et le pauvre présumé opprimé est au moins aussi honteux honteux. Vers 1985, la Cfdt a commencé à parler de « fosse aux cadres évoquant ainsi l’écrasement de l’échelle des salaires qui a perduré ensuite. Le problème a été résolu, en apparence, grâce au bac pour tous et à presque tous cadres. « Le facteur 12 » (G. Giraud, C. Renouard) aussi est un rêve sympathique, juste un rêve même s’il vaut encore la peine d’être lu ou relu.

          • Le riche est présumé voleur? NON Il profite d’une rente de situation pour lui et son clan depuis 60 ans. Je pourrais rentrer dans les détails. Il y en a qui naissent rentiers et d’autres qui suent le burnou pour un salaire de misère. Vous trouvez ça normal? Quant aux cadres,il ne faut pas confondre la classe moyenne supérieure et la classe moyenne inférieure. Tout ça, c’est de la manipulation intellectuelle. La France, la patrie des Droits de l’homme devrait montrer l’exemple, mais ce qui compte avant tout, c’est le droit du sang, le fric, très important le fric, et le matérialisme. Vous le saviez ça?

          • Jean Claude, pour répondre à votre question, la féminisation du corps médical, qui en soi est plutôt un apport très positif dont je me réjouis, a un effet collatéral indirect qui aggrave le manque de médecins car les femmes acceptent moins encore que les hommes d’avoir une charge de travail mordant trop sur leur vie familiale ou personnelle.

        • Je trouve cette réflexion pertinente pour ce qui est de la mise en perspective de cette France, essentiellement rurale, en profonde souffrance, pour les raisons qui me semblent bien analysées. Oserai-je dire que je me souviens avoir fait fait une description semblable de ce que je percevais dans mon propre département d’origine : l’Aveyron, à la faveur du mouvement des gilets jaunes fin 2018 début 2019. Force est de constater que le processus d’exclusion de la « France d’en bas » (qui peut être également péri-urbaine) n’a pas été enrayé.
          Je formulerai néanmoins une nuance. Le vote RN n’est pas réductible aux seules classes populaires en voie de paupérisation. Sinon Versailles n’aurait pas voté à près de 30% pour le RN au premier tour, dans ses deux circonscriptions. Mais Yann Raison du Cleuziou fournit sans doute une partie de la réponse lorsqu’il souligne la place prise dans les législatures précédentes par les « micro-conquêtes sociététales » qui sont venu bousculer les convictions profondes des uns et se substituer, pour les autres, à leur désir d’émancipation sociale. Et je note que le clivage concernant les évolutions sociétales traverse toutes les sensibilités politiques, y compris à gauche où il ne fait pas bon être objecteur sur ces questions… .
          J’observe qu’à partir d’une analyse assez semblable des réalités certains, comme Yann Raison du Cleuziou, ont choisi de ne pas signer ces pétitions contre le RN là où d’autres, dont je suis, ont signé telle ou telle. Ma justification personnelle est que, par ce geste, je n’ai pas pensé exprimer un quelconque mépris pour les électeurs du RN mais voulu marquer ma défiance vis-à-vis du parti vers lequel ils ont choisi de se tourner, et ses « valeurs ». On m’objectera que leur contester a priori la capacité de voir juste dans leur choix est également une forme de mépris.
          Je pense, pour ma part, que ce qui doit aujourd’hui être interrogé est de fait la capacité des « gagnants de cette élection » à répondre avec pertinence aux attentes légitimes de millions de Français, autrement que par la radicalisation de positionnements idéologiques qui ont déjà montré leur inefficacité. Pour moi c’est l’enjeu essentiel de la période qui nous sépare de la prochaine élection présidentielle.

          • Oui, René, il est exact que le vote RN n’est pas réductible aux seules classes populaires en voie de paupérisation.
            Versailles vote à droite, voire à l’extrême droite comme Paris vote à gauche, voire à l’extrême gauche…

            Pour autant, je doute de la capacité des « gagnants de cette élection » (gagnants autoproclamés par le NFP) à répondre avec pertinence aux attentes légitimes de millions de Français, autrement que par la radicalisation de positionnements idéologiques (c’est criant et même caricatural pour LFI dont on n’a pas mesuré le danger en se focalisant sur le seul RN).

          • Le peuple a toujours raison! Mais le peuple peut déraisonner. C’est, ce qui, je pense, se passe en ce moment. Sachons scruter les Signes des Temps.

          • Alors là, un commentaire comme ça, ça nous conforte! Des gens intelligents comme eux, on est quitte de se tromper

    • A Guy,
      Ce que vous dites est très important et devrait être une maxime du droit public: »– A ceux qui s’inquiètent d’un retour à la quatrième république il faut rappeler que depuis 1958 la loi (art 34 ) est l’exception et le règlement ( art 37) la norme . »

      Je suppose que, par « réglement », vous désignez les décrets. L’exécutif, comme son nom l’indique, devrait prendre des réglements, des décrets, qui ne soient pas seulement d’application du trop grand nombre de lois qu’il fait voter. Mais le « réformisme »(ou la réformite) gouvernemental substitue l’inflation législative à l’immobilisme administratif qu’il masque sous ce nom qui sent la rénovation permanente sous couvert de refuser « la révolution permanente » que le réformisme laisse aux insurgés et aux « agités du bocal » de type LfI .

      Pis encore, le gouvernement appartient à l’exécutif, mais il s’atribue un quasi-monopole de l’initiative législative.

      Un gouvernement devrait faire appliquer la loi plutôt que d’empiler les lois. Un parlement qui se respecte devrait revendiquer la primeur ou au moins l’égalité dans la maîtrise de l’ordre du jour entre des propositions de loi et les projets de loi.
      Un gouvernement qui ne concourerait pas au Guinnes des records des textes adoptés sous son mandat ne serait pas pour autant un gouvernement « technique ».
      On a reproché à Jean-Luc Mélenchon d’avoir avancé que la réforme des retraites pourrait être abrogée par un décret et à Olivier Faure d’envisager de gouverner à coups de 49.3. La situation du NFP s’il prenait la tête du gouvernement ne serait pas la même que celle de la majorité présidentiele de presque 250 députés et qui avait des réserves de voix chez les Républicains qui n’ont jamais voté la moindre motion de censure pour le renverser. La menace qu’ils ont agitée d’en présenter une est le véritable motif d’agacement pour lequel Emmanuel Macron alancésa dissolution.

      • A Julien
        L’article 34 de la constitution définit de manière exhaustive ce qui relève du domaine de la loi .
        « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère réglementaire …. » (art 37 constitution de 1958 )
        Donc :
        Selon la constitution 1958 ce qui relève de la loi est l’exception; ce qui relève du règlement ( formalisé par toutes les catégories de décrets) est le droit commun ..

        Ce qui implique que dans le contexte actuel , le gouvernement pour tenir dans la durée sera beaucoup plus responsable ( au sens premier d’avoir à répondre de ) devant le parlement que lorsque le gouvernement dispose d’une majorité absolue . En cas de majorité absolue il dispose pour gouverner d’une confiance de principe acquise , (le premier ministre étant un cacique du groupe majoritaire ). . Aujourd’hui ce n’est plus le cas . Donc avant de choisir un premier ministre il faut passer par l’étape de construction d’une majorité aussi stable que possible sur un programme et de fabrication d’un consensus sur l’équipe à même de le concrétiser .
        C’est pourquoi cela demandera du temps pour construire ce compromis acceptable par le plus grand nombre . Trouver l’homme ou la femme pour incarner ce compromis sera aussi dans un deuxième temps un travail difficile.

        Tous ceux qui veulent appliquer leur propre programme sans concession d’aucune sorte affichent clairement qu’ils veulent rester dans l’opposition ( Mélanchon , certains PS et verts ) . Le cas du RN est différents parce que hormis Ciotti et son quarteron de transfuges vers le RN personne ne veut construire une majorité avec ce parti . (pas même Darmanin )

        • « Trouver l’homme ou la femme pour incarner ce compromis »… je pense à Jean-Marc Sauvé, à Dominique Potier, à François Bayrou…

        • « Article 34
          Modifié par LOI n°2024-200 du 8 mars 2024 – art. unique (V)
          La loi fixe les règles concernant :
          -les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ; la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias ; les sujétions imposées par la Défense nationale aux citoyens en leur personne et en leurs biens ;
          -la nationalité, l’état et la capacité des personnes, les régimes matrimoniaux, les successions et libéralités ;
          -la détermination des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont applicables ; la procédure pénale ; l’amnistie ; la création de nouveaux ordres de juridiction et le statut des magistrats ;
          -l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes natures ; le régime d’émission de la monnaie.
          La loi fixe également les règles concernant :
          -le régime électoral des assemblées parlementaires, des assemblées locales et des instances représentatives des Français établis hors de France ainsi que les conditions d’exercice des mandats électoraux et des fonctions électives des membres des assemblées délibérantes des collectivités territoriales ;
          -la création de catégories d’établissements publics ;
          -les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires de l’Etat ;
          -les nationalisations d’entreprises et les transferts de propriété d’entreprises du secteur public au secteur privé.
          La loi détermine les principes fondamentaux :
          -de l’organisation générale de la Défense nationale ;
          -de la libre administration des collectivités territoriales, de leurs compétences et de leurs ressources ;
          -de l’enseignement ;
          -de la préservation de l’environnement ;
          -du régime de la propriété, des droits réels et des obligations civiles et commerciales ;
          -du droit du travail, du droit syndical et de la sécurité sociale.
          La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse.
          Les lois de finances déterminent les ressources et les charges de l’Etat dans les conditions et sous les réserves prévues par une loi organique.
          Les lois de financement de la sécurité sociale déterminent les conditions générales de son équilibre financier et, compte tenu de leurs prévisions de recettes, fixent ses objectifs de dépenses, dans les conditions et sous les réserves prévues par une loi organique.
          Des lois de programmation déterminent les objectifs de l’action de l’État.
          Les orientations pluriannuelles des finances publiques sont définies par des lois de programmation. Elles s’inscrivent dans l’objectif d’équilibre des comptes des administrations publiques.
          Les dispositions du présent article pourront être précisées et complétées par une loi organique. »

          Article 37
          Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère réglementaire.
          Les textes de forme législative intervenus en ces matières peuvent être modifiés par décrets pris après avis du Conseil d’Etat. Ceux de ces textes qui interviendraient après l’entrée en vigueur de la présente Constitution ne pourront être modifiés par décret que si le Conseil constitutionnel a déclaré qu’ils ont un caractère réglementaire en vertu de l’alinéa précédent. »

          https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGISCTA000006095825

          • C’est un discours un peu lapidaire, mais néanmoins, on y voit plus clair maintenant. Merci beaucoup, c’est vraiment très intéressant !Je vais le relire plusieurs fois pour bien m’en imprégner

  • Le NFP n’est pas en mesure d’imposer son programme, et devra chercher des alliances et des compromis. C’est vrai compte tenu de la composition de la nouvelle assemblée, mais il faut reconnaître que c’est le seul des trois blocs en présence qui ait véritablement présenté un programme, chiffré qui plus est. Tous ses points seront âprement discutés, ce qui est de bonne politique. Mais on peut prévoir que les discussions à l’assemblée nationale tourneront autour de ce programme, les autres forces en présence n’en ayant pas présenté un digne de ce nom. Il faudra compter avec le NFP (LFI comprise, n’en déplaise à certains, à commencer par le président de la république lui-même et bon nombre de députés de son camp) qui est en position non pas d’imposer, mais au moins de proposer.

    • « Un programme chiffré  » oui et dont aboutissement est une catastrophe économique et sociale pour la France . Leur chiffres sont-ils validé par quelques instituts que ce soit ?

    • « un programme chiffré… » je crois savoir qu’en matière de chiffrages on peut faire dire n’importe quoi et cela quelque soit l’auteur de ce chiffrage
      D’autre part il me semble que les compromis envisagés ont un petit air de IV éme republique fort réjouissant
      De Gaulle disait, avec sa modestie proverbiale »,Moi ou le chaos » et je persiste à croire qu’il n’avait pas tort

    • On ne balaie pas d’un revers de main le programme de la formation politique arrivée en tête, surtout quand les deux autres blocs se gardent bien de présenter le leur. Ce n’est pas parce que l’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres qu’il faut se passer de leurs services. Quant aux « moi ou le chaos » et la catastrophe économique et sociale annoncée, je préfère ne pas commenter. Tout cela sera discuté, amendé, certainement modifié à l’assemblée, en espérant que le gouvernement qui émergera prochainement puisse avancer.

      • « Arrivé en tête NPF » Je vous rappelle les chiffres 10,2 millions de voix pour RN , 7 pour NFP et 6,6 pour les partis affiliés à Macron . Vous dites en tête mais à quel prix , à celui d’un déni de démocratie avec les déssistements . Je vous précise que je n’ai pas voté RN mais l’ostracisation , le dénigrement de 10,2 millions de Français me deviennent insupportable surtout qu’ils s’agit des moins privilégiés et pas tout avec un QI inférieur à la moyenne . LFI et consort devrait avoir le triomphe beaucoup plus modeste!!

      • Je n’ai jais dit ni même pensé q-il fallait d’u revers de main rejeter le programme de la formation politique arrivée en tête et ce même si cette formation est xénophobe raciste et fort peu démocratique; vous en êtes sûre et ce même si cette formation avait la couleur du RN???

  • Il faudra lire les déclarations politiques des groupes parlementaires pour avoir une idée de ce la ligne directrice qu’une fois composés (recomposés) ils auront décider de tenir. A cet égard, les déclarations des groupes de la 16ème législature (2022-2024 )présentent quelque intérêt (https://www2.assemblee-nationale.fr/16/les-groupes-politiques). Il est notable aussi que « le Règlement (de l’assemblée) prévoit des règles de constitution et d’organisation totalement autonomes (pour les groupes parlementaires) par rapport à l’existence et au régime juridique des partis politiques proprement dits. » (https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/synthese/deputes-groupes-parlementaires/les-groupes-politiques).

    • Le choix du 1er ministre relève de l’assentiment de l’intergroupe parlementaire le plus important et non du bloc de parti qui a obtenu le plus de députés. On n’aura pas de réponse avant la fin des JO même s’il est probable que l’intergroupe « modérés et ralliés » dépassera 200 députés (sans doute vers 220), que celui de gauche sera vers 160 et celui de droite vers 150, plus un quarantaine hors groupes. Comment aller de manière à peu près stable vers l’apaisement social, tout en maîtrisant (enfin!) les déséquilibres financiers, et en tenant sur les valeurs face aux aléas et aux menaces internationales, voilà l’essentiel.

      • Je me retrouve bien dans cette approche. Car enfin La « victoire » de la gauche au scrutin de dimanche a pour effet que l’on en est encore, dans les médias, à débattre du choix d’un Premier ministre pour mettre en œuvre un programme qui a du recueillir entre 15% et 20% des voix des électeurs (ceux qui parmi les 25,68% au regard des inscrits ont réellement voté « pour » et non « contre le RN ») dans un pays aux deux-tiers à droite. A se demander si on ne va pas tout droit vers une crise institutionnelle et de régime.

        • Décidément j’ai un faible pour Marine Tondelier. Quand je pouvais aisément communiquer sur Twitter, je la suivais. J’aimais sa manière dynamique et posée de parler d’expérience d’une ville dirigée par le Frontnational dont elle révélait les méthodes avec le moins de parti pris possible. Je l’ai perdue de vue, d’oreille et d’intérêt depuis qu’elle est devenue la patronne officielle des écologistes, parti qui n’a pas l’heur de m’intéresser…

          La presse, à commencer par « Libération », en a fait la révélation de l’entre-deux-tours. Elle-même, avec son éditeur, « les Liens qui libèrent », a pris l’initiative de mettre en libre accès son livre « des Nouvelles du front » et a conseillé de profiter de la pause électorale pour le lire et se faire une idée plus éclairée de la manière dont ce parti se comportait « en vrai », une fois aux affaires. Elle a prodigué ce conseil sur « Europe 1 », où elle n’était pas revenue s’exprimer depuis deux ans, écoeurée par la mainmise excessive de Vincent bolloré et de ses zbires sur cette station.

          J’ai suivi son conseil et presque achevé son livre. Bien m’en a pris. J’ai mieux pris conscience que la stratégie de séduction du rN consiste à « Polir, lustrer, rincer les mémoires, mélanger les héritages intellectuels, brouiller les ascendances », récupérer De Gaulle ouJean Jaurès. « Le RN ne s’encombre pas de sentimentalisme. Dans sa nouvelle version, il a choisi l’option caméléon. Le FN est devenu une boule à facettes,
          capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il
          avait besoin pour se sentir rassuré » pour accepter le seul invariant de sa politique: le refus, par xénophobie, de l’immigration et le fait de la rendre responsable du désordre et de l’insécurité qui règnent en France, en profitant de ce que le débat soit interdit en France sur les liens entre insécurité et immigration.

          Marine Tondelier, révélation de cet entre-deux tours, a remis sur le devant des échopes des libraires son livre révélateur et elle poursuit sa route intelligente. Hier soir, elle était l’invitée de « BFMTV ».

          Aux antipodes d’une droite retailleau-Wauquiez indéterminée à prendre le pouvoir dans cette période critique et qui ne veut pas entendre parler d’une alliance du bloc central pour ne pas faire le jeu du président Macron, elle avance que le futur gouvernement Nouveau front populaire devrait proposer au Parlement, texte après texte, le programme du NFP, charge à chacun de se déterminer et d’expliquer pourquoi il vote pour ou contre chacune des dispositions contenues dans ce programme. Et si l’abrogation de la réforme des retraites doit se faire avec les voix du Rassemblement national, pas question de faire la fine bouche, affirme, déterminée, celle qui assume et ne regrette pas d’avoir « fait barrage ». Plus de « pudeurs de gazelle » en refusant des voix, Pas non plus de coalition, pas de tractations pour faire au coup par coup des « majorités de projet » comme sous le gouvernement Borne, mais la vie parlementaire à l’état pur, remise au goût du jour dans notre pays au régime présidentiel par l’esprit de la constitution de la Ve République à bout de souffle d’avoir été taillée pour un homme ou pour un mythe. Une vie parlementaire où le NFP pourrait gouverner, qu’il gagne ou perde au fil de ses projets de loi, grâce à la maîtrise de l’ordre du jour…

          Quand la journaliste de « BFM » lui demande si de proposer une méthode de gouvernement la met sur les rangs pour être premier ministre, Marine tondelier répond habilement que c’est une manière très « masculiniste » d’envisager la politique. « Je ne compte pas dans cette équation, c’est l’avenir et la gouvernabilité du pays qui m’intéressent. » Elle écrivait la même chose dans son livre publié début 2017: « Les attaques gratuites contre moi ne m’affectent pas. Je me suis bâtie une carapace sur laquelle elles glissent. Celles qui visent les plus précaires… me troublent par contre profondément. »

          Tant d’abnégation et d’à propos que d’aucuns jugeront certainement surjoués me rappellent comment,en 1995, des profondeurs du parti socialiste, un ancien premier secrétaire assez sectaire, Lionel Jospin, fendit l’armure, se révéla, perdit l’élection présidentielle, mais devint premier ministre deux ans plus tard pour cinq ans, et laissa à la France beaucoup de bons souvenirs. C’est tout le mal que je souhaite à Marine Tondelier, ma révélation de l’entre-deux-tours.

  • Trois blocs aux idées politiques antagonistes.
    Construire un avenir désirable? Je ne vois pas comment! Nous sommes dans le tunnel et nous ne sommes pas près d’apercevoir la Lumière, à moins d’un miracle

    • Le « miracle » serait qu’après avoir rejeté le dialogue en disant, très justement, que l’opposition (somme des groupes d’opposition) était majoritaire se comporte comme elle l’a dit pendant la campagne -de manière responsable- et que vu sa défaite heureusement cuisante, la minorité « présidentielle » ait un comportement adulte, sans condescendance ni arrogance. Même si c’est sans doute trop demander à aux « bêtes » politiques qui « y « pensent chaque matin en se rasant ou s’épilant et alors que des échos dissonant continuent de pleuvoir en abondance.

      • Il y a maintenant des chrétiens de droite-extreme-droite. Je suppose que vous parlez d’eux pour inspirer la confiance, eux qui veulent construire une France barricadée pour nous défendre contre l’envahisseur!

        • Je pense à la plupart de ceux qu’il m’a été donné de fréquenter (grands moyens et petits de la diversité des partis républicains) et que je fréquente encore un peu. Ce sont des bêtes de travail qui doivent veiller à tout, doivent, s’entourer pour déléguer tout en assumant les bémols voire pire, faire avancer de dossiers, faire bouger des lignes… Ils sont dans leur genre des athlètes de haut niveau dotés d’un sens du service qui les oblige aussi à penser à leur parti, à l’idée qu’il se font de leur mission… et donc tout de même aussi à eux qui « grâce à Dieu ne sont pas des saints. Je comprend qu’il est de leur devoir de lutter pour leurs valeurs et aussi de savoir trouver des compromis quand ils sont indispensables, je comprend aussi, pour ceux qui ont de hautes responsabilités, qu’ils doivent veiller à la santé financière de leur parti, et à son avenir ce qui nécessite l’ambition… Je vous saurais gré de vous déboutonner aussi un peu car vous m’êtes insaisissable et j’ai l’impression de vous donner des boutons.

          • On parlait de famille politique, par exemple la famille gaullienne et maintenant, on peut parler de clan politique.. Comme disait le regretté ancien maire de Lyon, on ne vit plus côte à côte dans un seul but, le bien commun, mais on vit face à face. Et le bien commun, quel est-il ? C’est comme la justice, chacun a sa propre conception de la justice, car on vit dans une société de plus en plus individualiste. Et pourquoi les membres de la société sont de plus individualistes? Parce qu’il n »y a pas de but vraiment viable. Les chrétiens et notamment les tradi-integristes de droite-extreme-droite peuvent- ils être des témoins, de même que les autres si la boussole et le but n’est pas le Christ Jésus.
            Surtout pas une société cléricale, mais une société laïque, où le chrétien, en Vérité, est le levain, le sel dans la pâte.

          • Enjoliver le passé et rabaisser le présent est un travers contemporain courant. La compression/flexibilisation du temps et de l’espace ainsi que la relativisation des savoirs -qui vont de pair- conduisent à d’inévitables angoisses. Assimiler les causes et conséquences de ces réalités est un travail collectif nécessaire qui passe forcément par des remous tant sont dérangées savoirs installés, traditions culturelles et fondamentaux religieux qui s’imaginaient immuables.

  • Une interrogation persistante sur la logique du « front républicain » et du rassemblement des « modérés » contre les « extrêmes » :
    Comment comprendre un discours de « l’accueil de l’autre » et du refus de l’exclusion qui s’accompagne :
    – D’une exclusion sans hésitation ni faiblesse de nos compatriotes de la classe ouvrière mis en concurrence avec d’autres ouvriers étrangers à cause de l’abaissement ciblé de certaines barrières douanières.
    – D’une exclusion tout aussi automatique et insensible des enfants à naître « au mauvais moment » et des femmes qui avortent « à contre coeur » par manque de soutien légal et social.
    – Et aussi, dans les tuyaux macroniens de l’exclusion du cercle des vivants pour les vieillards pauvres, avec un euthanasie définie comme au Canada.
    Et dans ces trois domaines, aucun accueil de l’autre.

    • Sans doute que la « classe ouvrière » (ruralité aussi) a besoin d’admettre que le monde a changé plus vite qu’eux et qu’accuser les politiques est une erreur*.
      L’exemple du tableau du cout et de la rémunération horaire de la main d’œuvre dans la zone € en 2021 (Insee « Emploi, chômage, revenus du travail, Édition 2022 »):
      UE – Zone €- France:
      Cout horaire main d’œuvre: 28.7 32,5 38.4.
      Salaire horaire brut 21.3 24,5 26.6.
      Écart salaire Homme Femme 14.1% 17.4% 13%.
      J’ai apprécié le titre du livre à compte d’auteur d’un béninois arrivé en France il y a 30 ans, a acquis la nationalité française, y a crée des entreprises… : « La France n’est pas raciste, il y a juste quelques idiots » Eh bien ce que ce titre dit du racisme ordinaire vaut pour la classe ouvrière et la ruralité… l’ouvrier, le rural valent mieux que ce que « on » en dit comme ça, pour rigoler…. sauf qu’à force de rigoler « on » croit que ses idioties sont vraies.

  • J’aime beaucoup votre site, car on apprend beaucoup de choses! Il y a un concentré de matière grise hallucinant!

  • Anne-Marie Pelletier : « Les chrétiens doivent être les gardiens de la confiance dans une société fragmentée »
    Face à l’éclatement de la société, la théologienne Anne-Marie Pelletier estime que la vocation chrétienne est de résister au nihilisme et à la division, mais aussi d’élargir le champ de vision en tenant compte des dynamiques mondiales. Une vision utile après le scrutin du 7 juillet 2024.
    https://www.lavie.fr/actualite/societe/anne-marie-pelletier-les-chretiens-doivent-etre-les-gardiens-de-la-confiance-dans-une-societe-fragmentee-95381.php

    Elle écrit notamment :
    « Mais il est un autre problème, transversal et majeur. Il tient dans un constat : la société française est aujourd’hui malade. Malade de sa fragmentation, de notre incapacité croissante à nous écouter et à nous respecter. Malade d’un lien social abîmé par l’individualisme, par une pente au dénigrement compulsif, quand il ne s’agit pas d’hostilité hystérique se fixant sur tel ou tel bouc émissaire.
    Triste indicateur de la gravité de notre mal, la plaie purulente de l’antisémitisme, qui s’étend comme un feu de brousse. À ce titre, La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, qui ne recule pas devant la provocation et n’hésite pas à attiser les clivages, doit nous inviter à la plus grande vigilance et surtout à la mobilisation des consciences. »

        • Assez déplorable car submergé
          par l’individualisme et à cela vient s’ajouter la tendance à porter des jugements définitifs et donc négatifs sur ceux qui ont l’audace de ne pas être en accord avec nous comme si, nous, nous savions

        • D’importantes raisons de l’état actuel de l’Institution universelle (qui n’est pas l’Eglise!) ont été présentée par l’Abbe Pierre en 2005: livre intime « Mon Dieu… pourquoi? » (Plon, traduit en 16 langues)*. Il y évoque évoque le mal être profond imposé aux clercs et aux consacrés par des conditions de vie inhumaines et donc dangereuses, les doutes théologiques fondamentaux.
          Le Point: « A 93 ans, le fondateur d’Emmaüs revient aux sources de son engagement : le mystère de la foi…L’abbé Pierre lance un pavé dans la mare. Ses prises de position en soulageront certains et en choqueront d’autres. Cet « insurgé de Dieu » n’est pas qu’une icône… ».
          L’express:  » C’est une bombe au pays calme de la pensée chrétienne… » (mariage des homosexuels, désir d’enfant, ordination de femmes, virginité de Marie, rôle de Marie Madeleine auprès de Jésus, sens de la création et but de la vie)
          * https://www.fredericlenoir.com/livres-dentretiens/abbe-pierre-mon-dieu-pourquoi/

          • Je doute parce que je crois, je crois parce que je doute. N’en serions-nous pas arrivés, à l’heure actuelle à : je doute d’autant plus que je crois de moins en moins, je crois de moins en moins parce que la foi ne s’adresse pas aux sages et aux savants, mais aux tous petits…crédules évidemment! Et les tous petits, ce sont les humbles devant le Mystère de l’Incarnation. Les tous petits ne sont pas des idiots, des crédules et des naïfs.
            Quant à Marie, qui est la Mère de l’Église, elle est étroitement associée à l’Histoire du Salut et à la trame de cette Histoire.

  • A Jean-Claude,

    Le peuple est conduit à déraisonner par la paupérisation de ceux qui, appartenant naguère à la classe moyenne, font désormais partie de la classe moyenne inférieure. DE plus je ne sais pas si c’est lui qui déraisonne le plus dans cette « séquence ». Il s’est vu imposer une dissolution qu’il ne demandait pas et qui fragilise l’ex-majorité présidentielle qui aurait pu continuer à gouverner pendant trois ans, sans dommage pour elle. « Personne n’a gagné », écrit le président, sous-entendu sauf moi, bref le contraire de ce qui se passait à « l’Ecole des fans ».En droit la logique constitutionnelle est respectée: on ne peut pas imposer un premier ministre au président de la République. Mais que ne l’a-t-il dit quand Jean-Luc Mélenchon en 2022 et Jordan Bardella cette année ont prétendu se faire élire premier ministre? Cela aurait favorisé la « clarification » que le président réclamait. Mais il ne voulait pas que le peuple vote avec les idées claires. J’ai entendu ce matin à la radio un commentateur qui résumait ce que je pense: Macron joue avec les nerfs de son entourage et de ses concitoyens, c’est la marque de fabrique de sa présidence disruptive, à l’opposé de la « présidence normale » de son prédécesseur qu’on se prendrait presque à regretter.

    • Tout celà s’inscrit dans une histoire et cette histoire ne s’écrit avec des mots qui ressortent de la tambouille politicienne! Le Christ a dit : quand Je reviendrai, trouverai-Je encore la foi. J’ai l’impression qu’on en prend pas le chemin, tellement les égos sont dominants et une certaine forme de pensée, qu’on a fabriquée, prédominante!

      • « une certaine forme de pensée, qu’ ‘on a fabriquée prédominante et que nous;chrétiens avons laissée le devenir

  • A julien, en complément de mon précédent message je vous signale que pour moi dans le régime républicain je mettrais bien sûr la fraternité en premier d’autant plus que nous n’en prenons guère le chemin, loin de là

  • La dissolution a eu au moins un avantage, c’est de révéler le véritable visage des uns et des autres. Le NFP, le PS qui fanfaronnaient, des « charlots », le RN pareil.Tousces gens-là puiseraient dans des caisses vides. Les seuls crédibles selon moi, c’est le centre de l’échiquier politique. Un avenir ne peut se construire ni sur l’egalitarisme, ni sur le racisme et le nationalisme outrancier

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