Lutter contre les abus dans l’Eglise n’est définitivement plus la priorité du pape François.
(Merci à Golias Hebdo qui reprend cet article dans le dossier qu’il consacre à l’affaire Rupnik (n°787 du 12 octobre)
Dans une France catholique toute mobilisée par le proche voyage du pape François à Marseille, l’événement est passé inaperçu. Le 18 septembre, un communiqué du Vicaire du diocèse de Rome dont le pape est l’évêque, tendait à “blanchir“ le père Marko Rupnik pourtant “estimé coupable » d’une quarantaine d’agressions sexuelles, abus psychologiques et spirituels sur des religieuses et déjà sanctionné, notamment par l’Ordre jésuite auquel il appartient. Nouveau rebondissement dans une affaire où le célèbre mosaïste (on lui doit les aménagements récents de la façade du Rosaire à Lourdes) semble bénéficier de la protection personnelle du pape François. Ce qui consolide le doute sur sa détermination à faire de la lutte contre les abus et agressions dans l’Eglise une réelle priorité de son pontificat.
Un mosaïste jésuite de renommée internationale
Marko Rupnik, jésuite slovène et mosaïste, jouit depuis plusieurs décennies d’une renommée internationale. Jean-Paul II, déjà, lui avait confié la rénovation de la chapelle Redemptoris Mater au sein même des appartements privés du palais pontifical au Vatican. En 2008, à l’occasion du cent-cinquantième anniversaire des Apparitions, étaient inaugurées à Lourdes les mosaïques illustrant, sur la façade de la basilique du Rosaire, les « nouveaux » mystères lumineux proclamés quelques années plus tôt par le pape Wojtyla. (1) On trouve d’autres de ses œuvres à Fatima, Washington… En 2017 le diocèse de Versailles annonçait que le directeur du Centre d’art Aletti, à Rome, avait été retenu pour la conception et la décoration d’une nouvelle église Saint-Joseph-le-Bienveillant à Montigny-le-Bretonneux. Commande annulée par le diocèse dès la sortie de l’affaire. Sauf que le ver était déjà dans le fruit…
Après des décennies de silence, l’image d’un prédateur
En 2015, on le sait aujourd’hui, le prêtre agresse sexuellement une femme en confession avant que de lui donner l’absolution. La victime se confie, trois ans plus tard, aux pères jésuites. Les premières sanctions tombent cette même année 2018 : interdiction de confesser et d’accompagner spirituellement des femmes. En 2020, Marko Rupnik est même démis des fonctions qu’il occupait depuis vingt-cinq ans à la tête du Centre Aletti. De son côté le Dicastère pour la doctrine de la foi ( DDF) que préside le cardinal Ladaria, en charge de ces dossiers sensibles, reconnaît qu’il y a bien eu « absolution du complice » (2) Au terme du droit canonique, cela entraine une excommunication automatique qui est signifiée à l’intéressé… avant que d’être levée un mois plus tard dans des circonstances restées obscures et qui, depuis lors, nourrissent bien des soupçons.
Mais à ce stade, rien n’a filtré ! Le secret des procédures ecclésiastiques a bien fonctionné. Il faudra attendre les révélations de la presse italienne en décembre 2022 qui révèlent la « deuxième affaire Rupnik ». Elle porte sur des agressions sexuelles et des abus psychologiques et spirituels commis sur neuf religieuses dans les années 1980-1990 dans un couvent de Ljubjana (Slovénie) dont le prêtre mosaïste était conseiller spirituel. Les témoignages, dont la presse fait état, ont été recueillis sur place en 2021 par un évêque auxiliaire de Rome, lui-même jésuite, après que l’Ordre ait été alerté par une victime. On apprend alors que les jésuites ont aggravé les sanctions (interdiction de prêcher des retraites et de diriger des exercices ignatiens…) sans parvenir toutefois à obtenir du DDF la levée de la prescription. Il n’y aura donc pas de procès canonique.
Une chronologie qui illustre des protections au plus haut sommet de l’Eglise
Dans ce genre d’affaire complexe, rien de plus éclairant que la chronologie des faits, au risque de la répétition. Dans les années 1980-1990 des agressions multiples ont donc lieu à Ljubjana. Dès 1994 une victime informe le Vatican qui donc « sait », à cette date. L’année suivante (1995) Marko Rupnik est « expulsé » de la communauté Loyola de Ljubjana. A Rome il s’installe définitivement dans ses fonctions de directeur du centre d’art Aletti où il est arrivé en 1991 avec deux autres jésuites puis quelques femmes de la communauté de Loyola. Il y reprend ses agressions. (3) En 2018 une première victime de cette période “romaine“ se fait connaître ce qui, nous l’avons dit, conduit en 2020 à son excommunication – restée secrète – puis à la levée de cette sanction ultime un mois plus tard. Entre ces deux dates, il a prêché la retraite de Carême au Vatican ! 2021, les jésuites, saisis par une victime de la période slovène diligentent une enquête à Lubjana où ils découvrent l’ampleur des agressions. La presse italienne les révèle au grand jour en décembre 2022. C’est le “début“ de l’affaire Rupnik. Les jésuites rendent alors publiques les sanctions successives prises par eux à son égard dont l’interdiction de toute activité artistique publique, mais également l’excommunication éclair de 2020 (levée car l’intéressé aurait reconnu les faits et se serait repenti sincèrement) et la décision finale du DDF de ne pas engager de procès canonique pour cause de prescription. Parallèlement ils lancent un appel à témoignage qui portera ses fruits. En juin 2023, refusant de quitter le Centre Aletti comme le lui ordonnent ses supérieurs, Marko Rupnik est exclu de la compagnie de Jésus pour motif de désobéissance. On évalue à une quarantaine le nombre de ses victimes. Mais à ce jour il est toujours en place… (4)
Quand le vicaire du diocèse de Rome désavoue les Jésuites et le Préfet de la doctrine de la foi
C’est dans ce contexte qu’il faut situer le dernier événement en date : la publication, le 18 septembre dernier (2023) du communiqué du cardinal Angelo de Donatis, vicaire du diocèse de Rome dont l’évêque est le pape lui-même. Rendant compte de la visite canonique ordonnée auprès du Centre Aletti, il écrit à propos du rapport qui lui a été remis par le visiteur, en juin : « Il ressort clairement de ce rapport qu’il existe une vie communautaire saine au sein du Centre Aletti, exempte de tout problème particulier. » Ce qui lasse les connaisseurs du dossier assez perplexes ! Mais on peut supposer qu’à la date de la visite canonique – printemps 2023 – ne demeuraient dans les lieux que celles et ceux qui lui étaient restés inconditionnellement attachés, soudés dans un même sentiment d’être les « victimes » (martyrs) d’un complot. Signe à l’époque passé inaperçu : quelques jours plus tôt le pape François avait reçu en audience Maria Campatelli, ancienne religieuse de la Communauté de Loyola à Ljubjana et directrice du Centre Aletti,..
Mais c’est la suite du communiqué qui, pour beaucoup, fait figure de provocation : « Le Visiteur a également examiné consciencieusement les principales accusations portées contre le Père Rupnik, (…) Sur la base de l’abondant matériel documentaire étudié, le Visiteur a pu constater et donc signaler des procédures gravement anormales, dont l’examen a fait surgir des doutes fondés concernant la demande d’excommunication elle-même. » Il n’y aurait donc jamais eu, de la part de Marko Rupnik, la moindre absolution donnée à une religieuse sexuellement agressée par lui, malgré les témoignages convergents recueillis par les pères jésuites et la DDF elle-même. Le cardinal Ladaria qui, atteint par la limite d’âge, a quitté son poste à la tête du Dicastère de la doctrine de la foi le 1er juillet 2023 et qui, si l’on en croit le site particulièrement bien informé de revue de presse Il Sismografo, avait souhaité au-delà de l’excommunication de Marko Rupnik son renvoi de l’état clérical, se trouve donc ouvertement accusé et désavoué.
Les victimes entre scandale et désarroi…
Quelques heures après cette publication, dans une lettre adressée au pape François, cinq victimes de Marko Rupnik disent leur « désarroi » et leur « scandale ». Evoquant l’audience papale et le communiqué elles écrivent : « Dans ces deux événements, qui ne sont pas accidentels, même dans leur succession dans le temps, nous reconnaissons que l’Église ne se soucie pas des victimes et de ceux qui cherchent la justice ; et que la « tolérance zéro sur les abus dans l’Église » n’était qu’une campagne de publicité, qui n’a été suivie que par des actions souvent secrètes, qui ont plutôt soutenu et couvert les auteurs d’abus. (…) En fin de compte, il n’y a pas de place dans cette Eglise pour ceux qui se souviennent de vérités inconfortables. »
Cerise sur le gâteau : on apprenait dans la foulée, à quelques jours de la visite du pape François à Marseille, la décision du cardinal Ladaria, de ne pas participer au Synode sur la synodalité qui s’ouvrira le 4 octobre, où il figurait parmi les personnalités désignées par le pape lui-même. Manifestation de défiance de l’ancien Préfet du dicastère de la doctrine de la foi à l’égard du processus synodal ou signe d’exaspération au regard de la remise en cause de la procédure qu’il avait conduite dans cette affaire Rupnik ?
Fin décembre 2022, donc bien en amont de ces derniers rebondissements, la journaliste Youna Rivallain publiait à propos de cette affaire, sur le site de la Vie un excellent dossier récapitulatif parfaitement documenté, qui analysait : « Si la question des agressions sexuelles sur mineurs est désormais évoquée, celle des agressions sur majeurs reste un angle mort de la réflexion globale de l’Église sur la lutte contre les violences sexuelles. » Ce qui conduisait, il y a peu, le lanceur d’alerte Yves Hamant, à demander, sur cette question spécifique, la création d’une commission indépendante Ciase 2. L’enquête de la Vie se terminait sur cette réflexion de l’historienne italienne Lucetta Scaraffia dans La Stampa : « L’affaire Rupnik révèle cruellement à quel point les hiérarchies ecclésiastiques ont du mal à comprendre le problème des abus sexuels à l’encontre des religieuses. […] Pour l’institution ecclésiastique, l’abus sexuel sur des femmes adultes, comme les religieuses, n’existe pas : ces cas, en effet, sont catalogués comme des transgressions sexuelles commises par les deux parties, surtout parce que, selon une conception absurde du plaisir sexuel encore en vigueur dans la hiérarchie catholique, on suppose toujours que les victimes de l’abus ressentent aussi du plaisir, et deviennent ainsi complices de la violation du sixième commandement. »
La tentation de « tourner la page « au nom de l’urgence à initier dans l’Eglise des « tressaillements » salvateurs.
Aujourd’hui, ce nouveau pataquès se surajoute à quelques autres comme l’audience accordée par François à la communauté des Béatitudes à l’occasion de son 50e anniversaire, alors même qu’en France de graves accusations étaient rendues publiques, mais également le refus romain de seulement suspendre les entrées de novices dans des communautés à problème; l’incompréhensible maintien, même provisoire, de Michel Santier comme évêque de Créteil après sa démission dont le Vatican connaissait les raisons, ou le cafouillage entourant le cardinal Ricard chargé début 2022 par Rome de prendre la gouvernance des Foyers de charité, accusés de nombreux abus sexuels et spirituels et désormais, après sa propre mise en cause, autorisé à célébrer dans le diocèse où il s’est retiré, ce dont l’évêque résident dit ne pas vouloir… Tout cela interroge, de fait, sur la volonté réelle du pape François d’éradiquer de l’Eglise le fléau des abus. L’interrogation n’est pas nouvelle ! Je la formulais déjà, sur ce blog, à propos de la pédocriminalité, en 2017 puis en 2018. Comme plus récemment à propos de la non réception par François de la Commission Sauvé dont les évêques de France et les supérieurs majeurs de congrégations religieuses ont pourtant courageusement validé le contenu et les recommandations. Le Vatican serait-il devenu schizophréne ?
A Marseille les 22 et 23 septembre, on le sait, le pape François entendait consacrer la totalité de son message à l’enjeu de la Méditerranée. Faisant volontairement l’impasse sur les questionnements qui traversent l’Egllse catholique en France. Je m’en suis étonné, au prix de l’incompréhension de certains. Le jour même de sa venue je lisais sur les réseaux sociaux, sous la signature de David Roussy (ancien directeur de communication dans l’Eglise) : « Jésus revient dans les victimes d’abus de la part de l’Eglise autant que dans les victimes d’abus de notre monde ultra-libéral. On ne peut combattre l’un sans combattre l’autre. Tant que le pape n’entérine pas le rapport de la CIASE, Jésus reste rejeté par cette génération, qu’il soit migrant perdu en mer ou enfant perdu dans les plis d’une soutane. »
Sans doute le choix de François de centrer son propos sur les migrants en a-t-il renforcé la cohérence et – souhaitons le – l’efficacité. Mais au détriment d’un autre visage de la charité et de la vérité ! Avec le risque que la liesse légitime du Stade Vélodrome ne soit interprétée par certains comme l’entrée dans une ère nouvelle de « tressaillement » dont la dynamique salvatrice justifierait de tourner enfin la page des scandales qui nous accablent, laissant les victimes à la bienveillance des deux organismes de reconnaissance-réparation mis en place par la Cef et la Corref.
- La trilogie traditionnelle du rosaire porte sur les mystères joyeux, douloureux et glorieux. A Lourdes, ils sont illustrés par des mosaïques à l’intérieur même de la basilique. Lorsque Jean-Paul II y adjoignit les mystères lumineux il fallait trouver la place. Ce fut la façade de la basilique donnant sur l’esplanade où on peut les voir.
- Il faut déjà souligner le décalage du code de droit canonique pour lequel la victime d’un prêtre est considérée comme étant dans une situation de complicité avec son agresseur.
- Parmi lesquelles une religieuse française : sœur Samuelle Cheron, Voir son portrait et le récit de sa « rencontre » avec Rupnik, par Sophie Lebrun dans la Vie du 6 avril 2023.
- Les locaux du Centre Aletti ont été offerts à la Compagnie de Jésus par la famille Aletti pour en faire un centre culturel. Les jésuites sont donc propriétaires de l’immeuble et peuvent à tout moment décider de donner congé à Marko Rupnik qui ne fait plus parte de l’Ordre. Depuis quelques années le centre s’est déployé sur un autre site près de Rome où un repli stratégique est donc possible.
RETOURNEMENT AU VATICAN
Le Pape permet la tenue d’un procès visant le père Rupnik, accusé d’abus
Information publiée le 27 octobre 2023 par la Salle de presse du Saint-Siège : Averti par la Commission pontificale pour la protection des mineurs de «graves problèmes dans le traitement de l’affaire du père Marko Rupnik», le Pape François soucieux «d’écouter avec attention et compassion ceux qui souffrent» a demandé au dicastère pour la Doctrine de la foi de s’en saisir, et levé la prescription pour permettre la tenue d’un procès.
QUE FAIRE DE L’OEUVRE DE MARKO RUPNIK
Faut-il conserver en l’état, déposer en un lieu discret ou même détruire l’œuvre d’un prêtre reconnu coupable d’agressions voire de crimes sexuels ? Le débat est largement engagé dans la communauté catholique concernant notamment Marko Rupnik. Certains font valoir que la qualité intrinsèque de l’œuvre est indépendante des turpitudes de son auteur. Et que, par exemple, les mosaïques ornant la façade de la basilique du Rosaire à Lourdes, pourraient rester en place, moyennant un travail d’information du public sur tous les supports de documentation consacrés à l’œuvre. D’autres plaident l’inverse avec cet argument avancé par une victime de Marko Rupnik ayant quitté la communauté slovène en 1994 : « Son obsession sexuelle n’était pas fortuite, mais profondément liée à sa conception de l’art et sa conception théologique. » D’autres encore font valoir que si Marko Rupnik était incontestablement l’inspirateur de son œuvre, la réalisation concrète des mosaïques était le travail de dizaines de « petites mains » parmi lesquelles nombre de ses victimes. Et qu’elles sont donc légitimes à demander le retrait d’une œuvre qui est aussi la leur et leur rappelle leur calvaire. C’est la position du théologien Arnaud Join Lambert dans une tribune à la Croix. A Lourdes, le Conseil d’orientation des sanctuaires s’est saisi de la question le 27 mars 2023.
Merci pour cette analyse fouillée.
Au-delà de ses scandaleuses prédations, on peut reprocher à Monsieur Rupnik d’être un artiste représentant du mauvais goût catholique. Pour s’en convaincre, il suffit de se renseigner sur l’artiste russe Alexandre Kornooukhov dont il a pris la place pour la réalisation de la chapelle Mathilde au Vatican, devenue depuis Chapelle Redemptoris Mater. Ses grands yeux sont appelés yeux de Russell, yeux noirs, froids et vides des extraterrestres. Pour moi, les mosaïques de Rupnik sont le nouveau kitch saint-sulpicien contemporain : des yeux de mangas sur fond de mosaïque dorée. Je souhaite que le Padre Pio, dont il a enseveli la sépulture sous une avalanche de tesselles d’or, lui réserve une vengeance de saint. Quant à Lourdes, son évêque sulpicien devrait faire ôter au plus vite les attentats prétendus artistiques que Rupnik a tenu à ajouter au mauvais goût du XIXème siècle. Et dire qu’il y en a qui évoquent Le Caravage et je ne sais qui d’autre. Rupnik est tout au plus un mauvais génie !
Une nouvelle fois il est question de détruire une œuvre artistique de qualité en raison des turpitudes de son créateur.
C’est se tromper de combat que de réclamer des autodafés !
Sanctionnons les crimes au terme d’un procès équitable, mais ne détruisons pas les mosaïques !
Arnaud Join-Lambert est d’ordinaire mieux inspiré que dans cette tribune qui, elle, est « spécieuse » en confondant tout, l’auteur et l’œuvre.
Le retour des iconoclastes ! Comme si détruire des œuvres artistiques était la bonne réponse au mal fait par leur créateur…
@ Michei,
Je comprends cela Michel… Et effectivement posé la différenciation de l’auteur par rapport à ses œuvres artistiques me parait cohérent. Sauf qu’ici, ces œuvres là sont censés (par leurs natures et le lieu où elles se trouvent) inviter à la prière… Comment prier avec pour support ou aide des œuvres entachées d’actes d’abus ? Je pencherai aujourd’hui pour que ces œuvres (que je connais pas…) ne soient pas dans des églises. Qu’elles soient dans des musées ( et musées des horreurs si je me fie à Pierre VIGNON, qui semble connaitre les dites œuvres), pourquoi pas ?…
@ Dominique
Je viens de répondre au Père Pierre Vignon, je ne reprends pas ici ce que je viens de lui dire.
Je ne vois pas en quoi ces œuvres artistiques qui ne sont pas sulpiciennes et qui invitaient hier à la prière ne le pourraient plus aujourd’hui, les œuvres n’ont pas changé !
Je ne connaissais ni les turpitudes de cet individu, ni son œuvre absolument kitschissime,et pour tout dire d’une laideur révélatrice du bonhomme, de ses mœurs et de sa corruption !
Qu’on détruise tout cela le plus rapidement possible !
Décidément ça sent vraiment pas l’encens au Vatican. Et pendant ce temps-là le clergé ordinaire se morfond,. Les victimes du jésuite agonisent leur vie. Quant aux véritables fidèles à Jésus de Nazareth, ils sont tous partis…. Normal, l’Esprit souffle désormais ailleurs. De l’air !
Cher Michel, pourquoi tenez-vous tant à dire le Gloire au Père de votre chapelet devant les fausses icônes de Rupnik qui sont le reflet de son plan à trois en l’honneur de la Trinité ? Rien n’arrive donc à vous dégoûter ? L’art, au cas où ça en serait, n’a pas à s’imposer à la piété des fidèles jusque devant le sanctuaire de l’Immaculée. C’est aussi simple que ça. Mettons Rupnik à Beaubourg, s’ils en veulent, mais pas à Lourdes. Même l’évêque sulpicien de Lourdes devrait pouvoir comprendre ça. Pourquoi défendre un indéfendable ? Il y a tant d’autres causes qui manquent d’avocat. Bon, je ne vous en veux pas mais, tout de même, si Copernic a fait tourner la terre autour du soleil, avouez que Rupnik fait tout tourner autour de sa lune ! L’art de ses fesses n’a pas sa place dans les églises. Ayant dit l’essentiel de ma pensée, publiée par ailleurs dans Adista en italien https://www.adista.it/articolo/70659, je m’en tiendrai désormais là. Rupnik mérite la lapidation par ses victimes avec ses tesselles descellées Cordialement cher confrère.
A Pierre Vignon
Votre réactions typiquement cléricale Rupnik doit être jugé par une autorité indépendante et séparée de l’église pour les crimes qu’il a commis . .
Est il vraiment impossible de faire comprendre aux clercs que la justice n’est rendue que par une autorité indépendante et séparée des autres . Montesquieu l’a démontré il y a plus de trois siècles et les clercs n’ont toujours rien compris .
Merci Père Vignon.
Voici votre article bien ajousté à la Vérité
Qu’est-ce qui se cache derrière le sourire de la Joconde ?
P. Pierre Vignon 29/09/2023, 12:11
Tiré de : Adista Documenti n° 33 du 07/10/2023
(Ici pour l’introduction à ce texte)
Je suis prêtre diocésain depuis 43 ans et j’ai le même âge que Marko Ivan Rupnik. J’ai été formé dans tous les grands lieux de l’Eglise romaine : Paray-le-Monial, Fribourg (Suisse), Rome et Paris. Ils m’ont donné le goût des sources. C’est ainsi que je suis tombé sur cette citation de la Règle pastorale (I,2) de saint Grégoire le Grand (+604) : « Personne ne fait plus de mal à l’Eglise qu’un homme saint par son titre et son rang, mais qui se conduit mal. On n’ose pas dénoncer ses fautes ; et la faute devient un exemple qui rayonne au loin quand le pécheur est honoré du respect dû à son rang ». C’est ce qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai vu plusieurs dizaines d’homélies de Marko Ivan Rupnik, S.I. (sic) proposées sur le site officiel du Dicastère pour le Clergé (clerus.va).
Mon étonnement est total. L’homme dont nous dénonçons les abus depuis le 1er décembre est proposé comme modèle pour le clergé catholique ! On objectera que personne d’autre que moi ne voit le site, pas même le Dicastère, mais déjà la publication sur le site est une approbation de l’homme qui a osé blasphémer la Sainte Trinité dans un ménage à trois. C’est un scandale absolu.
La question qui se pose à un prêtre fidèle, avec la crainte d’avoir deviné la réponse, est la suivante : à quel degré d’insouciance et, il faut bien le dire, d’incompétence, les dirigeants de l’Église sont-ils arrivés ? Mais cette fois, pour quelqu’un comme moi qui a grandi et mûri dans le respect de la personne du Saint-Père et de son rôle, la question est beaucoup plus grave et douloureuse. Qui est aujourd’hui cet homme au sourire perpétuel qui gouverne l’Église en suivant les traces de saint Pierre ? J’ai lu la biographie très documentée d’Austen Ivereigh sur Jorge Bergoglio en 2014. À l’époque, j’avais remarqué le surnom d’Irma la douce que lui donnaient ses élèves lorsqu’il était sous-préfet à la discipline, parce qu’il leur infligeait de dures punitions avec un visage angélique. Je me souviens aussi du surnom de Mona Lisa que lui donnaient les jésuites d’Argentine lorsqu’il était leur provincial, parce qu’il avait un regard impénétrable qui ne laissait rien paraître, comme celui de la Joconde de Léonard de Vinci. J’ai été pris d’une furieuse envie de retourner le tableau de la Joconde. Que découvrirais-je au dos : la plaque de Rupnik ?
Le sourire séducteur de Francesco cache Rupnik. Je ne reprendrai pas ici, pour la démonstration, toute l’histoire bien rodée articulée par la presse internationale, puisqu’il est clair que seule une autorisation papale aurait pu absoudre Rupnik de l’excommunication latae sententiae, qui aurait dû entraîner sa démission de l’état clérical. On peut ergoter sur les communiqués bâclés du cardinal Angelo De Donatis, l’un des souriants hommes qui nous gouvernent et qui a le même âge que moi. Rupnik fait sans doute partie des gnostiques à la mystique (et à la pratique) érotique que le Saint-Siège sait si bien camoufler. Pensons au jésuite Joseph Kleutgen (1811-1883), principal théologien de l’infaillibilité papale protégé par le bienheureux Pie IX (1792-1878), dont les turpitudes criminelles ont été révélées par l’historien Hubert Wolf dans Le vice et la grâce. Et plus récemment, la protection accordée à Jean Vanier (1928-2019) et aux dominicains Thomas (1905-1993) et Marie-Dominique Philippe (1912- 2006), tenants d’une gnose érotique et mystique proche de celle de Rupnik.
Arrivé à ce point, en tant que prêtre catholique romain qui entend le rester, je professe toujours le dogme de l’infaillibilité papale dans les limites de sa définition, c’est-à-dire à sa seule proclamation ex cathedra d’une question concernant la foi et les mœurs. Cela relativise tout le reste du magistère papal. On reste donc un bon catholique même si l’on n’est pas d’accord avec les positions géopolitiques du pontife ou si, ce qui nous intéresse ici directement, on ne partage pas ses goûts artistiques.
Le style Saint-Sulpice (référence à un certain art religieux kitsch et sentimental de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle, ndlr) a eu du mal à disparaître. Mais le voici de retour, modernisé avec la manga aux yeux noirs sur mosaïque d’or de Rupnik. Joris-Karl Huysmans (1848-1907) a très bien décrit la nature diabolique du mauvais goût catholique dans Les foules de Lourdes. Il parle de la construction du sanctuaire – où même Rupnik a compris qu’il devait laisser une trace, sa mosaïque – comme d’une « vengeance » de Satan « contre ce qu’il abhorre », l’art. Il lui fait dire : « L’art, qui est la seule chose propre sur terre en dehors de la sainteté, non seulement vous ne l’aurez pas, mais je ferai en sorte qu’on vous insulte sans cesse avec le blasphème continuel de la laideur ; et j’obséderai tellement l’esprit de vos évêques, de vos prêtres et de vos fidèles, qu’ils n’auront même pas la pensée d’enlever de vos lèvres le calice permanent de mes insultes ».
Nous ne pouvons pas tout citer, mais c’est un chef-d’œuvre que nous pouvons rapporter à Rupnik, le successeur de Saint-Sulpice. Le cancer se propage dans l’Église, et les mosaïques à prétention théologique recouvrent tout, apportant avec elles la pensée déviante de leur auteur. Que les fumistes s’alarment. S’ils veulent continuer à tracer leur chemin vers le cardinalat en se couvrant de vaseline, ils doivent démosaïquer tous les continents immédiatement. Les victimes de Rupnik, et malheureusement tant d’autres, ont le pouvoir de leur faire perdre leur sourire.
Quand Dieu voit Mona Lisa, il ne voit pas seulement le visage souriant comme nous. Il voit l’arrière du tableau avec son énorme plaque tape-à-l’œil. Il s’apprête à demander à son vicaire : « M’aimes-tu plus que Rupnik et ses Campatelli ? Si oui, va vers ses victimes qui sont déjà sous mon manteau. Elles n’attendent que vous ». Et si cela arrive, le sourire de la Joconde rajeunira.
Je voudrais vous envoyer un message en privé mais il faut un code que je ne sais pas comment demander.
Bien cordialement
Vous pouvez m’écrire à rene.poujol@yahoo.fr
Peut être faut il , concernant cette affaire distinguer trois problématiques séparées.
– Les actes criminels et délictuels commis par Rupnik . : Ils doivent être qualifiées par une justice indépendante et son cas doit donner lieu à un procès respectant les règles du procès équitable . La justice de l’église ne réussissant manifestement pas à le faire vu les dédissions illisibles qu’elle a produit . La vengeance à laquelle appelle P Vignon ne relève pas du concept de justice . Je ne méconnais pas la difficulté dans l’hypothèse ou il n’y aurait pas de justice indépendante respectant la convention européenne des droits de l’homme dans le pays dont Rupnik est ressortissant .
– L’exposition des oeuvres . Si cet homme est effectivement reconnu coupables des actes qu’on lui impute , toutes ses oeuvres doivent être retirées des églises et autres lieux spirituels de l’église catholique . Et cela sans délai après le jugement le déclarant coupable . Avant tout jugement il est présumé innocent .
-La destruction de ses oeuvres . Quelle soient médiocres ou de haute qualité ( ce dont je ne suis pas apte juger mais manifestement ce blog regorge d’experts ), la liberté de la création artistique doit être absolue . Je partage totalement l’avis de M de Guibert sur ce point . On sait ou conduisent les notions » d’art décadent » et les autodafés . La destruction de statues par l’état islamique , les autodafés dans l’Allemagne des années 30 ne sont pas de mon point de vue des exemples à suivre . Faudrait il aujourd’hui bruler les oeuvres du marquis de Sade ?
Ce n’est pas l’artiste que l’on juge en jugeant Rupnik mais l’homme qui a potentiellement commis des actes criminels .
Ce n’est pasl’oeuvre qu’on juge en jugeant Rupnil car l’homme ne peut être assimilé et réduit à son oeuvre .
A constater les réactions de clercs sur ce blog on mesure combien les notions de justice , de statut de la personne humaine sont bien sommaires et approximative dans l’église . Sans doute en sont ils restés à l’époque médiévale ou l’on jugeait les animaux à l’époque ( je me rappelle avoir étudié le cas d’un porc qui avait tué un enfant et avait été condamné à mort au terme d’un procès ou les droits de la défense avaient eu quelques peines à s’exprimer .)
Merci Guy pour ce commentaire qui apporte un peu de sagesse dans nos débats, même si je ne vous suis pas totalement dans votre deuxième paragraphe.
En effet, même si Rupnik était reconnu coupable par une justice indépendante, je ne vois pas en quoi ces œuvres artistiques qui étaient reconnues auparavant et invitaient hier à la prière ne le pourraient plus aujourd’hui et devraient être retirées des églises et autres lieux spirituels, les œuvres n’ont pas changé !
Un ami prêtre me suggère que si l’on veut prendre en considération la souffrance des milliers d’esclaves qui sont morts d’épuisement dans la construction des pyramides d’Egypte… il serait éthique de les raser !
Parfait, René ! Rien à ajouter !
Sauf que le pyramides n’ont pas été construites par des esclaves mais par des travailleurs salariés comme l’ont montré les archéologues et que la comparaison ( qui ne fait pas raison, comme d’habitude…) semble bien « tirée par les cheveux » pour de multiples raisons déjà abondamment indiquées.
Dans un registre plus proche de nous : beaucoup de bruit l’année dernière autour d’un éventuel boycott de la coupe du monde de foot au Qatar, en raison notamment des mauvais traitements reçus par les ouvriers des chantiers des stades. Finalement le monde a préféré fermer les yeux.
Les victimes de Rupnik sont en vie, peut-être certaines vont-elles à Lourdes ou ailleurs de temps en temps. Les bâtisseurs de pyramides…
Dans « La Vie » : https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/affaire-rupnik-15-nouvelles-victimes-30-ans-dabus-et-une-procedure-interminable-87113.php
Le Père Johan Verschueren, des Maisons internationales des jésuites à Rome qui a ouvert une troisième enquête canonique concernant Marko Rupnik ajoutait :
Que doit-il advenir des œuvres de Marko Rupnik ?
Dans les explications de sa décision, Johan Verschueren a voulu « séparer l’homme de son œuvre » : « Je comprends la réaction de ceux qui sont choqués par ces révélations », confie-t-il à La Repubblica, « mais je distinguerais l’art de l’artiste : à travers l’histoire il y a eu des livres, des artistes, auteurs qui n’ont pas eu une vie moralement exemplaire ou édifiante, souvent au contraire, mais est-ce à dire que leur art, leur écriture, leur littérature sont mauvais ? Je ne le crois pas, et, dans le cas du père Rupnik, cela aussi ne rendrait pas justice au travail de la grande équipe à ses côtés. »
Ici, on ne parle pas d’œuvres d’artistes « qui n’ont pas eu effectivement une vie moralement exemplaire « mais d’œuvres inspirées plus ou moins des icônes qui, quant à elles, traduisent une vraie intériorité et surtout censées inviter à la prière et que les victimes sont encore vivantes et en souffrance. Le problème n’est donc pas si simple.
Et on parle surtout d’un predateur sexuel qui s’en prenait à des victimes prises dans leur inexperience de femmes engagées dans un voeu de chasteté, donc probablement bien naïves et peu aptes à se défendre, ET sur qui il exerçait une direction spirituelle. Bref, pour elles, un piège sans issue, et pour la création artistique, une perversion caractérisée , sans même évoquer l’aspect spirituel des chose qui est affaire de conscience pour les personnes concernées. La comparaison avec Caravage, sa puissance d’expression et ses modèles, des femmes sensuelles, aimées, regardées et dessinées par le peintre génial qu’il était, évidemment cette comparaison ne peut pas fonctionner.
Ouvrez les yeux sur les mosaïques de Rupnik à
Lourdes, elles sont plates, envahissantes, de couleurs fades et surtout tellement inexpressives. Mais évidemment, cela s’explique quand on sait où elles trouvent leur véritable origine.
Pour continuer sur la question des abus, qui ne fait que commencer, un livre sort le 26 octobre : « Aux sévices de l’Eglise. Enquête, Religieuses abusées : mettre fin à la loi du silence » de Jean-François Laville, chez Récamier.
8 ex-membres de communautés et moi-même y avons apporté notre témoignage.
J’ai accepté de porter ce livre dans les médias, radios, journaux, peut-être télé, pour une fois non confessionnels.
En même temps continue mon parcours du combattant pour faire reconnaître par les FMJ, via la Commission Garapon (CRR) ce que j’ai vécu en leur sein.
Car il faut savoir que les « abus » (qui en ce qui me concerne se sont déciinés à tous les niveaux depuis mon entrée dans l’Eglise et pas seulement dans les FMJ) continuent quand on veut faire valoir ses droits ou au moins qu’il y ait une reconnaissance des faits, ce qui est indispensable pour une « réparation » intérieure minimum. Esquive, report des responsabilités, mesquineries, silence, attentes interminables, harcèlement, menaces à peine voilées, mensonges, tout y passe, tout est bon, tous les coups sont permis. Et toujours cet abandon, ce silence assourdissant, cette déresponsabilisation totale de la part des autorités.
Je ne sais si leur conscience les titille et même s’ils en ont encore une, ce n’est pas mon affaire. Mais à leur place j’en perdrais définitivement le sommeil.
En effet, Anne, les « abus » continuent : en voici un autre exemple
Les motifs de renvoi d’une religieuse inexpliqués au tribunal : » L’audience devant la première chambre civile du tribunal judiciaire de Lorient mercredi 4 octobre n’a pas permis à une religieuse renvoyée selon elle « sans motif » de sa communauté catholique bretonne d’en savoir plus sur les raisons de son éviction. Mère Marie Ferréol, née Sabine Baudin de la Valette, 57 ans, a été renvoyée en novembre 2020 de la communauté traditionaliste des Dominicaines du Saint-Esprit, dont la maison mère est située à Pontcallec, près de Vannes (Morbihan), après une visite du cardinal canadien Marc Ouellet dans cette communauté – La présidente de la première chambre civile, Armelle Picard, s’est étonnée de ne pas pouvoir avoir accès au dossier d’accusation du Vatican. Me Bertrand Ollivier, avocat des deux « visiteurs apostoliques » venus enquêter dans la communauté, a répliqué qu’« il n’y a pas droit d’accès au dossier en matière canonique ». »
(voir http://www.aquarelles-expert.be, au paragraphe 7 SILENCES ET MENSONGES)
A Robert
Le droit canonique reste marqué par la mentalité en vigueur lors de son élaboration à une époque antérieure à la reconnaissance de la personne humaine comme sujet de droit . ( Je me souviens avoir étudié lors de mes études un dossier ou le tribunal ecclésiastique jugeait un porc responsable de la mort d’un enfant ; le porc a été condamné ! la philosophie qui sous tend la conception de ce droit n’a pas changé ) En conséquence les droits de la défense ne sont pas garantis , l’accusé n’ayant pas accès à son dossier et ne sachant pas de quoi on l’accuse . H Küng comme E Drewermann ont raconté avoir été confrontés à cette réalité au milieu du XX° siècle lors de leurs procès respectifs . Difficile alors de se défendre et d’argumenter lorsque l’on n’a pas le droit de savoir ce dont on vous accuse . Idem pour les victimes qui ne peuvent pas savoir comment est constitué le dossier à partir de leur plainte et quels sont les faits retenus comme objet du procès .
Si le droit canonique a été modifié à la marge récemment concernant les viols et abus sexuels constitutifs de crimes , la logique même du droit canonique qui ignore que la personne humaine est un sujet de droit n’a aucunement été remise en cause .
Aussi faire croire aux victimes d’abus que le droit canonique est susceptible de leur rendre justice est une escroquerie intellectuelle et morale . Non pas que les tribunaux soit partiaux ou que les juges soient corrompus , mais parce qu’ils appliquent un droit qui n’est pas capable de faire justice au sens ou nous l’entendons aujourd’hui selon les critères de notre époque , ceux de la reconnaissance des droits de la personne humaine .
Le droit canonique ne respecte pas les critères du procès équitable et ne respecte pas non plus en de nombreux points la convention européenne des droits de la personne humaine .
Attendre de ce droit qu’il soit à même de faire justice est une illusion .
Sans compter que les victimes n’ont pas même pas l’issue du procès et la nature de la sanction donnée, s’il y a sanction.
Sans compter que les crimes de viol et délits d’ agression sexuelle sont qualifiés d’infractions au 6 eme commandement concernant l’interdit de l’adultère et englobant des « péchés » aussi divers que la contraception, la masturbation etc…; la victime étant en plus, de manière totalement indigne, appelée « complice » de cette infraction !
Les offenses sont donc faites à Dieu ( C’est pourquoi on parle de « péchés » ) et non de graves atteintes à l’intégrité et à la dignité de la personne d’autrui. Comme si les offenses à autrui n’étaient pas par la même des offenses à Dieu. Et, puisque à tout péché, miséricorde, la notion de justice à rendre, disparaît.
Cependant, s’il n’y a pas de justice possible de par le droit canonique, il peut y avoir quand même certaines sanctions connues dont la reconduction à l’état laïc et donc établissement de la vérité ; certains crimes et délits ont bien eu lieu. C’est un fait établi. Cette reconnaissance de la vérité, et une réparation possible, sont très importantes pour les victimes.
Comme l’écrit Sabine Tainturier dans son livre SOIS PIEUSE ET TAIS-TOI ! De l’emprise à la liberté : témoignage (éd. L’Harmattan – 2022, p. 229-230), le processus de réforme des Fraternités Apostoliques de Jérusalem est également révélateur :
» Ce qui était prévisible est arrivé : les victimes n’ayant été ni recherchées ni toutes auditionnées lors de l’enquête, les quatre axes de discernement et de réforme des Fraternités monastiques de Jérusalem ne mentionnent pas de processus de réparation à leur égard.
…
La succession des faits démontre que les victimes des Fraternités de Jérusalem sont utilisées au service du » plan com » de ces dernières… Scandale qui déchire d’anciens frères et sœurs avec lesquels je suis en lien. La Curie n’en a pas cure. Il y a de quoi rester sans voix et sans issue. «
A Anne
Merci pour votre courage et votre persévérance ;
Contrairement aux apparences , l’église et le vatican ne sont pas schizophrènes ou incohérents . Ils sont fidèles à leur propre logiciel qui n’est plus le notre . Ils sont agrippés , crispés à leur conception du monde sur laquelle repose l’édifice de l’institution écclésiale et qui est le support et la garantie de leur pouvoir . Voilà pourquoi ils ne veulent ni ne peuvent rien changer .
La semaine dernière , suite à mon intervention aux assises de la CCBF sur la question des institutions et de la gouvernance de l’église une personne s’est étonnée de l’attachement névrotique des clercs et des évêques à leur pouvoir sacralisé . . Le prêtre sociologue Nicolas de Brémond d’Ars a répondu avec beaucoup d’humour : » comme ecclésiastique , on n’a pas le droit ni au sexe ni à l’argent , alors il ne nous reste que le pouvoir » .
Ma grand mère ,proche des philosophes de l’école de Francfort et amie de Th Adorno aurait adoré
Voilà pourquoi les victimes peuvent s’accumuler , les scandales se réitérer , ils ne lâcheront rien . C’est de leur vie , de leur existence , de leur survie dont il s’agit .
Seul un rapport de force défavorable pour eux les forcera à évoluer . Le rapport accablant de la Ciase n’a pas suffi . Continuez Anne ,les choses changent trop lentement , mais elles changent . Votre combat est juste et chaque jour qui passe rallie des personnes de plus en plus nombreuses à cette cause qui est aussi celle de tous ceux pour qui le respect des droits de la personne humaine est un impératif catégorique .
Merci Guy.
Encore une découverte : dans la basilique de Vézelay, une affiche invitant au sacrement du pardon avec une mosaïque de Rupnik en illustration. Et il faut prendre rdv avec qui ? Les FMJ. Auxquelles on doit l’affiche je suppose.
Donc : séparer l' »artiste » et son « oeuvre ». Et puis dans la foulée, demander aux victimes de pardonner.
Sympa en particulier pour la soeur victime d’abus spirituel de la part des FMJ (avec qui elle bataille pied à pied comme pas mal d’autres), puis d’abus sexuel de la part de Rupnik.
Tout va bien.
Il vaudrait mieux réparer les abus et sanctionner les coupables identifiés que de s’en prendre aux œuvres artistiques…
En tout cas, les œuvres de Ribes ( tableaux et vitraux) , pedocriminel qui faisait poser comme modèles des enfants nus, avant de les agresser sexuellement, sont déposées, et ce, à la demande des victimes.
Faut faire avec la réalité Michel. Aux victimes qui en guise de « réparation » sont invitées à pardonner, que reste-t-il? Ils devraient dire merci peut-être!
L’un n’empêche pas l’autre Michel. Et les victimes bataillent pour les 2 car le point que vous soulevez est vraiment très loin d’être acquis.
« S’attaquer » est un mot étrange lorsqu’il s’agit d' »oeuvres » très suggestives par rapport aux viols commis (Ribes) ou rappelant sans cesse aux victimes ce qu’elles ont subi de la part de l’auteur, surtout quand elles ont participé à leur elaboration.
Comme les magnifiques chants d’Ephraïm et de Pierre-Albert Etienne, violeurs d’enfants de la cté des Béatitudes. Ils violaient au milieu des chants, de leurs propres chants sublimes, quoi.
Rupnik, cet auteur de mosaïques aux grands yeux vides censées rapprocher du divin, masturbait si fort ses victimes religieuses qu’il en a défloré une. Mais bon, ça n’a pas l’air choquant quand on est catholique.
Je revenais la-dessus parce que moi je suis indignée. Et je ne suis pas la seule. Pardonnez-moi mais les catholiques semblent avoir perdu la faculté de s’indigner, sauf quand il s’agit des questions sociétales.
Et pour les victimes, l’indignation de l’autre, qui est juste humaine, est dejà une reconnaissance. Et elle répare déjà.
Je m’en suis une nouvelle fois rendu compte en echangeant avec des journalistes non catholiques (et pas anti-cléricaux) : leur indignation devant les horreurs qui ont lieu en Eglise est bien plus réparatrice – une victime a dit : elle nous « ressuscite » – que tous les discours alambiqués de cette Eglise, qui ne pense qu’en théorie et, pour ceux qui souffrent par elle, de façon complêtement déshumanisante.
Allez, je m’arrête à nouveau, le mur est inébranlable, je le sais pourtant. Pas grave. Désolee pour ma virulence et bonne journée.
« Lutter contre les abus sexuels n’est définitivement plus la priorité du pape François » : mais l’a-t-elle jamais été ?
La réponse me semble être non, car lutter efficacement contre les abus sexuels revient à remettre en question le fondement même de l’Église – Une, Sainte, Catholique, Apostolique – et Irréformable.
L’Église et les abus sexuels, pourquoi une réforme authentique sera difficile
Le souverain pontife renouvelle son engagement dans la lutte contre les abus commis par le clergé sur des mineurs. L’institution millénaire de l’Église sera-t-elle capable de se réformer et de poursuivre les crimes qu’elle a toujours su couvrir ? Il y a trois limites majeures à la réalisation de cet objectif.
Il y a quelques jours, le souverain pontife est revenu sur le thème des abus sexuels commis par des membres du clergé pour réaffirmer et actualiser l’ensemble des normes lancées il y a près de quatre ans avec le Motu Proprio « Vos Estis Lux Mundi ». Le document le confirme et le renforce dans l’ensemble complexe des normes et des institutions qui devraient décourager la commission de ce type de « délit » (pour reprendre une expression du droit canonique). L’impression que l’on peut donner à sa première lecture, superficielle, est celle d’une Église catholique déterminée à réprimer la propagation des abus et à punir ceux qui les commettent avec la sévérité nécessaire. Il y a, bien sûr, une part de vérité dans cette perception : dans le document, le pape avertit implicitement les évêques, les prêtres et même les laïcs catholiques engagés dans des activités pastorales que, s’ils ont des ennuis du côté de la sexualité avec des mineurs, l’institution n’interviendra plus pour les protéger comme elle l’a toujours fait, mais au contraire les punira avec rigueur et fermeté. C’est un message que tous les prêtres italiens ont déjà saisi depuis quelques années, depuis que la CEI a mis en place des centres d’écoute qui recueillent les plaintes et a lancé, dans de nombreux diocèses (pas tous), une campagne pour la prévention de ces crimes, confiée essentiellement à des juristes et à des psychologues.
Dans cette approche, que je définirais brièvement comme « justicialiste », je vois trois limites majeures.
La première concerne l’impact sur la culture organisationnelle de l’Église, qui depuis des siècles est imprégnée d’une tendance structurelle à dissimuler les crimes commis par ses fonctionnaires. Est-il légitime de se demander si une telle institution sera réellement capable de renverser son attitude de base et de sanctionner sa classe dirigeante (car c’est ce que représentent les prêtres) sans rabais lorsqu’elle se trompe sur le terrain du sexe avec des mineurs ? Quelles garanties y a-t-il que l’appareil judiciaire concocté par la direction du Vatican sera réellement mis en branle et que les prêtres et les évêques cesseront de les couvrir et de les dissimuler ? Suffit-il de changer la loi pour que les comportements changent et que les pratiques les plus répandues changent ?
La deuxième limite concerne le rapport au passé et à la connaissance scientifique du phénomène. De ce point de vue, la situation est très variée : il y a des conférences épiscopales, par exemple françaises et allemandes, engagées dans un travail sérieux de recherche de la vérité sur les dernières décennies et de collaboration avec la communauté scientifique qui étudie le phénomène et d’autres, parmi lesquelles se distingue l’italienne, qui ne nous entendent pas de cette oreille. L’élément révélateur de la différence réside dans la volonté de mettre en place et de financer des commissions d’enquête indépendantes, qui permettent à la fois l’émergence de nombreux cas d’abus qui ont eu lieu au cours des dernières décennies et qui sont restés jusqu’à présent confinés à la seule mémoire des victimes, et la production d’une quantité très importante de données (pas seulement quantitatives) relatives au phénomène en question. Bref, les commissions indépendantes représentent un outil irremplaçable : elles alimentent grandement le débat public et produisent une grande avancée dans les connaissances, prémisse d’interventions de réforme plus prudentes et opportunes. Dans le document du Vatican, il n’y a aucune mention de cette question, et je ne sais pas si le pape a une ligne à ce sujet : chaque commission épiscopale fait ce qu’elle veut, d’autres ne font rien.
La troisième limite est la plus grave de toutes et concerne l’adéquation de la nouvelle stratégie préventive et répressive par rapport aux causes réelles du phénomène. Pour comprendre cela, nous devons nous demander pourquoi les abus sexuels sont un problème si important pour les prêtres catholiques (pas seulement pour eux, bien sûr, mais surtout pour eux). Y a-t-il quelque chose dans le rapport à la sexualité et à l’affectivité auquel l’Église lie les prêtres qui favorise la commission d’abus ? En fin de compte, y a-t-il un lien entre le célibat obligatoire et la chasteté imposée par la loi au clergé et les abus sexuels que certains d’entre eux commettent ? Si c’est le cas, comme je le pense et comme j’ai essayé de le démontrer dans d’autres endroits, il est clair que tout le système répressif alambiqué conçu par les dirigeants catholiques est de peu d’utilité. Si les abus ne sont pas commis seulement par des « pommes pourries » qui, espérons-le, seront désormais plus facilement traduites en justice canonique et ensuite punies, mais par un système vivant de comportements et d’attitudes liés à la « culture de la chasteté obligatoire », les instruments tels que ceux contenus dans le motu proprio sont destinés à s’avérer peu ou pas du tout efficaces. Le fait est que, ne serait-ce que pour poser les questions que j’ai soulevées, l’Église devrait s’interroger elle-même, sa constitution matérielle, sa nature spirituelle, ecclésiale et politique et ne pas se contenter de pointer du doigt des fonctionnaires infidèles individuels. Quand cela arrivera, nous serons les premiers à parler de révolution.
Marco Marzano 4 avril 2023 (voir ci-dessous)
https://www.micromega.net/chiesa-e-abusi-sessuali-perche-sara-difficile-unautentica-riforma/
Je suis toujours aussi peu convaincu par l’idée d’un lien entre l’obligation du célibat ecclésiastique et de la continence (plus que de la chasteté) en tant que telles et les abus sexuels. Surtout lorsqu’il s’agit de crimes pédocriminels. Car enfin un sentiment de frustration sexuelle lié à la continence obligatoire ne se transforme pas en agression sexuelle contre des mineurs s l’on n’est pas porteur de cette tendance. Et il est peu probable que le séminariste qui se sent attiré par les enfants pré-pubères, garçons ou filles, choisirait de fait le mariage si le célibat était optionnel. Personnellement j’incriminerais plutôt l’immaturité sexuelle du clergé en formation obnubilé par la notion catholique de « péché de la chair » au point de ne savoir distinguer entre acte librement consenti entre adultes (mais condamné par l’Eglise, contrairement à la société) et agression. L’autre cause systémique reposant sur la « protection filiale » du père-évêque et le secret des procédures canoniques où la victime est assimilée à un « complice ». Ces causes là me semblent plus structurantes que la seule question de l’obligation au célibat.
Il est clair qu’il n’y a pas de lien entre l’obligation du célibat ecclésiastique et les abus sexuels sur mineurs ou la pédocriminalité.
On sait bien que la majorité des abus sur mineurs et des crimes pédocriminels se font dans les familles.
La seule différence est qu’elles touchent habituellement plus souvent des filles, alors que dans le cas des clercs elles touchent davantage des garçons.
Bonjour,
On ne peut pas séparer l’oeuvre de l’artiste car celui-ci imprime de sa forme par l’acte de conception de l’oeuvre.
L’argumentation est en trois étapes, les deux premières étant l’enseignement des pères tant sur l’ancien que le nouveau testament.
1- La première oeuvre est la Création dont l’artiste est Dieu par sa Parole. Dieu fait donc Adam, sa créature, à son image et selon sa ressemblance. Toute création artistique humaine participe de cette image que l’artiste projette dans son oeuvre. Le processus de création humaine est similaire au processus de création divine (mais non ex-nihilo).
La création divine ou humaine est ainsi « personnelle » et implique dans son processus de création que l’artiste « imprime » quelque chose de lui dans son oeuvre.
Autrement dit, dire que l’oeuvre est distincte de l’artiste, ne peut l’être que du point de vue de la « substance ou matière », ce qui est une évidence puisque la substance humaine de l’artiste humain est de la chair et non de la pierre ou du minéral comme dans le cas d’une mosaïque.
Lorsque donc l’on a dit ça, l’on n’a rien dit, on a juste rappelé que de la pierre ou du bois, ce n’est pas de la chair ou de la substance animique.
Par contre, du point de vue du process de la création, l’oeuvre est en relation à l’artiste et ne peut en être séparé. C’est ce point que vous ne considérez pas et qui est l’essentiel.
Si l’on interroge un artiste, quel qu’il soit, il dira toujours que son oeuvre est personnelle, qu’il y a mis quelque chose de lui, et qu’il ne peut en être autrement (Le fait qu’il appose son « nom » sur son oeuvre est significatif qu’elle n’est pas séparée de lui, quoi que même s’il ne le fait pas, elle n’en demeure pas plus séparée dans la réalité).
2 – Un artiste « conçoit » ce qu’il va créer et cette conception, si l’art est dit « sacré », est une conception inspirée par l’Esprit Saint. Cela est à l’image de la conception immaculée du Verbe par la vierge Marie dont l’âme est inspirée par l’Esprit Saint, son époux.
Ainsi, tout artiste religieux est inspiré par l’Esprit en tant que son âme qui conçoit l’oeuvre, participe de l’immaculée conception. C’est pour cette raison que les artistes religieux commencent toujours leur travail par une prière à Dieu (les peintres d’icône, par exemple, mais pas seulement pour l’art figuratif) et à son Esprit pour en être inspiré.
Or, l’âme d’un Rupnik est une âme corrompue car criminelle que l’Esprit Saint ne peut investir pour que l’artiste en devienne le médiateur humain. Rupnik ne fait pas de l’art religieux ou inspiré ou sacré. Il projette sa ténèbre dans son oeuvre.
3 – Concernant la mosaïque incriminée, les yeux noirs ou ténébreux des personnages figurés sont significatifs en ce que les mystères soi-disant représentés sont les mystères dit « lumineux ». Or, Jésus dit ceci, dans les synoptiques : » Ton oeil est la lampe de ton corps. Si ton oeil est lumineux, ton corps entier est lumineux, mais s’il (l’oeil) est ténébreux, ton corps entier est ténébreux ».
Rupnik a projeté de sa ténèbre dans son oeuvre; Il a enténébré un mystère lumineux des ténèbres de son âme corrompue ou ténébreuse en représentant les yeux parfaitement opaques. Comment est-il possible de ne pas le voir.
Une dernière chose : séparer l’oeuvre de l’artiste comme vous l’affirmez (sur la base d’aucun fondement d’ailleurs, mais de votre opinion), c’est dénier aux victimes de critiquer l’agresseur à travers son oeuvre, puisque celle-ci est supposée être séparée de l’artiste. Or, en réalité il y a toujours de l’artiste dans l’oeuvre, sinon ce n’est plus une « oeuvre », un « ouvrage », c’est-à-dire le travail de « quelqu’un ». Une oeuvre séparée de son artiste n’existe nulle part dans la Création, ni en Dieu créateur, ni en l’homme créateur. Prétendre cela est une absurdité, laquelle devrait tomber sous le sens.
Seule l’intelligence artificielle qui n’est pas une « personne » peut produire un résultat mais qui n’est pas une « oeuvre », pas le fruit d’un travail, mis d’un « calcul ».
Cordialement.
Les purs et les parfaits qui réclament des autodafés…
Ni l’obligation de célibat ni le secret des procédures canoniques ne sont probablement à considérer comme les causes principales des abus sexuels ecclésiastiques.
Ce qui n’empêche que tant l’existence du célibat obligatoire que l’existence du secret des procédures canoniques contribuent très probablement l’une et l’autre à augmenter les risques d’abus sexuels par des prêtres.
Conclusion : La suppression de l’obligation de célibat tout comme celle du secret des procédures canoniques pourront contribuer à diminuer les risques d’abus sexuels par les prêtres.
A René
Je pense aussi qu’il n’y a pas de lien entre le célibat ecclésiastique et les abus commis par les clercs .
Je crois que la cause principale et commune des abus commis par les clercs et pas seulement les abus sexuels, est liée au rapport au consentement . Le consentement d’autrui n’est à priori jamais pris en compte dans les rapport humains au sein de l’église catholique .Ce qui est paradoxal puisque l’église a été une des premières en instituant le mariage comme un sacrement , à promouvoir le consentement et même le consentement exprimé publiquement pour reconnaitre la validité du lien conjugal .
Si on lit attentivement humanae vitae par exemple on constate que la notion de consentement en est totalement absente . La femme par nature ne supportant les rapports sexuels que pour engendrer et l’homme par nature devant réprimer ses pulsions . Une vision exclusivement « naturaliste » de la sexualité qui ignore la notion de consentement .
De plus la notion de consentement suppose l’égalité de principe entre les personnes en relation . L’église étant organisée en castes hiérarchisées et la caste cléricale étant sacralisée , la notion de consentement dans le rapport à autrui en est logiquement totalement absente .
Toute la théologie de l’appel sur laquelle est fondée l’exercice des responsabilités dans l’église ignore elle aussi la notion de consentement . On utilise pour cela le célèbre texte de Jérémie 20, 7 en en faisant une lecture anachronique et juridique au lieu d’en faire une lecture spirituelle . Le « tu m’as forcé la main et tu as été le plus fort » légitimant que c’est le rapport de force qui détermine la nature de la relation entre Dieu et les hommes et donc entre ses représentants et l’humanité . .
La notion de contrat dont la définition est « l’expression de la volonté commune des parties » et qui suppose donc l’existence de consentement est totalement étrangère à la culture de l’église .
Or la loi mosaïque sur laquelle repose tout le message de l’évangile a pour fondement le contrat et le consentement . L’alliance au Sinaï impose une condition de réciprocité » écoute la voix du peuple » (1 Samuel 8,7), Dieu est devenu l’obligé du peuple du fait de l’expression du consentement de celui ci . . Le texte biblique dit aussi que Dieu s’oblige à se souvenir de ce à quoi il s’est engagé , ce qui l’oblige à renoncer à sa colère . Il doit accepter de limiter sa souveraineté au nom même de ce à quoi lui même et le peuple ont consenti réciproquement .
Pas étonnant alors que en l’absence de culture du consentement , s’agissant de la pulsion sexuelle , non seulement des abus soient commis » de manière systémique » par les clercs mais que ceux ci ( et c’est aussi grave ) n’aient même pas conscience qu’il s’agit d’abus .
Bien que n ‘ayant pas de voix au chapitre , je proposerais volontiers que la CEF mette en place un groupe de travail sur la notion de consentement dans la pastorale des diocèses , dans la relation entre clercs et fidèles .
En ces temps de synode on a le droit de rêver , sans illusions démesurées .
Marco Marzano n’évoque pas la plus grande violence, celle commise par Institution presque dès son origine qui consiste à faire croire à des garçons, ados, jeunes hommes que l’appel « suis moi » dont parlent clercs et consacrés vient de Jésus lui-même et que répondre « oui » engage toute leur vie au service de l’Institution. Il est là le noeud du système. La tradition a même longtemps été d’enrôler de jeunes garçons, avec l’accord de leurs parents, en leur faisant miroiter la « belle vie » à l’abri des vicissitudes matérielles (bien servi nourri logé et bien considéré, dispensé d’impôts et de services militaire…) et un bon niveau d’enseignement.
Qu’il dérape ou pas affectivement et sexuellement, écueils indissociables, tout ordonné et consacré est victime de cette « foi » qui le conduit à reproduire, en toute bonne conscience, cette violence spirituelle qu’il ne peut révoquer sans « s’effondrer » psychologiquement. Ainsi, ordonnés et consacrés se croient investis du devoir de former, intervenir, guider, la vie spirituelle et affective de ses ouailles pour leur salut.
Aucune révolution ne sera possible tant que la reconnaissance par l’Institution de ce vice originel restera tabou. En refusant de recevoir la Ciase, le Pape a raté l’occasion de reconnaître que le mot « système » a un sens, ce qui aurait pu être le début d’une révolution conduisant à coup sur au « schisme de trop » qui aurait conduit à la fin de l’Institution.
« Le pape ordonne de réexaminer l’affaire du père Rupnik » : ce titre a été décliné sur différents sites médiatiques depuis vendredi dernier. On ne peut que se réjouir que le pape ait expressément demandé que l’on revoit la manière dont l’Eglise a traité le cas de l’expulsion de l’ordre des jésuites de Marko Rupnik accusé d’abus psychologiques et sexuels par des religieuses. Il y aura donc la tenue d’un procès. Sur le site du Vatican, j’ai toutefois noté combien la « culture de protection » est capitale pour le pape François : ces mots ne peuvent que douloureusement titiller ceux qui souffrent d’abus dans l’Eglise tant il y a encore de nombreuses institutions ecclésiales où « la culture de protection » des personnes est détournée au profit d’intérêts particuliers liés au pouvoir, à moins que celle-ci ne soit diluée dans une mise en scène où responsables religieux et évêques continuent d’être grisés par de savants dramaturges (les vendeurs de pigeons du temple à Jérusalem, il se pourrait) . Si seulement ces prélats savaient ce qu’il en est alors d’en perdre le sommeil tant le prix à payer peut faire basculer des vies humaines dans la détresse.
Agnès Desmazières, historienne : » « Le silence de Vatican II sur les violences sexuelles questionne la capacité de réforme de l’Eglise ». La théologienne s’est plongée dans les archives de Vatican II et dresse un constat accablant dans une tribune au « Monde » : l’Eglise avait conscience de la gravité des agressions sexuelles, mais n’a pas su se réformer. Les raisons invoquées alors résonnent avec la situation actuelle. » (Agnès Desmazières, Le Monde, 25/10/2023, voir ci-dessous)
https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2023/10/25/agnes-desmazieres-historienne-le-silence-de-vatican-ii-sur-les-violences-sexuelles-questionne-la-capacite-de-reforme-de-l-eglise_6196392_6038514.html?fbclid=IwAR1cn8anYjXQk8elhePe75BQYpRrP_I7dXbD7f7513tCf4Qn7pk3Iwgli8g
A Sophia,
« Culture de protection », il faut le faire. A moins que je n’aie pas compris et qu’il s’agisse de la protection des clercs ? Et de toute cette machine infernale qui broie celui qui est incapable de se défendre et n’est juste personne ? A qui on demande, lorsqu’il est impossible de continuer à l’ignorer complètement, de supporter, s’enfouir dans le silence et pardonner ? D »être plus « rationnel » ? A la place de qui on pense et parle constamment ?
La hiérarchie, elle, dormira tranquille et le tout-venant laïc retournera à ses prières que les victimes ont eu le mauvais goût de perturber un temps. Tout cela à grands coups de citations de l’Evangile.
A propos de l’affaire Rupnik :
» Mais il faut s’attendre à bien des difficultés, tant les protections ont constitué un maillage serré et ont impliqué le sommet du Vatican. » (Régine et Guy Ringwald, golias-editions.fr, 31/10/2023, vers l’article)
Anne quand vous évoquez « cette machine infernale qui broie celui qui est incapable de se défendre et n’est juste personne » vous tapez juste et de la même manière que certains évèques (mais aussi religieux, membres de Communauté ou bons chrétiens en responsabilité) se réfugient derrière un piètre argument évoquant aussi face à des abus graves, une simple affaire de personnes, cad pour eux, une affaire qui ne regarde personne. A leur place, on s’interroge douloureusement sur le fait qu’ « une affaire dite de personnes » puisse dispenser de la simple application de la Justice et du respect des personnes (devenues des victimes broyées comme vous le dites)) : le pape n’ a t-il encore demandé aux évèques réunis à Lourdes, d’avoir « le commandement de l’amour fraternel comme boussole et la défense de la dignité humaine comme objectif ». Anne d’expérience, je sais pourtant qu’il y a bien un envers à ce décor, tissé de fraternité et de charité véritable et que l’Eglise ne se résume pas à cette désastreuse réalité que vous avez raison de rappeler sans cesse. Je crois toujours que l’Église grandit et se sanctifie dans la Justice et la Vérité et qu’elle ne peut que dépérir par le mensonge et l’arbitraire.
Rebondissement dans l’affaire Rupnik : » L’affaire Rupnik, telle qu’elle évolue, évoque des rapprochements avec les plus graves affaires d’abus. Certains citent Maciel, couvert si longtemps par Jean-Paul II. Des similitudes sont observées : abus sexuels en série, prestige personnel, capacité à se constituer une fortune. L’affaire Zanchetta mériterait aussi une mention, car elle implique personnellement le pape. On rappelle aussi l’affaire Barros, au Chili, plusieurs fois citée. Là aussi le silence avait été imposé, pendant plus de deux ans. Les laïcs qui dénonçaient Barros étaient des gauchistes bornés, les victimes des calomniateurs, avant d’être invités au balcon de Saint-Pierre [14]. Entre-temps, il avait fallu un scandale public qui avait gagné la presse internationale. Jusqu’ici les victimes de Rupnik n’avaient pas encore ce puissant levier, mais le silence est en voie d’être imposé par le rapport inique du diocèse de Rome. Plusieurs affaires se percutent, Ending Clergy Abuse est un organisme indépendant, ses membres sont déterminés. S’ils poursuivent leur action, et il y a tout lieu de le croire, la donne pourrait changer. On n’ose pas imaginer les suites que cette affaire pourrait connaître. » (Régine et Guy Ringwald, nsae, 31/10/2023, vers l’article)
Il faudrait qu’en français, le mot anglais « abuse » soit correctement et systématiquement traduit par « violence » et non par le contresens qu’est « abus ». C’est pourtant ce que fait NSAE dans l’article auquel renvoi Robert, montrant ainsi comme il est difficile de se débarrasser de cet abus de langage, méthode bien ancrée dans la tradition de l’Institution comme l’indique l’origine des mots païen (paysan) et hérésie (pensée libre) par exemple.
Nous souffrons tous aussi beaucoup, actuellement, de la confusion entre sémite et juif imposée vers la fin du 20ème siècle par un monde prétendument chrétien qui reléguait les juifs au rang de « sous-prochain » quand ce ne fut pas de « résidu ».
Pour se débarrasser de cet abus de langage, il faudrait d’abord – et surtout – se débarrasser de l’hypocrisie qui a toujours régné et qui continuera de régner sur terre …!
Espérons déjà que Sa Sainteté ne se voile plus la face mais fasse en sorte que les 5 conditions minimales – dont question dans la lettre ouverte qui lui a été adressée par cinq anciennes religieuses – soient remplies dans les plus brefs délais.
Comme variation sur le titre du présent article, j’écrirais plutôt :
Affaire Rupnik : exemple-type de religiosité schizophrénique
« la renonciation à la prescription est certainement la condition sine qua non pour clarifier les responsabilités de Rupnik et rendre justice aux victimes. Mais les mots ne suffisent pas. … »
(italychurchtoo.org, 30/10/2023, vers l’article)
Relativement à l’affaire Rupnik, le collectif italychurchtoo formule très clairement ses attentes (voir ci-dessous) après la levée, par le pape, de la prescription – qui avait permis à Rupnik d’être mis indûment hors de cause :
» Nous soulignons comment, à ce stade, nous attendons :
(1) que la décision du pape [de lever la prescription], qui ouvre une lueur d’espoir pour les victimes, se transforme rapidement en réalité d’un procès canonique : un engagement non respecté constituerait un nouvel et énième abus ;
(2) qu’en ce qui concerne l’instruction, le déroulement et la conclusion du procès soit communiqués aux victimes et au public, au nom d’une transparence réelle et effective qui permette la manifestation de la vérité ;
(3) que le procès canonique de Rupnik, à l’instruction duquel le Pape s’est engagé, ne se transforme pas en procès des victimes : leur crédibilité de femmes adultes doit être respectée et protégée ; elles doivent pouvoir se prévaloir d’avocats de leur choix ; elles doivent être dûment informées des procédures et directement impliquées ; sinon, elles ne feront que revivre un nouvel abus ;
(4) que le procès canonique de Rupnik soit mené rapidement et soit le prélude à d’autres procédures visant à mettre en lumière les responsabilités de ceux qui, dans la chaîne de commandement de la hiérarchie ecclésiastique, ont su, couvert et étouffé l’affaire ;
(5) que dans la même dimension de transparence, les conclusions de la visite apostolique à la Communauté Loyola d’Ivanka Hosta soient rendues publiques sans délai. Ce n’est que si ces conditions minimales sont remplies qu’il sera possible de penser que l’Église institutionnelle est vraiment au seuil d’une nouvelle façon plus concrète de traiter les abus, de rendre la vérité et la justice aux victimes et de poursuivre les responsables, sans faire usage ni de protection ni de dissimulation. »
(italychurchtoo.org, 30/10/2023, vers l’article)