Petite méditation vagabonde à l’approche de la “Grande semaine“
(Ce texte a été repris et partagé par le p. Jean-Pierre Roche dans sa lettre Notre pain quotidien du 23 mars, et par Christian Terras en ouverture de Golias Hebdo du 28 mars. Qu’ils en soient remerciés.)
Avec le début du Carême sont apparues, sur le site de nombreux diocèses de France, les photos de l’appel décisif de catéchumènes adultes qui seront baptisés dans la nuit de Pâques. Beau symbole d’un passage vers la vie. Ils sont, nous disent les chiffres, bien plus nombreux que les années précédentes qui enregistraient déjà une belle progression. Comment ne pas s’en réjouir, sincèrement ? Beaucoup veulent y voir un « signe d’espérance » trop longtemps attendu : celui d’un nouveau « nouveau Printemps » pour l’Eglise. Au risque, à la veille de la Semaine sainte, de se projeter directement dans l’Exultet pascal consolateur en imaginant faire l’économie de la Croix et du vide du Samedi saint. Comme si l’une et l’autre expériences n’étaient pas, pour l’Eglise comme pour chacun, des étapes incontournables à assumer dans la confiance ! Sauf à mythifier une sorte d’éternel retour consolateur plus proche du paganisme que de la marche au désert à la rencontre de “Celui qui vient“.
Dès lors, comment échapper au risque de se projeter trop vite dans un post-pascal rassurant, en imaginant pouvoir faire l’économie de la plongée dans le mystère de l’humaine condition ?
J’aimerais que, le dimanche des Rameaux, nous prenions la mesure de notre enthousiasme à acclamer Jésus précédant l’heure du reniement qui, alternativement, jalonnent toute vie croyante. J’aimerais que les entrées triomphales « monté sur une ânesse » qui peuvent marquer certaines de nos vies de fidèles, prêtres ou princes de l’Eglise… aient toujours pour horizon l’inéluctabilité de la croix. César lui-même, à l’heure du Triomphe sur la via sacra, entendait un esclave lui rappeler au creux de l’oreille : « Memento mori » souviens-toi que tu n’es qu’un homme et que tu vas mourir. Sauf que pour le chrétien l’annonce de la mort est aussi promesse de résurrection.
J’aimerais, le Jeudi saint, que nous gardions à l’esprit ce lavement des pieds qui, dans l’Evangile de Jean, est l’unique récit de la Cène. Voilà un geste où les premiers chrétiens voyaient le « sacrement du frère ». J’aimerais qu’on se souvienne qu’à l’auberge d’Emmaüs c’est à la fraction du pain rapportée par Matthieu, Marc et Luc que les disciples Le reconnurent. Il était là bien présent parmi eux qui avaient le « cœur brûlant » d’une même déploration désespérée de sa mort. Et cela suffit à en faire, pour toute leur vie, les porteurs d’une Bonne nouvelle à partager « en mémoire de Lui ».
J’aimerais qu’au jour du Vendredi saint, l’Eglise fasse aussi mémoire de tous les innocents crucifiés par elle au cours de l’Histoire et accepte l’épreuve et l’humiliation de la mort sociale que cela entraine. J’aimerais qu’on n’oublie pas qu’il est des Eglises et des humains, de par le monde, qui vivent en ce moment l’agonie de la Croix. J’aimerais que l’on retienne que c’est au brigand qui lui demande de se « souvenir de lui » quand il sera en son Royaume – et à lui seul – que Jésus promet son entrée, le soir-même, en Paradis, Alors même qu’au pied de la croix souffrent en silence ceux et celles qui l’ont le plus aimé : Marie sa mère, d’autres femmes venues à Jérusalem et “le disciple qu’il aimait“, seul rescapé de la grande débandade, toujours vivace, des apôtres apeurés.
J’aimerais qu’on n’escamote pas trop vite le vide du Samedi saint, au motif qu’on connait la fin de l’Histoire et que, Dieu merci, elle est heureuse. Qu’on se laisse envahir, pour une fois, par la totale vacuité de ces vingt-quatre heures à l’image de tant de nos vies individuelles ou collectives. Que nous imaginions cette descente de Jésus aux Enfers, Royaume des morts privé de toute vision de Dieu. Et que nous réalisions qu’il est des pays en guerre où des centaines de milliers de morts-vivants connaissent la désespérante réalité des enfers. J’aimerais que nous nous laissions précisément interroger par cette vision nouvelle de l’Enfer chrétien – au singulier – non comme lieu de châtiments éternels mais absence de Dieu pour celles et ceux qui en auraient librement fait le choix. Une manière d’opposer à l’affirmation sartrienne « l’enfer c’est les autres » l’alternative d’un enfer perçu comme absence de l’Autre : Dieu lui-même, qui ne peut être perçu comme souffrance indicible que pour ceux qui ont soif de Lui.
J’aimerais qu’au jour de Pâques nous sachions nous émerveiller, plus qu’en tout autre jour de l’année, de la lumière qui succède aux ténèbres. Que nous puissions y voir la préfiguration d’une éternelle clarté. J’aimerais que les baptêmes de la nuit de Pâques nous donnent foi en la résurrection de nos propres communautés. J’aimerais qu’un au moins parmi nos évêques ait l’audace, en sa cathédrale, de confier à une femme, nouvelle Marie-Madeleine, le soin d’annoncer la Résurrection de Jésus ; qu’à l’image de ce qui se vit au chevet de l’abbatiale de Sylvanès, en Aveyron, nous ayons goût à aller dans nos cimetières annoncer aux morts qu’ils sont « inscrits au grand livre de la Vie ».
J’aimerais qu’au delà du mal qui nous accable et que nous devons assumer en vérité, nous sachions retrouver des « gueules de ressuscités » dont l’absence, nous disait Nietzsche, l’empêchait de croire en Dieu et sans doute nos contemporains avec lui. Et j’aimerais que tout cela puisse se vivre, pour chacune, chacun de nous, à travers ses mots et sa sensibilité propres, dans la grande liberté des enfants de Dieu.
Merci René pour cette belle méditation … ou ce beau rêve ? Qui nous invite à nous bouger !!
« Parole enfouie
Là où nous sommes !
Béni sois-tu savoir semé
Dans l’univers à consacrer
Des mots qui parlent aujourd’hui
Et nous façonnent ! »
« La joie de Dieu ne passe pas
Qui change tout en espérance,
Depuis que l’homme sur la croix
remit au Père sa confiance
Jamais ne manquent les témoins
De cette joie au long des siècles,
Et quand l’Église se souvient
A l’horizon d’autres se lèvent.
Un seul message de bonheur,
Que tant de vies nous manifestent !
Un seul visage, un seul Seigneur,
Et tant de saints qui le reflètent ! »
Merci René pour ces mots qui aident à ne pas ronronner !!!!
Merci René pour cette belle méditation !
J’étais comme vous, j’avais envie d’écrire un article sur cette semaine sainte. Aussi, après avoir prié et cherché, voici mon article « l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem » que vous trouverez sur mon site nouvellement créé « https://lajoieretrouvee.wixsite.com/auteure »
Bonne lecture..
Bonne Semaine Sainte à tous et à toutes.
Béatrice Hémery, autrice de sept livres
En écho un texte publié à l’instant qui reprend votre message que j’apprécie : Au delà des sacrifices ?
Il y a plusieurs lectures possibles de la lettre aux Hébreux et notamment de son chapitre 10, qui en constitue le cœur et le sommet.
Il semble que c’est la notion même de sacrifice qu’il nous faut travailler encore et encore jusqu’à comprendre l’enjeu trinitaire qui se cache derrière le mot jusqu’à en découvrir le sens véritable et profond. Relisons d’abord ce fameux chapitre 10 que nous donne à manduquer l’#Office_des_lectures :
« Frères : 01 La loi de Moïse ne présente que l’ébauche des biens à venir, et non pas l’expression même des réalités. Elle n’est donc jamais capable, par ses sacrifices qui sont toujours les mêmes, offerts indéfiniment chaque année, de mener à la perfection ceux qui viennent y prendre part. 02 Si ce culte les avait purifiés une fois pour toutes, ils n’auraient plus aucun péché sur la conscience et, dans ce cas, n’aurait-on pas cessé d’offrir les sacrifices ? 03 Mais ceux-ci, au contraire, comportent chaque année un rappel des péchés. 04 Il est impossible, en effet, que du sang de taureaux et de boucs enlève les péchés. 05 Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. 06 Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; 07 alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. 08 Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni agréé les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les sacrifices pour le péché, ceux que la Loi prescrit d’offrir. 09 Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime le premier état de choses pour établir le second. 10 Et c’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. 11 Tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés. 12 Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. 13 Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. 14 Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. 15 L’Esprit Saint, lui aussi, nous l’atteste dans l’Écriture, car, après avoir dit : 16 Voici quelle sera l’Alliance que j’établirai avec eux quand ces jours-là seront passés, le Seigneur dit : Quand je leur donnerai mes lois, je les inscrirai sur leurs cœurs et dans leur pensée. 17 et je ne me rappellerai plus leurs péchés ni leurs fautes. 18 Or, quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour le péché. » (He 10, 1-18)
L’erreur reprise par les disciples d’Anselme mais qui datait déjà d’Hipolyte de Rome a été de considérer qu’il fallait reproduire à nouveau le sacrifice que dénonce pourtant l’auteur, probablement en considérant que ce sacrifice était une volonté purement divine, une sorte de rançon rituelle payée à Dieu. Mais quel idée de Dieu véhicule t-elle ?
Non, la volonté de Dieu n’est pas l’offrande d’un Fils, mais l’amour. L’amour porté jusqu’au bout, vécu dans son paroxysme jusqu’à en supporter les conséquences : une violence qui se déchaîne, s’acharne face à un homme qui vient casser les lois, les règles stériles, les projections humaines.
« Pour établir nos propres droits à l’intransigeance, pour assurer notre droit de propriété sur la vérité avec tous les privilèges avantageux qui en découlent pour nous, nous avons fait de l’intransigeance une propriété essentielle de la vérité. Par anticipation, nous avons prêté à la vérité elle-même notre propre tempérament et nos propres instincts. » suggère François Cassingena-Trévedy. Que veut-il dire ? La loi de Moïse venait elle vraiment de Dieu où d’un désir de puissance, un ordre établi pour ordonner le monde selon une vérité toute humaine. C’est ce rigorisme extérieur que dénonce Jésus et que l’on a pourtant peut-être reproduit dans une morale chrétienne également très cléricale. « Concevoir, promouvoir enfin une vérité à laquelle ne s’attacheraient point la consistance ni les virtualités meurtrières du fer: voilà la conversion intellectuelle et spirituelle qui nous attend » poursuit l’auteur(1).
La seule morale du Christ c’est l’amour, celui qui ne condamne personne, mais se penche 70×7 fois vers l’homme, crois même dans la conversion inouïe de Judas, jusqu’au bout, en s’agenouillant devant lui et lui lavant les pieds, conscient à la fois que le geste est vain puisqu’il n’empêchera pas sa mort, mais qu’il est signe pour Pierre et pour tous les Pierre que nous sommes que l’amour est là.
C’est là, l’unique « sacrifice » du Christ, aimer, encore, toujours, sans violence, sans l’épée de Pierre dans un jusqu’au bout qui jusqu’à se retrouver dans la solitude extrême d’une agonie où les veilleurs s’endorment, les amis fuient et renient. Telle est la volonté trinitaire du Père – qui souffre de voir son Fils abandonné mais se tait, parce qu’il a conscience que le Fils délivre enfin le message qu’il cherche à faire passer depuis toute éternité : l’unique sacrifice est faiblesse, humilité, kénose, dénuement, au delà de toute morale, jusqu’au cri solitaire qui rejoint et épouse la souffrance de tous les hommes jusqu’à la déréliction… et le silence où l’on entend, enfin, le cri des violentés, des abusés et des souffrants comme le suggère Moingt et, à sa manière, René Poujol dans son dernier billet.
Qu’est-ce que donc, sur cet axe, le « faites ceci en mémoire de moi »… Non pas une reproduction rituelle par un nouveau prêtre au sens donné par Hippolyte, « qu’est ce donc l’eucharistie des chrétiens? Non pas la minéralisation du corps de Jésus-Christ pour en faire la pièce la plus précieuse d’un musée lapidaire, mais la livraison testamentaire, par Jésus-Christ, de la logique vivifiante de la croix et du dynamisme pascal pour la construction collective de son Corps à venir qui est l’Église. Les implications subjectives, sociales et liturgiques d’une telle « révision » sont évidemment considérables : elles sont proprement révolutionnaires. Mais le phénomène eucharistique peut-il être autre chose qu’une révolution en marche ? »(2) suggère François Cassingena-Trévedy dans la même page, rejoignant ce que disait à sa manière Moingt dans un texte cité il y a quelques semaines.
L’enjeu n’est plus de singer un sacrifice, l’enjeu est d’aller jusqu’au bout de l’amour, que nos communautés révèlent dans la complexité polyédrique (3) de nos différences cette « construction collective du Corps », cette tunique sans couture qu’évoque Marc.
Alors le voile qui cache Dieu se déchirera véritablement de haut en bas montrant que Dieu élevé nu sur une croix fait résonner ad vital eternam le cri lancé à l’humain dès l’origine : « où es-tu ? »(4), j’ai soif de toi, de ton amour comme le suggérait Teresa…
Ici se révèle le projet de Dieu.
Laudato si.
(1) et (2) François Cassingena-Trévedy, propos d’altitude p. 183
(3) concept souvent développé par François
(4) voir l’ ’ay·yek·kāh. de mon dernier billet
Photos : cathédrale de Chartres…
Le sacrifice relève de l’échange ; ce qui est premier dans l’échange, c’est l’équivalence, du don (du sauveur) et du contre-don (du sauvé) ; dans la relation, ce qui est premier, c’est la relation du sauveur et du sauvé.
« Nous n’avons pour seule offrande
Que l’accueil de ton amour.
Nous n’avons pas d’autres vivres
Que la faim du pain rompu. »
Merci, René, en communion avec vous, tout au long de cette semaine, chaque jour, à chaque instant, pour n oublier aucun moment.
Ayons de l’Audace, notre croyance en la résurrection du Christ, notre Seigneur, c’est le miracle absolu, notre foi.Chaque chrétien, qui croit en la résurrection, peut soulever les montagnes. C’est ce que nous avons de plus fort et de plus sacré en nous. Alors n’ayons plus peur. Rassemblons-nous pour construire un monde meilleur en toute indépendance.
Pour moi, le mot amour définit le Christ.
Saint-Paul dit. Si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien. Nous pouvons avoir tout ce que nous voulons, faire tout ce que nous faisons mais si nous n’ avons pas l’amour (le Christ) ,cela ne sert à rien, on ne sert pas l’humanité.
Bonne semaine Sainte à tous
Merci pour ce beau texte car, même si je rejette, par nécessité vitale et avec de de plus en plus de raisons, la religion qui m’a été inculquée. Car reste la beauté spirituelle « gratuite » que ce texte donne à respirer… un peu comme le Prophète de Khalil Gibran. Cette beauté m’est une amie précieuse comme celle des arts dit sacré qui reflètent l’aspiration humaine à croire possible une forme de vie éternelle. C’est ce samedi trop bref avec sa « totale vacuité » qui m’est le plus cher.
Me sont chères aussi, les 1000 milliards de galaxies qui composeraient notre univers, notre galaxie « voie lacté » et ses 200 à 400 milliards de soleils, chacun avec ses satellites. La durée de vie moyenne d’un soleil de l’ordre de 10 milliards d’années, ces particules « élémentaires » de divers types qui se déplacent y compris dans « le vide ». Comme m’est chère ce qu’on sait aujourd’hui de l’histoire de la matière et de la vie sous ses diverses formes sur notre infinitésimale planète.
A Jean-Pierre Gosset. En vous lisant me reviennent de suite, les mots d’Olivier Py entendus lors de la retransmission d’une rencontre autour de S Weil au festival d’Avignon en 2015 ; je reprends donc maladroitement ses mots, un peu à la volée : « Pour atteindre Dieu, la clef est la beauté, pour SW s’il y a Bach, il y a Dieu (…). La beauté liée à la disparition de soi (kénose)… Le Samedi saint, le moment où dans l’Evangile personne ne croit, il n’y a plus rien, pas de liturgie, Dieu est mort (…) transformer le samedi saint (absence de Dieu) en un éblouissement (effacement de soi) » : http://62.210.215.26/podcasts/ECHO/2018/heritage/weil.mp3 (31′ O. PY / 35, 40 : la beauté, clef de tous les fondamentaux). Dans cet extrait (31- 39) par deux fois, la voix d’O Py s’interrompt : son émotion, poignante, profonde, nous prend à témoins et ne s’oublie pas.
J’ai trouvé « beau » qu’en dernière minute, ce dimanche des rameaux, le pape François ait remplacé son homélie par « un long moment de silence et de prière » (Une possibilité prévue par le cérémonial pour la messe des Rameaux et de la Passion).
Avec vous, bien en union de silence, au jour du samedi saint.
Je suis moi aussi très sensible à la profondeur de ce Samedi Saint trop souvent escamoté entre la Passion et la Résurrection.
Pourtant le silence du Samedi Saint n’est pas vide de sens, la liturgie des Heures fait mémoire de la descente aux enfers du Christ, comme le soulignent aussi les icônes de la Résurrection.
A cet égard il est bon de méditer ce magnifique sermon de Saint Epiphane lu dans l’Office des des Vigiles (ou des lectures) de la Liturgie des Heures :
http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/epiphane.htm
Ainsi débute le sermon de Saint Epiphane : « Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort » ; mais ce n’est pas pour autant un jour vide de sens : ce que célèbre dans la nuit du tombeau le Samedi Saint, c’est la descente aux enfers (c’est-à-dire au séjour des morts) de Jésus-Christ, le
Sauveur de l’univers, qui vient délivrer les captifs de la mort et relever d’entre les morts ceux qui, depuis Adam, attendent la Lumière et la Vie.
Merci à vous Sophia, et j’ai lu avec sympathie le mot de Michel de G.
Mais cela, pas plus que la beauté du texte de René « ne pourra jamais me faire oublier » (J. Brel) les intonations insistantes, lourdes, sirupeuses, sinueuses et lamentable entendues en 2010 de la bouche d’un des cardinaux parmi les plus estimés de sa génération. Heureusement que G. Danneels a été enregistré à son insu et heureusement que, le temps que la justice saisie ordonne précipitamment -plus vite que l’éclair, quand elle veut!- le retrait de cet enregistrement, il a été entendu. L’obéissance des clercs religieux et religieuses au système me les rend a priori suspect de complicité d’abus spirituel. Cette complicité, qui ne peut qu’anéantir le mirage de la foi, est d’autant plus incompréhensible qu’elle est le fait de personnes ayant souvent, académiquement parlant, un haut niveau d’instruction, de culture avec, en prime – elles nous prient de les croire-, une expérience humaine exceptionnelle. Comment peuvent-ils rester prisonnier ainsi? Pâques et la Pentecôte devraient libérer…enfin il paraît!
Je vous plains il n’ y aura donc pas de Joie pascale pour vous pas d’Excultet » Nous te louons Splendeur du Père , Jésus Fils de Dieu
Qu’éclate dans le ciel la joie des anges ….. »
Vous êtes vraiment trop englué dans les abus sexuels et autres sans rien voir d’autres et s’en prendre au brave Cardinal Danneels qui a géré la situation qu’il a connue de manière pas pire ou meilleure que les autres évêques et cardinaux n’est pas très honnête
Chrétiennement je souhaiterais vous dire Joyeuses Pâques mais …..
Merci de ce beau texte qui me réconforte dans l’immense malheur qui frappe un de mes fils donc moi-même , je l’ai lu et relu et vais le partager avec notre ami missionnaire qui est au Kwango centre de l’Afrique
Plus que les mots mille fois entendus, c’est le choix de la photo qui est un peu désespérant : une file de fidèles devant deux clercs. Ils sont toujours là au premier rang, même ici. Un face à face qui en dit long. Le cléricalisme dans toute son apparence vestimentaire et sacrale. Comme le « troisième homme » est loin, ce maudit, ce chien galeux… cet « apostat » qu’on ne veut plus voir. Oui, « apostats » à votre façon, nous le sommes bien et aucun coup de canne ne nous fera rentrer dans la file. Jamais. Et comme les catéchumènes sont une fois de plus mis en avant, rappelons cette évidence : c’est l’épaisseur du trait qui ne change rien à la statistique. Cruel pour cruel, soyons le malheureusement encore davantage : ces trois femmes souriantes devant ces deux hommes du sacré qu’ont-elles à attendre et à espérer de cette institution cléricale ? La photo a ruiné purement et simplement le message qui je n’en doute pas est sincère à sa façon. Le malheur est que « le troisième homme » n’oublie rien. Et peu importe d’être publié ici ou pas. Quand Marie Madeleine se précipitera sur Jésus qu’elle croyait mort, pour le toucher, l’embrasser, le voir, le serrer dans ses bras, parce que nous sommes ainsi faits nous autres les humains, Il l’arrêtera d’un geste : « Ne me touche pas ! ». Autre chose aura commencé.
Merci !
En effet, le grand silence du Samedi saint, différencie le Christianisme de tout paganisme, le faux mysticisme de la vraie spiritualité.
Si le Vendredi est le temps de la douleur et de l’échec, au risque du dolorisme, le Dimanche, celui de la Victoire, au risque du triomphalisme, combien le Samedi évite ces deux tentations, en ce silence que l’on ne peut absolument maîtriser en le remplissant de mots bavards et toujours inadéquats.
Trois réflexions à partir de ce texte
– La première d’un prêtre qui m’était proche et qui me disait souvent que l’église était tellement pressée de célébrer la résurrection qu’elle minimisait la réalité sordide et répugnante du supplice de la croix et le silence du samedi saint .
– « un si long samedi » c’est le titre du livre d’entretien entre Georges Steiner et Laure Adler, profonde méditation sur la condition humaine face à la souffrance et la mort ; cette condition humaine vouée à la mort et qui pourtant ne veut pas l’admettre pour reprendre les premiers mots de la leçon inaugurale de P Bourdieu au collège de France . Le long samedi qui nous dit aussi quelque chose de l’identité juive : la vérité est toujours dans l’exil . Et qu’est ce que la période entre la mort de jésus et la résurrection du Christ sinon cet exil inhérent à la condition humaine ?
– Et puis aussi la profonde réflexion de Jacob Rogozinski sur la notion de sacrifice dans le tivre de l’Exode . Moise jette le sang dans deux directions opposées pour signifier une séparation irréductible entre la divinité et les hommes , mais séparation qui ouvre l’espace possible pour conclure une alliance . » le sacrifice d’alliance leur a permis d’éprouver au plus profond d’eux même ce que vit cette vie invisible, de partager le souffle de YHWH sans se confondre avec elle »
Le long samedi est le signe de cette séparation , et donc aussi de cette éventualité de rester dans le royaume des morts dont seule l’alliance peut nous sortir . Le long samedi : c’est le temps du discernement , de la solitude pour prendre conscience de la gravité de ce choix existentiel : « j’ai mis devant toi la vie et la mort choisis la vie » .
l’Exultet du matin de Pâques n’est jamais un échappatoire facile à la solitude de la condition humaine , il ne peut être que la conséquence assumée et reconnue du choix de l’alliance .
J’aime bien entendre parler de « la nouvelle confiance » lorsqu’il s’agit de « la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ».
« Dieu livré,
Tu n’as plus d’autre Parole
Que ce corps partagé
Dans le pain qui te porte à nos lèvres ;
Tu dis seulement
La coupe du sang
Versé pour la nouvelle confiance. »
« Explique-toi par ce lieu-dit :
Que l’Esprit parle à notre esprit
Dans le silence ! »
Pingback: Mars 2024 | Synode quotidien
Selon l’étude (midrash) du récit d’Emmaüs*, menée sur la base de texte bruts en grec l’attente pourrait avoir duré de la crucifixion à l’an 90 et non 3 jours. Cette étude qui explique comment est née l’Institution, vers 90 ** et le rôle du récit tardif de l’inconnu d’Emmaüs dans le passage de la gratuité du don de Dieu à l’idée de contrat, donne beaucoup à penser aussi sur la distinction entre présence réelle (spirituelle) et présence physique et l’usage qui ont été faites de ce « passage » et de cette « distinction ».
* Le midrash d’Emmaüs, une manière de faire voir la Venue de Jésus », André Scheer, bibliste et exégète laïc RCF, Golias n°810 du 28 mars au 3 avril 2024.
** Extrait central de cette étude:
« Les disciples de Jésus sont toujours membres du judaïsme et vont le rester jusqu’en 90, date de leur exclusion par Gamaliel II (petit-fils du précédant), exclusion qui les met à la merci des juges de l’Empire. Après 90, débuts de l’Église, reprise des Assemblées par les Prêtres sadocites (dits encore esséniens),remplacement des Anciens par des Épiscopes dotés de tous pouvoir sur les assemblées qui gardent le nom d’Églises alors qu’elles ne seront jamais plus délibératives… Mise en place des rites spécifiques des Églises (Baptême de l’eau et Eucharistie). »
Après Pâques l’actualité humaine dans l’Eglise cléricale reprend son cours habituel : une femme a été lapidée par l’institution cléricale, une religieuse a été condamnée hors de toute règle juridique d’aujourd’hui, c’est à dire sans possibilité de se défendre, hors de tout débat contradictoire. Bref, le 3 avril, la Chambre civile du tribunal de Lorient condamne solidairement un cardinal alors en exercice à la Curie (excusez du peu), deux examinateurs du Saint-Siège et une congrégation religieuse traditionaliste à quelque chose comme 200.000 euros de dommages et intérêts. Est-ce qu’on peut vraiment espérer quelque chose de cette institution cléricale masculine, misogyne et arbitraire qui s’obstine dans le secret et l’opacité de ses procédures canoniques d’un autre âge, refusant de communiquer les pièces de leur dossier au tribunal civil ? Pâques est fini, le règne de l’institution cléricale continue. Le « troisième homme » se dit que ce système est vraiment pourri « à la base » comme disent ses petits enfants.
Pourquoi poser une question dont vous ne cessez de nous donner la réponse, toujours la même, de commentaire en commentaire ! Franchement, je fatigue un peu.