Impunité de la part des évêques, silence de la communauté, telles semblent être les clés de l’affaire Preynat, véritable traumatisme pour le diocèse de Lyon et l’Eglise de France.
Cet article a été repris, le 26 septembre 2016, par le site Aleteia que je remercie vivement.
Pour l’opinion publique comme pour la plupart des catholiques de France, «l’affaire» commence le 23 octobre 2015 lorsque, dans un communiqué, le diocèse de Lyon annonce que des plaintes ont été déposées contre un prêtre du diocèse, pour des faits de pédophilie antérieurs à 1991. Trois mois plus tard, le père Bernard Preynat est mis en examen pour «agressions sexuelles et viols sur mineurs de 15 ans par personne ayant autorité.» Entre temps, ce qui aurait pu rester «l’affaire Preynat» est devenu «l’affaire Barbarin», les anciens scouts à l’origine de la plainte, regroupés au sein de l’association La parole libérée, accusant l’archevêque de Lyon de «non dénonciation» (1). On connaît la suite.
Un an après le déclenchement de ce tsunami, un livre (2) vient, fort à propos, remettre un peu d’ordre dans une chronologie embrouillée et tenter de clarifier les données d’un dossier particulièrement complexe. Son auteure, Isabelle de Gaulmyn, est journaliste, rédactrice en chef adjointe à la Croix, spécialiste des questions religieuses. Elle a été, quatre années durant, l’envoyée spéciale permanente du quotidien catholique à Rome. Mais plus encore elle a été dans son enfance lyonnaise, avec deux de ses frères, membre de la troupe scoute Saint-Luc fondée par le père Preynat. D’où, dans l’écriture, cette expression de gravité, de solidarité douloureuse avec les victimes du prêtre.
Beaucoup de gens savaient …
L’enquête minutieuse d’Isabelle de Gaulmyn permet, en premier lieu, de préciser ou de confirmer un certain nombre de faits. Le père Bernard Preynat était bien un prédateur qui, pendant vingt ans, de 1971 à 1991 a agressé sexuellement, parfois jusqu’au viol, plusieurs dizaines de jeunes scouts (entre soixante et cent selon les estimations). Ses agissements, même si la gravité et l’ampleur en étaient sous-estimées, ont été connus des archevêques successifs : NNSS Decourtray, Billé et Barbarin, qui se sont contentés de déplacer le prêtre à partir de 1991. Enfin, nombre de fidèles et de confrères savaient «qu’il pelotait», «tripotait» des gamins et n’ont rien dit.
Comment expliquer ce silence ? Trois raisons essentielles sont avancées par le livre qui donnent à comprendre le passé mais sonnent surtout comme autant d’alertes pour le présent et le futur, si l’Eglise veut réellement rompre avec ces dérives.
La pédophilie comme mal «inévitable»
La première tient à la méconnaissance profonde de la pédophilie, de ses mécanismes et de ses conséquences. L’Eglise, qui se présente volontiers comme «experte en humanité», s’est avérée incapable de prendre la mesure du crime pédophile. Au point, on l’a encore entendu récemment, de s’interroger sur la nature peccamineuse de l’acte, alors même qu’elle continue de considérer comme péché tout ce qui a trait à la sexualité en dehors «des liens sacrés du mariage» ! «Ca a toujours existé !» revenant fréquemment dans les conversations, comme une excuse ! Une méconnaissance qui se double du refus obstiné d’admettre la nature profondément perverse du pédophile (on le croit sur parole lorsqu’il dit qu’il va s’amender) et de prendre la mesure des traumatismes subis par les victimes.(3)
Le secret comme réflexe de protection
La deuxième raison est liée à la culture du secret qui marque profondément la vie de l’Eglise. Proclamer à temps et à contre temps qu’elle est dans le monde sans être du monde, a fini par convaincre, tant la hiérarchie que le clergé et les fidèles, que «notre sainte mère l’Eglise» (assimilée à l’institution) a le devoir de se protéger, de se défendre contre la société. Que le scandale, surtout sexuel, doit être évité à tout prix et que, dès lors, mieux vaut «laver son linge sale en famille», ce qui suppose une forme de délégitimation de la justice des hommes… (4) Raisonnement qui trouve ici ses limites lorsqu’on constate que les archevêques de Lyon successifs n’ont jamais traduit le père Preynat devant un tribunal ecclésiastique, pourtant lui-même tenu au secret. Le linge sale n’a tout simplement pas été lavé !
La miséricorde comme apaisement du conflit
La troisième procède d’une conception tronquée de la miséricorde. Sans doute la relation évêque-prêtre est-elle marquée – souvent pour le meilleur – par la parabole de l’enfant prodigue. Le prêtre fautif (sans doute en aurait-il été différemment pour un simple laïc) se trouve accueilli, pardonné par son père évêque… et rétabli dans ses droits. Sauf que dans la tradition biblique il n’est pas de miséricorde sans justice, pas de pardon sans aveu de la faute. Or le père Preynat, tout en reconnaissant les faits qui lui sont reprochés, s’avère toujours incapable de demander pardon. «A qui se confessait-il donc ? » interroge le livre ! Et le premier réflexe autoprotecteur de l’institution, tout comme de certains fidèles, face à l’initiative des victimes de La parole libérée, a été de les accuser «de faire mal à l’Eglise». Une manière de nier et leur souffrance et leur droit à réparation. Vous avez dit justice ? Vous avez dit miséricorde ?
En 2009, le prêtre, journaliste et psychanalyste Daniel Duigou publiait L’Eglise sur le divan (5). Il y développait l’idée qu’il y a toujours risque, pour une institution comme pour une famille, à confondre dans une même personne les rôles maternel et paternel… Avec l’affaire Preynat, nous y sommes ! Une Eglise qui ferait une plus large place aux femmes dans ses instances dirigeantes aurait-elle un même comportement face à la pédophilie ? Isabelle de Gaulmyn qui, à l’époque, consacra au livre une recension assez critique écrirait-elle la même chose aujourd’hui ?
Pas de prescription pour les victimes… donc pour l’Eglise
Le livre offre une plongée saisissante dans les modes de fonctionnement de notre Eglise dont on pouvait penser que, face à la pédophilie, elle avait pris les choses en main. Au début des années 2000, suite au traumatisme de l’affaire Pican (6), les évêques réunis à Lourdes pour leur Assemblée plénière annuelle, décident courageusement que désormais «les prêtres coupables d’actes à caractère pédophile (devront) répondre de ces actes devant la justice.» Or, à peine rentré dans son archidiocèse de Lyon, Mgr Billé, alors président de la Conférence des évêques de France, ne prend aucune initiative particulière concernant le père Preynat, alors même que les faits ne sont pas prescrits. Incompréhensible ! Isabelle de Gaulmyn commente : «Intraitable en théorie, à Lourdes, contre la pédophilie mais dans son diocèse beaucoup plus hésitant : tous les évêques n’ont-ils pas ce double visage ?» (7)
Au terme de son enquête, l’auteure s’est rendue à Lyon, chez le cardinal Barbarin, qu’elle connaît bien. Elle porte en elle le «remords» – désormais exorcisé par ce livre – de n’avoir elle-même rien fait, alors qu’elle se souvient avoir informé en 2005 le nouvel archevêque de Lyon des confidences, reçues d’un prêtre, relatives aux agissements du père Preynat. Aujourd’hui, le cardinal archevêque de Lyon reconnaît avoir sous-estimé la gravité des faits. Il admet qu’à partir des années 2000 si, comme ses frères évêques, il était bien résolu à appliquer le principe de «tolérance zéro» à propos de toute nouvelle affaire de pédophilie, il n’a pas eu, c’est vrai, le réflexe de revisiter le passé, considérant qu’il avait été «réglé» par ses prédécesseurs. Aujourd’hui, écrit-elle «il a compris que les faits anciens, s’ils étaient prescrits pour la justice, ne l’étaient pas pour les victimes, et donc pas pour l’Eglise.» (8)
«La vérité vous rendra libres» (Jn 8, 32)
Fallait-il écrire ce livre, au risque de «remuer la boue» une fois encore, alors que tant d’articles ont déjà été consacrés à cette affaire ? Le débat anime les réseaux sociaux depuis l’annonce de sa sortie en librairie et la publication, dans l’Obs d’une excellente interview de l’auteure. Alors disons-le ici sans aucune réserve : l’Eglise doit être reconnaissante à Isabelle de Gaulmyn de ce travail scrupuleux et responsable. On ne peut proclamer à tout bout de champs : «La vérité vous rendra libres» (Jn 8,32) et vouloir l’occulter en permanence pour se protéger. On ne peut prétendre donner des leçons de morale à la société civile et refuser de balayer devant sa porte. On ne peut vouloir protéger l’ensemble des prêtres contre d‘odieux soupçons et refuser de nommer les coupables.
A ce stade, ce qui saute aux yeux est l’extrême réticence de l’Eglise à se réformer d’elle-même si elle n’y est pas poussée, voire contrainte, soit de l’extérieur, soit de la part de certains de ses membres. Sans le courage des initiateurs de La parole libérée, il est probable que nous en serions encore aux belles paroles épiscopales du printemps 2002. Le 5 mars dernier je concluais un article de ce blogue par ces mots : «Aujourd’hui face aux risques toujours possibles d’agressions pédophiles ou de dérives sectaires, ce ne sont pas ses ennemis qui acculent l’Eglise au changement et au choix courageux de la vérité, ce sont ses propres enfants qui l’exigent, sans ressentiment ni agressivité mais avec détermination.»
Dans cet ouvrage qu’il faut lire et faire lire, ne serait-ce que pour entendre la parole des victimes, dont certains ne parviennent toujours pas à se reconstruire, Isabelle de Gaulmyn écrit encore : «Pendant vingt-cinq ans, nous avons tous préféré nous taire. Nous sommes tous entrés dans ce cercle du silence, n’avons pas osé briser ce secret, par peur du scandale, par conformisme, par ignorance. L’incroyable impunité dont a bénéficié le père Preynat est le fait des évêques. Mais le silence est celui de toute une communauté.» (9)
Avant-hier, je suis allé à la Procure, la grande librairie catholique parisienne de la rue de Mézière, pour me procurer le livre d’Isabelle de Gaulmyn en vue de rédiger cet article. Dans ce temple de l’édition religieuse, j’ai été accueilli dès l’entrée par des piles d’ouvrages de littérature pieuse. Où trouver Histoire d’un silence, pourtant largement présenté par les médias les jours précédents ? Sur la table des «nouveautés» ? J’ai cherché en vain ! J’ai dû interpeller un vendeur qui a fini par trouver l’ouvrage gratifié, il est vrai, d’une note de lecture louangeuse. D’évidence ce n’était pas le genre de littérature que la direction souhaitait mettre en avant. Mais il n’est pas dit que ce fut là davantage celui que les clients habituels avaient envie de lire.
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- Plusieurs plaintes seront déposées en ce sens, classées sans suite le 1e août 2016 par le procureur de la République.
- Isabelle de Gaulmyn, Histoire d’un silence, Le Seuil, 200 p. 18 €.
- Ce constat en forme de jugement, porte, il est vrai, pour une part, sur une période où l’ensemble de la société avait une tout autre approche de la question pédophile. L’acuité de notre regard tant sur la gravité de l’acte, que sur ses conséquences et sur la structure psychique du pédophile s’est aiguisée au fil des «affaires» successives : Dutroux (1996), Outreau (2000)… On ne peut donc pas, sans nuance, examiner le passé avec les outils dont nous disposons aujourd’hui. Rappelons que dans les décennies 1970 et 1980 des pédophiles notoires avaient libre accès à l’antenne sur des chaines de télévision ou à la tribune de magazines qui, aujourd’hui, sont les plus virulents vis-à-vis de l’Eglise.
- Désormais obligation est faite, dans l’Eglise, à ceux qui ont connaissance de faits de pédophilie de les dénoncer à la justice. Un prêtre qui reçoit cet aveu en confession ne peut donner l’absolution qu’après que la personne se soit dénoncée elle-même.
- Daniel Duigou, L’Eglise sur le divan, entretiens avec Claude Plettner, Bayard 2009.
- En 2001, pour la première fois, un évêque est condamné par la justice française pour non-dénonciation de faits de pédophilie. A l’époque, l’évêque de Bayeux-Lisieux avait reçu le soutien d’un cardinal de Curie, au Vatican, le félicitant de « ne pas avoir dénoncé » l’un de ses prêtres.
- Histoire d’un silence p. 99
- op.cit p.161-162
- op.cit p. 139
On sait que dans les grandes institutions, il est impossible de changer quoi que ce soit depuis l’intérieur. Et l’église chrétienne en est une particulièrement immense aux ramifications tentaculaires.
Quand on ajoute que cette institution a, par nature, la volonté de ne rien changer sous couvert d’une «Tradition » jugée séculaire et inébranlable pour l’éternité…
Une institution religieuse a forcément l’esprit de caste. On défend les siens contre vents et marées. On les défend jusqu’à l’absurde. Sous couvert qu’il ne faut pas juger les personnes, on en arrive à une incapacité de distinguer les actes néfastes et même criminels, pire, on les tolère, ce qui signifie que l’on peut recommencer sans crainte. Puisqu’il n’y aura pas de sanction, si ce n’est des petites « bricoles internes » comme un changement de poste, et le fautif recommencera ailleurs. Ou de faire semblant de croire à des choses du genre : « c’est promis, je ne recommencerai plus jamais, promis juré, croix de bois croix, de fer, si je mens je vais en enfer »
Il faut donc impérativement que les autorités extérieures interviennent. La justice en particulier. La république laïque. Encore faut-il qu’elle soit saisie, puisqu’on fait tout pour cacher ces infamies jusqu’aux abjectes pressions morales sur les victimes et les familles. Il y a donc une stratégie concertée et évidente qui consiste à, officiellement, se boucher les yeux, à estimer que seule une justice interne ecclésiastique, (non mises en œuvre d’ailleurs), jugée sainte, serait, très éventuellement, capable de décider du pardon. Et pas d’une condamnation.
Force est de constater que toutes ces attitudes sont particulièrement coupables et sournoises. Tartuffe n’est pas mort !
Le pire dans tout ça c’est que personne, vraiment, ne se reconnaît une responsabilité personnelle. C’est pas la faute de L’Evêque, (ce brave homme) c’est pas la faute du pape, (ben non, hein !) c’est pas la faute d’un collègue curé non-pédophile. (Ben oui ! Le secret de la confession !)
Au fond, ça doit être la faute à pas de chance !
Et quand la justice des hommes intervient, devant elle, on ne reconnaît même pas ses erreurs. On dit simplement qu’on c’est un tout petit peu trompé, mis que c’est pas bien grave. Que c’est pas moi c’est l’autre. Que ça s’est passé avant. Et, puisque c’est prescrit, c’est absous.
Mais c’est pas grave ! Après la mort les victimes iront au ciel !
Après tout c’est la seule chose qui compte ! Non ?
Un rien polémique et par moment injuste, mais cela fait partie du jeu. Je crains que d’autres institutions n’aient des fonctionnement similaires. Ce qui n’excuse rien !
Même réaction à la fin de « Spotlight », ce film sur les prêtres pédophiles de Boston : le journaliste reconnaît que tous ont failli, et ont tu ou du moins n’ont pas recherché les informations dont ils avaient le soupçon.
Il n’y a plus qu’à aller à la Procure réclamer ce livre d’une auteure qu’elle connaît bien.
Au début des années 2000, l’hebdomadaire « La Vie » avait publié un dossier intitulé » Des gourous dans l’Eglise ». (Je cite de mémoire car j’écris dans un lieu où je ne dispose pas d’archives).
Ce dossier était constitué d’enquêtes sur les dérives de diverses communautés catholiques. Ces dérives étaient parfois le fait d’un supérieur qui avait des problèmes psychologiques. Dans d’autres cas, plus graves , il s’agissait de dérives collectives mettant en cause le fonctionnement de cette communauté et parfois même ses structures, ses règles, son mode de gouvernance. A cette deuxième catégorie appartenait, dans le sud de la France, une communauté de droit diocésain .
L’évêque du diocèse concerné – toujours en poste aujourd’hui et qui fait assez souvent parler de lui – avait protesté véhémentement auprès de la direction de « La Vie » . Et surtout , dans son bulletin diocésain, il avait invité expressément les fidèles à ne plus acheter ni lire « La Vie ». Pourtant, à la suite de la publication de l’article de cet hebdomadaire , il avait dissout la communauté concernée dans laquelle des dérives de type sectaires se mêlaient à des problèmes de moeurs.
A l’époque, je venais de quitter la rédaction en chef de « La Vie » et, comme transition vers la pleine retraite, je travaillais à temps partiel pour assurer notamment les relations entre notre groupe de presse et les institutions religieuses. A ce titre, il m’a été demandé de prendre contact avec l’évêque en question afin d’apaiser ce conflit. Profitant du congrès d’une organisation catholique nationale qui se tenait dans son diocèse, j’ai abordé discrètement cet évêque, dans les couloirs. .Je lui ai dit que nous comprenions mal sa mise en garde contre « La Vie » à propos de cette affaire alors qu’il avait pris la plus lourde sanction contre la communauté dont l’hebdomadaire avait dénoncé les agissements et les pratiques.
A ma grande surprise l’évêque m’a répondu : « Monsieur, tous les faits relatés dans l’article de « La Vie » étaient parfaitement exacts. Mais j’aurais compris que cet article paraisse dans « Le Canard enchaîné », mais pas dans un hebdomadaire chrétien. »
Stupéfait, je n’ai pu n’ai pu que lui dire mon incompréhension, l’évêque me faisant d’ailleurs comprendre qu’il n’entendait pas poursuivre la conversation.
Ce triste souvenir illustre une nouvelle fois ce que tu dis, René, et que le livre d’Isabelle montre courageusement et gravement : trop de responsables ecclésiastiques pensent que dans l’Eglise il faut laver son linge sale en famille. Je ne suis pas sûr que cette attitude soit vraiment… inspirée de l’Evangile !…
Bonsoir,
Autre chose m’a atterrée : Mgr Barbarin a reconnu « »En six mois, j’ai appris plus qu’en 18 ans d’épiscopat ». Souhaitons que Mg Barbarin ait pris la mesure de son ignorance. Nous attendons qu’un cardinal, primat des Gaules, soit un adulte responsable, responsable de son information, de la qualité de ses connaissances. Il est vrai que celui qui n’a pas hésité à rapprocher homosexualité et zoophilie, qui ignore qu’il existe des anthropologies autres que les anthropologies chrétiennes (elles diffèrent largement selon les époques et les théologiens) a largement prouvé que son ouverture d’esprit est sélective. Il a surtout largement ignoré combien par lui des catholiques et plus largement l’Eglise de France ont été blessés, sinon il aurait lui-même demandé à se retirer dans un monastère.
L’Eglise, magnanime, non pardon, nous, fidèles abondant le denier de l’Eglise, offrons au cardinal, avocat de renom et conseil en communication. En conséquence, je fais le choix de m’abstenir lors de la prochaine campagne.
Merci pour cet excellente recension qui clarifie le faux problème que se posent un certain nombre de catholiques qui ne veulent pas voir la réalité de l’agression des enfants et des jeunes en face. On défend l’Eglise en coopérant pour que la vérité soit faite, devant la justice, pas en aidant les évêques à ranger les squelettes dans les armoires des évêchés.
Merci pour cette excellente recension d’un livre très nécessaire. Mon commentaire porte sur la situation en Suisse où coexistent deux Eglises aussi importantes l’une que l’autre : catholique et réformée.
Il y a eu quelques cas de prêtres pédophiles, dûment réprimés, avec à la clé deux drames, deux suicides de prêtres.
En revanche, je ne connais pas un seul cas dans l’Eglise réformée. Or il s’y trouve autant de femmes que d’hommes pasteurs, les uns et les autres étant en général mariés. Quand osera-t-on investiguer la relation entre pédophilie et célibat obligatoire?
Cette question est systématiquement esquivée. On pourrait tout de même essayer de comprendre ce qui s’est passé sous l’angle d’une relation affective qui a dérapé. Si un prêtre ne peut se lier d’amitié avec une femme sans courir de risque évident, il lui est cependant loisible de nouer des liens avec un enfant. Ne serait-ce pas la clé de cette épidémie frappant une Eglise dont les ministres sont célibataires obligés et de la situation opposée régnant dans une Eglise voisine?
Si on regardait cette question sérieusement en face, n’en viendrait-on pas à remettre en cause un sacerdoce réservé aux seuls hommes non mariés, en excluant les femmes ce qui devient de moins en moins supportable?
Merci pour cette contribution à ce débat. Je dois avouer, néanmoins, que je reste dubitatif face à cet argument de la mise en cause du célibat obligatoire. Est-ce cette obligation qui, chez certains prêtres nourrit la frustration sexuelle, les poussant à l’acte pédophile ? Ou ne faut-il pas plutôt se demander si des personnes, fragiles dans leur rapport à la sexualité, ne se réfugient pas volontairement dans un statut de célibataire consacré pensant que « Dieu ls aidera à faire face à leurs pulsions » et que cette règle ecclésiastique les dispense d’avoir à se justifier vis-à-vis de leurs proches ? La question est essentielle car, dans le premier cas c’est bien l’obligation du célibat qui est en cause et doit être questionnée (mon avis étant qu’elle doit être questionnée indépendamment de cette question de la pédophilie) ; dans le second c’est la question du discernement des vocations avant l’accès au sacerdoce qui est première, car un candidat « mal dans sa peau » au plan de la sexualité sera tenté de se réfugier volontairement dans le célibat, même si celui-ci devait devenir facultatif. Mais j’admets que vos arguments sont recevables.
On peut en effet s’interroger sur la corrélation entre l’obligation de célibat – comme aussi celle d’abstinence sexuelle – et la déviance par rapport à ces obligations
(célibat et abstinence sexuelle étant obligatoires respectivement pour les prêtres et pour les religieux !).
Mais pourquoi donc tant d’obligations qui compliquent la vie d’autrui, avec à la clé tant de solitude, de frustration, d’hypocrisie, de silences induits par la loi du silence et de scandales à répétition, bref un gâchis monumental.
Pour appuyer l’argument de Jacques N., je reprendrai ici l’argumentation que j’avais tenue à l’occasion du billet «Miséricorde, l’ADN du blogue catho ? » :
« «
Mieux vaut prévenir que guérir » peut s’appliquer dans plusieurs domaines :
Cas de la circulation routière :
Dans la circulation, pour éviter les accidents de voiture, il vaut mieux :
– Ne pas boire d’alcool
– Ne pas être fatigué
– Avoir une bonne vue
– Respecter le code de la route
Attention : Ni boire de l’alcool, ni être fatigué, ni avoir une mauvaise vue ni une infraction au code de la route ne peut être retenu comme une cause incontestable d’accidents.
En revanche, réunir les conditions inverses permet de diminuer autant que possible les risques d’avoir un accident de la route.
Cas de la pédophilie :
En présence d’enfants, pour éviter de se comporter en pédophile, il vaut mieux :
– Ne pas être adonné à la pornographie
– Ne pas considérer les enfants comme des demi-portions mais les respecter
– Ne pas rester célibataire mais vivre en famille, avec femme et enfants
Attention : Ni la pornographie, ni le mépris des enfants ni le fait d’être célibataire ne peut être retenu comme une cause incontestable de pédophilie.
En revanche, réunir les conditions inverses permet de diminuer autant que possible les risques de comportements pédophiles.
J’en tire comme conclusion qu’en « réunissant les conditions inverses » (voir ci-dessus), la suppression du célibat obligatoire permettrait de diminuer les risques de comportements pédophiles.
» »
Robert, aucune raison de « bloquer » votre commentaire. Je persiste à penser que les choses sont moins simples. Les cas d’inceste dans le milieu familial (et donc de pédophilie s’agissant de mineurs) sont plus nombreux qu’on imagine, et la plupart du temps viennent de pères, grand-pères, oncles… tous mariés ! Si le mariage était une assurance contre les déviances sexuelles, cela se saurait !
D’accord René, le risque zéro n’existe pas et n’existera jamais.
Mais s’il existe un moyen, aussi ténu qu’il soit, de diminuer les risques incommensurables liés à la pédophilie, pourquoi ne le ferait-on pas ?
(je persiste à croire qu’entre une personne frustrée de vivre en célibataire et une personne heureuse de vivre en couple, le risque de passage à l’acte pédophile est moins grand dans le second cas).
Sincèrement je me sens prêt à plaider pour que le célibat sacerdotal ne soit plus obligatoire (pour moi c’est la vocation propre et le témoignage irremplaçable des moines avant que d’être ceux des prêtres) mais je préfère que ce soit sur une base autre que la pédophilie. Car à vous suivre jusqu’au bout il faudrait même interdire le célibat aux prêtres, au motif que ce serait là un mode de vie par essence « contre-nature » et dangereux… Ce qui me semble être un présupposé odieux ne reposant sur aucun fondement objectif ! Dieu merci je connais quantité de prêtres parfaitement à l’aise – et équilibrés – dans leur célibat.
Pardonnez la provocation mais votre « charge » me fait penser à ce discours entendu dans certains milieux gay où l’on vous explique, sérieusement, que le couple hétérosexuel est la cause principale de la maltraitance des enfants et qu’il n’y a rien de mieux qu’un couple homosexuel, gay ou lesbien, pour assurer leur épanouissement !
D’accord René, le risque zéro n’existe pas et n’existera jamais.
Mais s’il existe un moyen, aussi ténu qu’il soit, de diminuer les risques incommensurables liés à la pédophilie, pourquoi ne pas le mettre à profit ?
Et pourquoi donc tant d’obligations qui compliquent la vie d’autrui, avec à la clé tant de solitude, de frustration, d’hypocrisie, de silences induits par la loi du silence et de scandales à répétition, bref un gâchis monumental ?
Simple question : imaginez que l’un de vos proches vous avoue avoir violé un enfant.
Irez-vous le dénoncer à la Police ? Eh bien moi je n’en suis absolument pas certain.
Que Barbarin ait commis des erreurs et des fautes dans cette affaire personne ne peut le nier bien sûr, mais enfin il est arrivé à Lyon alors que Preynat avait, jusqu’à preuve du contraire bien sûr, cessé de commettre ces monstruosités d’une part et que d’autre part aucune plainte alors n’avait été déposée contre lui.
Quant à savoir si Madame De Gaulmyn écrirait aujoud’hui ce qu’elle écrivait en 2009 pour moi la réponse est non, mais je rajoute : hélas!
Il y a trois points différents dans votre propos. S’agissant de dénoncer un proche, chacun est libre de réfléchir à ce qu’il ferait en son âme et conscience. Sauf que l’Eglise catholique est une institution qui se veut par ailleurs le « corps du Christ » et qu’on imagine mal qu’elle puisse réduire son comportement à celui d’un simple citoyen. « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ! »
Pour ce qui est de la responsabilité du cardinal Barbarin, je ne lis pas le livre d’Isabelle de Gaulmyn – pas plus que mon propre article – comme particulièrement accusateur ! Au-delà des erreurs que vous reconnaissez vous-même. Et pour ce qui est du non passage à l’acte du père Preynat postérieurement à 1991 je vous renvoie à la réponse que je fais, ci-dessous dans ces pages, au commentaire de Benoît de Soultrait.
Enfin, chacun est libre là aussi de juger de la pertinence de la réflexion « psychanalytique » de Daniel Duigou. Pour ma part je trouve qu’il y a quelque pertinence à ne pas mélanger, sur une même personne, les fonctions paternelles et maternelles. Et je m’étonne que cela puisse choquer ceux-là même qui se sont élevés par ailleurs contre l’institution du mariage pour tous, précisément au motif qu’un enfant a besoin pour grandir d’une présence masculine et féminine.
L’Eglise est une institution humaine fondée par le Christ et inspirée par le Saint Esprit ce qu’elle oublie parfois mais certainement moins que les autres institutions. Le travail accompli depuis les années 2002 est imparfait. L’effort doit être poursuivi sans relâche ce qu’elle fait mieux que les autres institutions sans prétendre avec hypocrisie et orgueil à la perfection.
Connait-on d’autres délits de pédophilie du père Preynat postérieurs à 1990 ? J’ai compris que non. Reste l’absence de demande de pardon aux victimes. A-t-il fait cette démarche ? A-t-il cherché à prendre contact avec elles ? L’erreur humaine du père Preynat et de ses supérieurs est là.
Quant à la formation des futurs prêtres, l’année de discernement préalable aux années de séminaire est fondamentale et lourde la tâche des prêtres qui en ont la responsabilité.
J’ai entendu Isabelle de Gaulmyn sur RCF et lirai son livre. Sachant l’usage que peut en faire le laïcisme anti religieux je n’en ferai pas la publicité.
Qu’il n’y ait pas de faits de pédophilie du père Preynat avérés postérieurement à 1990 ne diminue en rien sa responsabilité pour les faits qui lui sont reprochés. Des agressions sexuelles sur plusieurs dizaines d’enfants… ce n’est tout de même pas rien ! Peut-être voulez-vous suggérer par là que la décision prise par ses supérieurs, à partir de 1991, de « se contenter » de le changer de paroisse n’était, au fond, pas si mauvaise puisqu’il n’y a pas eu de récidive. C’est alors faire peu de cas de la souffrance de ses victimes et du sentiment ressenti par elles que ce prêtre poursuivait sa mission en toute impunité.
Alors même qu’à ma connaissance, et selon le livre d’Isabelle de Gaulmyn, s’il a pu exprimer ses regrets, en privé, devant tel ou tel de ses supérieurs, il n’a jamais pris contact avec ses victimes, n’a jamais demandé pardon à aucunes d’elles et se bat désormais comme un beau diable pour tenter d’échapper à la justice des hommes… faute d’avoir jamais été appelé à rendre compte de ses actes devant un tribunal ecclésiastique.
Il n’y a pas là de quoi nourrir un procès vis-à-vis de l’Eglise en général, mais bien de s’interroger sur ce qui a rendu cet aveuglement possible. C’est l’objet du livre et c’est pourquoi il est bon de le lire. Pour le reste je vous accorde volontiers que certains journaux ou médias qui, aujourd’hui, mettent l’Eglise en accusation pour les actes de ce prêtre commis entre 1971 et 1991 ouvraient à la même époque largement leurs colonnes ou leur antenne à des pédophiles patentés. Je ne sache pas qu’ils se soient excusés depuis lors !
René, je constate que vous – et vous n’êtes pas le seul – dîtes beaucoup de bien de ce livre de madame de Gaulmyn. Trouvez-vous donc normal que l’intéressée au sujet de l’attitude incompréhensible de Mgr Billé à l’égard de Preynat ne trouve rien comme commentaire que de dire approximativement : « intraitable à Lourdes sur la pédophilie il ne fait rien de retour dans son diocèse, mais ce double visage n’est-il pas celui de tous les Evêques ? »
Que voilà une appréciation remplie de charité chrétienne assurément !
Pour ma part je n’ai jamais dit que les propos de ce livre concernant Mgr Billé se limitaient à cette phrase. Pour le reste ladite phrase se décompose en deux parties. La première se contente de constater la contradiction, que chacun peut vérifier, entre le discours lourdais sur la « tolérance zéro » et l’inertie apparente du cardinal Billé, vis à vis du père Preynat, à son retour dans son diocèse. Mais peut-être est-il possible de l’interpréter à partir de la grille de lecture que propose le cardinal Barbarin. Sans doute Mgr Billé a-t-il pensé que la question avait été réglée par son prédécesseur Mgr Decourtray…
Sur la seconde partie de la phrase élargissant ce type de comportement – que certains diraient schizophrène – à l’ensemble des évêques, elle est formulée, par l’auteure, sous forme de question. Sans doute a-t-elle ses raisons. J’imagine mal une journaliste de la Croix occupant par ailleurs un poste de responsabilité dans l’information religieuse du quotidien, « caser » cette petite phrase dans son livre, sans aucune justification, uniquement pour faire un bon mot !
Enfin, pour ce qui est de la charité chrétienne, là encore, chacun jugera. Mais rester indifférent, durant 25 ans, à ce qu’a pu être la souffrance des victimes du père Preynat procède-t-il davantage de la charité chrétienne ?
Ce n’est pas parce qu’on est journaliste et même à La Croix qu’on devient par la-même incapable, loin de là, de porter des jugements téméraires qui peuvent satisfaire une certaine partie de ses lecteurs…
Quant à la charité chrétienne ce n’est pas parce que certains évêques en ont sans doute manqué que cela autorise pour autant à jeter l’opprobre sur l’ensemble de l’épiscopat.
Madame de Gaulmyn par ce genre de généralisation parfaitement abusive se roule dans la démagogie et je dis cela avec regret car je me suis souvent exprimé sur son blog et j’appréciais justement la modération dont elle faisait preuve alors.
C’est bien vrai ce que vous écrivez d’autant plus que Mgr Billé n’est plus là pour corriger des citations d’Isabelle de Gaulmyn à son égard.
Par ailleurs, en commentaire général des différentes interventions , il ne faut pas confondre l’Eglise Catholique avec l’Eglise des Parfaits. Contentons nous qu’elle devienne meilleure.
Mgr Billé n’est plus là non plus pour nous dire s’il y a réellement des citations à corriger. Si on ne peut plus rien écrire sur le passé au motif que les personnes dont on parle ne sont plus là pour commenter… cela va devenir difficile pour les historiens.
Madame de Gaulmyn qui monte sur ses grands chevaux pour dénoncer essentiellement l’attitude des différents évêques qui se sont succédé à Lyon souligne peu , bien peu me semble-t-il, le silence dont elle a fait preuve elle-même alors que selon elle, elle savait. Mais que savait-elle outre le fait que l’Abbé Preynat « aimait bien les garçons »
Et puisqu’à l’entendre tout le monde savait comment se fait-il que personne n’ait porté plainte et ce qui plus est sur les conseils de Mgr Barbarin.
Par ailleurs je constate que bien des journalistes nous ont affirmé que de nombreuses autres affaires de ce genre allaient venir au jour…et rien. Oh bien sûr on a essayé pur hasard sans doute de mettre en cause l’Evêque de Bayonne Mgr Aillet, sauf que cette affaire remonte à bien avant son arrivée, que le prêtre en cause a été condamné , a purgé sa peine, n’a plus commis aucun délit de ce genre et grâce au « courage » manifesté par certains a démissionné de son poste de Curé. Les mêmes qui réclament à juste raison la réinsertion des prisonniers estiment donc que certains actes méritent une sanction perpétuelle. Étrange tout de même, non ?
Attention je ne suis nullement en train de soutenir que Mon Dieu ces affaires-là n’ont guére d’importance et d’autant plus qu’il y en a assez peu, absolument pas.
Oui l’Eglise n’a pas été à la hauteur dans cette affaire, c’est incontestable, mais tout de même ce qu sort de la bouche d’un plaignant n’est pas forcément la vérité toute nue. La plainte de l’intéressé doit évidemment être prise en considération. Cependant il est bien difficile de démêler le vrai du faux lorsque les faits énoncés remontent à des années plus ou moins lointaines.
Je ne vais pas répondre point par point à ce commentaire qui frise un peu la polémique. Deux choses pourtant : contrairement à vous, je trouve qu’Isabelle de Gaulmyn, précisément, n’en finit pas, dans ce livre, de nous dire ses regrets de n’avoir rien fait de plus après qu’en 2005 elle ait fait part au cardinal Barbarin des confidences d’un prêtre, terribles pour le père Preynat. Rien fait de plus alors qu’il était clair que rien ne se passait du côté de l’archevêché de Lyon, soit dit entre nous ! Et au moment, précisément, où elle tente, par ce livre, de se rattraper… voilà qu’on lui reproche de l’avoir écrit. Cela me semble un rien contradictoire !
Par ailleurs vous insistez beaucoup sur les incertitudes qui continueraient de peser sur les agissements réels du père Preynat, sur la nécessité de démêler le vrai du faux ! Mais cher monsieur, c’est précisément le rôle de la justice, qu’elle soit civile ou d’Eglise… Peut-on raisonnablement arguer de ces incertitudes au bénéfice de l’accusé tout en regrettant qu’on veuille à tout crin le traduire devant un tribunal susceptible de nous aider à y voir plus clair. Si l’on voulait savoir, les tribunaux ecclésiastiques étaient là pour aider à l’établissement de la vérité ! Aucun des archevêques de Lyon qui ont eu à connaître de cette affaire ne les ont saisis !
Alors de grâce, ne cherchez pas à défendre l’indéfendable !
Le travail des historiens, les vrais pas les historiens romanciers, va au delà de la citation , il exige la précision du scientifique qui analyse, resitue dans le contexte, recoupe etc…
Bien évidemment mais c’était là, pour moi, une manière de m’inscrire en faux contre une tendance qui voudrait que des journalistes (dont je suis) n’aient pas un minimum de conscience professionnelle, de respect de la vérité, et ne cherchent pas déjà eux-même à vérifier les informations dont ils nourrissent leurs écrits : articles ou livres.
La « loi du silence » est une loi qui permet au fort d’opprimer le faible et qui a cours dans énormément d’organisations et d’institutions de par le monde.
Alors que l’Eglise prétend prendre la défense des opprimés en s’opposant aux lois abusives du marché et aux manigances du monde – étant soi-disant une institution « qui ne serait pas du monde », on peut s’étonner de voir à quel point la « loi du silence » appliquée un peu partout dans le monde s’est toujours imposée avec autant de succès au sein de l’Eglise catholique.
Quant à savoir si l’Eglise s’améliorera un jour en renonçant à cette loi diabolique, rien n’est moins sûr.
Dans Témoignage Chrétien paru aujourd’hui, Alexandre Dussot s’exprime à son tour à propos du livre « Histoire d’un silence » d’Isabelle de Gaulmyn (dans « L’omerta de l’Eglise », voir ci-dessous)
http://temoignagechretien.fr/articles/lomerta-de-leglise
Et dans le commentaire de Christine Pedotti, j’ai relevé cette autre phrase qui en dit long:
« Ce dont l’Église a besoin, c’est du silence obéissant de ses enfants. »
Il me semble que votre dernière phrase par son caractère tronqué est ambiguë, Mme Pedotti écrit :
« À la (Mme de Gaulmyn) lire, il me revient cette phrase d’un catholique conservateur disant : « Ce dont l’Église a besoin, c’est du silence obéissant de ses enfants. » Mots terribles qui ont justifié tant de crimes et d’iniquités.
D’accord, Camille-Madeleine, hors contexte cette citation peut, en effet, être comprise de deux façons différentes ; en cas de doute, il suffirait d’ailleurs d’activer le lien pour lever toute incertitude.
Mais remarquez également que dans son commentaire dans le même extrait de Témoignage Chrétien, Marco – moins puriste – interprète d’emblée cette même citation dans le sens qui convient (voir ci-dessous)
« Ce dont l’Église a besoin, c’est du silence obéissant de ses enfants. »
C’est tout simplement la réalité. C’est une nécessité. L’Église ne peut pas fonctionner autrement. La Glasnost et la Perestroïka démoliraient le système.
Les évêques cependant ont appris la leçon. »
D’une part, le commentaire de Marco ne reflète pas nécessairement la position de Témoignage Chrétien. D’autre part, je comprends que nos avis divergent, si nous avons besoin du silence c’est pour prier, pour adorer et rendre grâce, nous avons besoin d’être toujours plus, toujours mieux obéissants à l’Esprit Saint.
Vous, comme moi, connaissons les erreurs de certains membres de l’Eglise historique, il est parfois plus évangélique de parler que de se taire. Etre chrétien, c’est devenir toujours plus homme, ce qui veut dire user au mieux de notre intelligence et de notre raison. Je n’ai pas prononcé le voeu d’obéissance sans retard et sans murmure (ce qui n’est pas le silence extérieur) du bénédictin à son abbé, encore moins signé allégeance à un gourou.
Pour ce qui me concerne et pour les questions que j’estime importantes, après avoir fait ce qui m’était possible pour m’informer, c’est avec mon intelligence et dans la prière que je me détermine.
Pour que son endoctrinement autoritaire continue le plus longtemps possible à fonctionner, ce dont l’Eglise a le plus besoin – comme le rapporte Christine Pedotti dans Témoignage Chrétien – c’est « du silence obéissant de ses enfants », qu’il s’agisse du silence de tolérance – pour les crimes de pédophilie commis par ses clercs – ou du silence d’intolérance – pour les tendances homosexuelles – ou encore du silence d’indifférence, bref trois types de silences infantiles.
A propos du livre d’Isabelle de Gaulmyn, Christine Pedotti termine son commentaire en écrivant : « Isabelle de Gaulmyn rompt ce silence, non pour faire scandale mais pour le bénéfice de la vérité, qui est vitale quand le mensonge et la dissimulation sont mortifères. Ce livre est celui d’une femme courageuse et libre. Merci Isabelle. »
(cf. La loi des silences, http://temoignagechretien.fr/articles/lomerta-de-leglise)
Plus largement que le problème de la pédophilie, se pose, selon moi, dans l’Eglise catholique comme dans d’autres institutions, le problème de personnalités dont le charisme est si fort que cela peut facilement déraper vers la manipulation de personnes momentanément fragiles voire d’une communauté de quelque type qu’elle soit. Le silence nait de la fascination pour celui qui n’est qu’un homme mais auquel on attribue une aura d’intouchable.
A titre personnel j’estime qu’une personne qui a fait preuve d’un tel manque de discernement devrait éviter de se mettre en avant. L’Eglise de France n’a-t-elle pas d’autres prélats dignes de la représenter ?
Bon, autant l’avouer je n’ai plus aucune confiance dans les écrits de Madame de Gaulmyn que j’appréciais tant il y a quelques années…
En lisant l’interview d’Isabelle de Gaulmyn dans laquelle elle affirme que si le père Preynat a reconnu les actes qui lui sont reprochés il n’a jamais exprimé le moindre remord, il est tout de même curieux de constater que dans ce même numéro figure une lettre à l’une de ses victimes, lettre dans laquelle il fait justement état de ses remords.
Il est évident que je ne cherche nullement à prendre la défense de ce bien triste personnage mais à ne pas l’accuser plus que nécessaire. Maintenant le fait que le Cardinal Decourtray n’a pas agi en conséquence est incompréhensible
René, vous prenez la défense de votre corporation laquelle me semble-t-il est composée de gens de diverses natures et si certains ont une incomparable conscience professionnelle d’autres pas du tout ou presque et vous le savez bien d’ailleurs,et il en est de même, hélas,dans tous les corps de la société,y compris dans le corps clérical quelque soit son niveau
Dominique ne vous égarez pas et nous égarez pas. Je ne prends en rien la défense de ma corporation, comme vous l’écrivez de manière hâtive. La question concerne ici Isabelle de Gaulmyn et personne d’autre. Et au risque de vous décevoir je réaffirme que c’est une professionnelle consciencieuse et de talent, à l’abri du soupçon. Point ! Ce qui ne vous oblige en rien !
En moins d’un an, l’association «La parole libérée» a recueilli 400 témoignages de personnes victimes d’actes de pédophilie. Dans 90% des cas, les personnes mises en cause sont des prêtres. De son côté, la plateforme mise en place en avril par la conférence des évêques de France a recueilli 80 témoignages. Preuve qu’il y a aujourd’hui un devoir moral à faire pression dans l’Eglise pour qu’elle en finisse avec une attitude « prudentielle » coupable.
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/09/30/01016-20160930ARTFIG00345-eglise-plus-de-400-temoignages-de-victimes-de-pedophilie.php
Pédophilie dans l’Eglise : plus de 40 ans de silence
https://www.franceinter.fr/justice/secrets-d-info-0
Pour combattre cet engrenage du silence, l’Eglise de France pourrait certainement s’inspirer de ce que font ses voisins européens
https://soundcloud.com/la-parole-liberee/accents-deurope-volet-3