Le 4 octobre, devant les membres du Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron a redit son souhait de voir le droit à l’IVG inscrit dans la constitution. On sait le Parlement divisé sur la question, les députés étant favorables à l’inscription d’un “droit“, là où les sénateurs souhaitent une constitutionnalisation de la “liberté“ d’avorter, moins contraignante. Ce débat surgit dans une société française qui, majoritairement, semble se résigner à un niveau inchangé au-delà de 200 000 avortements par an, là où nos voisins allemands, qui comptent 15 millions d’habitants de plus que nous, en comptent à peine la moitié. Une société qui considère que tout avortement est un “échec“ et s’apprête à constitutionnaliser un “drot à l’échec“. Tragique contre-sens que n’exige nullement le respect du à la liberté des femmes.
S’agissant de l’avortement, il m’est impossible, comme catholique, d’adhérer à l’enseignement officiel de mon Eglise affirmant que la personne humaine est constituée dès la rencontre du spermatozoïde et de l’ovule et donc que toute interruption du processus vital engagé serait, dès la première minute, un meurtre voire un assassinat. Ce n’est conforme à aucune tradition chrétienne antérieure au XIXe siècle et ne peut se réclamer d’aucun progrès récent des connaissances scientifiques concernant la vie intra utérine. Thomas d’Aquin s’inspirant d’Aristote admettait que l’âme humaine, caractéristique de la personne, se forme par étapes et donc que la vie « humanisée » ne coïncide pas avec le moment de la conception. Une humble acceptation de la complexité et donc du mystère, aujourd’hui gommée par idéologie. Pourtant, on ne sache pas que l’Eglise prévoit un enterrement religieux pour les embryons issus de fausse couche. Pourquoi une telle réserve, s’il s’agit réellement de personnes humaines ?
Ni assassinat ni acte chirurgical banal…
Il m’est tout aussi impossible, comme citoyen, d’adhérer au discours militant prédominant dans notre société affirmant que l’avortement ne serait qu’un acte médical sans portée morale. Difficile d’admettre que « le droit de la femme à disposer de son corps » qui, lui, devrait être inscrit dans la constitution s’il n’était déjà tacitement inclus dans la Déclaration universelle des droits humains, soit suffisant à justifier la libre disposition d’un corps singulier “autre“ comme nous l’enseigne la science biologique. Difficile de considérer, en pure raison philosophique, que le même “amas de cellules“ puisse ou non avoir une personnalité propre en fonction de l’existence ou de l’inexistence d’un projet parental. Difficile d’admettre que les soins médicaux dispensés à la femme enceinte ne la concernerait qu’elle seulement et pas l’embryon ou le foetus qu’elle porte. Une complexité de la vie gommée, ici aussi, par idéologie. Comme s’il fallait pour justifier au plan de l’éthique une légalisation de l’IVG, décréter la non-existence de l’être avant le jour de sa naissance. Face au mystère de la vie qui à ce jour encore est don, que ce soit de Dieu ou de la nature, ayons l’humilité d’accepter l’impossibilité de trancher sur le moment où s’opère l’humanité de l’être.
La France à contre courant de l’évolution de nombre de pays européens
Je suis personnellement favorable à la dépénalisation de l’avortement telle que formulée par la Loi de 1975. Et le grand mérite de Simone Veil fut précisément de prendre en compte la complexité de la question qui devait être accessible à tout citoyen de bonne foi, quelle que soit sa croyance. Il y avait là une invitation à la prudence dans toute adaptation ultérieure de la loi, démentie par les faits. J’entends des militantes féministes expliquer qu’en réalité cette loi ne fut jamais, à leurs yeux, qu’un compromis provisoire en vue de la victoire finale : le droit absolu, pour toute femme, d’avorter sans condition, limitation ni contrainte. Et qu’inscrire ce droit dans la Constitution aurait aux yeux du monde entier valeur de signe que la France des Droits de l’Homme n’est pas morte.
Ce débat refait surface dans une société Française résignée qui semble ne pas vouloir se demander pourquoi un pays comme l’Allemagne, qui compte quinze millions d’habitants de plus que l’hexagone, content le nombre d’IVG à moins de 100 000 par an contre plus du double pour la France, sans aucun infléchissement. depuis un demi-siècle malgré le développement de l’éducation sexuelle… Et cela dans un contexte européen où le recul du nombre d’IVG concerne aussi bien le Royaume Uni que l’Italie… Aurions-nous renoncé à toute prévention toujours au nom d’une même vision pervertie du respect de l’autonome individuelle ? L’action politique a-t-elle à ce point perdu toute ambition que nos présidents de la République successifs rêvent désormais de passer à la postérité au travers de simples lois sociétales ?
Si l’IVG est toujours un “échec“ , faut-il constitutionnaliser un “droit à l’échec “?
Je tiens pour ma part, avec d’autres, qu’une inscription du droit à l’avortement dans la Constitution ne répond à aucune urgence. Parce que ce droit n’est pas à ce jour mis en cause, même si l’accès à l’IVG reste parfois difficile, ce que cette inscription ne suffira pas à changer. Je tiens qu’une telle évolution de notre législation ne servirait à rien parce qu’un telle consécration constitutionnelle serait toujours susceptible de remise en question, certes selon un processus plus contraignant, si le peuple souverain en décidait ainsi. Mais plus encore parce que dans un pays qui se réclame des Lumières, il y a une totale contradiction à reconnaître en tout avortement un échec et dans le même temps à revendiquer la constitutionnalisation d’un “droit à l’échec.“ Alors que le souhait légitime des femmes est simplement de se voir garantir une liberté.
Ni adhésion, ni refus inconditionnels…
Je sais que ma position est, pour certains, irrecevable. Mais c’est ma position citoyenne. Mon propos sera critiqué, rejeté, enseveli aussi bien par mes frères et sœurs catholiques qui s’en tiennent à l’enseignement strict du Magistère que par mes compatriotes acquis à la “légitimité de principe“ de tout combat féministe. Front contre front . Certitude contre certitude. Vérité contre vérité. On m’accusera d’obscurantisme. Je tiens pour ma part – je l’ai souvent écrit – que le pire obscurantisme pour des humanistes est de congédier la raison qui nous demande d’être toujours en alerte et questionnement, au nom de la souveraineté de la délibération démocratique. Ni adhésion ou refus inconditionnels ne seront jamais mon combat ni ma « voie ». Plutôt dire et redire, en citoyen, mes convictions profondes puis, le cas échéant, m’engager avec d’autres dans l’accompagnement fraternel, iinconditionnel, de tout être confronté à la complexité de l’existence, quel que soit son choix.
Je suis tout à fait d’accord pour l’essentiel: la constitution est une loi fondamentale de la République Française qui n’a pas vocation à devenir le fourre-tout invraisemblable de toutes les applications possibles et imaginables des droits de l’homme. Stop à l’enflure de la Constitution !
Bravo pour le courage de traiter ce sujet. Les « théocrates », qui veulent imposer sur terre ce qu’ils pensent être le règne de Dieu, et leurs inverses, les « a-thées », au sens où l’être humain serait le maître absolu de sa destinée, se retrouvent étonnamment dans le refus de la liberté. Ce qu’ils pensent doit s’imposer sans contestation possible à tous. Or Dieu lui-même laisse chacun libre de ses choix, à charge de s’en expliquer avec lui lors du jugement final. La Constitution de la République n’a pas davantage le droit de s’imposer en matière de conscience. Ce n’est pas son domaine. Dans un pays comme le nôtre d’autant plus passionnel qu’un préjugé infondé et orgueilleux nous fait croire que nous sommes le peuple de la raison, le respect de la liberté n’a hélas guère de place. Je vais conclure sous forme de paradoxe abusivement iconoclaste : pourquoi, si l’avortement est un droit incontestable de la femme moderne et de la société, la mère de notre président n’a-t-elle pas été moderne ? Que nous le voulions ou non, si nous vivons, nous le devons à un moment d’égarement « réactionnaire » de notre mère ! Comme j’aime mes parents « réactionnaires », aujourd’hui décédés et dont le meilleur de l’éducation a été de nous transmettre l’amour de la liberté !
A Pierre Vignon
Ceux qui prônent le droit à l’IVG ne retrouvent pas les théocrates dans le refus de la liberté .
Dans une démocratie , un droit n’est pas une obligation , il crée un espace de liberté qui permet d’user de ce droit ou de ne pas en user . C’est seulement le fait de faire usage de ce droit qui crée des obligations notamment de responsabilité des conséquences pour autrui de son usage .
Quand bien même le droit à l’IVG serait inscrit dans la constitution , cela ne prive personne de sa liberté de ne pas exerce ce droit pour des raisons notamment morales qui ne relèvent que de sa conscience
Aussi mettre sur le m^me plan comme ennemis de la liberté les théocrates et ceux qui prétendent que l’homme peut entièrement déterminer sa vie ( je ne pense pas qu’il en existe ) constitue me semble t il une erreur d’appréciation sur la notion de « droit » en démocratie et sur la notion de liberté de conscience qui elle est garantie par notre constitution .
Enfin hormis pour les catholiques , le fait de concevoir un enfant n’est pas un acte « réactionnaire »accompli dans un moment d’égarement mais un acte de liberté consciente et responsable : « Un enfant si je veux quand je veux « était une formule célèbre du combat féministe . Elle n’a rien perdu de sa pertinence .
Je suis comme vous convaincue que la loi Weil est un bon compromis.
Une chose m’ennuie profondément dans les discours féministes pro liberté d’avorter c’est l’interdiction de questionner les raisons de l’avortement.
Or questionner ces raisons ça n’est pas comme le croient certaines dénier aux femmes la liberté de leur choix, mais chercher à corriger les facteurs extérieurs à elles qui les poussent éventuellement à ce choix.
Est-ce une pression familiale : le compagnon qui refuse l’enfant et la crainte d’être seule à l’élever avec ce que ça implique de pauvreté dans trop de cas ? Est-ce le compagnon qui est déjà parti ? Et dans ces cas que fait-on pour responsabiliser les hommes ?
Est-ce la jeunesse de la femme et l‘impact d’une grossesse sur le déroulé des études ? Que fait-on pour les étudiantes qui cumulent avec une vie de famille ? (J’occulte volontairement le cas des mineures qui pousse d’autres problèmes).
Est-ce le risque qu’un enfant soit une difficulté pour mener une carrière ? Que fait-on pour l’égalité professionnelle et casser les stéréotypes ?
Est-ce une maladie ou un handicap détecté pour le fœtus ? Comment améliorer notre société pour que les familles qui ont des enfants malades ou handicapés soient vraiment aidées tout au long de la vie ? Et plus largement comment notre société prend- elle soin des plus fragiles ?
Peut-être que si on acceptait de voir ces causes et de lutter contre elles, les femmes se sentiraient moins acculées à devoir avorter …
Toujours remonter à la Source du problème et le diagnostiquer!
L’avortement un échec? Oui le plus souvent et en précisant « pour qui? » les circonstances de l’échec s’il y a échec. Echec pour l’humanité privée d’un être en devenir, pour la femme/jeune-fille privée ou qui se prive ainsi que le père d’un être à aimer, mais aussi femme/jeune fille préservée dans son devenir (autres enfants ou stérilité?), sauvée parfois de la mort… Il n’y a pas d’absolu. Le cœur du pb est dans les circonstances de l’acte: fœtus fruit d’un viol, d’un accouplement sans amour, d’une négligence ou d’une défaillance contraceptive, d’une nécessité médicale, de pressions sociales… Pas simple et difficile d’être exhaustif.
« Droit à » ou « liberté de »? Vaste sujet! Si, au sens littéraire je partage pleinement la distinction de S. Veil et du Sénat je peine à faire en droit cette distinction , sans doute par manque de connaissances de base sur le droit… l’éclairage de Guy Legrand serait utile. Cette distinction est bien essentielle quand, en général, « droit à » est compris au 1er degré -permissif- ce qui anesthésie la conscience, empêchant ainsi l’introspection qui libère.
Loi ou Constitution? Mettre cette liberté dans la constitution serait priver le parlement de son rôle de législateur et considérer que cette liberté ne peut être modifiée que par le peuple, cela parait cohérent seulement s’il s’agit de la « liberté de ».
Sur l’Allemagne, comparaison est-elle raison?
Sans entrer dans les détails, l’avortement jusqu’à 12 semaines y est très encadré -régime de liberté surveillée-. Depuis l’été 2002, les médecins peuvent faire savoir qu’ils ne refusent pas de pratiquer l’IVG (abrogation d’un article du code pénal hitlérien). Le dernier rapport de l’institut européen de bioéthique (janvier 2019) montre à quel point les statistiques sont à manier avec des pincettes, surtout s’agissant de comparaisons entre Etats.
D’un autre côté, l’Allemagne libérale est connue en UE pour son tourisme sexuel (Le Point d’avril 2019 a titré « Allemagne, le plus grand bordel d’Europe »), et comme plaque tournante européenne de la traite de femmes et mineures vouées à la prostitution (https://fondationscelles.org/pdf/RM4/Allemagne_fr.pdf)! Malgré le fossé qui sépare encore le modèle juridique abolitionniste avec pénalisation du client et le modèle de libre entreprise, l’harmonisation progresse en UE depuis 2019 vers la pénalisation du client. La France et ses associations laïques d’inspiration chrétiennes (Le Nid, Fondation Scelles) peuvent en être fière.
Certes la traite d’êtres humains n’est pas tout à fait le sujet, mais, en bioéthique tout se tient, et le choix le plus délicat est entre transparence et hypocrisie, entre reconnaissance ou négation de la réalité complexe des situations humaines.
2019, au sein de l’UE le taux de natalité le plus élevé est en France 1.86, pour une moyenne UE de 1.53 et l’Allemagne 1.54. Pour Gilles Pison (Ined), mis à part les pays ex soviétiques, le bas niveau structurel du taux de fécondité par pays tient en partie aux politiques visant à concilier maternité et emploi.
Vous écrivez : « Pourtant, on ne sache pas que l’Eglise prévoit un enterrement religieux pour les embryons issus de fausse couche. Pourquoi une telle réserve, s’il s’agit réellement de personnes humaines ? »
A mon avis, la réponse est très simple : l’Eglise prévoit un enterrement religieux pour les baptisés et non pour toutes les personnes humaines. Les enfants avortés n’étant pas baptisés, l’Eglise les considère comme des personnes humaines non catholiques.
Vous faites un terrible amalgame entre fausse-couche et avortement.
Par ailleurs la position de l’Eglise est réellement ambiguë et sans fondement biblique sur la justification de ne pas enterrer un enfant non-baptisé qui plus est un fœtus
Vous êtes aussi dans la confusion sémantique :
– une fausse-couche est un avortement spontané
– une IVG est un avortement provoqué
Après, il y a différents stades de développement entre l’embryon, le foetus et le nourrisson.
Les fausses-couches n’ont pas tout à fait le même impact émotionnel selon le moment de la grossesse où elles surviennent.
Il y a même des fausses-couches très précoces qui passent inaperçues.
On peut discuter de la notion de « personne humaine » aux premiers stades du développement embryonnaire comme le fait René, c’est une notion davantage philosophique impliquant une vie relationnelle, en revanche il est bien certain qu’il y a dès la conception un début de « vie humaine » qui deviendra un homme ou une femme s’il ne s’interrompt pas ou si on ne l’interrompt pas !
Définition d’avorter dans le dictionnaire de l’Académie française : « Chez la femme, expulser un fœtus avant qu’il soit viable. Avorter volontairement. Avorter accidentellement. Elle a avorté à la suite d’une chute. Dans un cas accidentel, on dit plutôt Faire une fausse couche. » (plutôt ne signifie pas obligatoirement).
Définition d’avorter dans le Petit Robert : Accoucher avant terme d’un fœtus ou d’un enfant mort (naturellement ou par intervention).
Donc je précise ce que j’ai écrit : Les enfants avortés, c’est-à-dire accouchés avant terme naturellement ou par intervention, n’étant pas baptisés, l’Eglise les considère comme des personnes humaines non catholiques.
Ce qui, à mon avis, n’interdit pas de demander à l’Eglise, la célébration d’une messe pour le repos de l’âme du bébé.
Mais vous avez raison, je fais un terrible amalgame entre interruption volontaire et involontaire de grossesse car je considère qu’il s’agit dans les deux cas, d’un très grand malheur.
A Geneviève
Oui le baptême du bébé était considere comme essentiel .Lorsque l’accouchement se présentait mal et que vie de l’enfant était compromise , on pratiquait parfois le baptême in utero . Un ami dominicain m’a raconté avoir été convoqué d’urgence pour accomplir ce rite et que pendant qu’il baptisait à l’aide d’une canule la religieuse à côté de la femme sur le point d’accoucher priait pour que l’eau baptismale tombe bien sur la tête du bébé et non sur une autre partie de son corps .De l’importance e du rite ….
Une compréhension du Droit qui habilite (autorise, droits) et qui contraint (interdit, devoirs)
fait de la Liberté, le vis-à-vis du Droit (voir les Lois de décentralisation qui sont relatives
aux droits et aux libertés des Communes, des Départements et des Régions).
Une mauvaise réponse à une bonne question .
Je partage globalement le point de vue de René à deus nuances près
Les points d’accord .
– Oui L’IVG comme tout acte humain a une dimension morale et le fait qu’il mobilise une technique médicale n’en soustrait aucunement la dimension morale .
– Oui l’IVG est un échec qu’il faut le nommer comme tel . (échec de la contraception , échec d’une relation amoureuse , rapport sexuel sans consentement ….)
– La constitution est un texte à portée générale sur nos valeurs communes . C’est un cadre global et une question particulière n’a pas à figurer dans la constitution . La légalisation de l’IVG relève du niveau de la loi .
– le problème est qu’aujourd’hui l’IVG relève d’une liberté formelle et non d’une liberté réelle pour reprendre une grille de lecture marxiste . les femmes ne peuvent trop souvent recourir à l’IVG dans les délais légaux ce qui effectivement prive la loi permettant l’IVG d’une portée concrète .
Mais ce n’est pas en inscrivant ce droit dans la constitution que cela changera quoi que ce soit à la possibilité de recourir à l’IVG.
Les nuances
1)- La loi Veil légalise le recours à l’IVG . Dans un état de droit , ce qui est légal constitue un droit . Il existe donc dans notre pays un droit à l’IVG qui rencontre de nombreux obstacles pour être mis en oeuvre .
2)- Dans un république laïque droit et morale ne sont pas confondus . Le fait que l’IVG soit un droit ne signifie pas qu’il faille se dispenser de la question morale que le fait d’y recourir pose toujours .
De plus le fait que ce soit un droit et qu’on puisse l’exercer ne change rien au fait que l’IVG est toujours factuelement le signe d’un échec . Il n’est donc pas incohérent de revendiquer la consécration d’un espace de liberté quand bien même le fait de l’exercer est la conséquence d’un échec .
Le fait de vouloir inscrire le droit à l’IVG dans la constitution est une réponse démagogique sans portée pratique . La question réside plus dans le fait qu’il est très difficile pour une femme qui a fait ce choix de pouvoir recourir à l’IVG dans les délais légaux parce que les centres ou l’on pratique l’IVG n’ont ni le personnel ni les moyens de répondre à une demande pourtant légale ..
René, ne vous faites pas avoir par la stratégie sournoise d’un président qui propose une chose qui est concrètement impossible de mettre en œuvre effectivement. Stratégie pour dévier le regard ailleurs que sur les vrais problèmes.
Hélas, cher René, vous tombez dans le piège à pieds joints !
Depuis ce week-end la perspective de troisième guerre mondiale a fait un grand bond en avant. Vous vous en êtes rendu compte, très certainement ?
Alors, l’avortement dans la constitution : question remise dans le tiroir pour bien longtemps. Encore un tour de passe-passe macronien ! Cet homme est un super magicien !
Parce que les VRAIS problèmes de l’humanité concernent les conditions de sa survie. Je veux dire y a-t-il encore une possibilité pour l’homme de vivre « humainement » ?
Nous attendons les réponses circonstanciées des intelligences artificielles.
Article 1 de la loi Veil du 17 janvier 1975 (pour mémoire) :
« La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu’en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi. »
Merci pour votre réflexion qui donne à penser, et à réagir.
St Thomas d’Aquin réagissait et pensait avec ce que les sciences de son époque pouvaient affirmer. Est-ce pertinent de se mettre sous son patronage pour des appréciations relevant de la science.
Par contre ce que j’ai appris de lui : on ne peut devenir que ce que l’on est, ne serait-ce qu’en puissance. Pour moi, si l’on devient homme ou femme, c’est que dès le début, il y a tout ce qu’il faut pour qu’on le devienne.
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Oui, on peut discuter de la notion de « personne humaine » aux premiers stades du développement embryonnaire comme le fait René, en revanche il est bien certain qu’il y a dès la conception un début de vie humaine qui deviendra un homme ou une femme si on ne l’interrompt pas !
En effet, et sans oublier que Thomas d’A consista, quelques mois avant sa mort et ayant pris conscience du sens des évangiles, a considéré tous ses écrits pour de la paille. Cette « pilule », quel thomiste savant accepte de l’avaler? L’Institution a fait de Thomas, tardivement, un Père de l’Eglise pour que cela soit oublié.
Je me sens proche de la pointe de l’article sur l’aberration de constitutionnaliser le droit à l’avortement. En revanche je suis perplexe devant votre 1ere partie. Depuis quand l’Église fête-t-elle l’Annonciation 9 mois avant Noël ? Je ne sais pas au juste mais en tout cas bien avant St Thomas d’Aquin et c’est bien l’incarnation du Verbe qui est fêté le 25 mars. Et quel sens aurait la Visitation si Marie ne portait en elle le Fils de Dieu? D’ailleurs le récit de Luc met dans la bouche d’Élisabeth l’expression « la mère de mon Seigneur ». Et ne ressentez-vous pas, cher René, une joie profonde au moment de ces fêtes de l’Annonciation et de la Visitation? Elles nous transportent bien loin de toute idéologie dans la fraîcheur d’un univers promis à la libération de tout mal, un univers préparé par l’élection d’Israël et la simplicité de tous les pauvres de la première Alliance.
Et puis concernant les obsèques d’embryon, c’est une pratique qui se développe et, sauf erreur de ma part, c’est depuis peu que l’Église prévoit des obsèques pour les enfants morts sans baptême, depuis quelques dizaines d’années seulement.
Non, je trouve votre argumentation légère dans votre première partie.
Par rapport au cœur du sujet, où je vois rejoins, il me semble qu’il y a des objections plus fondamentales à cette constitutionnalisation. Ne serait-ce pas aller vers la reconnaissance d’une « appartenance » exclusive de l’enfant à sa mère ? vers la négation du rôle primordial (mais non exclusif) de l’union de l’homme et de la femme dans la constitution de la société ? vers l’inscription dans la constitution qui pose le cadre du vivre-ensemble d’un principe niant la valeur du consentement du père à donner la vie ?
La culture mortifère se développe pour les deux âges de la vie, aux deux extrémités :
la conception, avec l’IVG et la fin de vie avec l’euthanasie.
Une société qui doute d’elle-même …
A Georges
Une société qui ne laisse pas de place au doute d’elle même est une société totalitaire. Est ce vraiment cela qu’il faut nous souhaiter?
Le débat sur l’inscription de l’avortement dans la constitution est surtout un débat sur les mérites symboliques que la république souhaite ou non acquérir.
Mais au delà des arguments constamment échangés sur ce sujet, quelques points pratiques.
– Refuser l’avortement suppose des engagements de charité pratique.
– Cette charité pratique peut être personnelle, autour de soi, mais elle doit aussi être collective.
Cela engage en particulier l’organisation des milieux de vie scolaire. La scolarité a été fortement allongée depuis 1975 et personne n’a pris en considération que des femmes pourraient désirer avoir des enfants pendant le temps de leurs études et que si elles étaient assez mûres pour voter elles pourraient l’être aussi pour enfanter avant la fin de leur MBA. Mais qui a pensé à des crêches à l’université et des modes de garde adaptés à des mères classes prépa ?
Où sont aussi les réseaux de solidarité de proximité qui permettraient de dispenser des conseils et des accompagnements ponctuels pour de jeunes mères.
– La responsabilité des géniteurs n’est pas non plus envisagée, ce qui a donné une considérable liberté aux hommes dans le domaine de la liberté sexuelle, alors que la responsabilité retombe sur les femmes si un enfant paraît (souvent dans les quelques interstices de la contraception).
– La question pose ainsi les conditions de la liberté. L’autonomie théorique est une chose, sa réalisation pratique s’accompagne de conditions pratiques qui pèsent en particulier sur les femmes pauvres.
– D’autre part on ne parle pas tellement des conséquences psychologiques de l’avortement sur les femmes, y compris en termes de surmortalité par suicide. La loi française a même déployé beaucoup d’efforts pour faire censurer les sites internet qui permettaient aux femmes de se plaindre des conséquences de leurs avortements ou des pressions qu’elles subissent.
– Et les personnes dont la vie a été mise en question n’ont pas du tout le droit de se plaindre elles non plus.
– Et enfin, le tabou suprême à ce sujet c’est celui de dire que Jésus a pardonné à Pilate, à Judas, à ceux de son peuple qui ont demandé sa mort, à ses bourreaux etc etc et qu’il peut donc offrir son pardon complet et total aux femmes qui ont vécu un avortement. Il est venu pour cela. Pour guérir ce genre de blessures et pour les laver dans son propre sang versé et donné. Et l’Eglise, avec toutes ses faiblesses et ses imperfections, porte en elle même les moyens de réaliser ce pardon, en traversant le voile de la reconnaissance du mal, pour découvrir que tout mal peut guéri et dépassé … en Lui.
Mon cher René,
Sur l’avortement, je me sens très proche de toi. Je suis surpris que tu te sentes si seul ! Il y a quand même beaucoup de cathos qui étaient favorables à la dépénalisation de l’avortement tout en reconnaissant que c’est toujours un mal – même si ça peut être un moindre mal. Pour les raisons que tu dis bien. Par contre, je ne comprends pas ton titre. Si j’ai bien compris, sur la question de la constitutionalisation, tu es sur la ligne majoritaire au Sénat qui préfère parler de liberté plutôt que de droit. Moi aussi.
Mais ta condamnation d’un « droit à l’échec » me gêne. Je me souviens de cette militante chrétienne qui est au PCF et qui, en réunion de section, a fait admettre qu’on ne pouvait pas parler de droit à l’avortement comme du droit au logement ou à la santé ! Je le pense comme elle. Mais si on parle de « droit à l’échec », on évoque justement un autre type de droit.. Il faut sans doute l’appeler autrement. Je pense au divorce. Il a été intégré à la loi sans qu’on parle, à ma connaissance, d’un droit au divorce. Or, la reconnaissance légale du divorce est bien un droit à l’échec. Je peste justement contre notre Eglise qui ne sait pas gérer l’échec de ses membres (qu’il s’agisse des divorcés ou des consacrés qui quittent le ministère ou la vie religieuse). Elle ne cesse de nous faire reconnaitre pécheurs, mais elle exige que nous soyons parfaits ! Le droit à l’échec, c’est le droit d’être faillible ! Et l’être humain est foncièrement quelqu’un de faillible. Je suis reconnaissant à la loi française d’être humaine et j’aimerais bien que le droit canon le soit aussi. Quant au fait de mettre ce droit à l’échec dans la Constitution, je pense comme toi qu’il n’y a pas sa place (pas plus que le divorce qui n’y est pas inscrit, je pense), mais franchement, je pense qu’il y a des combats plus importants, comme celui de réfléchir à la suppression de l’élection du Président au suffrage universel, qui est la plaie de notre démocratie.
Sauf que personne n’a songé à vouloir « constitutionnaliser » le droit au divorce… or c’est là le cœur de mon propos.
Merci à tous deux, on est là au cœur du sujet.
Sur l’IVG, la société (gouvernants, associations, culture) avec et malgré des moyens limités, avec aussi plus ou moins de « bonheur », s’efforce d’accompagner les humains de la conception à la mort. Elle contribue ainsi à ce que les vœux individuels orientés vers la vie puissent devenir réalité.
Dire que le droit au divorce est arrivé sans qu’on en parle est erroné. La faculté de divorcer date de 1792, l’interdiction va de 1816 à 1884 puis, petit à petit, la porte s’est entre ouverte jusqu’à la loi Veil, mais alors, la cause était entendue après les débats incessants du 19ème siècle à la fin de la guerre mondiale (abrogation en 1945 d’une loi de Vichy). Aujourd’hui, sa remise en cause n’est envisagée nulle part, contrairement à l’IVG. Le mariage, c’est chaque jour qu’il peut être, en droit, rompu (ni le juge ni l’autre conjoint ne pouvant s’y opposer). C’est donc chaque jour qu’il est renouvelé tant qu’il dure. Il semble fini fini le temps de l’engagement à vie*.
Est-ce faiblesse ou force? est-ce orgueil collectif que se croire capable de renouveler chaque jour ou est-ce un passage (pascal) vers une autre civilisation?
* « Chaque époux devra non seulement pouvoir demander le divorce, il devra également être en mesure de l’obtenir…. Personne ne doit pouvoir s’y opposer : ni le conjoint, ni même le juge… ce qu’a déjà précisé à mots plus ou moins couverts la Cour européenne des droits de l’Homme dans son arrêt Ivanov et Petrova c/ Bulgarie rendue le 14 juin 2011. » Paragraphe 20 de « L’incontournable droit au divorce », 29/12/2017, Patrice Hilt: https://www.actu-juridique.fr/civil/lincontournable-droit-au-divorce/)
« C’est le libéralisme, transformant la vie en matière consommable, qui a changé les mœurs » (https://agauche.org/tag/avortement/) ainsi la loi Veil qui ne faisait pas de l’IVG un droit mais une réponse à des situations de détresse -motif qui sera supprimé sans débat en 2014 par les parlementaires- a évolué avec le temps pour s’affirmer en droit : le mot détresse qui figurait en toutes lettres dans la loi faisait bien de l’IVG un “ultime recours”, il ne s’agissait donc pas de sanctuariser le droit des femmes à disposer de leur corps « . Faire fi de cela alors que le taux d’avortement reste anormalement élevé en France n’est-il pas fort grave ? A moins que l’on considère que seul compte « son propre choix, sa propre individualité » ? Cette question essentielle devrait se poser aux hommes politiques qui souhaitent constitutionnaliser un droit à l’avortement. Après la lecture de tous les articles du site « agauche » sur ce thème, j’ai envie d’ajouter qu’il « n’y a pas que les fanatiques religieux » (dixit) pour s’interroger sur une pratique de l’avortement banalisée qui nie tout questionnement sur son rapport à la vie et à la nature alors que nous vivons dans une société où l’écologie a le vent en poupe.
Très juste, et on ferait bien de s’en souvenir avant de légaliser l’euthanasie… avant d’en faire un « droit » et de vouloir le constitutionnaliser demain !
Oui, question notable que celle du mot « détresse » (et « nécessité »). 1975 confirmé 5 ans après par la loi Pelletier par des votes furent nets (59 et 57%).
S. Veil a agi à la demande du Pt Giscard, la volonté politique d’aboutir est indiscutable. Il est donc clair que ces mots, une ruse, ont été nécessaire pour obtenir le vote d’une loi souhaitée par une société un peu moins patriarcale que ses représentants.
La jurisprudence n’a pas attendu 2014 pour confirmer la ruse. Un an après la loi Pelletier l’arrêt du Conseil d’État (Lahache) a écarté « détresse » et nécessité » en se référant à la loi ET aux travaux préparatoire (le législateur aussi a rusé) estimant que toute femme majeure est en droit d’apprécier elle-même si sa situation justifie l’interruption de sa grossesse, y compris le cas échéant sans en prévenir son mari. On ne saurait être plus clair.
On peut dire qu’il y a hypocrisie. Mais qui -de la société, de ses représentants qui ont voté en sachant que ces mots étaient de la paille, de ceux qui s’opposent à une loi qui ne contraint pas- n’a pas sa part à l’hypocrisie?
A Michel , Sophia , Jean Pierre
Il me semble que pour envisager la question du « droit » à l’IVG il faut prendre en considération trois notions différentes qu’il faut d’abord distinguer avant d’en envisager l’articulation : le droit individuel , les obligations envers la société et la morale .
– Nous vivons dans une société ou la liberté de conscience et son expression sont reconnues . Nous bénéficions donc de la faculté de nous comporter librement dans le cadre légal . Dans la mesure ou le cadre légal permet de recourir à l’IVG , il s’agit donc sans conteste d’un droit . Droit que nous sommes libres d’exercer ou pas . .
-Mais ces droits individuels ne sont pas sans limites et nous avons des obligations envers la société qui a aussi la légitimité pour encadrer nos droits personnels comme le rappelait JM Sauvé dans une récente tribune dans « Le Monde » . La société peut donc définir les conditions dans lesquelles nous pouvons exercer ce droit ( délai maximal , détresse psychologique , physique , etc …) et donc en circonscrire les modalités de son exercice . La société est légitime pour limiter les droits individuels . Elle n’a pas seulement pour mission de les garantir . .
Il s’agit donc de trouver le juste équilibre entre la norme collective qui permet la vie commune et la liberté individuelle . Cet équilibre est toujours instable et donc toujours à rechercher . il n’aura échappé personne que nos mentalités actuelles survalorisent les droits individuels et minorent les droits de la société sans lesquels pourtant il n’y a pas de vie commune apaisée possible .
En ce qui concerne la morale elle a une dimension individuelle mais aussi collective .
Au plan individuel , le droit à l’IVG crée un espace du possible légal dans lequel chacun peur se situer en fonction de ses valeurs morales .
Au plan collectif , la société a aussi le droit de définir un « bien commun » . En démocratie laïque , ce bien commun est particulièrement difficile à formaliser puisqu’il se doit d’être indépendant des idéaux religieux . Mais « cette volonté qui se détermine à partir d’un absolu défini hors de soi même » pour reprendre les mots d’Heidegger est très difficile à concevoir et à exprimer s’agissant du corps social . C’est sans doute le talon d’Achille des démocraties laïques : sur quoi fonder cet absolu hormis sur les droits de la personne humaine qui sont eux aussi difficiles à décliner concrètement ?
C’est pourquoi il me semble préférable de réfléchir sur la notion de » bien commun » susceptible de circonscrire nos droits personnels que de s’enfermer dans le fait de savoir si le droit à l’IVG est ou non un droit .
Dans d’autres domaines comme la solidarité , la dignité des conditions de vie, la condition des handicapés etc nous parvenons collectivement à mener ce travail . et à progresser ., non sans mal certes . Il est temps de travailler à construire un consensus sur le statut du foetus , être humain en devenir . Statut évolutif en fonction de son stade de développement et qui doit déterminer tant les droits de la personne individuelle que ceux de la société quant à son devenir avant la naissance .
Mais l’exercice du politique au sens premier de ce terme est toujours un travail et un effort permanent dont nul ne peut se dispenser .
Avant de s’affronter dans l’incantation de nos différents principes moraux ( droits de l’enfant à naitre versus droit de la femme à procréer ) peut être faut il travailler à être de véritables citoyens libres , responsables et soucieux du bien commun . Aux antipodes des libéraux qui considèrent l’humain comme un matériau biologique comme des obscurantistes qui sacralisent des principes généraux simplistes pour ne pas se confronter à la complexité du réel .
Ce type de réflexion sur la citoyenneté n’est pas aujourd’hui un « sport de masse » , mais le devoir moral d’une démocratie est qu’il le devienne .
Merci Guy, tes commentaires sont toujours intéressants, même si nous ne sommes pas toujours d’accord, et je crois que la notion de « bien commun » peut nous réunir.
On peut dire que la « liberté de » (bien commun d’ordre général) a sa place dans la constitution et que le « droit à » (précis) relève de la loi ordinaire. Comme la « liberté de » est dans la constitution, la société ne peut « modifier » la situation actuelle que par la loi. N’oublions pas que puisqu’il y eut ruse en 1975 et 1979 (dévoilée par le Conseil d’Etat en 1980, il se peut qu’il y en ait une aujourd’hui aussi.
Je doute qu’il soit possible de rassembler une société sans ruse. Reste à savoir quel « esprit » anime la ruse: intérêt général ou partisan? En 1975-1980 l’intérêt général a prévalu et la ruse, coproduite par le Pt, sa Ministre et les parlementaires, a permis de « faire passer la pilule » auprès de la fraction minoritaire de leur électorat opposée à cette loi.
A Michel
Merci de poursuivre ce dialogue exigeant et respectueux entre nous .
En ce qui concerne la gouvernance de l’église , puis je te suggérer l’intervention que j’ai faite aux assises de la CCBF ce week end . Elle est plus complète que ce que je peux exprimer sur ce blog .
elle est visible sur le site : la voix des baptisés you tube .
Nous avons eu aussi une rencontre très chaleureuse et constructive avec l’archevêque de Poitiers Pascal Wintzer qui est venu discuter de son petit ouvrage « Abus sexuels dans l’église catholique , des scandales aux reformes » qui nous a permis d’évoquer la part de la gouvernance dans l’église pour prévenir et condamner ces abus .