A mon ami, mon frère André Gouzes…

A mon ami, mon frère André Gouzes…

Voici le texte de mon intervention à l’occasion de ses obsèques, le 27 août, à Sylvanès.

Le frère André Gouzes est mort dans la nuit du 22 au 23 août, à l’âge de quatre-vingt-un ans. Il était atteint, depuis plus de dix ans, par la maladie d’Alzheimer. Il n’a donc pas eu connaissance de l’accusation portée contre lui, en 2022, pour laquelle l’action publique engagée vient de s’éteindre avec sa mort. Né en 1943 dans le petit village de Brusque (Aveyron) il entre à vingt ans dans l’Ordre des frères prêcheurs. C’est au couvent de Toulouse, où il est chantre, qu’il commence l’écriture musicale – sur des textes de Daniel Bourgeois et Jean-Philippe Revel – de ce qui deviendra la Liturgie chorale du peuple de Dieu, riche de quelques 3 000 pages, chantée dans une quinzaine de pays à travers le monde. A partir de 1975 il s’installe à l ‘abbaye cistercienne de Sylvanès (Aveyron) alors à l’abandon dont il engage le renouveau, très tôt rejoint par Michel Wolkowitsky aujourd’hui directeur de l’abbaye.. C’est en 1980 que je fais sa connaissance et que se nouent, entre nous, des liens d’amitié qui ne se sont jamais démenti. Mardi 27 août, dans l’abbatiale de Sylvanès où se déroulaient ses obsèques, j’ai été invité à lui rendre hommage. C’est le texte que je mets, ici, en ligne. Peut-être me risquerai-je ultérieurement à un billet plus circonstancié sur mon ami. Mais demain est un autre jour ! 

Cher, très cher André,

Ta longue maladie – plus de dix ans – nous a permis de solder au fil des mois ce que nous portions en nous d’incompréhension, de révolte, de colère et de larmes. Si bien qu’aujourd’hui nous sommes là, autour de toi, disponibles pour la seule joie de fêter ton entrée dans l’éternité de Dieu; heureux de rendre grâce pour tout ce que nous avons vécu ensemble.

Des centaines d’entre nous dans cette abbatiale ( tes neveux, tes frères dans l’Ordre dominicain, tes amis…) mais ils sont des milliers, aussi, dans les fermes ou villages alentour et tant d’autres lieux plus lointains, pourraient témoigner d’un moment unique vécu un jour avec toi. Ils le gardent au fond du cœur comme un trésor précieux. C’est une rencontre qui, parfois, a changé leur vie. Il leur en reste un souvenir personnel : un geste, une parole, un regard, une émotion qui n’appartiennent qu’à eux et à toi. A vous seuls. Et que rien ne pourra jamais effacer.

Tu vois, André, je me souviens de ce jour de l’hiver 1989 où nous avons engagé, aux Granges, autour du feu, l’écriture du livre qui allait raconter ta vie et le début de l’aventure de Sylvanès. (1) Je t’ai demandé : “parle-moi de toi“. Ce n’était pas, pour toi, l’exercice le plus difficile ! Tu avais évoqué ton Sud-Aveyron natal, où tu vas reposer désormais, en des termes qui étaient déjà du Gouzes dans le texte :

« Les terres, ici (…) engendrent des êtres qui leurs ressemblent, faits de rocailles et de senteurs sauvages. Les hommes de ce pays sont frères des rapaces qui tournoient dans le ciel, libres. C’est pour cela qu’on aura toujours du mal à les faire entrer dans des cadres trop stricts. Par moments, ils peuvent devenir fanatiques, intolérants ou tout simplement insaisissables. (…) Parce qu’ici la terre est une terre de secrets. Elle possède ses avens, ses grottes, ses failles et ses crevasses que chacun porte aussi en lui. » (2) Voilà qui ouvre au mystère de l’être que nous avons côtoyé.

Il y a deux ans, une accusation grave a été portée contre toi. Elle a laissé tes amis incrédules et désemparés. Tu pars, comme on pouvait le craindre, sans que la justice se soit prononcée. La maladie a eu pour effet que tu n’auras jamais été entendu.

Si la parole de toute victime présumée doit être écoutée avec respect et compassion, il n’en  est pas de même des injonctions de ceux qui du haut de leur magistère ont décrété que, par précaution, ton œuvre liturgique devait être mise en sourdine, au risque de l’effacement. En oubliant que les textes qui la constituent aussi ne sont pas de toi mais de tes frères : Daniel Bourgeois et Jean-Philippe Revel. La Liturgie chorale du peuple de Dieu est bien ce qu’elle dit être : celle du “peuple de Dieu“. Je repense à cette phrase de Michel Debré : « Le peuple, en ses profondeurs, est bien plus sage que ses princes. » Cela peut être vrai aussi pour l’Eglise. Le petit peuple chrétien continue de chanter ta musique, André, et continuera de le faire. Parce que, dans sa foi, cela le rend heureux. 

Depuis l’autre rive de la Méditerranée nous sont parvenues les paroles de l’un de tes frères dans l’ordre de Saint-Dominique, Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger. Il écrit : « André Gouze a été pour moi un grand frère. Il laisse une œuvre liturgique considérable qui a nourri le frère dominicain que je suis. Je formule le voeu que les générations à venir puissent également s’en nourrir. » (3) Tu vois, André, il est aussi des princes qui savent partager la sagesse de leur peuple ! 

Parce que oui, nous nous sommes surpris, réjouis, puis émerveillés et nourris de cette liturgie qui, plus qu’aucune autre, nous faisait pénétrer le mystère de Dieu. Celui qui n’a jamais chanté “joyeuse lumière“ dans la douceur du soir, celui qui n’a jamais été saisi par le jaillissement de l’exultet, sous ces voûtes, dans la nuit de Pâques, celui-là ne peut comprendre combien un frisson peut être sacré ! Et combien la foi au Ressuscité constitue vraiment la nourriture de l’âme. 

Parce que oui, nous nous sommes reconnus dans ta vision d’une Eglise redevenue prophétique, droit sortie de l’épître aux Galates : « Il n’y a plus ni juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. » (4) Et, ajouterais-je : vous vous dressez, debout face au soleil !

Parce que que oui, avec Michel (5), ton compagnon de la première heure, tu as su nous ouvrir à une rencontre généreuse des cultures et des religions, à la recherche de ces “semences du verbe“ qui, traduites dans la beauté, sont autant de traces de la divinité de toute Création, même lorsqu’elle est œuvre humaine. Cette quête nous rend universellement frères et sœurs, au service de la paix.

De tout cela, André, comment ne pas te remercier à l’heure du Grand départ ? Tu nous a fait grandir, aimer la vie, rire de nous-mêmes, respirer en altitude un vent de liberté ! Ce vent dont un vieux paysan de chez nous me disait un jour : « L’air, ici, monsieur, il n’est pas du pays, il vient de partout et c’est pour ça qu’il est bon. » 

Alors, va André, va retrouver par-delà le mystère de la mort, le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de Melchisédek que tu as tellement aimé et si bien servi, va retrouver Jésus et Marie sa mère et tous les défunts que tu portes dans ton cœur. Et de là, envoie sur nous tes bénédictions, particulièrement sur celles et ceux qui, fidèlement, ont su t’accompagner jusqu’au bout de la route, jusqu’au bout de la nuit. 

Permets-moi cet ultime souvenir : les dernières paroles reçues de toi. C’était lors de l’une de mes visites à Gramond où tu as fini ta vie terrestre, entouré de respect et d’affection. Tu étais déjà bien affaibli par la maladie. Ce jour-là ta voix n’était que murmure. Je me souviens avoir du tenir mon oreille proche de ta bouche tout le temps de la rencontre. Ton propos était saccadé, précipité, incohérent. Puis, soudainement, tu m’as regardé fixement et me prenant la main tu m’as dit : « Tu sais René, les gens sont toujours infiniment reconnaissant envers ceux qui savent les aimer en vérité. » Et, le temps d’un éclair, tu as replongé dans ton errance.

Sois rassuré André : notre reconnaissance est immense et nous t’aimons aussi très fort. 

Adieu mon frère !

  1. André Gouzes, René Poujol, Sylvanès histoire d’une passion. DDB 2010. 240 p.
  2. ibid p.21-22.
  3. Commentaire sur le fil Facebook de René Poujol, 23 août 2024. 
  4. Saint-Paul, Gal.3,28)
  5. Michel Wolkowitsky : Sylvanès, l’aventure d’une vie, Entretiens avec René Poujol. DDB 2011, 260 p. 

La photo d’ouverture a été prise à Carnac le 15 février 2009. André Gouzes et moi mettions la dernière main à la reédition, enrichie, vingt ans après, de notre livre Sylvanès histoire d’une passion (DDB) © René Poujol

La Photo des obsèques à Sylvanès est de Jean-Marc Cognot © JM Cognot, Midi Libre

EPILOGUE

« Je voulais vivre de bel amour. 

Je meurs de sale blessure. 

Et pourtant je suis là, indemne. 

Je souffre de ma vie intacte dedans ma vie ruinée. » 

(Christian Bobin, Une petite robe de fête, p.71)

55 comments

  • Merci René de si bien dire ce que nous ressentons et tout ce que nous devons au cher André Gouzes.
    Il nous reste maintenant sa Liturgie chorale du Peuple de Dieu, qu’il nous appartient de faire vivre tant elle porte la prière dans la beauté.
    Mon dernier souvenir est un peu plus ancien que le tien.
    Je me rappelle bien un de mes derniers souvenirs de lui, qui date du dernier été avant son hospitalisation (en 2018).
    Il arrivait en même temps que moi à l’abbaye de Sylvanès et je l’entends encore s’exclamer en rentrant : « Que c’est beau ! »
    Magnifique cette capacité d’émerveillement !

    Reply
  • Merci René pour ce magnifique témoignage que tu nous livres sur André, sur tout ce qu’il t’a donné et sur tout ce qu’il a donné à l’Eglise ! Tes mots sont justes, forts et émouvants. Ils nous font du bien. Je n’ai jamais eu le même lien de proximité et une aussi longue amitié avec lui que toi. Mais, comme tu le dis si bien, je fais partie de ceux qui n’oublieront jamais les quelques rencontres que j’ai pu avoir avec lui, et les quelques moments intenses que nous avons partagés. André restera pour moi un frère aîné dans la foi et un maître en liturgie. Nous avions en commun, lui et moi, d’être des amoureux de la vie et des amoureux de la liturgie chrétienne. Deux réalités finalement indissociables. C’est aussi cela que je retiendrai de lui.

    Reply
  • Cher René je lisais des textes de Bobin qu’il adressait à son père hospitalisé et atteint de la maladie d’Alzheimer (extraits de son livre « La présence pure ») lorsque votre message s’est posé devant moi. Deux passages retiennent soudainement mon attention, aussi je vous les livre :.
    D’abord le 1 er : « Il est impossible de protéger du malheur ceux qu’on aime : j’aurai mis longtemps pour apprendre une chose aussi simple. Apprendre est toujours amer, toujours à nos dépens. Je ne regrette pas cette amertume » ; et enfin celui-ci, grâce aux dernières paroles que vous avez entendues, prononcées par votre Ami, André Gouzes : « La vérité vient de si loin pour nous atteindre que, lorsqu’elle arrive près de nous, elle est épuisée et n’a presque plus rien à nous dire. Ce presque rien… est un trésor. »

    Reply
  • Merci pour ce texte si émouvant que vous étiez le seul à pouvoir écrire !
    La vie sur cette terre n’est finalement qu’un court, très court passage !!! Demandons au frère André de nous aider à l’accomplir avec autant de bonheur et de grâce, au service de notre Dieu et de nos frères, surtout les plus pauvres ….

    Reply
  • Il y a dans notre droit republicain un principe sain : tant que l’on a pas été reconnu coupable par un tribunal respectant les règles du procès équitable, on est presumé .innocent .
    La mort de l’accuse éteint définitivement toute possibilité d’action judiciaire .
    Cela peut choquer les victimes lorsqu’il y en a , mais je crois que c’est quand même la solution la plus sage et la moins mauvaise pour lutter contre les risques d’injustice
    La justice des hommes est imparfaite . Mais la condamnation sans procès équitable d’un accusé innocent est aussi dommageable que le fait de ne pas pouvoir rendre justice à une victime .
    Reste l’œuvre qu’il faut considérer séparément de la vie présumée de son auteur et dont le temps dira la valeur ..

    Reply
    • « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. ». Sur ce principe,l’avocate d’Ibrahim Maalouf, écarté du jury du festival de Deauville, demande réparation pour son client.
      La diection du festival,invoquant un « malaise » dans l’équipe et une émotion des réseaux sociaux, a exclu le trompettiste, condamné en 2015 pour une agression sexuelle mais relaxé en 2020.
      La justice des hommes est en effet très imparfaite.

      Reply
      • Relaxe pour insuffisance d’éléments! Le doute a logiquement bénéficié à l’accusé après que, cependant, l’avocate générale de la cour d’appel ait requit 2 ans de prison avec sursis et 40 000 euros d’amende. La justice des hommes est heureusement imparfaite, le pot de terre est toujours petit face au pot de fer.
        Une relaxe n’étant pas un certificat d’innocence il est probable qu’I. Maalouf ne portera pas plainte contre le jury du festival de Deauville, malgré ce qu’il laisse son avocate trompeter.

        Reply
          • A Anne .La relaxe n’innocente pas toujours la personne .Tout dépend des causes de la relaxe . Si la relaxe est obtenue parce que l’on .e peut pas prouver que l’on peut imputer les faits à l’accusé avec certitude , l’accusé est judiciairement inno entre. Concernant

            l’affaire Barbarin par exemple l’arrêt de la cour
            d’appel reconnait qu’il est coupable des faits dont on l’accusé mais que ceux ci sont prescrits . Dans ce cas , la relaxe ne signifie pas que l’accusé est innocent mais que dans l’état du droit, ce dont il est reconnu coupable ne peut plus donner lieu à condamnation . Ce qui est très différent.

          • Certes Guy, mais dans une société démocrratique et fondée en droit, seule la vérité judiciaire fait loi. C’est un principe fondamental, mais j’ai bien l’impression que cette évidence l’est de moins en moins.

          • A Anne
            C’est exactement ce que je disants mon post initial . La vérité judiciaire fait loi . Tout en sachant que la vérité judiciaire est une tentative pour se rapprocher de la vérité .

  • Merci René pour votre message, au nom de nous tous qui avons tant reçu d’André. Impossible pour moi d’être présente à Sylvanes aujourd’hui mais la lecture de votre texte me permet de rejoindre, par l’émotion qu’il suscite, la communauté de tous ceux qui ont aimé André et qui, par son inspiration spirituelle, ont pu retrouver la confiance dans l’Eglise, telle qu’il la rêvait: oecuménique.
    Et si une personne, se considérant comme victime de ses agissements, devait être blessée par ces propos: qu’elle me pardonne et qu’elle trouve force et courage pour se reconstruire.

    Reply
  • Des chants de magnifique beauté qui sublimaient majestueusement la liturgie! Et de plus à Sylvanès, un petit coin de paradis où je suis passé il y a une quarantaine d’années! Que le Seigneur l’accueille miséricordieusement!🙏🙏🙏

    Reply
  • J’ai eu la joie de le connaître personnellement et de chanter sous sa direction lors de stages. C’était bien sur une personnalité hors du commun, avec ses qualités et ses défauts. Mais c’était surtout un contemplatif contagieux qui possédait le don de savoir faire partager ses émotions et son enthousiasme à celles et ceux qui l’entouraient. Avec lui, on ne se contentait pas de chanter, ont était tout de suite baigné dans la louange et la prière. Notre reconnaissance va aussi bien sur à D. Bourgeois et JP Revel dont les textes, souvent inspirés des Ecritures, ont participé au rayonnement de son oeuvre dans toutes les Eglises, tant catholiques romaines que protestantes et orthodoxes.

    Merci René de ce beau texte que tous ceux qui aiment André ne peuvent que partager.

    Reply
  • … Bonjour René… quels echos en moi… Jean-Christophe… le fils d’un abbé… que je défendrai quand même… toujours… car c’est difficile une vie d’homme… quand le monde entier… vous honore… puis soudain vous conspue… il faut absolument que vous me contactiez… il existe une voie… prenons-la ensemble…
    jcmenetrier@outlook.fr Jean-Christophe Ménétrier

    Reply
  • André avait aussi de nombreux amis agnostiques, dont je suis. Ce qui ne nous a jamais empêchés d’avoir de belles conversations sur les religions, les dieux, les croyants, les mécréants, la mort… et la spiritualité en général. Toujours dans le respect inconditionnel des uns et des autres. C’est André qui m’a initié à la lithurgie orthodoxe, dont je me nourris toujours aujourd’hui, alors que nous assistions quelques fois aux offices religieux dans la cathédrale orthodoxe de Montréal. Je dois à André et à son frère Jean d’avoir rencontré celle qui partage ma vie depuis 56 ans. C’était à Montréal, lors d’un échange de chorales, soit celle de l’Université de Montpellier, dirigée par Jean Gouzes, et celle de Montréal, Kattialine, dirigée par Jean-François Sénart.
    André demeure un phare pour beaucoup d’entre nous. Et nous l’aimons tous, inconditionnellement.

    Reply
  • Pingback: Obsèques du frère André Gouzes - Pro Veritate

    • Merci, frère (l’auteur de ces lignes est dominicain) de ce témoignage. D’autres personnes présentes m’ont exprimé leur émotion et leur gratitude avec les mêmes mots. J’en suis heureux car moi-même ai partagé cela en écrivant mon texte.

      Reply
      • Merci René pour le rétrolien vers l’article du frère dominicain dans le blog Pro Veritate.
        On y trouve aussi du même un précédent article, très juste : « Frère André Gouzes, o.p., l’homme et l’œuvre ».

        Reply
  • Anne Thoraval ,

    Certes la relaxe innocente la personne en droit. La «  verite judiciaire « est une vérité de droit, non de fait, lorsque, par exemple, la personne est décédée ou que les faits sont prescrits. La vérité judiciaire n’a rien d’une vérité absolue car, à l’inverse, un tribunal peut tout aussi bien condamner un innocent.

    Reply
    • A Marie Christine
      Sur les rapports entre vérité judiciaire et vérité tout court :
       » Il s’agit de pouvoir prouver les faits . c’est un boulot de juriste . Le citoyen moyen a le luxe de croire en la vérité . Un juriste doit se contenter de ce qu’il peut prouver  » . ( John Le Carré  » Le Directeur de Nuit « )
      Un tribunal se prononce exclusivement sur ce que l’on peut prouver dans un sens ou dans un autre . Le respect de l’état de droit est la garantie de notre liberté .

      En ce qui concerne A Gouze et toutes les personnes accusées d’abus sexuels , elle ne sont en aucun cas les victimes de je ne sais quel » tribunal médiatique  » ou sous l’emprise de l’opinion publique . elles sont jusqu’à preuve du contraire devant un tribunal présumée innocentes .
      Ne laissons pas croire que ce sont les médias relais parfois serviles d’une opinion publique qui rendent la justice dans notre pays . Ils n’ont pas l’importance que d’aucuns leur accordent . Si comme citoyens nous avons le « luxe de croire en la vérité  » nous n’avons en aucun cas donné aux médias le mandat de nous imposer ce qu’il faut croire . Nous sommes des citoyens adultes et responsables . N’en déplaise à ceux qui se posent en leader d’opinions et autres directeurs de conscience . Défaut qui est commun à la plupart des organes de presse et pas seulement aux médias catholiques : Il suffit d’écouter C news ou Europe I par exemple pour s’en rendre compte

      Reply
      • Vous écrivez plus haut dans un commentaire auquel il n’est pas possible d’apporter une réponse, ce qui suit : « l’affaire Barbarin par exemple l’arrêt de la cour d’appel reconnait qu’il est coupable des faits dont on l’accusait mais que ceux ci sont prescrits . Dans ce cas, la relaxe ne signifie pas que l’accusé est innocent mais que dans l’état du droit, ce dont il est reconnu coupable ne peut plus donner lieu à condamnation . Ce qui est très différent. »
        Il faut à nouveau vous répéter que l’arrêt de la Cour d’appel auquel vous faites allusion a été annulé par un arrêt de la Cour de cassation.
        La Cour de cassation a arrêté que l’obligation de dénonciation prévue par le Code pénal cesse lorsque les victimes sont en état de dénoncer les faits, ce qui était le cas dans l’affaire Preynat.
        Le Parquet de Lyon avait refusé de poursuivre Monseigneur Barbarin car dès le départ il avait compris que rien ne pouvait lui être reproché eu égard au droit pénal.
        Monseigneur Barbarin est innocent. En conséquence, les faits qu’on lui reprochait n’ont jamais été prescrits puisqu’ils n’ont jamais constitué une infraction pénale.
        Continuer à affirmer le contraire après qu’un arrêt de la Cour de cassation (c’est à dire de la plus haute juridiction de droit civil) l’a innocenté, pourrait, à mon avis, être qualifiée par le Procureur de la République de diffamation si le Cardinal Barbarin portait plainte contre vous.
        S’obstiner à alléguer un arrêt d’une Cour d’appel après qu’il a été cassé, relève soit d’une complète méconnaissance de l’organisation des tribunaux en France, soit d’un acharnement idéologique qui offense la charité.
        En effet, un vrai Chrétien préfère subir l’injustice plutôt que d’y participer.

        Reply
        • Merci d’avoir si bien compléter l’ « arrêt » de Guy Legrand en montrant bien que Cardinal Barbarin est innocent et qu’il ne peut rien lui être reproché .
          Mais cela nous éloigne du frère André Gouzes que je souhaite remercier pour son immense oeuvre liturgique dans ma paroisse ce dimanche plusieurs chants de lui ont été chanté . Merci aussi a René pour le bel hommage , si émouvant qui lui a rendu

          Reply
        • Le Pape qui avait refusé la démission du Cardinal après la condamnation en correctionnelle, au motif de la présomption d’innocence vu qu’il y avait appel, l’a acceptée une fois le jugement de relaxe en appel rendu. Et puis, suite à ce jugement d’appel, le législateur a modifié en août 2018* le délit de non-dénonciation pour en faire un délit « quasi continu » c’est à dire susceptible d’être plus longtemps poursuivi. Le côté « affaire entre Etats » a aussi jouée un rôle, notamment la note au cardinal du secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi et l’absence de ce dernier à l’audience à laquelle il avait été cité à comparaître… citation que le Vatican ne lui avait pas transmise (immunité diplomatique).
          Comme ce n’est sans doute pas parce que le cardinal a été relaxé en appel que le pape a accepté sa démission qu’il avait auparavant refusée, il y a lieu de se demander si le Pape n’aurait pas préféré que le cardinal ne fasse pas appel, et accepte la condamnation.

          * Loi 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes

          Reply
  • André était un AMI TRÈS CHER que j’ai connu à Montréal quand il est venu chanter dans ma chorale, le Choeur Kattialine. Depuis nous n’avons cessé d’être en amitié et depuis 1990, date à laquelle je
    suis revenu m’installer en France, à Aix-en-Provence, il m’a invité à donner des stages de polyphonie -18 en tout – alors que j’étais maître de chapelle de la cathédrale Saint-Sauveur. Son empathie, sa
    générosité, sa grande spiritualité m’ont profondément marqué. J’étais aux obsèques mardi dernier dans
    « son » abbaye ,si chère à son cœur, et j’ai grandement apprécié votre émouvant témoignage.Nous ne nous connaissons hélas pas, mais je vous en remercie du fond du cœur.

    Reply
  • Je tombe par hasard et avec émotion sur ce texte d’André Gouzes évoquant la maladie d’Alzheimer de son amie Hélène Zamoyska (dans le bulletin de l’Abbaye de Sylvanès n°5 de décembre 2008)

    « C’est à notre grande amie Hélène Zamoyska que nous devons cette fabuleuse donation ! Hélas, doucement, l’horrible maladie d’Alzheimer fait son œuvre en tout son être et en tous ses
    souvenirs… Il me reste intact l’émouvant « éveil » qu’avait provoqué en elle l’inauguration des premières expositions à l’Abbaye et au Prieuré. J’ai pensé qu’il était bon et juste, urgent même, de lui offrir par cette magnifique réalisation un « ultime bonheur » à emporter dans l’innocence éternelle du Paradis et de son inépuisable beauté ! Je suis sûr que nous y arriverons ! Merci à tous ceux
    qui m’aideront et me soutiendront par leurs dons, leur confiance et leur prière. »
    Père André Gouzes,op.
    Président des Amis de l’Abbaye de Sylvanès et des Amis Auguste Zamoyski

    Reply
  • René,
    Je viens de relire le texte que vous avez dit à André le jour de ses obsèques. Et je vous en remercie infiniment !
    Oui, la beauté de la liturgie gouzantine est réelle et j ose dire…efficace ! si l on considère qu elle touche le cœur. Comment rester indifférent à cet « Office des Tenebres » de la semaine Sainte où on se promène de l ancien testament, en passant par les psaumes, pour écouter st Jean, st Paul, etc…et tout cela, mis en musique, et quelle musique !!
    On en vient automatiquement à connaître l Ecriture non seulement par cœur mais par Le cœur. Merci à Toi André ! Je n’ai pu venir à Sylvanès, mais j’ai chanté de tout mon cœur au Couvent de Toulouse. Et je ferai tout pour que cette Liturgie puisse encore et encore toucher les cœurs.

    Reply
  • A Geneviève , Michel et Michel 89420 .
    Sauf erreur de ma part il est toujours possible de répondre à un post sur ce blog .La preuve , Geneviève m’a répondu .
    Sauf erreur de ma part , la cour de cassation se prononce exclusivement en droit et jamais sur le fond de l’affaire .Si la cour de cassation a pu affirmer que la non denonciation des faits par Barbarin ne constituait pas un motif de condamnation , elle a juste confirmé l’arrêt de la cour d’appel qui considérait que cette non denonciation était prescrite . Mais relisez les termes de l’arrêt de la cour d’appel qui reconnaît explicitement que Barbarin et certains de ses collaborateurs sont coupables des faits qui leurs sont reprochés
    La cour de cassation a confirmé l’arrêt de la cour d’appel et l’on ne peut en aucun cas conclure que cet arrêt innocente Barbarin
    – parce que ce n’est pas de la compétence de la cour de cassation de se prononcer sur le fond
    – parce que la cour de cassation confirme l’arrêt de la cour d’appel qui reconnaît explicitement que Bqrbarin est coupable dew faits qui lui sont reprochés mais que ces faits sont prescrits ..

    .

    Reply
  • A Geneviève
    La cour de cassation a confirmé la relaxe (qui n’est pas l’innocence ) du cardinal Barbarin en fondant sa décision sur l’interprétation de l’article434- 3 du code pénal.
    Elle a donc validé en droit l’arrêt de la cour d’appel de Lyon qui relaxait Barbarin tout en le déclarant coupable des faits qu’on lui reprochait .
    Puis je vous inviter à relire l’arrêt de la cour d’appel de Lyon aussi attentivement que j’ai pu le faire .

    Reply
    • Il est tout à fait inutile de relire l’arrêt de la cour d’appel de Lyon puisque il a été annulé et donc inexistant que ce soient dans ses motifs ses conclusions et jugement malgré votre immense regret concernant cette annulation par la Cour de Cassation et en conséquence la non déclaration en justice de la culpabilité du Cardinal Barbarin

      Mais n’oublions pas que ce post est consacré au Frère dominicain André Gouzes auquel la plus part des participants ont rendu un vibrant hommage

      Reply
  • A Michel de Guibert
    Peut être que les vacances et l’accueil des petits enfants t ont ils suffisamment fatigué pour te rendre vulnérable au virus de la mauvaise foi dont tu me sembles affecté .
    Ph Barbarin n’est ni une victime , ni un bouc émissaire.
    Ph Barbarin n' »est pas un simple prêtre . Il avait comme archevêque de Lyon la responsabilité du gouvernement de son diocèse et a ce titre est responsable des décisions qu’il a prises .
    – Il a manqué à ses responsabilités en ne suspendant pas immédiatement l’abbé Preynat lorsqu’il a eu connaissance de ses actes . Barbarin lui même a reconnu dans un entretien avec I de Gaulmyn avoir eu connaissance des agissement de Preynat bien avant 2014 et avoir considéré cette affaire comme close .
    – Il n’a pas pris en compte les victimes en réaffectant Preynat en toute connaissance de cause dans un paroisse au contact d’enfants .
    Il a manqué à la simple cohérence de comportement en tenant en permanence un discours ecclésial sur la nécessité de protéger les plus faibles et en donnant dans les faits priorité à l »honorabilité apparente de l’institution écclésiale .
    Ce n’est pas juger la personne de Ph Barbarin que de souligner en se fondant sur les faits ( qu’il assume lui même ) qu’il n’a pas été à la hauteur de ses fonctions comme « gouverneur  » du diocèse de Lyon . le fait que le pape ait accepté sa démission est juste normal au vu de ses erreurs d’appréciation de la situation .
    Je suis le premier à reconnaitre qu’il a été fidèle à la logique de fonctionnement de l’institution qui consiste y compris quand on est évêque à ne jamais être responsable de rien ( c’est Dieu qui l’est pour le bien , le diable pour le mal et le manque d’instruction du vatican pour les affaires de gouvernement , les victimes éventuellement qui ont le grand tort de ne pas avoir fait ce qui relevait pourtant préalablement de la responsabilité de l’évêque mais jamais les clercs .).
    Si les évêques étaient vraiment responsables ( capacité à répondre de ses actes ) ils auraient , quand bien même aucun d’eux n’aurait commis aucune faute , du présenter collectivement leur démission au pape lors de la publication du rapport de la Ciase comme il est d’usage de le faire dans toute institution qui dysfonctionne .
    Etre le responsable ça consiste à prendre sur soi la responsabilité des erreurs et des fautes ( m^me en l’absence de faute personnelle ) pour préserver l’institution . C’est pourquoi Barbarin n’est en aucun cas un bouc émissaire puisque le bouc émissaire est par définition étranger à ce dont il s’agit . il ne sert qu’à évacuer la violence qui menace la cohésion de la société . Barbarin comme évêque était responsable du fonctionnement du diocèse de Lyon .

    Enfin la souffrance d’amour propre d’un cardinal en disgrâce parcequ’il a manqué à son devoir est elle vraiment comparable à celle des victimes des abus des clercs ?

    Reply
    • A Guy Legrand

      Les agissements du P. Preynat avaient cessé depuis longtemps quand Philippe Barbarin était archevêque de Lyon.
      Ses trois prédécesseurs, qui étaient en poste au moment des faits, n’ont jamais fait de signalement.
      Mais c’est Barbarin qui paie pour ses prédécesseurs… et qui est donc le bouc émissaire dans cette triste affaire.

      Reply
      • Le système, le système comme dit Molière du poumon; ou encore ce système (sectaire) du Docteur Knock qui détermine: « Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d’individus, neutres, indéterminés. Mon rôle c’est de les déterminer… »; ou comme dit Guy « le déni, le déni ». Pour qu’il soit exact d’estimer que Barbarin n’est pas plus ou moins responsable que ses prédécesseurs, il faut d’abord faire abstraction du fait que la société a changé. Pour ceux-là, c’est la faute au malade, à ce foutu malade -la société- qui a commencé de se libérer, qui a évolué quand le « système téléologique » qu’ils adorent reste empêtré, figé, captif de manies multiséculaires que ce système persiste à confondre avec sa finalité.

        Rends hommage à l’œuvre d’André Gouzes qui veut! Pour moi ici, c’est l’amitié entre lui et René Poujol qu’il convient de saluer et non l’œuvre de l’un ou de l’autre, de même que j’ai salué l’amitié entre Henri Grouès et René et pas leurs œuvres. Je partage sur la relation « œuvre-auteur » le point de vue de Hannah Arendt « …ce ne sont pas les œuvres qui habitent en lui [l’artiste], c’est lui qui habite en elles »*. Cet avis de toutes contraintes « La décadence des arts sacrés a aussi des causes spirituelles et sociales. Mais ses causes artistiques se ramènent toutes à l’académisme, directement ou par contre-coup ».
        * Origine de cette citation, le bref texte de synthèse de Thomas Dutriez sur le thème « L’homme, l’œuvre, l’artiste » (les mardis de l’essec, janvier 2020): https://www.lesmardis.fr/opinions/lhomme-loeuvre-lartiste/

        Reply
        • Correctif.
          Cet avis du dominicain Marie-Alain Couturier, exprimant que l’art doit être, autant que faire se peut, libre de toutes contraintes va dans le m^me sens « La décadence des arts sacrés a aussi des causes spirituelles et sociales. Mais ses causes artistiques se ramènent toutes à l’académisme, directement ou par contre-coup ».

          Reply
      • A Michel
        D’accord avec toi les prédécesseurs de Ph Barbarin sont également responsables de la situation du diocèse de Lyon en matière de protection par non action a l’encontre des
        prêtres abuseurs
        Mais ton analyse omet deux éléments essentiels
        – Barbarin a géré le cas Preynat en se fondant exclusivement sur la parole de Preynat et en ne tenant aucun compte de la parole des victimes
        Ce qui est pour le moins partial
        – Lorsque l’on est en charge du gouvernement d’une structure , fut elle un diocèse, on doit répondre de ce qui dysfonctionne quand bien même on n’a pas commis de faute personnelle. Cela s’appelle la responsabilité. Ce n’est pas la personne Ph Barbarin qui est en cause , c’est l’archevêque Barbarin qui a failli dans l’exercice de ses fonctions en ne comprenant pas que l’on ne pouvait plus protéger le clergé abuseur comme avant et en se defaussant sur le Vatican pour justifier son attentisme coupable .On ne peut pas prétendre gouverner un diocèse et se réclamer de l’autorité de sa fonction et en même temps refuser de répondre de ses actes lorsqu’ils sont a minima inadaptés a la gravité de la situation .
        La faute de l’archevêque de Lyon est de se vouloir toujours irresponsable alors qu’il était en situation de responsabilité. Ce qui prouve qu’il n’était pas a la hauteur de sa fonction puisqu’il n’avait pas compris qu’elle responsabilité elle impliquait.
        Dans la société civile lorsque l’on exerce une responsabilité, on paie par une démission pour tous les dysfonctionnements de la structure dont on a la charge y compris pour ceux que l’on ne pouvait
        même pas connaître. , y compris quand on est soi même irréprochable..
        Cela s’appelle la responsabilité .
        Non Barbarin n’est pas un bouc emissaire , il est juste un fonctionnaire clerical qui n’a pas voulu assumer les responsabilités de sa charge .

        Reply
        • On peut en effet reprocher à Mgr Barbarin de n’avoir pas perçu que les temps avaient radicalement changé (il est loin le temps où tous les intellectuels branchés faisaient l’apologie de la pédophilie), mais on doit dire aussi que les agissements criminels de Preynat avaient cessé depuis longtemps quand il a été en charge du diocèse de Lyon et qu’il a cru de bonne foi qu’il n’y avait plus de risque à le laisser en place (en effet, « Dieu merci », les crimes avaient cessé depuis longtemps).

          Reply
  • a Geneviève
    Je vous laisse la responsabilité de qualifier ma compétence en droit .. Ce qui n’enlève rien au comique de votre assertion vu mon parcours .
    – Faut il vous rappeler que si la cour de cassation avait cassé l’arrêt la cour d’appel de Lyon , comme vous l’affirmez elle aurait du renvoyer l’affaire devant une autre cour d’appel pour juger sur le fond puisque la cour de cassation ne se prononce qu’en droit . Vers qu’elle cour d’appel la cour de cassation a t elle renvoyée l’affaire Preynat ?
    -La cour de cassation émis un arrêt qui diffère de celui de la cour d’appel de Lyon sur la motivation de l’interprétation de l’article 434-3 du code pénal .

    En effet l’obligation de dénonciation n’est pas un blanc sein à la délation qui serait juridiquement reconnue . Elle n’a qu’un seul but : protéger les victimes . L’obligation de dénoncer des faits qualifiables pénalement au procureur de la république ne se justifie que par la vulnérabilité de la victime ..
    La cour d’appel avait fondé son arrêt sur la seule prescription des faits . La cour de cassation estime que cela ne suffit pas et qu’il s’agit de prendre en compte la vulnérabilité des victimes quand bien même les faits sont prescrits . Elle estime ensuite que cette vulnérabilité n’existe plus lorsque les victimes sont devenues adultes et quelles pouvaient alors porter plaintes elles mêmes . Ce qui confirme la décision de la cour d’appel de Lyon en invoquant d’autres motifs .

    L’arrêt de la cour de cassation a l’immense mérite d’apporter des précisons sur la manière d’interpréter l’article 434 – 3 du code pénal .
    On peut néanmoins s’interroger sur la pérennité de cette jurisprudence alors que la médecine a mis en évidence qu’un acte aussi traumatisant qu’un abus sexuel pouvait , par réflexe de simple survie ne pas s’inscrire dans la mémoire consciente et être « oublié » pendant de longues années jusqu’à ce qu’un fait fortuit en fasse ressurgir le souvenir ..La vulnérabilité pourrait alors être considérée comme persistante au-delà du simple fait d’être juridiquement adulte . Cela l’avenir de la science et de sa prise en compte par la jurisprudence nous le dira . mais il ne faut pas en exclure l’hypothèse .

    Cet « échange » ne nous éloigne pas du sujet d’André Gouze , car il est autant préjudiciable d’accuser un innocent sans pouvoir le prouver devant un tribunal , que de ne pas rendre justice à une victime d’abus réels . C’est bien la même question du fonctionnement structurel de l’église dans l’appréhension des abus qui est posée tant dans l’affaire Barbarin /Preynat . que dans la non affaire Gouze .

    Reply
  • André Gouzes était pour moi un ami chaleureux et ensoleillé. Paix à son âme. Il avait un défaut, l’amour de la vie sans frontières et hors cadres, ce qui lui permettait de l’apprécier mais aussi, sans doute, de quelque peu le pièger, d’autant qu’il vivait affranchi de tout cadre et contraintes communautaires faits pour canaliser et asssurer le contrôle des ardeurs de ceux qui en sont adhèrents. C’était l’envers d’une richesse de sensibilité peu commune.

    Reply
  • Le déni « vertu » catholique ?
    Autant il est légitime de défendre l’action des évêques si on estime qu’elles juste , autant il est illégitime de le faire en avérant des choses fausses pour étayer sa thèse .
    – L’arrêt du 14 avril 2021 de la cour de cassation a REJETE le pourvoi en cassation formulé par Huit victimes de l’arrête la cour d’appel de Lyon . L’arrêt de la cour d’appel de Lyon relaxant le cardinal Barbarin a donc été confirmé et rendu définitif . .
    _ la cour de cassation a uniquement précisé l’interprétation de l’article 434-3 du code pénal en estimant que la prescription.éventuelle des faits d’agression sexuelle sur mineur est sans effet sur l’obligation de dénonciation qui néanmoins disparait dès lors que la victime apparait en mesure de dénoncer elle même les faits . Ce qui pose( cf mon post précédent) la question des critères pour apprécier si la victime est ou non en mesure de dénoncer elle même les faits .
    – La cour de cassation n’a en aucun cas annulé l’arrêt de la cour d’appel de Lyon comme le soutiennent à tort Geneviève et Michel 89420 . et n’a donc pas pas consacré l’innocence de Ph Barbarin .
    La cour de cassation est le juge des juges par celui des accusés . Ce qui explique que lorsque la cour de cassation casse un arrêt d’appel elle renvoie devant une autre cour d’appel pour rejuger sur le fond . Ce qui n’est pas le cas dans l’affaire Barbarin .

    Il me semble que la déontologie minimale dans nos débats sur ce blog devrait empêcher d’employer des arguments contraires à la réalité des faits . En ce qui me concerne je me tiens à cette éthique.

    Reply
  • A René Poujol

    Comme tous les amis d’André, j’ai été particulièrement affecté par son départ, d’autant que je l’avais accompagné personnellement durant son dernier été passé aux Granges, en 2017, avant qu’il ne soit interné, à l’automne, dans des conditions particulièrement contestables.

    André n’est plus… C’était pour moi un homme de soleil !
    De par son œuvre et ses rencontres, Il nous a laissé un message unique de foi, de fraternité et de tolérance. Son œuvre est immense : il a fait revivre l’abbaye de Sylvanès, il a mis en musique une œuvre monumentale : « la Liturgie chorale du peuple de Dieu »…
    Vous avez magnifiquement rappelé tout cela le jour de ses funérailles et j’envie sincèrement le doigté, la justesse et la sensibilité avec lesquels vous nous avez fait revivre cette vie exceptionnelle.
    Mais il y a un silence étonnant concernant l’œuvre œcuménique d’André : celui du rapprochement entre les Églises, en particulier entre l’Église orthodoxe et l’ Église catholique, qu’il a matérialisé par la construction de l’église de l’Hétimasie à 3 km de l’Abbaye, la devenue très célèbre Chapelle russe .
    Est-ce un oubli involontaire, que nous sommes beaucoup à avoir remarqué et regretté ?
    Est-ce aussi un oubli de Michel W. , le « compagnon de toujours d’André », « l’Ami de tout temps » ?
    Est-ce un oubli volontaire, cette volonté de silence le jour où tous, je dis bien TOUS… nous étions réunis pour dire au revoir à André, pour nous remémorer et reconnaître toute son œuvre ? Cela serait si loin du message d’André !

    Bernard MAURY
    Ancien président de l’Association FRA ANGELICO

    Reply
    • Cher monsieur Maury,

      Merci de prendre ici librement la parole. Et merci de vos propos à l’égard de mon hommage à André Gouzes repris en publication sur mon blog.
      Je puis vous rassurer au moins sur un point : l’oubli que vous signalez, pour le regretter, est totalement involontaire. Sans doute cette forme de lapsus « par omission » est-elle le signe de quelque blessure encore profonde chez moi.
      Vous avez raison, l’église russe à vocation œcuménique des Granges de Pessales, trop souvent présentée comme orthodoxe, à cause de son architecture singulière, fait partie intégrante de l’œuvre d’André. C’est une faute de ma part de ne pas l’avoir évoquée et je vous en demande pardon.

      Reply
  • Merci Bernard de rappeler cela, mais tout n’est pas oublié même si cela n’a pas été rappelé lors de ses funérailles.
    L’association Fra Angelico – Andrei Roublev continue et cette année encore il y avait pour la fête de la Transfiguration une belle manifestation œcuménique dans l’église russe avec la veille des Vigiles latines (avec les chants de la Liturgie Chorale du Peuple de Dieu) et le jour une divine liturgique orthodoxe.

    Reply
  • Lecture de ce jour à méditer !

    Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 4,1-5.
    « Frères, que l’on nous regarde donc comme des auxiliaires du Christ et des intendants des mystères de Dieu.
    Or, tout ce que l’on demande aux intendants, c’est d’être trouvés dignes de confiance.
    Pour ma part, je me soucie fort peu d’être soumis à votre jugement, ou à celui d’une autorité humaine ; d’ailleurs, je ne me juge même pas moi-même.
    Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur.
    Ainsi, ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il rendra manifestes les intentions des cœurs. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu. »

    Reply
    • A Michel
      A méditer sans omettre néanmoins que les chretiens vivent en société et que cette société est régie par une loi commune constitutive de notre contrat social.
      D’accord avec toi , aucune loi des hommes ne dira la réalité profonde l’irréductible intimité et spécificité d’une personne humaine ..
      Mais cela ne peut ni ne doit en aucun cas servir à dissimuler ou à excuser les actes contraires à cette loi commune lorsqu’ils sont commis par une personne qui peut aussi avoir une dimension et une action admirable .
      Un criminel peut éventuellement être un saint mais aux yeux de la loi des hommes il est aussi un criminel .
      Je crois sain (sans t) de ne pas mélanger la dimension citoyenne et la dimension spirituelle et intime dans notre appréhension d’autrui. – – parce que sinon nous serions dans une société totalitaire
      – parce que la personne humaine est très complexe et que nulle loi ne peut prétendre la circonscrire .

      Reply
  • Pouvoir du clerc et consentement .
    Les révélations comme les soupçons d’abus notamment sexuels qui affectent des prêtres qui par ailleurs ont initié et mené des actions admirables ne nous permettent plus d’échapper à la question de la place du consentement dans la conception des pouvoirs du prêtre .
    Les  » pouvoirs sacrés reçus du Christ lui même  » seraient le fondement même du statut du prêtre nous dit l’idéologie sur laquelle est fondée l’organisation de l’institution écclésiale .
    Qui dit » pouvoir sacré » dit injonction qui ne peut être remise en cause et ouvre ainsi structurellement , systémiquement , la porte à tous les abus possibles sans qu’ils soit légitimement possible de les combattre ou de les contenir .
    Dans la relation à autrui le clerc peut statutairement se passer de son consentement , doit même se passer de son consentement pour être fidèle à la conception du prêtre promue par l’église .
    L’abus sexuel n’est donc pas conçu comme un abus mais comme le mode de relation « normale « . du clerc à autrui dans la culture ecclésiale .

    Mais la question du consentement , donc du débat est incompatible avec la vision que l’église a d’elle m^me et de ses prêtres .
    C’est pourquoi en dépit de toutes les révélations sur les abus sexuels des prêtres personne ne veut l’aborder ni l’envisager . Même madame Margron qui a beaucoup oeuvré en faveur des victimes des abus des clercs se refuse jusque’!ici à la poser explicitement même si timidement elle y fait parfois une allusion furtive ; L’abus sexuel est avant tou un abus de pouvoir nous dit elle . mais elle n’étire aucune conclusion sur la conception dupretre et l’organisation de l’église ;

    il suffit de lire le communiqué habituel de la CEF pour constater qu’il est toujours interdit d’ envisager cette question . Les abus vont continuer car le consentement est une notion volontairement toujours inconnue dans la culture cléricale .

    Reply
    • Bonnes questions, Guy, même si le ton polémique que tu adoptes affaiblit souvent ton propos.

      J’en reviens toujours à la primauté de la conscience chère à Newman et au nécessaire respect de la conscience et de la liberté de l’autre par celui qui a autorité.
      A cet égard, je viens de lire avec grand intérêt l’interview du dominicain Gilles Berceville qui date de 2019 mais garde toute son actualité :
      « Le prêtre abuseur détourne les fondamentaux de la confiance à son propre usage »
      https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Le-pretre-abuseur-detourne-fondamentaux-confiance-propre-usage-2019-02-20-1201003893

      Reply
    • Je cite :  » L’abus sexuel n’est donc pas conçu comme un abus mais comme le mode de relation « normale « du clerc à autrui dans la culture ecclésiale .  »

      Basé sur l’adage bien connu « Qui ne dit mot consent », ce mode de relation  » normale  » fera usage de  » silences de consentement « .
      (dans la culture ecclésiale – outre des silences de désinvolture, de complicité, de mépris, de condescendance – existent donc également des silences de consentement).

      Reply
  • Tenez, la nouvelle du jour pour celles et ceux qui ne seraient pas encore en courant, ou seront (ou feront mine ?) d’être surpris : le Père Matthieu Jasseron abandonne le sacerdoce.
    Courant Juillet 2024, quand j’ai lu qu’il « allait prendre un temps de retrait », j’ai prédit à des amis : il va quitter le sacerdoce dans quelques mois.
    Loin de moi d’avoir quelque don de voyance ou de prédiction dans l’avenir : c’est juste logique.
    …Et ce n’est pas fini.
    Beaucoup de choses à revoir si l’on veut non seulement accueillir des vocations de prêtres, mais si en plus on veut les garder !

    Reply
  • Ceci dit juste en passant, quelques réflexions hâtives suite aux propos de Louis. https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/tiktok/la-quete-de-matthieu-jasseron-devenir-pretre_6658392.html : ce témoignage de Foi de Mathieu Jasseron ci-joint est intéressant à écouter en fin de synode. Dans les conclusions du synode, on peut lire « qu’il est important d’aider les fidèles à ne pas cultiver des attentes excessives et irréalistes à l’égard de l’évêque, en se rappelant qu’il est lui aussi un frère fragile, exposé à la tentation, qui a besoin d’aide comme tout le monde ». Le départ de ce prêtre (avec ses raisons évoquées), met l’accent encore une fois sur ce qui pose problème dans l’Eglise : bien des évêques assurés d’être des sages inspirés ont oublié leurs propres fragilités d’où leur manque possible de discernement et du sens réel de ce qu’est la « vraie fraternité » si chère au cœur du nouveau cardinal Jean-Paul Vesco : dans un bel entre-soi, ils s’assurent trop souvent de détenir la vérité plutôt que d’écouter avec un vrai souci de vérité ceux qui osent dénoncer par exemple des abus de pouvoir dans l’institution. Dans le texte final du synode ne parle-t-on pas notamment de la nécessité de « la culture de la transparence » et de « ce peut et doit être délégué à d’autres » ? Le Pape François et l’Esprit saint « ça ne fait pas deux », les conclusions de ce synode annoncent plus qu’un changement de style c’est sûr, et cela redonne espoir. J’espère !

    Reply

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *